Clubbing: le guide du championnat des Etats-Unis féminin

En avril, ne te découvre pas d’un fil. En mai, fais ce qu’il te plaît. Et en mars ? Allume ta télé au milieu de la nuit pour regarder de la National Women’s Soccer League (NWSL), pardi ! Surtout après avoir dévoré Under Pressure, chronique Netflix (et donc larmoyante à souhait) de la piteuse élimination en Coupe du monde des arrogantes – et parfois touchantes quand même – étasuniennes. Bref, à trois mois du début de la saison régulière, c’est le moment ou jamais un moment comme un autre pour se mettre à jour entre deux gorgées de foie maigrelet végane et deux bouchées de Rimuss Light ! Et comme qui dit saison régulière dit playoffs, on sent que ça va beaucoup plaire aux footeux de base de notre bon vieux continent (eh, c’est mieux que la Super League européenne ou pas ?).

Le format

La première ligue professionnelle de foot féminin au monde a fait long feu: de 2001 à 2003, la Women’s United Soccer Association, créée à la suite de la victoire des Etats-Unis à la Coupe du monde 1999, a accumulé 100 millions de dollars de dettes. Une clé sous la porte et six ans plus tard, c’est au tour de Women’s Professional Soccer de tenter sa chance. Divers problèmes financiers et légaux en auront raison en 2012. Third time’s a charm: la NWSL prend le relais en 2013 et 10 ans plus tard, ô surprise, pas de faillite en vue ! De 8 équipes au départ, elle est montée jusqu’à 12 en 2022 et débutera la saison 2024 avec 14 formations.

La saison régulière comporte 26 journées réparties sur deux phases aller-retour. Le premier du classement au terme du championnat reçoit le NWSL Shield, sorte de minuscule plateau d’argent avec lequel on aurait du mal à servir l’apéro à plus de trois personnes. Les six meilleures équipes se qualifient pour les playoffs et les deux premiers sont exemptés de premier tour. Les équipes les mieux classées ont l’avantage du terrain et reçoivent donc en premier lors de séries au meilleur des… euh non, pas du tout. Chaque tour se joue sur un match, sur le terrain de l’équipe la mieux classée. On savait que les footballeurs ne comprenaient rien au concept de playoffs, mais là on a touché le fond. Et pourtant on pensait qu’en Amérique du Nord au moins ça avait une chance de bien se passer. La finale, quant à elle, se joue sur un terrain neutre décidé à l’avance, à l’instar de nos bonnes vieilles compétitions européennes.

La compétition

Bon, jusque-là c’est assez simple. Mais où trouve-t-on les joueuses qui composent ces équipes ? Y’a-t-il une draft et un plafond salarial comme dans toute ligue fermée US qui se respecte ? Attachez vos ceintures, c’est parti: à l’origine, la ligue était au bénéfice de subsides des fédérations américaine, canadienne et mexicaine qui payaient les salaires des internationales qui composaient majoritairement les équipes (24 Américaines, 16 Canadiennes et 12 à 16 Mexicaines). Lesdites joueuses étaient distribuées de manière plus ou moins égale dans les différents clubs (et pouvaient ensuite également être échangées) selon un processus aussi complexe que les tenants et les aboutissants du conflit israélo-palestinien. Comme ce système n’a plus cours aujourd’hui, on vous propose de s’arrêter là dans notre tentative de compréhension. En 2017, la fédération mexicaine se retire pour se concentrer sur la toute nouvelle Liga MX Femenil, dont nous parlerons dans un prochain Clubbing (ou pas). En 2022, les restes de cette façon de faire sont définitivement abolis.

