L’instant qui trique: Welcome to Wrexham – Saison 2

(Y foment galed: croeso i Wrecsam - Tymor 2)

« Pourquoi se fait-on subir tout ça ? » demande une supportrice depuis son canapé gallois après un premier échec cuisant de son équipe dans sa tentative de promotion de National League à League Two, quatrième division du foot anglais. « Pourquoi ne peut-on pas aimer le tricot ? » « Parce qu’on aime le football », rétorque son voisin d’un âge certain en prenant bien soin de ne pas envoyer valser son râtelier à travers la pièce par mégarde. Qui ne s’est jamais posé ce genre de question existentielle après une défaite particulièrement mortifiante (ou trois fois par semaine si vous nous lisez depuis Ouchy) ? A l’instar de Sunderland ‘Til I Die (Netflix, 2018) ou Ted Lasso (Apple TV+, 2020), Welcome to Wrexham (FX/Disney+, 2022) a absolument tous les ingrédients pour tous nous prendre aux tripes, du fan à la pompe aortique la plus endurcie au footix le plus superficiel en passant par le cinéphile de base (« Eh mais c’est pas Deadpool machin ? »). Allez, on vous emmène faire un tour dans le comté de Clwyd.

*SI VOUS N’AVEZ PAS ENCORE VU LA SAISON 2, BARREZ-VOUS IMMEDIATEMENT ! ABSOLUMENT CHAQUE SYLLABE DE CET ARTICLE EST UN SPOILER*

Le lien vers notre article consacré à la saison 1

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Wrex… quoi ?

Wrexham, c’est une bourgade galloise de 45’000 âmes tourmentées par le football non loin de la frontière avec le Cheshire anglais. Le Wrexham AFC, fondé en 1864, est le plus vieux club gallois et le troisième club le plus ancien au monde*. Son plus grand titre de gloire est un championnat de troisième division en 1978, mais les Red Dragons (oh que c’est original comme surnom pour des Gallois !) sont surtout connus pour un nombre incalculable de relégations au cours de leur tumultueuse histoire. On vous passe les détails sur l’industrie minière et du fer, le tout naturellement coulé par la politique de l’atroce Maggie dans les années 80, et le fait que la communauté locale au fond du bac socio-économique depuis lors n’a plus que son club de foot pour la sauver de la dépression. Ce genre d’historique va de soi puisqu’il semble être un prérequis pour avoir le droit de revendiquer l’appellation d’association sportive digne de ce nom dans le Royaume (cf. Liverpool, Manchester, Sunderland, Sheffield, Newcastle, Leeds, Glasgow, etc.).

*Entre les clubs disparus, indépendants, amateurs, les clubs pour unijambistes ou encore ceux d’air football, il y a débat au sujet du plus vieux club au monde. Selon sa page Wikipédia, le tout premier club professionnel, fondé en 1862, serait… Notts County. Oui, Notts County, seul challenger de Wrexham en National League en 2022/23 et antagoniste idéal de nos héros dans la série. Il paraît que rien n’était scripté, mais on n’est pas sûr d’y croire.

Yma o hyd (We’re still here). You’ll Never Walk Alone peut aller se rhabiller et nous on plaque tout et on se tire au Pays de Galles !

Euh en fait c’est quand même assez important ce truc industriel. On devrait même plutôt en faire des caisses puisque cet élément narratif est l’une des plus grosses ficelles mises en place par la série. « Ils vous ressemblent probablement beaucoup et ils vivent probablement une vie très similaire à la vôtre. Bien sûr que sur le terrain vous êtes adversaires, mais dans la vraie vie vous êtes dans la même équipe », nous dit innocemment Rob McElhenney (on vous le présente juste après) à la fin d’un épisode. Ben oui, pourquoi barrer la route de la promotion au plus fier représentant de la classe ouvrière mondiale (qui a juste vachement plus de pognon que vous en ce moment) ?

Comment ça ils sont pas tous d’accord avec ça ?

OK, mais pourquoi a-t-on droit à un documentaire sur une obscure équipe redescendue jusqu’en cinquième division (hors de l’English Football League (EFL) qui ne comprend que quatre échelons) alors qu’on pourrait s’intéresser au FC Iliria Payerne, plus proche de chez nous ? Vous l’avez probablement deviné en lisant le paragraphe précédent: parce que les Albanais de la Broye n’ont pas (encore) été rachetés par deux richissimes et célébrissimes (euh enfin une plus que l’autre) stars hollywoodiennes.

