Le Karneval éclipse la Wiesn

Lors du traditionnel Wiesn-Spiel, le Bayern Munich a dû s’incliner contre un étonnant leader au parcours sans faute, le Karnevalsverein du FSV Mainz 05. Et il n’y a rien à redire sur le match : samedi c’est bien la meilleure équipe qui s’est imposée à l’Allianz Arena.

En découvrant un article sur un obscur Bayern Munich – Mainz dans la dernière quinzaine de septembre, tu dois bien te dire qu’il y a anguille sous roche et que le foot n’était pas forcément l’objectif premier de notre déplacement sur les bords de l’Isar. Mais bon, après trois jours de fréquentation assidue des Festzelte de l’Oktoberfest et juste avant le retour au pays, c’était l’occasion d’aller prendre un peu l’air et de découvrir qu’il existe bien une ville à Munich en dehors de la Theresienwiese. Et puis, après la folie de la Wiesn, l’Allianz Arena, avec son ambiance feutrée, son kop microscopique et ses Paulaner insipides, constitue un bon sas de décompression avant le retour au monde réel, un monde sans Mass Bier, sans Prosit, sans orchestre, sans costumes traditionnels et sans ratons-laveurs…

L’impertinent Mainz

Si l’on nous avait dit en début de saison que dans un match Bayern Munich – Mainz après cinq journées, il y aurait un leader au parcours sans faute sur la pelouse, on aurait plutôt eu tendance à penser qu’il s’agirait du premier nommé. Mais non, c’est bien le FSV Mainz qui débarque à l’Allianz avec cinq matchs et cinq victoires, et non des moindres, avec notamment des succès contre des ténors présumés de cette Bundesliga comme Brême, Stuttgart ou Wolfsburg. Le Bayern en revanche carbure encore en mode diesel, avec seulement deux victoires en cinq matchs (toutes deux obtenues dans les arrêts de jeu) et surtout une attaque qui pulvérise tous les records d’anémie de l’histoire du club. On pensait donc que les Rekordmeister allaient entamer le match tambour battant pour montrer à l’impertinent Mainz qui est le patron mais la pression bavaroise n’a guère duré que cinq minutes, avec tout au plus un tir de Schweinsteiger détourné par le portier Wetklo.

Et en plus ils savent jouer…

La saison dernière, Mainz avait obtenu une excellente 9e place en abusant de la technique du hérisson. En revanche, samedi cette équipe en pleine confiance ne s’est pas cachée et n’a pas hésité à aller bousculer le grand Bayern dans son camp. Du coup, les occasions sont plutôt mayencennoises contre une défense qui laisse apparaître des failles anormales pour un prétendant déclaré à la victoire en Ligue des Champions, avec un tir trop croisé d’Allagui et deux parades de Butt devant Szalai et Holtby. C’est donc logiquement que le Karnevalsverein va ouvrir le score, qui plus est sur un but somptueux : Lewis Holtby, l’une des étoiles montantes du foot allemand, s’amuse avec la défense sur la droite et sert Sami Allagui qui conclut d’une talonnade géniale. Sami Allagui, c’est le buteur venu du Greuther Fürth en Zweite Liga, c’est vraiment incroyable ce que le jeune entraîneur Thomas Tuchel arrive à faire avec cette formation constituée de bric et de broc. Et en plus, il pratique un tournus dans son équipe en changeant la moitié des titulaires à chaque rencontre, sans pour l’instant n’altérer en rien la qualité du jeu.