OK, mais en 2024, ça fonctionne comment alors ? La ligue appartient aux équipes qui ne sont plus du tout liées à des fédérations. Six d’entres elles sont affiliées à des franchises de MLS et USL masculines, sept sont indépendantes et une est le club ferme de l’Olympique lyonnais. Le salaire minimum est fixé à 36’400$, le salaire maximum s’élève à 200’000$ et le plafond salarial à 1’375’000$. On ne reviendra pas sur le système d’agents libres et autres agents libres restreints en fin de contrat qui semble assez similaire aux autres grandes ligues nord-américaines, la migraine nous guette. On ajoutera simplement que les clubs offrent un accès à une assurance maladie et à un logement à toutes les joueuses, elles-mêmes représentées par un syndicat (NWSLPA). Bref, on a ici une organisation nettement mieux gérée que le pays qui l’accueille*.

*Il y a beaucoup d’acronymes inexpliqués dans ce paragraphe, mais on a la flemme. Vous avez Google, démerdez-vous.

Ah, et c’est fort ce championnat ? Etant donné que la plupart des meilleures joueuses américaines y évoluent et qu’elles ont gagné 4 des 9 Coupes du monde qui ont eu lieu depuis 1991, on peut imaginer que oui*. D’autant qu’elles y ont été rejointes par pas mal de Brésiliennes, Japonaises, Australiennes et autres Européennes qui se défendent pas trop mal balle au pied. Difficile de vous en dire beaucoup plus dans l’attente de futures rencontres entre représentantes de NWSL et d’autres ligues majeures, notamment en Europe. Petit bémol toutefois: depuis quelques années, les meilleures joueuses européennes et australiennes notamment ont plutôt l’air de traverser l’Atlantique depuis le Nouveau Monde en direction de la Perfide Albion que l’inverse pour faire évoluer leur carrière.

*Quoiiiii ? CR se permet de parler d’un truc dont il n’a jamais visionné une seule minute ??? Oui.

L’ambiance

Contrairement à la Barclays Women’s Super League anglaise, les équipes de NWSL sont plutôt bien traitées en termes de stades. Les enceintes dans lesquelles elles évoluent sont souvent partagées avec d’autres équipes de ligues majeures et donc de tailles fort respectables, à l’image de Lumen Field dont les locataires sont les Seattle Seahawks (NFL), Seattle Sounders (MLS) et OL Reign (NWSL), notamment. On notera quand même que si sa capacité totale est de 68’700 places, il est limité à 10’000 les soirs de foot féminin. 10’000, c’est aussi le nombre de places de parc qui l’entourent, histoire que chaque supporter puisse arriver dans sa propre voiture individuelle, comme il se doit. Véridique.

Le record d’affluence appartient au San Diego Wave FC dans son antre du Snapdragon Stadium (un reptile volant apparemment particulièrement nerveux) depuis le 17 septembre 2022 avec 32’000 spectateurs à l’occasion du derby californien face à Angel City FC. L’affluence moyenne sur une saison s’élève à environ 7’000 spectateurs par match, c’est-à-dire à peu près 2’333 fois plus que les foules compactes qui déferlent sur le Heerenschürli un soir de rencontre du FC Zürich Frauen sous une pluie battante.