En effet, l’acteur canadien Ryan Reynolds (Buried, Deadpool) et son collègue américain Rob McElhenney (It’s Always Sunny in Philadelphia) ont eu l’idée saugrenue de s’offrir un machin vraiment encombrant, passablement bruyant et quelque peu rouillé pour Noël en 2020 (une année propice aux gros investissements risqués). Ne nous demandez pas pourquoi, ils n’ont pas réussi à l’expliquer eux-mêmes dans la première saison. D’autant qu’ils n’avaient (évidemment) jamais mis les pieds dans le bled en question de leur vie et ne s’étaient jamais rencontrés en personne. Ce qui était plutôt un avantage dans une période où tout se faisait via Zoom de toute façon.

On vous le disait: il y en a un qui est plus crédible que l’autre.

On pourrait parler d’un accès de folie furieuse ou encore du complexe du chevalier blanc tant le club était en difficulté après la suspension de la saison de National League (oui, la cinquième division s’appelle comme ça) pour cause de COVID. Toujours est-il que *spoiler alert* trois ans après leur arrivée, leur nouveau joujou évolue en EFL (en League Two, quatrième division, c’est logique) pour la première fois depuis 15 ans à la suite de la promotion acquise en fin de saison 2 de leur documentaire. Ah oui, on oubliait: l’autre raison (presque négligeable) de l’existence de ce docu est le fait qu’il est produit par… Reynolds et McElhenney, ses deux personnages principaux (quelle coïncidence quand même !), et donc 100% objectif. 

Du sang Du pognon et des larmes

On commence sur les chapeaux de roues. Reynolds nous annonce tout de go dans les premières minutes de l’épisode initial que « si on n’est pas promus cette année, le club sera complètement, totalement et entièrement non viable financièrement ». Pour ceux qui sont un peu dur de la feuille au fond, traduction de son pote Rob: “From a financial perspective, if we do not get promoted this year, we are fucked.” Mais aucune pression sinon.

Nos deux mécènes ont déjà perdu 10,8 millions de livres dans l’affaire à ce stade et on risque d’atteindre 28 millions dans le pire des cas en fin de saison. Ce qui donne envie à Ryan d’aller vomir, ce à quoi le directeur exécutif (et cerveau de toute cette histoire) Humphrey Ker répond fort justement que tout cet argent a au moins servi à construire de très belles toilettes pouvant être utiles dans ce genre de situation.

On continue à un rythme soutenu. Toujours dans ce même premier épisode, les deux proprios prennent des cours d’étiquette pour rencontrer le roi. Le plus drôle étant qu’ils passent de longues minutes à apprendre à bien s’asseoir sur une chaise (!) alors qu’ils vont serrer la pince du monarque sur la pelouse du Racecourse Ground, antre de leurs ouailles. Bon, rencontrer le souverain en soi ils s’en foutent un peu, mais ils ont besoin de 20 millions de livres en subsides gouvernementaux pour rénover leur stade et lui rendre son statut d’enceinte aux normes internationales. Et il paraît que pour obtenir ce genre de truc, il faut essayer d’être sympa avec les têtes couronnées locales. Il leur fallait aussi le pognon pour démolir le Kop et en reconstruire un nouveau, mais comme obtenir les autorisations et autres votes parlementaires prenait trop de temps, nos deux stars ont décidé de sortir le cash de leur propre poche. Bon et surtout, après 18 mois d’attente, les fonds ne seront finalement pas alloués donc c’était bien d’anticiper.

Hein ? Ah oui, tout est un peu plus facile quand on est multi-millionnaire. Ne croyez pas tout ce qu’on vous dit, l’argent fait bel et bien le bonheur.

Charles III nous fait une petite vanne télévisuelle (il a sûrement aussi pris des cours d’étiquette US).

Pas le temps de souffler, on part chez Phil Salmon, directeur non pas de la poissonnerie du coin, mais bien d’AEC Engineering, qui n’est pas loin de verser une larme en évoquant son contrat de sponsoring de l’arrière (oui, oui) du maillot local qui vient de s’achever après 7 ans de bons et loyaux services accompagné d’un air au piano à faire fondre la banquise (enfin ce qu’il en reste de nos jours). Hum. En gros, on a compris qu’il s’est fait lourder comme un malpropre au profit de marques plus lucratives au moment de l’arrivée des nouveaux proprios, mais restons plutôt dans le pathos si vous le voulez bien. Le gars a 64 ans, est fan de Wrexham AFC depuis l’âge de 7 ans, et en ce moment il s’occupe de retaper les anciennes barrières de feu les places debout du stade qui sont revendues au plus offrant (ça doit être monstre pratique à exposer dans son salon ces machins).