But gag

Il ne faut attendre que deux minutes après l’ouverture du score et une mauvaise passe pour entendre les «supporters» bavarois commencer à siffler leur équipe. Décidemment, les fans du Bayern me feront toujours rêver. C’est vrai que le spectacle présenté par leurs joueurs n’incite pas à un enthousiasme démesuré, il faut attendre la fin de la première mi-temps pour voir un semblant de réaction, avec un tir trop croisé de Kroos et une tête de Klose sur le poteau. Pour que ce Bayern atone marque, il a fallu que ce soit l’adversaire qui lui offre le but : sur un long ballon anodin, le défenseur Bo Svensson veut remettre en retrait à son gardien Christian Wetklo qui était sorti et le ballon finit tranquillement sa course au fond des filets. Voilà qui nous rappelle le goal que s’étaient fabriqué Daniel Puce et Eric Rapo avec le LS à Nantes, pour ceux qui ont la mémoire longue. On pensait que ce but gag allait relancer le Bayern et que Mainz allait vivre une deuxième mi-temps difficile mais il n’en fut rien. Les Rekordmeister se sont montrés incapables de mettre sous pression un leader de la Bundesliga bien en place et parfaitement organisé. Bien sûr les absences de Robben et, dans une moindre mesure, de Ribéry, pèsent lourds, tout comme la préparation raccourcie par la présence de onze demi-finalistes de la dernière Coupe du Monde dans l’effectif. Mais tout de même, avec la qualité des joueurs présents sur le terrain et les ambitions qui sont les siennes, le Bayern se doit de présenter autre chose, le nombre de mauvaises passes et de contrôles ratés était assez hallucinant, indigne d’une équipe de ce standing.

Qui arrêtera le FSV Mainz ?

C’est donc assez logiquement que les visiteurs ont repris l’avantage : au terme d’une belle action collective, le nouveau prodige du foot allemand André Schürrle (auteur d’un début de saison fracassant et qui a déjà signé à Leverkusen pour la saison prochaine) a centré pour le Hongrois Adam Szalai dont la frappe en pivot est allée se ficher en pleine lucarne. À part un tir de van Buyten stoppé par Wetklo, le Bayern ne s’est pas créé d’occasions de revenir et le rêve éveillé du FSV Mainz se poursuivait : six matchs, six victoires, la première place du classement, c’est complétement inespéré pour un club au budget modeste qui avait plutôt l’habitude de jouer contre la relégation lors de ses rares apparitions en Bundesliga. Quand on regarde l’effectif mayencennois, on peine à imaginer que cette équipe puisse poursuivre longtemps sa course en tête, et encore moins accrocher une place européenne en fin de saison, même si l’entraîneur bavarois Louis van Gaal en fait désormais un prétendant au titre ! Mais vu la qualité du match réussi à Munich et l’euphorie qui l’habite, cette équipe risque de jouer encore un moment les trouble-fêtes et d’embêter pas mal de monde.

Vivement dimanche !

Le Bayern Munich connaît lui l’un des pires débuts de saison de son histoire. Si l’on ne s’excite pas encore trop du côté de l’Allianz Arena, c’est que les principaux adversaires présumés des Rekordmeister dans la course au titre, les Schalke, Leverkusen, Brême, Hambourg, Wolfsburg et autres Stuttgart ne sont pas beaucoup plus fringants et donc que le Bayern n’a pas concédé de retard irrémédiable. Il n’empêche, les Bavarois pointent déjà à 10 points de Mainz et à sept du Borussia Dortmund, alors que se profile dimanche prochain un certain Dortmund – Bayern au Westfalenstadion où les Rekordmeister seront attendus par un BVB euphorique et 80’000 supporters survoltés. Sans doute un premier tournant dans la saison. Je ne raterai ça pour rien au monde, je te raconterai.

FC Bayern Munich – FSV Mainz 05 1-2 (1-1)

Allianz Arena, 69’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Rafati.
Buts : 15e Allagui (0-1), 45e Svensson (autogoal, 1-1), 77e Szalai (1-2).
Bayern : Butt; Lahm, van Buyten, Badstuber, Pranjic; van Bommel, Schweinsteiger; Müller, Olic (62e Hamit Altintop), Kroos (82e Tymoschchuk); Klose (75e Gomez).
Mainz : Wetklo; Bungert (64e Schürrle), Svensson, Noveski, Fuchs; Caligiuri, Polanski, Holtby (46e Zabavnik), Karhan; Szalai (82e Heller), Allagui.
Cartons jaunes : 31e Fuchs, 37e Svensson.
Notes : Bayern sans Robben, Ribéry ni Contento (blessés), Mainz sans Müller (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. « un monde sans Mass Bier, sans Prosit, sans orchestre, sans costumes traditionnels et sans ratons-laveurs…  »

    Euh, moi pas comprendre le coup des ratons-laveurs ?? …

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