C’était l’Euro à Lausanne… ou presque

Du 8 au 11 mai dernier c’était l’Euro à Lausanne ! Comment ? Vous n’avez pas entendu les klaxons des supporters en liesse à St-François ? Vous n’êtes pas allés à la 40-milliards-de-perte-Arena ? Vous n’étiez pas derrière votre petit écran ? Pas de panique, vous avez seulement manqué les championnats d’Europe de gymnastique artistique masculine qui se déroulaient le week-end de Pentecôte à Malley. Pas grave, de toute façon il n’y avait personne…

Gymnastiquement et sportivement parlant, ça valait la peine de faire le déplacement jusqu’au CIGM et de renoncer aux merguez et à la broche de ce week-end estival pour venir s’enfermer dans le chaudron de Malley et admirer les prouesses des gymnastes séniors et juniors.A Lausanne les garçons n’aiment pas les filles ! On pourrait le penser puisque généralement filles et garçons concourent en même temps dans la même salle. Donc cette année, ce sont 166 mâles qui se sont donnés rendez-vous à Lausanne. Pour compléter cette virile réunion, 145 juniors (garçons…) sont venus s’affronter durant le même weekend.
Après un solennel discours en allemand (la langue officielle de la gymnastique est le français !) du président grec de l’UEG (Union Européenne de Gymnastique) et une cérémonie d’ouverture qui aura plu à certains et moins à d’autres, place à la compétition ! On commence donc par un tour de qualification en équipe (plus on est de fous plus on rit…). Cette année est marquée par un record d’affluence avec 41 nations contre 39 l’année dernière aux Pays-Bas. Lors de ce tour de chauffe, des gymnastes de chaque nation effectuent leur exercice sur chaque engin ou appareil (6 au total). Les 3 meilleures notes sont retenues pour le total de l’équipe. Pour chaque agrès, les 8 meilleures notes sont elles retenues pour la finale par engins. Pour fixer les notes, les juges apprécient d’une part la difficulté et d’autre part la propreté de l’exécution des prestations effectuées par les gymnastes. Pour cela ils se basent sur la bible de la gymnastique appelée aussi «code de pointage» où sont répertoriés tous les éléments de la gymnastique (un bon classeur fédéral).
Lors des qualifications, les seniors suisses se sont hissés à une très bonne 6ème place, qu’il leur a permis d’accéder à la finale par équipe du samedi. Par contre, niveau individuel, c’est la débandade, voire même la déception… On attendait à la barre fixe Christoph Schärer qui s’était hissé en finale et obtenu un 8ème rang à cette discipline l’année dernière. Véritable spécialiste de cet appareil, et malgré son palmarès, il n’obtiendra que la 11ème place lors des qualifications. Les autres gymnastes suisses ne feront mieux, privilégiant ainsi un placement de l’équipe.
La finale par équipe du samedi fut donc très disputée. Les Français (mais ils sont partout ceux-là !) dominèrent la première partie de la compétition. Mais les Russes, qui avaient peut-être abusés de la vodka le soir d’avant et qui jusqu’au 3ème engin étaient encore endormis, ont effectué une remontée spectaculaire pour finalement remporter la compétition en mettant 3 points au 2ème et montrer à tous qui est le chef ! La Suisse qui a pourtant effectué une très bonne prestation termine finalement à la 7ème place. C’est un rang de moins que lors des qualifications, mais un rang de mieux que l’année passée ; dans tous les cas une place très suisse, très «verre à moitié plein ou verre à moitié vide» !