Angel City FC: On commence tout de suite avec un club hi-sto-ri-que, créé en 2020. 2020… clairement une excellente année pour fonder un club sportif et songer à remplir des stades. On va rapidement vous en présenter certains des propriétaires, inconnus au bataillon: Natalie Portman (le crush éternel de ce rédacteur depuis 1999), America Ferrara (Ugly Betty, Superstore, Barbie), Mia Hamm (double championne du monde et olympique, jeu vidéo éponyme sur Nintendo 64 en 2000), Sophia Bush (One Tree Hill, alias Les Frères Scott), Abby Wambach (meilleure buteuse US de l’histoire juste devant… Mia Hamm), Eva Longoria (n’a jamais été directrice sportive de l’OM, mais a joué dans Desperate Housewives), Serena Williams (rôle secondaire dans le film King Richard, sa carrière n’a jamais décollé), Jennifer Garner (Alias, Juno), Jessica Chastain (Zero Dark Thirty, Interstellar, The Martian), Billie Jean King (a botté le cul d’un certain Bobby Riggs dans la vraie vie et deux biopics), Lindsey Vonn et P.K. Subban (retraités des sports d’hiver et anciennement fiancés). Selon Wikipédia, les couleurs du clubs sont « asphalte », « armure » et « sol rosa ». Et si vous vous aventurez jusque dans la boutique en ligne, il n’y a pas de maillot domicile ou extérieur, mais « Daylight » et « Dawn ». En gros elles jouent en noir, blanc et rose et sont un peu prétentieuses. Vous aurez évidemment remarqué que la partie supérieure du logo du club est inclinée à 22 degrés, symbolisant l’entrée d’Angel City dans la ligue en 2022. Le numéro 22 a d’ailleurs déjà été retiré dans la même optique. Voilà qui épargnera des efforts de déco du stade si jamais l’équipe ne rencontre jamais le succès escompté ou n’a jamais de légende dans ses rangs. Mais pour l’instant ça a l’air de bien se passer, en tout cas dans les bureaux: le club californien était responsable de 38,75% du revenu de la ligue en 2022 avec notamment 6 millions de dollars en merchandising. Sur le terrain, les filles de Becki Tweed (her tailor is rich) se sont qualifiées pour les playoffs pour la première fois la saison dernière (défaite 1-0 face à l’OL Reign en 1/4).

Elles ont brillé au Mondial: Ali Riley (Nouvelle-Zélande), Jun Endo (Japon), Alyssa Thompson (Etats-Unis), Vanessa Gilles (Canada, actuellement en prêt de (très) longue durée à Lyon).

Bay FC: On reste en Californie et on passe de LA à San Jose. On a clairement ici le logo le plus hideux de la ligue. Remarquez, ils ont encore le temps de le changer puisque l’équipe vient d’être créée en vue de la saison 2024. Elle évoluera à PayPal Park qui, on l’imagine, est cashless. On notera encore que la nouvelle franchise ne jouera pas en gris, mais en Gris Brouillard et Acier, ce qui change tout. Au moment de commencer cet article en novembre 2023, le Bay FC ne comptait que deux joueuses ayant donné leur accord pour porter le maillot euh grisonnant du nouveau venu dans la ligue. Eh oui, car on attendait la fameuse Expansion Draft du 15 décembre, date à laquelle les deux néophytes pourraient piocher dans les escouades existantes. Attendez, c’est quoi encore que ce machin ? Ça marche comment ? Facile: chacune des deux nouvelles équipes choisit à tour de rôle 12 joueuses (c’est-à-dire 6 chacune et potentiellement une par formation déjà établie, mais maximum deux, donc certaines équipes pourraient être complètement épargnées – on vous l’a dit, c’est monstre facile à comprendre). Les « victimes » de cette draft ont initialement le droit de protéger 9 joueuses plus une supplémentaire une fois que le premier des deux nouveaux clubs s’est servi*. Comme chaque équipe de NWSL compte un minimum de 20 joueuses dans son contingent, il y a quand même moyen de se fabriquer un joli petit effectif en allant puiser une fois dans chaque réservoir. A chaque fois qu’on lit ce genre de mode d’emploi en rapport avec une ligue nord-américaine, on se demande si les concitoyens de Bernie Sanders sont au courant qu’ils pratiquent une forme de communisme depuis des décennies en termes de redistribution des moyens de production dans le sport.

*Ça c’était la version simple. Et pas tout a fait correcte, surtout depuis cette année. Figurez-vous qu’on peut aussi « trader » une joueuse en amont avec l’une des équipes concernées par la draft pour garantir une protection le jour dudit repêchage. Bon. Du coup jusqu’à l’année dernière, en cas d’Expansion Draft à deux néophytes, si vous vous protégiez par la grâce d’une transaction avec une des équipes, l’autre ne pouvait vous piquer qu’une joueuse le Jour J. Cette année, la règle qui limite les joueuses draftées à deux par équipe existante et à 12 en tout existe toujours, mais celle qui limite chaque nouvelle escouade à un « vol » par victime a mystérieusement disparu. Donc si vous vous étiez arrangé avec le Bay FC, les Utah Royals peuvent toujours vous chourer deux employées et vous en avez en plus déjà perdu une (certes de votre choix) au profit du premier club cité. Toute la beauté de cette draft résidant dans le fait que les deux newbies peuvent tout aussi bien décider de vous trouver vraiment trop nul et de vous ignorer totalement (coucou Chicago Red Stars) pour privilégier le marché des agents libres. Ah on ne vous l’avait pas précisé ? Oui, apparemment on peut faire l’impasse totale sur certains tours de la draft. Bref, c’est un bordel sans nom.

