De retour à la maison

C’était le dimanche des retours à la maison : Braunschweig retrouvait sa place dans l’élite, ton serviteur retrouvait ses Biergarten, ses places d’abonnements et ses fidèles voisins et le Borussia Dortmund retrouvait son stade fétiche en Bundesliga et, malgré un assez mauvais match, sa place naturelle en tête du classement.

Un premier match de la saison au Westfalenstadion, c’est toujours un grand moment d’émotion. On retrouve nos petites habitudes et on constate que tous les potes sont abonnés aux mêmes places que l’an passé, on sert quelques mains et on se réjouit de repartir pour une nouvelle aventure ensemble ; en même temps, c’est devenu tellement compliqué d’avoir un abonnement au Westfalenstadion qu’il faudrait être fou pour ne pas renouveler. On a quand même une mauvaise surprise avec la fermeture de l’un de nos bars préférés. Par ordre de police paraît-il, ils vendaient (pas chers) des Kronen et des Brinkhoff’s dans des bouteilles en verre, jugées trop dangereuses. C’est embêtant, il va falloir modifier l’itinéraire immuable de notre tournée des Biergarten et trouver un autre point de ralliement avec nos amis des Borussenstern. Enfin, on s’en remettra.

Willkommen Braunschweig !

Pour ce premier match à domicile, le BVB accueille l’Eintracht Braunschweig dont c’est le premier déplacement en Bundesliga depuis 28 ans. Pour ce grand retour, il était difficile de trouver mieux que le plus beau stade du monde et les Löwen sont venus avec 7’000 fans dans un bel engouement. Comme l’affiche et le coup d’envoi du match le dimanche en début de soirée ont rebuté les touristes, malheureusement de plus en plus nombreux au Westfalenstadion, ça donne une ambiance assez sympa. Très honnêtement, on pensait que ce match ne serait qu’une formalité car, sur le papier, cette équipe de l’Eintracht ne paie pas de mine. Et les Löwen n’ont pas vraiment profité de l’euphorie de la promotion puisqu’ils ont débuté la saison par une élimination en Coupe contre un autre promu, mais en Zweite Liga, Bielefeld, et une défaite (certes imméritée) en championnat contre Brême. Ajoute à cela l’absence de deux des héros de la promotion, le patron de la défense Dogan et le buteur Kumbela et tu conviendras qu’a priori Braunschweig n’avait pas grand-chose à espérer sur la pelouse du vice-champion d’Europe.

Misérable

Et pourtant, en première période, l’Eintracht va parfaitement contenir l’armada offensive dortmundoise. Disons-le franchement, il n’y a strictement rien à garder de la première mi-temps du BVB. Pas d’idée, pas de rythme, pas de prises de risque, Dortmund n’a jamais paru en mesure de déstabiliser une équipe de Braunschweig disciplinée et bien organisée. Le score nul et vierge à la pause illustrait parfaitement la physionomie d’une première mi-temps nullissime. Ce sont même les Löwen qui se sont procuré la meilleure occasion avec une frappe juste à côté de Theuerkauf.
Après la pause, le BVB attaque face au Gelbe Wand et ne pouvait décemment pas fournir une deuxième période aussi miteuse que la première. Et effectivement, le Borussia va s’installer dans le camp adverse, ça reste toujours emprunté et peu inspiré mais ça s’apparente de plus en plus à une attaque-défense contre des Löwen de plus en plus recroquevillés sur leur but. Toutefois, l’heure tourne et le BVB ne trouve toujours pas la faille ; on commence sérieusement à nous glacer d’effroi à la perspective de perdre deux points contre le néo-promu. Les nouvelles recrues Mkhitaryan et Aubameyang, qui ont coûté aussi cher que la totalité du budget (40 millions, le plus petit de la ligue) de l’Eintracht, ne sont pas très inspirées avec deux occasions manquées pour l’Arménien et une pour la Gabonais. Mais la palme du raté revient à Robert Lewandowski qui, seul à huit mètres du goal et avec un gardien en déséquilibre, place une frappe de Mickey qui aurait fait passer le pénalty de Marco Streller contre l’Ukraine pour un missile balistique intercontinental. Cette conclusion lamentable illustre parfaitement la prestation honteuse du Polonais, sans venin et absolument pas concerné, un véritable boulet.