« Il ira parfaitement entre le Rubens et le Monet dans l’entrée. »

Paul, emploi et mépris de classe

C’est moi ou on se croirait à la Pontaise, la piste d’athlétisme en moins et les supporters en plus ?

Allez, on enchaîne. On vous présente Paul Mullin, l’archétype du héros hyper facile à idéaliser. Le gars débarque de League One (troisième division) pour aider un club de National League (l’équivalent de la ligue apéro pour un type comme lui), il s’occupe de son fils autiste Albi, signe chacun de ses très nombreux buts d’un A avec ses doigts en référence à la progéniture susmentionnée, est engagé dans sa communauté pour aider les autres enfants qui se situent sur le même spectre que son rejeton et en plus, ce brave Paul est « one of us » (à prononcer « oss »), le p’tit gars de la classe ouvrière, elle aussi idéalisée à tort et parfois à travers au cours de la série, dont les chaussures hurlent « F*** THE TORIES ! ». Bonus pour tous les footix de Romandie: notre nouveau pote a en plus grandi à Liverpool. Il suffit d’ailleurs de l’écouter parler 5 secondes pour se convaincre de l’authenticité de sa provenance socio-géographique.

Un chandail de quatrième division britannique, c’est presque aussi cher qu’un maillot spécial du FC Sion en fin de compte.

Fifty Shades All Five Sides of Shaun

On a menti: la classe ouvrière n’est pas romancée 100% du temps: vous vous souvenez de Shaun Winter, le décorateur de la saison 1 dont la coiffure est clairement l’aspect le plus esthétiquement satisfaisant de la série ? Celui qui disait « My granddad was a painter, my dad’s a painter. I’m a painter. And I fuckin’ hate it ». Dans la saison 2, il nous rappelle gaiement que « still hate paintin’ but it’s my trade and it allows me to earn money ». D’ailleurs la mère de ses gosses vient de le quitter, alors il va falloir éviter de se mélanger les pinceaux dorénavant, il y a des bouches à nourrir. Mais tout va bien, Shaun est multidimensionnel comme nous tous. Il est même très précis sur le nombre de dimensions: « I think you’ve seen all five sides of Shaun ». Une sacrée palette, foi de peintre.

Parkinson sans trembler

« Fucking come on ! Fucking twenty fucking record-breaking amount of games, fucking unbeaten by showing fucking courage and fucking bottle to do the right things and all of a sudden we look like a fucking team we fucking didn’t want to fucking defend ! »

Phil « Fockin’ » Parkinson est toujours à la barre du club malgré l’échec en playoffs en fin de saison 1. Il lâche toujours l’occasionnelle F-bomb au détour d’une tirade, mais la production a sûrement dû lui dire que les 4 enfants de Ryan Reynolds regardaient aussi la série et qu’il allait falloir un peu se calmer (enfin jusqu’à l’épisode 7, mais c’est déjà bien). Et il est enfin optimiste: « C’est la première fois que j’ai commencé une saison en m’attendant vraiment à avoir du succès. » Sympa pour ses contrats précédents…

Qu’est-ce qu’un échec au sommet de la cinquième division (professionnelle !) quand on pourrait jouer 12 niveaux plus bas ?

Separated by a common language

On en apprend des choses sur la langue et la culture britanniques en regardant cette série. On part évidemment du principe (avéré) que le téléspectateur américain est extraordinairement con pour tout surexpliquer, des partis politiques à la conversion monétaire en passant par un article de loi pourtant limpide et la FA Cup, mais ça nous permet de dénicher quelques pépites. Comme par exemple le fait que la bière servie sur le Titanic en 1912 était la… Wrexham Lager. Ce qui donne un point de départ sympa pour expliquer la culture de la lose qui règne sur les lieux depuis. Cette culture de la lose, ou plutôt de la deuxième place, très britannique, est tout bonnement incompréhensible pour notre duo de proprios nord-américains*. Ryan euh non, pardon, l’autre gars moins célèbre a d’ailleurs vécu une impressionnante série de deuxièmes places avec ses clubs de coeur au terme de la saison écoulée, presque au point de faire une demande de naturalisation.

*Imaginez leur expliquer qu’un club joue toute une saison avec un seul but: se barrer de la ligue dans laquelle il évolue (tout en ayant le droit de faire des matches nuls, mais ceci est une autre histoire).

