Clubbing : Le guide du championnat des Pays-Bas

Euh ! La Hollande ! Pays qui déchaîne les passions footballistiques. Enfin, déjà on dit Pays-Bas et c’est surtout valable pour son équipe nationale, parce que l’Eredivisie on s’en fout pas mal ! En effet, pas sûr que ton pote David, qui ne jure que par les Oranje, puisse te citer le nom de plus de trois clubs bataves. Il te l’assure pourtant, Van Basten est le meilleur joueur de tous les temps. Certes, mais il n’a jamais entendu parler de Fortuna Sittard et de Jeroen Verhoeven.

On te propose donc d’approfondir un peu tes connaissances footballistiques sur ce plat pays. Comme une grande partie des Suisses, lorsque la Nati sera pitoyablement éliminée en huitièmes lors du prochain Euro, tu devras bien te rabattre sur une équipe, et forcément ce sera la Hollande… ou la Belgique parce que c’est vrai que maintenant, il y a les Diables Rouges que les gens trouvent tellement sympas.

Lorsqu’on évoque le football néerlandais, c’est avant tout son équipe nationale mythique qui nous vient à l’esprit. Ses grands joueurs qu’on ne va pas citer. Vous les connaissez par coeur… Bon OK Nigel de Jong, Khalid Boulahrouz, Johnny Heitinga, Mark Van Bommel ça met tout le monde d’accord. Hormis ces talents d’exception qui enchantent encore nos souvenirs, on pense bien évidemment à l’Ajax, club que TOUT le monde adore. T’as déjà croisé un mec qui déteste l’Ajax ? Moi jamais (sauf aux Pays-Bas). Le football batave, ce n’est pourtant pas que ça. En creusant un peu, on rigole bien en pensant qu’il n’y a finalement pas que les Français qui soient accrocs aux acronymes. PSV-RKC, ADO-VVV, AZ-MVV ou encore le fameux NEC-NAC, voici des affiches qui sentent bon les Pays-Bas. C’est parti, enfourche ton vélo, on te propose d’y faire un tour.

Le format

Rien de très foufou. Un championnat à 18 équipes où le premier est déclaré kampioen et beste team van het seizoen. Petite subtilité en ce qui concerne la relégation et l’attribution d’une des cinq places européennes, puisqu’un système de playoffs est mis en place afin de prolonger le suspense durant les beaux jours du mois de mai. Des playoffs qui concernent surtout les clubs plus modestes, puisque les grandes machines Ajax, PSV et Feyenoord figurent de toute façon parmi les 4 premiers et sont soulagés de terminer la saison au plus vite. Après tout le monde part en vacances en caravane en France pour voir le Tour.

A noter que l’an passé, la fédération néerlandaise a été l’unique d’Europe avec celle de Belgique à avoir arrêté et annulé le championnat en cours. Pas de champion, pas de relégation et surtout pas de chance pour l’AZ qui pouvait clairement viser le troisième titre de son histoire.

La compétition

Aux Pays-Bas, trois grosses cylindrées dominent sans partage le championnat depuis la période de l’après-guerre. L’Ajax bien évidemment, le PSV et Feyenoord. A eux seuls, ces trois clubs ont remporté 73 titres nationaux. Durant les soixante dernières années, les Pays-Bas n’ont connu que cinq champions différents. Seul le Portugal, avec quatre champions, fait pire. Si la lutte acharnée pour le titre n’est que rarement la marque de fabrique du championnat batave, la moyenne de buts élevée par match ainsi que la moyenne d’âge la plus jeune d’Europe en font un championnat assez spectaculaire où il n’est pas rare d’assister à de vraies corrections (dernièrement un 13-0 de l’Ajax ou encore un PSV-Feyenoord 10-0 en 2010). Bon arrêtons là, on dirait que je fais la promotion pour Blue Sports qui diffuse des matchs de Eredivisie chaque weekend.

