Higuita, un scorpion nommé René

Il y a des fois où le cadeau de Noël arrive avant l’heure. C’est le cas cette année avec le documentaire Netflix « Higuita : The Way of the Scorpion » sur le légendaire gardien colombien, René Higuita ! Accrochez vos ceintures du traîneau, c’est parti pour une aventure narco-festivo-footballo-épique comme seule la Colombie a le don de nous pondre !

Un visionnaire

Pionnier absolu du gardien qui sort de sa surface pour dribbler comme un dératé, Higuita est l’incarnation totale de ce qu’un peu de poésie peut apporter au football. Ses coéquipiers de l’époque disent d’ailleurs qu’en jouant comme un libéro, cela leur permettait de « jouer à 12 ». D’ailleurs, suite à la Coupe du Monde 1990 plutôt pourrie car le gardien pouvait prendre le ballon à la main sur une passe en retrait, engendrant de longues phases complètement stériles, la FIFA s’est inspirée de notre héros pour créer la loi Higuita et changer le foot à jamais. Cerise sur le gâteau : El Loco a marqué 35 penaltys et 7 coups francs.

Bordel, René, reviens, le monde a besoin de toi !!

Mon ami René

Dès le départ, on a envie d’être son ami, à l’instar de Carlos « El Pibe » Valderrama. J’ai d’ailleurs moi-même failli acheter une perruque durant le documentaire pour être raccord niveau tonsure latine. Tout le documentaire nous montre la richesse humaine de ce gars : positif, attentionné et responsable (il reconnaîtra sa première fille immédiatement quand elle lui sera présentée à l’âge de dix ans alors qu’on lui avait caché son existence). Évidemment fêtard, ambianceur fédérateur, c’est le gars « good vibe » dont tout groupe voué au succès a besoin. Toujours amis avec ses potes d’enfance du quartier (« oublier d’où l’on vient, c’est de l’ingratitude »), il est l’incarnation même de l’authenticité.

René dans ses œuvres qui se déhanche en boîte…

Roger Milla pression

Arrive la Coupe du Monde 1990 en Italie. N’ayant rien à perdre, la Colombie se qualifie pour les 8e lors du 3e match de poule contre l’Allemagne en égalisant sur la dernière action, ce qui vous en conviendrez n’est pas chose courante contre les Teutons.

Place au 8e contre le Cameroun, un match exotique au possible. Malheureusement, alors qu’ils perdent 1-0, René tente un dribble, se prend les pieds dans le tapis, se fait subtiliser la balle par ce diable de Roger Milla qui marque dans le but vide, ce qui leur coûtera la qualification (défaite 2-1). Mais la réaction de l’équipe sera exemplaire :
« Personne ne l’a pointé du doigt. Personne. »
« On lui aurait reproché d’avoir joué autrement. »
« Le but résulte de la structure. La structure a échoué. »

Fidèle à lui-même, René réagit avec beaucoup de recul :
« Oui j’ai commis une erreur. L’erreur est humaine. J’ai accepté les éloges, j’accepterai la critique. »

Euh, René, t’es sûr que tu veux tenter le dribble là ?

Higuita Christie

Malheureusement, cette fidélité en amitié lui causera du tort, et pas qu’un peu. Ami de Pablo Escobar depuis l’époque où celui-ci était membre du Parlement, il juge que ses activités de narcotrafiquant ne justifient pas de mettre fin à leur amitié et lui reste fidèle. Sauf que tout bascule en avril 1993. Une fille de 13 ans a été kidnappée par la bande à Pablo et son père demande à René de servir d’intermédiaire. Un chantage digne d’un roman policier dont il se serait bien passé. Il acceptera la mission et parviendra à libérer la fille, tout ça pour se faire coffrer par la police dans les 24 h suivantes (il avait accepté de l’argent en remerciement, sans connaître une loi qui interdit ça) afin qu’il crache le morceau concernant la localisation d’Escobar. Il restera sept mois en prison et manquera la Coupe du Monde 1994, ce qui laissera une impression d’immense gâchis. Mais d’après lui, si c’était à refaire pour sauver un enfant, il le referait sans hésiter.

Quand Eskobar informe le coach de la sélection colombienne qu’Higuita est en prison…

Le coup du scorpion : still loving you !

Netflix nous a évidemment fait languir pendant une heure pour nous garder le meilleur pour la fin. Lors d’un match amical contre l’Angleterre, il renvoie un centre avec ses deux pieds collés, à la manière d’un scorpion, pour un geste qui fera date. On apprendra plus tard qu’il y aurait de toute façon eu hors-jeu, mais quand même, quelle verve, quelle fougue, quel panache !

On dit souvent que seuls les scorpions pourraient survivre à une explosion nucléaire. Une chose est sûre : si le football explosait, le souvenir de ce gardien magique survivrait pour toujours…

Un gardien tellement iconique que ses fans l’aiment encore…

Crédits photographiques
Photo de Aristos Aristidou sur Unsplash
Photo de Kelsey Dody sur Unsplash
Photo de Juli Kosolapova sur Unsplash

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