Une draft télévisée en live qui a dû durer à peu près 7 minutes puisqu’elle s’était en réalité jouée en grande partie sur le mois qui la précédait (merci Wiki !).

Elles ont brillé au Mondial: Euh ben personne pour l’instant, on en saura probablement plus après la fenêtre de transferts de janvier.

Chicago Red Stars: On arrive chez des vieux de la vieille, membres de la ligue depuis sa fondation en 2013. Dans 100 ans, on parlera peut-être des légendaires Original Eight. Là pour l’instant on espère juste que la ligue tiendra encore deux ou trois ans sans faire faillite. Les Red Stars ont réussi l’exploit de se qualifier sept fois de suite pour les playoffs sans jamais gagner le titre (finalistes en 2019 et 2021), mais aussi, dans la plus pure tradition du « Kyle Beach-gate » chez les voisins des Chicago Blackhawks, de s’offrir leur propre scandale d’abus de pouvoir exactement un mois après les révélations susmentionnées, impliquant cette fois leur ancien coach Rory Dames (qui n’était donc pas qu’un pion).

Sparky et Supernova, les (atroces) mascottes du Chicago Fire (MLS) et des Chicago Red Stars. Devinez dans laquelle Xherdan Shaqiri se cache.

Elle a brillé au Mondial (même si le ballon est rentré d’un quart de millimètre sur le tir au but de Lina Hurtig): Alyssa Naeher (Etats-Unis).

Houston Dash: Le nom du club est une référence à la vitesse d’un cheval, principal moyen de transport au Texas au XIXème siècle. Et parce que la dernière Dynamo du coin avait déjà été utilisée pour nommer les collègues de MLS. Il n’y a par contre aucune explication qui tienne la route pour justifier la couleur orange de leur maillot, qui lui aussi donne envie de courir, mais dans la direction opposée. L’ancien boxeur Oscar de la Hoya (jusqu’en 2022) et le basketteur James Harden font ou faisaient partie des proprios, histoire de concurrencer (un tout petit peu) Angel City dans le domaine des célébrités. Mais le vrai modèle du club texan est le FC Sion. En effet, on en est déjà à huit changements de coach en dix ans et une seule qualification pour les playoffs (défaite d’entrée en 2022). Leur seule victoire notable a eu lieu en… Coupe en 2020. Autant vous dire qu’il y a encore du travail pour atteindre le niveau d’excellence en la matière du club de la Porte d’Octodure, mais on est sur la bonne voie. En lieu et place de Tourbillon, on joue au Shell Energy Stadium au centre ville de Houston, enceinte au naming propice (à défaut d’être propre) à lâcher tous les chevaux dont on vous parlait plus haut. On ajoutera encore que les représentantes du Dash aux antipodes pour la Coupe du monde de l’été dernier s’y sont particulièrement illustrées. En effet, la Canadienne Allysha Chapman restera célèbre pour sa sortie adressée au sélectionneur des Matildas après un choc avec l’Australienne Hayley Raso: « She fucking jumped into me, you twat. » On a vu passer des tasses à son effigie frappées de cette citation sur Twitter l’été dernier. Quant à la Nigériane de Californie Michelle Alozie, c’est en se faisant piétiner par l’Anglaise Lauren James alors qu’elle était restée au sol qu’elle a cimenté sa place dans la mémoire collective. Autant dire qu’elle ne participe pas à son premier rodéo dans le Lone Star State.