L’ambiance

Comme partout en ce moment ça n’est pas la folie. Après un début de championnat où les stades pouvaient accueillir un nombre limité de supporters, dès le mois d’octobre le huis clos s’est imposé. Mais vu que dans cette catégorie on parle de ce qui se passait avant, il faut souligner que la plupart des stades sont bien garnis. Sans qu’il soit totalement impossible de se procurer des places, les gradins sont généralement bien pleins. Côté ambiance, les Pays-Bas sont plutôt un chouette endroit pour voir du football. Ambiance qui se rapproche un peu de la Bundesliga, avec un côté moins naïf et gentillet quand même où des incidents se produisent de temps à autre. Mention spéciale aux rencontres entre Ajax, Feyenoord et ADO La Haye qui sont les plus chaudes. Par contre, on trouve encore des bonhommes géants gonflables dans les stades (les skydancers), il faudrait peut-être leur dire que l’Euro 2000 est terminé.

Oui ce genre de truc est encore à la mode dans le Jura et dans les stades néerlandais. 

Les équipes

ADO La Haye : Ne vous fiez pas au sympathique échassier figurant sur le blason du club. N’imaginez pas non plus que La Haye n’est qu’une ville royale pépère où l’on juge les criminels de guerre. L’ADO Den Haag est un club sulfureux aux pays des tulipes à cause de certains de ses supporters. En 1982 déjà, des hooligans avaient mis le feu à leur propre tribune à la suite d’une humiliante défaite. A deux reprises, en 2004 et 2011, des « supporters » ont entonné des chants antisémites ayant entraîné l’arrêt de matches de championnat. Au mois de février dernier, des hooligans ont débarqué en pleine session d’entraînement pour expliquer aux joueurs et au coach la tactique à adopter alors que l’équipe était en pleine crise (d’adolescence).

Ajax : Le héros de la mythologie grecque ? Le produit de nettoyage ? Non, la quintessence du football. Le firmament du jeu collectif. La poésie du ballon rond à l’état pur. On entend souvent des termes grandiloquents pour qualifier le club amstellodamois. Il est vrai que celui-ci a marqué le football pour son style et sa marque de fabrique qui perdure pourtant (un peu) au fil des saisons. Alors ici on ne va pas évoquer les artistes du ballon rond bataves, mais plutôt le seul joueur professionnel gros de l’histoire récente. A la fin des années 2000, l’Ajax avait comme troisième gardien un certain Jeroen Verhoeven qui était moqué en raison de son surpoids. Les fans adverses et finalement même les locaux avaient l’habitude de le chambrer en l’appelant pizza. Cruel ? Le mec s’en est plutôt bien accommodé, au point d’en rire lui-même et de figurer dans une émission culinaire où il fait de la pizza.

Le mot pizza a tellement de classe prononcé par des Néerlandais.

AZ Alkmaar : A Alkmaar on aime le football de A à Z. Bon club néerlandais qui parvient occasionnellement à se hisser au niveau des meilleures formations du pays et à bien figurer en Ligue Europa. Mais oui, tu as sûrement déjà entendu parler de ce club double champion des Pays-Bas. La tribune de son stade s’est effondrée en 2019 et son gardien de l’époque avait été expulsé pour avoir frappé un hooligan entré sur la pelouse. Un club absolument mythique !

FC Emmen : C’est le petit nouveau de première division. Avant 2018, ce club aux couleurs inverses de l’Ajax n’avait jamais évolué dans l’élite. Homonyme du club lucernois d’SC Emmen, quel honneur, il compte dans son effectif le neveu de Clarence Seedorf. Comme quoi le népotisme existe aussi dans le football. Rien de plus à ajouter, un club un peu insipide dans le fond. Rajouter un F au début de son nom serait rigolo, mais sans plus.

Feyenoord : Un clubbing entier avait été consacré à ce club mythique il y a quelques années. On peut rajouter que Feyenoord devrait se munir d’un nouveau stade prochainement, reléguant ainsi le vieillissant stade de Kuip aux chiottes. Un peu en perte de vitesse (pas Arnhem) depuis une vingtaine d’années. Bon, j’en profite pour régler mes comptes personnels. Le mec qui m’a fauché mon maillot de Feyenoord dans ma buanderie il y a quelques années : je t’emmerde et j’espère que tu n’as jamais réussi à le revendre.

Fortuna Sittard : Certainement pas l’équipe la plus reluisante d’Eredivisie puisque Fortuna est plus habitué à évoluer en seconde division. Cela dit on leur doit Mark Van Bommel qui prouve que le football batave, ce sont aussi des joueurs que la majorité déteste. Actuellement, ils alignent chaque weekend un des trois Suisses partis sur les traces de Johan Vogel : Martin Angha, ancien des M21 et du FC Sion, a pris ses quartiers à Sittard. On lui souhaite bonne chance et de ne pas revenir en Suisse de si tard.