Photo copyright Loïc Privet

Les finales par engin du dimanche ont tenu toutes leurs promesses. Les gymnastes se sont bien lâchés et ont ainsi assuré la partie spectacle. Le jeune et prometteur Allemand Fabian Hambüchen a fait profiter au public de ses talents puisqu’il participait à quatre finales (schön !) et s’est même octroyé la médaille d’or de la barre fixe et celle de bronze au sol. Mais dans le peloton de finalistes, certains vieux briscards du circuit n’avaient pas dit leur dernier mot ! Ainsi on retrouvait Jordan Jovtchev, dit aussi «le Seigneur des Anneaux», à son agrès préféré… les anneaux ! Mais le «vieux» Bulgare de 35 ans, qui n’a pas que du yaourt dans les bras, n’a rien pu faire face au Néerlandais Yuri Van Gelder et a fini sur la 2ème marche du podium. De ces «vieux de la vieille» mention spéciale à Dimitri Karbanenko, toujours de la partie avec l’équipe de France. Certes, il n’aura pas réitéré son exploit d’il y a 11 ans dans la même patinoire lors des mondiaux en s’adjugeant la médaille d’argent au sol, mais il marque toujours de son empreinte la gymnastique après 17 ans de compétition sur la scène mondiale.
Et les juniors me direz-vous ? Les p’tits Suisses ont obtenu une très bonne 4ème place à la compétition par équipe et ont, par la même occasion, propulsé Lucas Fischer en finale au sol et Simon Nützi à la barre fixe. Les deux gymnastes obtiendront la médaille en chocolat à leur engin respectif lors des finales, à croire que les juniors avaient pris l’abonnement aux 4ème places ! Mais très bonne prestation dans l’ensemble.
Ces championnats d’Europe ont donc été une très bonne répétition générale avant les Jeux Olympiques de Pékin. Les Russes de retour aux affaires auront de quoi batailler contre l’Empire du Soleil Levant. Mais il faudra tout de même compter avec le jeune prodige allemand ! Côté suisse, il y a encore un peu de travail jusqu’à Pékin. Même si la performance de groupe rassure, le fait qu’aucun gymnaste ne se soit qualifié aux finales par engin démontre le travail à effectuer d’ici le mois d’août. Mais comme pour la Nati de Köbi, on y croit !
Du côté de l’organisation on tire un peu la grimace quant à l’affluence du public. Tandis que l’on s’arrache les billets pour assister aux matchs de l’Eurofoot, on s’attendait à un peu plus de public à Malley. A qui la faute ? Aux affiches trop Béjardiennes (dixit Le Matin) et pas assez «gymnique» ? A une publicité trop tardive ? A la météo estivale du week-end qui a poussé les gens vers Vidy plutôt que vers Malley ? A la mauvaise exploitation des partenaires officiels ? Ou encore à ce sport trop mal médiatisé ? Il est vrai que durant ces quelques jours de compétition, on a croisé quasi que des passionnés de gymnastique et de surcroît qui parlaient la langue de Goethe !
Mais il faut tout de même relever que ces passionnés font vivre ce sport. Ils étaient 350 à s’être inscrits comme bénévoles. Et le comité d’organisation, après quelques sueurs froides, a pu compter sur ces personnes pour accueillir les équipes, chouchouter les gymnastes, déplacer du monde, préparer les salles de compétition (et les démonter aussi), et effectuer toutes une ribambelle de tâches toutes aussi importantes les unes que les autres. Mais ne nous leurrons pas ! Ces bénévoles sont de plus en plus difficiles à trouver et à motiver à venir donner un coup de main. Ces championnats d’Europe auront été aussi en quelque sorte une répétition générale à plus petite échelle pour la Gymnaestrada qui se déroulera à Lausanne en 2011. Cette manifestation (2ème événement mondial réunissant le plus de participants après les JO) d’envergure internationale qui réunira plus de 20’000 athlètes demandera un investissement de toute la région. Et croyez-moi, 20’000 pelés à Lausanne durant une semaine, ça ne va pas passer inaperçu !

Écrit par Fabian Delmonico

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3 Commentaires

  1. Génial ! Jadore la gym, sport méconnu mais très athlétique.

    Enfin un site Omnisport. A quand des papiers sur le unihockey, le bromball ou le curling.

    Certains clubs seraient ravis dêtre à laffiche. si jamais vous pouvez tjrs me contacter à dido12345@hotmail.com

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