4-3 sur la pelouse des géants de Championship Coventry City, 7 minutes d’arrêts de jeu, et c’est…

« Pitié, pas le terrain à m… !!! »

Si vous êtes un ancien du FC Lutry d’un certain âge, vous vous souvenez certainement que les jours de fermeture du terrain (en gazon naturel à l’époque) pendant vos années en junior, il ne restait plus qu’à aller s’entraîner sur le fameux terrain à m**** qui occupait l’espace avant la construction des courts de beach volley côté lac. Oui, cette espèce de champ de patates à droite de la rampe où les gens avaient coutume de promener leurs chiens sans toujours ramasser leurs déjections. Bref, c’était moins glamour qu’aujourd’hui et ça ressemblait vachement au terrain de jeu de l’équipe féminine de Wrexham dont on apprend l’existence quelque peu contrariée dans l’épisode 6.

Le chantier dans le fond pourrait facilement passer pour le terrain alloué aux filles s’il n’était pas aussi plat.

Comme rien n’arrive par hasard dans ce patelin, Rosie Hughes, attirée par les cages sur une pelouse (100 buts en 46 matches), bosse comme gardienne de… prison dans la vraie vie. Elle a d’ailleurs une intensité qui nous fout vaguement les jetons quand même. La milieu de terrain à l’enfance tragique Lili Jones récure des couverts dans les cuisines d’un pub local (rappelez-nous de ne jamais y manger vu l’état des fonds de casseroles). Mia Roberts, dont le père Neil, ancien international gallois, était le capitaine responsable de la dernière relégation hors d’EFL en 2008, a pour sa part pris l’habitude de se faire insulter par les passants en souvenir de cette triste descente aux enfers. Une fois de plus, on se dit qu’on n’aurait pas réussi à caster et scripter cette série plus efficacement si on avait voulu faire de la fiction.

Promis Rosie, on n’essaiera pas de s’évader.

Au-delà de la rédemption de Neil Roberts déjà assurée, ne reste plus qu’à espérer que les promesses de drainage du bourbier et de développement de la section féminine faites face caméra seront encore d’actualité hors-champ quand les micros se seront éteints. Toujours est-il que les filles ont elles aussi obtenu leur promotion à l’étage supérieur (Adran Premier) semi-professionnel au terme de la saison, en ayant même le droit de jouer une fois dans le grand stade devant plus de 9000 personnes. Seul hic, il semble qu’on ne puisse pas monter plus haut dans l’organigramme du football féminin gallois et que le sport 100% professionnel soit réservé aux Anglaises. Cela dit, on peut apparemment quand même se qualifier pour la Champions League féminine via un titre dans ce championnat. Autant dire qu’on payerait cher pour voir un Servette-Wrexham en qualifs l’année prochaine.

Will Ferrell est parfait dans son imitation d’un supporter de Sheffield United médusé en FA Cup (3-3 à l’aller au Racecourse Ground, courte défaite à Bramhall Lane).

The Old Man and the Sea

David Seaman, ça vous parle ? Même Tom Selleck ne serait pas capable de porter la moustache ET le catogan avec autant de classe. Difficile d’oublier le matin de 2002 où, retransmis en direct depuis le Japon en lieu et place d’un cours de français, Ronaldinho l’avait ridiculisé sur le grand écran de la salle de projection du Collège Arnold-Reymond devant nos yeux d’adolescents ébahis. Impossible de parler de Wrexham sans le convoquer puisque celui qui avait réussi l’exploit de quitter Arsenal juste avant la saison 2003/2004 des Invincibles (coïncidence ?) est non seulement l’idole du cerbère local Mark Howard (37 ans), mais il était du voyage lors de la déroute surprise des Gunners en FA Cup face aux Gallois en 1992.

OK les gars, je suis sympa, mais ce serait cool de m’appeler pour autre chose qu’une bourde ou une défaite de temps en temps. Il y a David James et Loris Karius pour ça.

Pendant qu’on y était, on aurait pu lui demander de remplacer le titulaire habituel Rob Lainton (34 ans), sur le flanc pour la troisième fois en trois ans, mais 60 ans paraissait tout de même un peu âgé, même pour la National League. Du coup on a rappelé un p’tit jeune en la personne de Ben Foster (40 ans), 8 sélections en équipe d’Angleterre, que Sir Alex Ferguson avait qualifié de futur « meilleur gardien du monde » quand il l’avait recruté en 2005. Rien que ça. On ne connaît rien au foot US, mais on est assez sûr que quand le coach des gardiens raconte à ses potes américains que c’est comme s’ils avaient signé Tom Brady, il exagère quand même la moindre.