Lewa raus !

Un fidèle lecteur m’a pertinemment fait remarquer que je pleurniche et vitupère sur Lewandowski sans avoir jamais vraiment expliqué les raisons de mon courroux. La situation est la suivante : Lewa avait un contrat au BVB jusqu’en 2014 avec un salaire d’un jeune inconnu débarqué de Pologne de 1 million et demi d’euros. Dortmund lui a proposé une prolongation de contrat, assortie d’un salaire quadruplé à six millions annuels. Il a refusé, pensant trouver plus ailleurs, et ailleurs c’est le Bayern Munich avec lequel il se serait engagé (plus ou moins illicitement) l’hiver dernier pour huit millions annuels. Lewandowski et ses cupides agents, qui avaient déjà failli faire capoter sa venue à Dortmund, n’avaient toutefois pas prévu deux choses : le valeur marchande du Polonais allait exploser suite à son quadruplé contre le Réal Madrid et le Bayern n’a pas vraiment besoin de lui. Le buteur du BVB était sûr que le Rekordmeister allait, comme pour Götze, sortir son gros chéquier pour racheter sa dernière année de contrat dans la Ruhr et le faire venir en Bavière dès l’été 2013.

Mais les Bavarois, avec la couardise et la lâcheté qui sont les marques de fabrique du club, ne veulent pas Lewa pour se renforcer mais juste pour affaiblir un adversaire dont ils ont peur en lui piquant son meilleur attaquant gratuitement en 2014. Dès lors, pas question de racheter le contrat du Polonais et de remplir les caisses du BVB pour lui permettre de trouver un remplaçant de qualité (par exemple Dzeko). Ainsi donc, Lewandowski veut partir, Dortmund serait prêt à le laisser partir en cas d’offre suffisante mais le Bayern ne fait pas d’offre et Karl-Heinz Rummenigge a confirmé qu’il n’avait aucune intention d’en faire. Du coup, Lewa fait la gueule, surtout que son espèce d’arrangement bâtard avec le Bayern le fait passer à côté d’offres supérieures de la part de Chelsea, du Real Madrid ou du Manchester City, tous prêts à investir 30 ou 40 millions pour racheter le contrat du Polonais et lui offrir un salaire annuel du 12 millions.
Si les dirigeants du BVB ont été victime de leur naïveté et du comportement peu fair-play du Bayern, ils ont à mon sens fait une grosse erreur en augmentant le salaire de leur attaquant polonais à cinq millions, sans rien obtenir en contrepartie, sinon de lui redonner un peu de motivation. C’est peine perdue, Robert Lewandowski n’est plus impliqué dans le projet dortmundois et va être un poids mort, il faut s’en débarrasser au plus vite, je serai même prêt à l’échanger contre Matt Moussilou. Comme il faudra de toute façon sortir de l’argent pour le remplacer, il aurait fallu casser la tirelire dès cet été pour trouver un attaquant de premier plan et expédier Lewandowski avec la réserve pour le forcer à partir. Là, le BVB n’a pas fait tout juste. Enfin, je ne désespère pas d’un miracle et d’un départ d’ici la fin du mercato ; si tel ne devait pas être le cas, je m’excuse d’ores et déjà auprès de ceux qui viendront voir des matchs du BVB avec moi cette saison, je vais être assez pénible à rouspéter et critiquer un joueur plus vraiment digne de porter nos couleurs dès que le ballon s’approchera de lui.