Envoyez-nous vos meilleurs memes en utilisant cette image déjà iconique.

Elles ont brillé au Mondial: Allysha Chapman, Sophie Schmidt (Canada), Michelle Alozie (Nigeria).

Kansas City Current: Encore un p’tit nouveau. Enfin pas vraiment. Le FC Kansas City faisait partie des désormais mythiques (si CR vous le dit) Original Eight en 2013 avant de mettre la clé sous la porte en 2017 et d’être relocalisé à Salt Lake City sous le nom de Utah Royals FC. Trois ans et une énième faillite plus tard, la franchise retournait au Kansas, cette fois nommée Kansas City Current. Le plus rigolo étant que la deuxième équipe rejoignant la ligue cette année avec le Bay FC n’est autre que… Utah Royals renaissant de ses cendres. Le sport US c’est comme la mode, cyclique. Le finaliste de 2022 a la particularité de s’être récemment attaché les services de Vlatko Andonovski, ancien sélectionneur de l’équipe nationale US, viré cet été pour avoir réussi l’exploit de ne pas gagner la Coupe du monde pour la première fois depuis 2011. Et accessoirement avoir forcé Netflix à broder dès le quatrième (et dernier) épisode d’une série qui était clairement initialement prévue en huit actes. Autre particularité digne de Schtroumpf Vert et Vert Schtroumpf, son stade actuel est au Kansas alors que sa future enceinte est en construction dans le Missouri puisque Kansas City s’étale sur deux Etats.

Elles ont brillé au Mondial: Lauren, Debinha (Brésil), Stine Ballisager Pedersen (Danemark).

NJ/NY Gotham FC: Les championnes en titre. Apparues en 2009 sous le nom de Jersey Sky Blue, puis Sky Blue FC (malgré un maillot… orange à l’époque), les New-Yorkaises se sont soudain souvenues en 2021 que leur ville était surnommée Gotham et que faire référence à Batman c’était quand même la classe. C’est probablement ce qui a poussé le basketteur Kevin Durant à investir dans le club un an plus tard. Le changement de nom pourrait aussi avoir quelque chose à voir avec l’image désastreuse du club aux environs de 2017 dont le centre d’entraînement n’avait pas d’eau courante, de toilettes ou de douches et forçait donc les joueuses à prendre leurs bains glacés régénérateurs dans des containers. Mais on dit ça, on ne dit rien. On raconte même que les joueuses devaient couvrir les vitres cassées du centre avec du carton et qu’elles étaient placées dans des familles d’accueil qui les utilisaient pour faire du babysitting. Quand on sait que la meilleure buteuse de l’histoire du club, Sam Kerr, a été échangée à Chicago à cette période, on commence à comprendre son choix. Les membres de l’équipe qualifiaient d’ailleurs Sky Blue de club « semi-pro » à ce moment-là. On n’ose même pas imaginer l’état du truc s’il n’était carrément « pas pro du tout »… Les scandales ont eu l’air de s’arrêter là. Enfin presque. En 2021, l’internationale danoise d’origine afghane Nadia Nadim a quand même accusé son ex-employeur new-yorkais d’avoir imité sa signature en 2016 sur un renouvellement de son contrat, histoire de pouvoir l’échanger à Portland. Bonne ambiance. Bon eh, mais elles ont quand même gagné le titre l’année dernière en permettant à la légende Ali Krieger de finir sa carrière sur un triomphe dans une finale idéale face à l’OL Reign de Megan Rapinoe (dont la carrière s’est, elle, terminée après 3 minutes de jeu, on en reparle plus bas…), donc on oublie tout le reste, non ? Allez, une dernière pour la route: le dernier rempart Michelle Betos est la première gardienne à avoir marqué un but en NWSL, en 2015 sous les couleurs de Portland face à Kansas City.

Ali Krieger en octobre 2023. Deux Coupes du monde, une Ligue des Champions, une Bundesliga, une Coupe d’Allemagne et donc un titre de NWSL.