Quoique. On ne sait pas combien ils ont payé Ben pour sa pige, mais on espère que c’était plus qu’une demi-pinte de Foster’s. Un arrêt sur penalty à la 97ème minute du match décisif contre Notts County, on a déjà érigé des statues pour moins que ça…

Arrêtez maintenant, on vous dit que cette série n’est pas scriptée enfin !

Le Rouge et le Noir

Episode 14. Promotion en League Two. Et maintenant on fait quoi ? On prépare les nouveaux jeux de maillots pour la saison prochaine, pardi ! Hein ? Ah, on l’avait déjà fait avant de savoir si on allait être promus ? Mais on s’en fout un peu du timing, non ? Eh bien pas du tout. Figurez-vous que jouer en National League signifie ne pas avoir le droit d’évoluer en noir ou en bleu marine car les arbitres n’ont pas de maillot extérieur ou third, eux. Ils jouent en noir toute la saison et il faut éviter les confusions. Du coup quand on prévoit d’ajouter une troisième variante noire à nos maillots domicile rouge et extérieur blanc, il faut quand même être assez sûr de son coup en termes de promotion au sein de la Football League. Oui, sinon on risque de perdre 10’000 exemplaires du maillot noir à 20 livres la pièce. Combien ? Euh mais comment se fait-il que le soussigné ait payé le sien 54.95£ en début de saison sur le site officiel ?

L’instant qui trique (c’est pas trop tôt !)

Alors, on en pense quoi au final ? Le site spécialisé en sport et pop culture The Ringer accuse Reynolds et McElhenney d’avoir produit « du contenu sponsorisé glorifié » dans lequel « la croissance effrénée de la marque prend le pas sur le sport auquel elle est associée » car les deux proprios « sont plus égoïstes qu’ils veulent bien le montrer ». Nos deux affables businessmen sont d’ailleurs « largement protégés des critiques puisqu’ils contrôlent le récit » et ont choisi Wrexham pour son potentiel unique en termes d’attraction de sponsors et autres investisseurs et non pour se muer en sauveteurs de l’internationale ouvrière (même si ce dernier aspect est une jolie cerise sur le gâteau). En guise de conclusion, toujours selon The Ringer, nos propriétaires-célébrités « ne sont en aucun cas des underdogs, mais bien des perturbateurs » dans une ligue où les autres équipes peuvent difficilement se payer le soutien d’Aviation Gin, TikTok ou United Airlines. De son côté, The Guardian se permet de noter qu’on ne sait pas trop « si Welcome to Wrexham est une série TV à propos d’un club de football, ou si Wrexham AFC est un club de football qui fournit du contenu pour une série TV ».

Tout cela est-il vrai ? Absolument. Est-ce que notre improbable duo a pour l’instant réussi sa mission avouée (faire grandir le club, augmenter le soutien, améliorer les infrastructures et avoir une influence positive sur la communauté dans son ensemble) ? On attend encore l’avis de Jim Ratcliffe, mais ça en a tout l’air. Est-ce qu’on a « bingé » les 15 épisodes en trois jours en jaillissant de notre siège (tant que faire se peut au vu de notre prise de poids extrême après douze Noëls en famille) à chaque rebondissement hallucinant ? Tout à fait. Est-ce qu’on a sauté à pieds joints dans le piège émotionnel tendu par chaque ralenti épique sur fond sonore titanesque et chaque explosion de pathos ? Evidemment. Raconter, interpréter et vendre des histoires sont des métiers et on ne peut qu’admettre que Ryan Reynolds et Rob McElhenney en maîtrisent parfaitement les arcanes.

Dites-nous sans ciller que ce genre d’images vous laissent de marbre.

Rendez-vous en mai 2024 pour savoir si nos acheteurs compulsifs – qui possèdent aussi 24% de l’écurie de F1 Alpine depuis le 26 juin alors que Reynolds collectionne les parts dans des boîtes diverses et variées et a tenté d’acquérir les Ottawa Senators l’an dernier – se sont lassés d’ici là. Il y a de fortes chances qu’on puisse répondre à cette question par la négative puisque Wrexham est actuellement deuxième de League Two à mi-parcours et qu’il y a 4 promus (dont 3 automatiques) en League One chaque année. Et au pire il y aura toujours de quoi se retourner pas loin puisqu’on nous souffle que Manchester United ne devrait plus valoir grand chose dans 6 mois…

Mais qui voilà ? Notts County ! Ça va devenir presque aussi rigolo que le duel MK Dons – AFC Wimbledon cette histoire…

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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