Hofmann le héros

Heureusement, le BVB peut compter sur sa jeune génération pour combler les manquements de ses aînés. La lumière a jailli des pieds de Jonas Hofmann, 20 ans, venu d’Hoffenheim en 2011, révélation de la préparation et qui libère le temple jaune avec l’aide du poteau et après un une-deux avec Mats Hummels. Il ne restait qu’un quart d’heure à jouer et on n’aurait pas pensé qu’on accueillerait et célébrerait un but contre Braunschweig presque comme si on venait de gagner la Ligue des Champions. Jonas Hofmann, toujours lui, allait encore obtenir le pénalty qui a permis à Marco Reus de doubler la mise. Un but tout sauf superflu car le BVB va trembler jusqu’au bout après la réduction du score sur un autogoal de l’inutile Lewandowski, même si la ligue a officiellement et charitablement attribué le but à Kevin Kratz. Au final, on ne retiendra donc que les trois points de ce match assez peu convaincant.

Le match au sommet

Si la manière a laissé à désirer et que le BVB n’a pas vraiment joué dimanche en prétendant au titre, il s’installe tout de même en tête du classement pour la première fois depuis la remise du Meisterschale en mai 2012. C’est toujours ça de pris, tout comme les cinq points d’avance sur Schalke 04, dont les dirigeants ont promis que leur club terminerait devant Dortmund cette saison… Le tableau pourrait même être édénique sans les quatre points en deux matchs offerts au Bayern Munich sur des erreurs d’arbitrage. Mais quelque part, ces petits privilèges indus dont le Rekordmeister est dépendant pour gagner ses matchs rendent encore plus noble et chevaleresque le combat du Robin des Bois du Ruhrpott, un combat que l’on est fiers de mener avec lui. Prochaine bataille, vendredi prochain, avec un choc au sommet contre Werder Brême et sa nouvelle défense de fer (si, si…), en espérant un spectacle un petit plus affriolant que contre Braunschweig.

Borussia Dortmund – Eintracht Braunschweig 2-1 (0-0)

Signal Iduna Park, 80’200 spectateurs.
Arbitre : M. Sippel.
Buts : 75e Hofmann (1-0), 86e Reus (pénalty, 2-0), 89e Kratz (2-1).
Dortmund: Weidenfeller ; Grosskreutz, Hummels, Subotic, Schmelzer; Bender, Sahin; Blaszczykowski (60e Reus), Mkhitaryan (92e Ducksch),  Aubameyang (68e Hofmann); Lewandowski.
Braunschweig: Davari; Elabdellaoui, Bicakcic, Correia, Reichel; Kratz, Theuerkauf, Caligiuri (65e Boland); Kruppke (77e Ademi), Hochscheidt (65e Perthel); Jackson.
Carton jaune: 60e  Theuerkauf.
Notes: Dortmund sans Piszczek ni Gündogan (blessés), Braunschweig privé de Dogan, Henn et Kumbela (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. Salut Julien et merci pour l’article ! Grosskreutz, c’était pas l’ancien espoir offensif de l’équipe d’Allemagne ? Il me semble que, depuis peu, il a perdu sa place à part pour jouer… latéral ! Tu m’expliques ?

  2. La concurrence s’est renforcée au poste d’ailier gauche et Kevin sort d’une saison assez moyenne, du coup il se retrouvait quatrième voire cinquième dans la hiérarchie des demis extérieurs derrière Reus, Kuba, Aubameyang voire Hofmann.
    Par contre, la place de latéral est vacante avec la blessure de Piszczek pour tout le 1er tour et comme Kevin s’en sort plutôt bien à ce poste, ça lui permet d’avoir du temps de jeu. Après, il faudra voir si, contre des adversaires plus fort offensivement, Klopp ne va pas lui préférer Sokratis.

  3. Je ne comprends pas le BVB sur ce coup la. Ils auraient du le mettre avec la reserve et acheter un autre buteur. Ce mec n’a plus rien à faire dans l’equipe. Et en plus ils l’augmentent pour le motiver (belle mentalité ….). Bref, on verra sur la longeur si ils ont eu raison, en tout cas lui il peut partir quand il veut sans aucun regret. Encore un qui va quitter Dortmund et cirer le banc au Bayern ou ailleurs. Et Gundogan, il attend quoi pour prolonger? Parce qu’a ce rythme la, il va aussi partir la saison prochaine!

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