Elles ont brillé au Mondial (et pas mal sur Netflix): Bruninha (Brésil), Kristie Mewis (qui part rejoindre sa fiancée Sam Kerr à Londres dès janvier), Kelley O’Hara, Lynn Williams (Etats-Unis), Esther González (Espagne), Ifeoma Onumonu (Nigeria), Sinead Farrelly (Irlande après avoir représenté les US des M15 aux M23).

North Carolina Courage: Allez, encore un peu de star power: Naomi Osaka est co-propriétaire du club de Wake County (pour Woke County, il faut aller plus au nord chez les progressistes). On passe sur le proverbial scandale sexuel impliquant un coach (il y en a littéralement un par équipe de cette ligue, faites copier-coller) et on vous parle plutôt d’un sujet de la plus haute importance: les couleurs de l’organisation de Cary (ville favorite des dentistes) qui sont le bleu atlantique, le rouge cardinal et l’or sudiste (perdu vers 1865). Nous sommes ici en présence d’une sorte de HC Davos, vainqueur de la saison régulière de 2017 à 2019, finaliste des playoffs en 2017 et champion en 2018 et 2019, mais plus grand chose depuis à part deux victoires en Coupe (pas Spengler) en 2022 et 2023. Ne les critiquez pas trop, sinon Meredith Speck vous rentrera dans le lard.

Elles ont brillé au Mondial: Casey Murphy, Emily Fox – qu’une rumeur annonce partante pour Arsenal (Etats-Unis), Kerolin – MVP de la saison dernière en NWSL (Brésil), Denise O’Sullivan (Irlande, née là-bas pour de vrai – oubliez-la: elle intéresse l’OL, le PSG, Chelsea, City et Aston Villa et ne sera plus là en janvier), Rikke Madsen, Mille Gejl (Danemark).

OL Reign: L’équipe finaliste de la saison dernière, surnommée The Bold (mais pas Beautiful), est basée à Seattle (comme son nom l’indique, duh !), anciennement appelée Seattle Reign (ah voilà) puis juste Reign (déplacé à Tacoma) de sa création en 2012 à son rachat 8 ans plus tard par OL Groupe, qui en possède actuellement 97%. Les trois derniers pourcents sont détenus par… Tony Parker. A l’instar de Thierry Henry, ce gars est décidément partout. Gérard Houllier avait même été engagé comme directeur technique en novembre 2020, mais est décédé un mois plus tard (ce qui n’est pas très pratique pour exercer ce job). On ne sait pas trop ce qui va se passer par la suite puisque Michele Kang, propriétaire du Washington Spirit, est en passe de devenir actionnaire majoritaire de l’OL Féminin (et donc de l’OL Reign) et on ne peut pas (encore) posséder deux clubs dans la même ligue. L’organisation de Washington (l’Etat, pas la ville) est d’ailleurs entièrement en mains européennes puisque sa coach, Laura Harvey, est anglaise. On retiendra encore que la brillante carrière de Megan Rapinoe en club s’est arrêtée encore plus brutalement que sa carrière internationale (qui s’était achevée sur un penalty raté en huitième de finale de la dernière Coupe du monde). En effet, la Ballon d’Or 2019 n’a joué que 3 minutes  de la finale 2023 (la troisième perdue en 10 ans) face à Gotham avant que son tendon d’Achille décide qu’il en avait sa claque. 3 minutes, troisième finale perdue, Achille… De là à dire qu’on ne manque guère de trois…

Rapinoe et ses potes contre les Red Stars en 2017 sur un terrain qui ressemble furieusement au Centre sportif de Rochettaz.

Elles ont brillé au Mondial: Alana Cook, Sofia Huerta, Rose Lavelle (Etats-Unis), Quinn, Jordyn Huitema (Canada).

