Petits scores des gros sports

Vous le savez, chers lecteurs, à Carton-Rouge, on n’aime pas trop se moquer. Enfin si. Mais dans le même temps, on rend aussi hommage à des sportifs locaux, des documentaires, des losers ou encore des sports un peu nazes.

Et c’est sur ce dernier sujet qu’on va s’attarder aujourd’hui. On a déjà parlé de plein de sports débiles. Mais honnêtement, qui avait déjà entendu quoi que ce soit au sujet du kabaddi, du kronum ou du bo-taoshi avant que votre site préféré n’en fasse un article ? Au moins autant de personnes qu’il y a de raisons de faire un mondial au Qatar. Mais récemment, un petit phénomène commence à se faire sentir. Vous l’avez sûrement un peu remarqué, au détour d’une notif, d’un live RTS – avant qu’elle n’en perde les droits suite à une surenchère ahurissante – ou d’un article dans un journal. Mais si, vous le savez, cette mode de parler de sports totalement, mais alors totalement, improbables. Mais d’en parler sérieusement et dans les médias hein !

Ça ne vous dit rien ? Petit florilège non exhaustif : on a récemment a appris via RTS Sport que la Suisse avait gagné deux médailles au Fistball (oui oui) ; on a su via nos copains de Riviera Chablais que l’aquathlon existait et qu’on avait un jeune champion dans la région ; L’Équipe a félicité sa championne pour son titre mondial en sport-boules en tir progressif (?) ; des femmes jouent au foot et font du vélo (elle est facile celle là, mais j’y reviens plus tard) ; un tournoi de polo en paddle a eu lieu à Vevey ; un de water rugby à Lausanne ; le quidditch a changé de nom pour s’appeler quadball (parce que balai-sous-le-culball était dans doute trop long). On en passe, mais vous avez compris l’idée. Parallèlement, il semble que les « grands sports » historiques sont un peu moins au centre du monde depuis quelques temps. Mis à part la F1 et son tourbillon netflixo-médiatique et le Tour de France passé sur le devant de la scène via son passage en Suisse, le reste à été un peu mis de côté. On a vécu des mondiaux d’athlétisme à Eugene passés complètement mais alors complètement sous les radars. Un tournoi de tennis féminin dans la capitale olympique – le LOL pour les intimes – quasiment pas couvert par les médias et dont j’ai personnellement appris l’existence via les stories Instagram de mon confrère et néanmoins ami Raph Iberg, alors que je vis à 20 bornes du lieu de ce tournoi. Même le mercato footballistique, d’habitude si prompt à emballer les journalistes friands de rumeurs en tous genres, n’a pas fait tellement parler de lui (enfin avant l’arrivée de Balotelli en Valais). Et hormis les quelques épreuves dans lesquelles les Suisses ont cartonné, ce ne sont pas non plus les récents Jeux Européens de Munich qui ont vraiment déchaînés les passions.

Vous nous croyez maintenant ?

Alors quoi ? Les gens se désintéressent des sports « majeurs » au profit d’autres ? Peut-être un peu. Les médias veulent être les premiers à avoir parlé de tel ou tel sport marginal pour faire du clic ? Sûrement aussi. L’actualité d’un été sans mondial ou JO est trop pauvre et il faut trouver des sujets ? Ça doit jouer. C’est la mode de se mettre dans la hype pour le foot féminin vu que de plus en plus de monde en parle, un peu à l’image des grandes compètes masculines ? Probablement. Votre serviteur est biaisé par le groupe Signal de la rédaction ? C’est pas impossible. Et même, il y a aussi des réponses rationnelles aux exemples ci-dessus. Si le LOL avait fait un peu de pub, on en aurait sûrement un chouïa plus parlé. En ce qui concerne le mercato, c’est pas une mauvaise chose qu’il soit un peu moins au centre de l’actu. Et on ne plaindra pas les Américains qui n’arrivent pas à vendre leurs mondiaux à domicile.

Mais quoi qu’il en soit, il demeure qu’on n’avait jamais appris l’existence d’autant de nouveaux sports en si peu de temps. De même, on n’avait jamais, ou rarement, vu un tel succès pour des évènements sportifs féminins. En soi, c’est plutôt une bonne nouvelle, que de nouvelles disciplines occupent un peu l’espace médiatique. Ça peut créer des vocations, apporter du changement, pourquoi pas combattre quelques dérives dans certains sports et amener la lumière sur d’autres, où les athlètes vivotent. Mais quand même.

Kamoulox

Qui, à part un fan de Harry Potter, en a quoi que ce soit à foutre du quidditch IRL (qui, au passage, est totalement ridicule) ? Qui a la moindre idée de ce qu’est le sport-boules en tir progressif ? Qui a juste rigolé tel Beavis and Butt-Head en lisant fistball ? En soi, c’est sympa de parler des sports de niche, mais il y a des limites. On en arrive à un stade où un type qui fait du saute-mouton sur les banquettes d’un InterRegio nonante tout en mangeant une balle de ping-pong et en se coupant les ongles des pieds invente un sport. Comme le dit Orelsan :

Cependant, tout ce cirque est aussi un beau message d’espoir. En effet, c’est quand même prodigieux qu’un mec qui a décidé de courir sur un balai en lançant des boules dans des cerceaux trouve des types aussi barrés que lui pour créer une équipe de tarés. Et que ladite équipe d’allumés en trouve une autre dans le même délire pour l’affronter. Ça prouve que quoi que tu fasses, si tu le fais avec conviction, tu trouveras des guelus aussi barges que toi pour t’accompagner. Et ça les enfants, ce sera la leçon du jour offerte par Carton-Rouge. Bonne reprise à tous !

 

Crédits photographiques :

Image d’en-tête : John Loo / Flickr https://www.flickr.com/photos/johnloo/

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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3 Commentaires

  1. Et si le quidditch a changé de nom c’est aussi (accessoirement) pour prendre ses distances avec J.K. Rowling, car une petite minorité de lobotomisés woke la jugent transphobe (nouveau terme à la mode).

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