Super League : Il n’y a que les imbéciles qui changent d’avis.

Republication avril 2021 : cet article a été publié en édito en mai 2019. Deux ans après, la formule proposée a un peu changé, mais on ne toucherait pas une virgule à l’avis de notre ex-rédenchef.

Les négociations ont donc commencé entre l’Association Européenne des Clubs (ECA) et l’UEFA au sujet d’une refonte de la formule de la Champion’s League à l’horizon 2024. Elles vont se poursuivre prochainement avec les Ligues nationales et le syndicat des joueurs. On va vers le beau, c’est moi qui vous le dis.

Dans l’absolu je devrais m’en foutre, moi qui ne regarde quasi plus du tout la CL actuelle, complètement dévoyée et déjà très très avantageuse pour les équipes les plus riches. Mais finalement les plans du président de l’ECA, l’épouvantable Andrea Agnelli, poussent tellement loin le bouchon dans le délire que cela pourrait in fine être utile.

De quelle réforme parle-t-on au juste ? Peu adeptes de l’homéopathie, les membres de l’ECA envoient une salve de missiles en proposant une ligue à 32 équipes quasi fermée, formée de quatre groupes de huit équipes, faisant passer le nombre de matches de poule de 6 à 14, avec probablement des rencontres le week-end, je vous laisse imaginer le merdier au niveau des championnats nationaux.

Les championnats devront donc s’adapter avec de nouvelles dates dans un calendrier surchargé. Une fois supprimée l’anecdotique coupe de la ligue dans certains pays, voire même actée une réduction du nombre de clubs dans l’élite afin de  trouver des dates supplémentaires dans une année qui malgré les vœux des vampires de l’ECA devrait toujours durer environ 52 semaines en 2024, il s’agira de se poser la question de l’intérêt de faire toutes ces concessions pour arranger les affaires des plus gros dans un championnat qui aura drastiquement perdu de l’intérêt (en gros il ne donnera plus accès à la C1…)

Et c’est là que cette réforme n’est qu’une étape, en attendant la vraie révolution d’ici à 10-12 ans, celle que j’appelle de mes vœux : une vraie Super League européenne fermée, formée avec les mastodontes du foot européen qui auront quitté leur championnat pour se focaliser là où est le pognon. Après tout, le PSG n’a aucun intérêt et aucune envie de jouer deux fois contre Dijon, et Dijon n’est pas plus excité que ça à l’idée de prendre deux fois 8-0. Alors que ces géants se barrent, et qu’ils jouent entre eux dans leur ligue de merde. Tous ceux qui se masturbent en regardant chaque année depuis 20 ans les mêmes affiches seront tout contents de claquer 30 francs pour voir et revoir Real-OL (six fois en deux ans entre début 2010 et fin 2011…)

Après tout, Manchester United avait décidé en 1999-2000 de ne pas participer à la mythique Cup pour cause de calendrier surchargé (pauvres chouquets), il sera donc tout à fait bienvenu que les pompes à fric au budget quasi illimité boudent les championnats nationaux. Un championnat de France qui retrouve de l’intérêt sans le PSG (bon, on rigolerait moins, mais il faut ce qu’il faut), une Liga plus ouverte que jamais sans le Real ni le Barca, une Premier League sans le big four/five/six… Et tous ces clubs vérolés par le pognon, arrogants, qui puent la corruption à 20 km, et qui jouent entre eux à l’infini dans leur petite ligue ultra-fermée et ultra-chiante, quel pied ce serait !

Il sera alors temps pour l’immense majorité des clubs non concernés par cette fuite en avant perpétuelle de se fédérer différemment et de réinventer une ou deux épreuves européennes qui respecteraient un peu l’esprit de compétition. Par exemple une coupe des clubs champions, avec un seul qualifié par pays. Ce jour-là, la boucle sera bouclée, et je réallumerai mon poste de TV.