Orlando Pride: Ses proprios sont la famille Wilf (dont Zygi, un garçon pas comme les autres). Voilà, sinon pas grand chose de bien rigolo. Grosse équipe sur le papier qui ne se qualifie bizarrement presque jamais pour les playoffs, malgré la présence combinée d’Alex Morgan et Marta entre 2017 et 2020. Du coup pas de quoi être fier (on vous a dit, le potentiel est moyen en termes de vannes).

Elles ont brillé au Mondial: Rafaelle, Adriana, Marta (Brésil), Mariana Larroquette (salade d’Argentine).

Portland Thorns FC: On espère que cette section sera un peu plus piquante. Portland, Oregon, vous connaissez ? C’est la ville la moins religieuse du pays. Le patelin est également connu pour son importante communauté LGBT, sa fibre écologique et le fait que la nudité et les lapdances dans les strip clubs constituent une expression dont la liberté est protégée par la constitution de l’Etat. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que Portland a aussi le plus grand nombre desdits strip clubs par habitant, ni que la cité de la côte ouest organise une Naked Bike Ride annuelle depuis 2004 pour protester contre les voitures et les énergies fossiles.

A part ça vous aviez déjà vu un combo domicile-extérieur aussi polarisé en termes de beauté immaculée – laideur innommable ? On a coupé le prix au montage histoire que vous ne vomissiez pas votre dinde sur votre clavier.

Mais revenons au foot. On a affaire ici à l’équipe la plus décorée de NWSL avec trois titres (dont la saison inaugurale), une place de finaliste et deux Shields de vainqueur de la saison régulière. Ce qui ne l’empêche pas d’être la proie en 2014/2015 de l’obligatoire scandale d’ordre sexuel et par là même de Paul Riley, coach également incriminé au North Carolina Courage entre 2017 et 2021 et finalement banni à vie de la ligue en 2023. On a cru s’être enlevé une épine du pied, mais la nouvelle coach canadienne Rhian Wilkinson est obligée de démissionner en 2022 à la suite d’allégations concernant des messages inappropriés envoyés à une joueuse. Bref, un club dont la réputation ne sent pas la rose. Malgré tout, l’équipe est soutenue par un autentique kop, les Rose City Riveters, qui suit les matches debout, chante et prépare même des tifos. Difficile à imaginer en Amérique du Nord. Ces ultras sont par ailleurs connus pour leur soutien à des causes telles que le mouvement LGBT et avaient mené la vie dure à une certaine Jaelene Daniels, joueuse du Courage qui avait refusé de jouer un match avec la sélection US en 2018 pour cause de maillots spéciaux au design célébrant les Fiertés. Voilà qui nous change des chants homophobes du foot masculin.  

Les Rose City Riveters et leur tifo en 2017.

Elles ont brillé au Mondial: Hina Sugita (Japon), Sophia Smith, Crystal Dunn (Etats-Unis), Christine Sinclair (Canada), Rikke Sevecke (Danemark).

Racing Louisville FC: Vous en aviez marre de tous ces progressistes ? Ça tombe bien, on part au Kentucky. Donc les gars voulaient d’abord appeler leur club Proof Louisville en hommage au bourbon local (« proof » désigne le taux d’éthanol d’un breuvage, on en apprend tous les jours). Les fans ont trouvé ça moyen donc finalement on a préféré la référence aux racing horses du Kentucky Derby. En tout cas, les lavande-fleur de lys font peur à tout le monde rien qu’avec leur logo. On vous passe le coach nord-irlandais et son scandale sexuel en 2020/2021 (c’est quand même dingue, on aurait dû faire un bingo). On préfère vous parler de Nadia Nadim. Vous vous souvenez de la Dano-Afghane de Gotham dont la signature avait été falsifiée ? Eh bien elle joue à Louisville maintenant, tout en continuant sa carrière de… chirurgienne en parallèle. Elle parle 9 langues, a bizarrement décidé de promouvoir la Coupe du monde au Qatar en tant qu’ambassadrice, ce qui lui a fait perdre sa position d’ambassadrice de bonne volonté pour le Conseil des Réfugiés Danois. Comme quoi personne n’est parfait et on accepterait tous du pognon pour faire du sportswashing, on va pas se mentir.

