L’édito du mois de décembre

Je n’aime plus les Diables rouges. C’est con parce que je les appréciais bien, et ce depuis tout petit. C’était comme le bon copain un peu plus baraqué que toi mais qui se fait quand même taper par les grands à la récré : ça rapproche, et puis de temps en temps il pouvait quand même leur retourner une mornifle, ça te vengeait un peu.

Depuis quelques années, la Belgique est une de ces nations de la planète foot qui s’appuie sur une génération exceptionnelle, comme elle en avait déjà eu une dans les années huitante – finaliste de l’Euro 1980, demi-finaliste du Mundial 1986, un peu comme la Suisse de Chappi dans les années nonante, mais en mieux – et qui est capable de bousculer un peu les gros. Comment ne pas aimer ça ?

Mais qu’est-ce qui fait qu’ils aient à ce point chopé le melon ? Certes, la Nati – tête de série No 1 aux qualifications de l’Euro 2020 pour rappel – est encore capable de perdre contre le Qatar et donc reste pour le moment à l’abri du phénomène, mais est-ce que le succès rend obligatoirement arrogant ? Qui ne connaît pas au moins un fan espagnol devenu imbuvable après les 3 succès de la Roja ? Sans même parler des Frouzes, qui te font chier pendant 20 ans quand ils gagnent… et qui gagnent tous les 20 ans.

(Au passage, au niveau des clubs, la même tendance existe jusque chez nous. Il suffit de se souvenir de l’arrogance des Bâlois qui a fait que toute la Suisse était tellement heureuse de les voir se péter enfin la gueule contre YB. Mais dans leur cas il faut aussi reconnaître qu’ils ont salement forcé le trait en engageant tous les plus insupportables gros cons du championnat, jusqu’à aller racler les fonds de bidet pour nous ressortir Stocker.)

Pour revenir aux Diables, j’ai souvenir de leur défaite en quart de finale à l’Euro il y a deux ans, le premier tout gros match de cette génération, où il m’avait déjà un peu semblé qu’ils avaient perdu d’être trop sûrs d’eux. C’était encore un sentiment un peu diffus, et j’ai mis cela sur le compte de ma frustration de les voir se faire sortir par le Pays-de-Galles.

Deux ans plus tard, cet été, après une campagne de qualifications impressionnante (10 matches, 28 points) et un premier tour plein (3 matches, 9 points), la Belgique renverse le Japon dans un huitième au final époustouflant avant de sortir le Brésil en quarts dans le plus beau match qu’il m’ait été donné de voir depuis 30 ans. Les Belges se présentent gonflés à bloc devant la France, après avoir empilé 14 pions en 5 matches et avec le soutien de tout le système solaire, et se fracassent sur l’expérience et le froid réalisme de la sélection de Didier Deschamps (0-1). Leurs déclarations d’après-match sont stupéfiantes :

  • « On perd contre une équipe qui n’est pas meilleure que nous, on a perdu contre une équipe qui joue à rien »
  • « Je préfère perdre avec cette Belgique que de gagner avec cette France »
  • « Ce soir, c’est le football qui a perdu »

Mais fermez-la un peu ! On dirait les Français après leur défaite en finale de leur Euro contre le Portugal !

 

Têtes : au choco, de con et de Belge

Et quatre mois après, vient ce fameux Suisse-Belgique. La Nati n’était pas passée loin du nul à Bruxelles au match aller, et quelques jours avant le match de Lucerne, les Diables avaient eu toutes les peines du monde à se débarrasser de l’Islande. Contre la Suisse, dépassés dans absolument tous les domaines, ils en prennent 5 après avoir mené 2 à 0.

Voici la déclaration d’après match de Thomas Meunier, le défenseur du PSG :

Mais c’est quoi au juste votre problème ? Il y a une loi non écrite au football qui fait qu’on doit se coucher devant les Belges sans jouer ? Jamais je n’oserais écrire ça d’Andorre ou de Saint-Marin. Quel mépris, quelle arrogance, quelle morgue !

Cette génération en or a laissé passer sa chance et ne gagnera probablement rien. Malgré tout je le regrette, car j’adore ce pays et me sens plein d’atomes crochus avec les Wallons, sans même parler des vrais copains que j’ai là-bas. Mais en termes de dégât d’image, vous avez fait vachement fort, les copains.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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