Elles ont brillé au Mondial: Savannah de Melo (Etats-Unis), Ary Borges (Brésil), Thembi Kgatlana (Afrique du Sud), Alex Chidiac (Australie), Uchenna Kanu (Nigeria), Wang Shuang (Chine).

San Diego Wave FC: Tiens, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les clubs s’appellent « FC » alors que le foot s’appelle soccer aux States ? Eh bien parce que « Fútbol Club » pardi. Ben oui, c’est un truc de Mexicains ce machin qui se joue à 11 avec des gens qui tombent sans arrêt et des matches nuls. Bref, on est de retour dans la nouvelle vague avec une escouade qui a rejoint la ligue en 2022, mais qui devrait vite en faire (des vagues, il faut suivre) grâce à la présence de l’icône Alex Morgan. Vous n’êtes d’ailleurs pas sans savoir que ce qu’on appelle bêtement une ola en français se traduit par Mexican wave en anglais. Un peu plus et on pourra expliquer Stonehenge et les crop circles à l’aide de ce club.

Elles ont brillé au Mondial: Kailen Sheridan (Canada), Naomi Girma, Alex Morgan (Etats-Unis), Emily van Egmond (Australie), Sofia Jakobsson (Suède), Kyra Carusa (Irlande via sa ville natale de San Diego).

Utah Royals: Encore une nouvelle addition au championnat dès cette saison 2024. Cette équipe est un peu comme les années bissextiles, elle réapparaît tous les quatre ans. Intégrée à la ligue en 2017, elle revient après sa faillite de 2020. On vous a expliqué le reste de cette histoire rocambolesque dans la partie consacrée au KC Current.

Elles ont brillé au Mondial: Ctrl+C; Ctrl+V depuis la section sur le Bay FC.

Washington Spirit: Encore un Original Eight ! On imagine la vie difficile qu’a dû avoir leur premier head coach, Mike Jorden, au même titre que des gens comme Roger Fèdre, Earl Holland ou encore Christian Ronaldot. En parlant de presque-célébrités, les filles des présidents Bush et Clinton ont rapidement fait partie des investisseurs. Bon, quand tu t’appelles Chelsea, il te faut t’intéresser au foot. Alex Ovechkin les a d’ailleurs rejointes au conseil d’administration en 2021. Voilà qui est bien improbable. Aussi improbable que la création d’un groupe de supporters indépendant par et pour les gens de couleurs. Quand vos repères en termes d’ultras datent du dernier Euro masculin avec la présence notamment de la Hongrie, ça fait tout bizarre.

La sélection US en juillet dernier en Nouvelle-Zélande. Vous reconnaissez certainement Megan Rapinoe tout à gauche ou encore Alex Morgan et Lindsey Horan au premier rang sur la droite. Bonus si vous retrouvez la progéniture d’un illustre basketteur et surtout si vous identifiez le gugusse au centre.

Elles ont brillé au Mondial: Trinity Rodman – oui, la fille de Dennis, Ashley Sanchez, Andi Sullivan (Etats-Unis), Gabrielle Carle (Canada), Marissa Sheva – non, pas la fille d’Andriy (Irlande *hum* maman est à moitié irlandaise), Riley Tanner (Panama, euh ouais, enfin elle s’est souvenue cette année que maman avait débarqué au Michigan depuis Panama City).

 

Crédits photographiques :

Mascottes : Harvardton/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Chicago,_Fire_and_Red_Stars_mascots,_Sparky_and_Supernova.JPG

Ali Krieger: Hameltion/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:NC_Courage_vs_Gotham_FC_(Oct_2023)_120.jpg

Megan Rapinoe: Hmlarson/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Yanez_Ertz_Rapinoe.jpg

Rose City Riveters: Kingofthedead/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Portland_Thorns_2017-04-15_07.jpg

USWNT: US Embassy/CC0/Flickr https://www.flickr.com/photos/us_embassy_newzealand/53057835067/

 

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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