FC Groningen : On prononce Krroninkren pour commencer. Club qui peut se vanter d’avoir déniché les frères Koeman, Virgil Van Dijk, Luis Suarez ou encore Arjen Robben. Ce dernier est d’ailleurs de retour dans son club formateur pour enfin terminer sa carrière. À 47 ans, il était temps qu’Arjen qui a plongé aussi bien qu’une petite sirène toute sa carrière range ses crampons.

SC Heerenveen : Club dee la réégion de Frisee au nord dees Pays-Bas où on trouvee éénorméémeent dee moutons. Bêêêêêê! Ils ont dees maillots aveec dees peetits coeeurs, car c’eest lee symbolee dee ceettee contrééee. Een 2000, Heerenveen a mêêmee disputéé la Liguee dees Champions. On eespèèree een tout cas qu’ils fêêteent leeurs buts een mimant dees peetits coeeurs aveec leeurs doigts commee Angeel Di Maria.

Unee bieen beellee breebis. 

Heracles Almelo : Comme tu peux le constater, aux Pays-Bas on a un souci avec la mythologie grecque. A Almelo, c’est Hercule avec ses douze travaux qui a été choisi comme symbole. On ose espérer que leur vestiaire sent meilleur que les écuries d’Augias. Un club de football censé apporter de la joie dans cette ville proche de la frontière allemande dont l’activité économique principale est l’enrichissement d’uranium.

PSV Eindhoven : Paris St. Victor. Club mythique de la ville d’Eindhoven. Un des rares clubs encore en partie financé par une grosse entreprise du coin : Philips. Un Bayer Leverkusen des Pays-Bas. Champion d’Europe en 1988, le PSV peut aussi se targuer d’avoir fait venir Romario et Ronaldo en Europe. Pas mal pour un club de paysans, comme on le pense d’ailleurs à Amsterdam et Rotterdam. C’est d’ailleurs le surnom communément accepté du club. Yvon Mvogo et Mario Götze sont donc récemment devenus des péouses.

Sparta Rotterdam : Plus vieille équipe des Pays-Bas qui cultive son côté old school. Il n’y a qu’à voir l’allure du logo. Le Sparta dispute ses rencontres au Kasteel, ce qui signifie le château. Oui deux tours d’une tribune rappellent un édifice médiéval. A force de cultiver son ancienneté, je ne serais pas surpris de voir les joueurs du Sparta débarquer sur le terrain avec des bérets et un ballon en peau de chèvre pour disputer le derby face à Feyenoord.

FC Twente : Champion des Pays-Bas en 2010, le club d’Enschede a failli disparaître deux fois depuis l’an 2000. C’est bien plus fort que tous les clubs de Suisse romande réunis. Oui alors au cas où tu ne verrais pas de quel club on est en train de parler, le FC Twente est mieux connu chez nous comme le club à Blaise Nkufo. Voilà ça remet les choses en place. A part ça, le cheval c’est génial.

FC Utrecht : Depuis ma défaite 2-1 à FIFA 96 contre Utrecht, je déteste éperdument ce club. J’étais à un point du titre à la dernière journée bordel ! John Van Loon je te hais, tu étais complètement surcoté et sur ton deuxième but je me suis trompé de bouton. Bon avec du recul, je me dis que ce jeu sur Super Nintendo n’était pas très réaliste. Du public pour un match de football, ça n’existe pas. Ils sont vraiment à côté de la plaque chez les Américains d’EA Sports.

Vitesse Arnhem : Un nom qui nous fait bien rire nous les francophones. Deux joueurs de l’effectif se sont fait retirer leur permis l’an dernier. Oui, ils conduisaient avec 0,9g d’alcool dans le sang. On est étonné qu’Usain Bolt qui cherchait absolument à devenir joueur de foot professionnel n’ait pas tenté sa chance à Arnhem. Du côté de la capitale de la Gueldre, on a décidé d’enclancher la quatrième (vitesse) cette année, puisque le Hollywood sur le Rhin (surnom improbable du club) pointe (de vitesse) en haut de classement. En perte de vitesse depuis plusieurs saisons, le club jaune et noir et prêt à réapparaître à la (vitesse de la) lumière.

VVV Venlo :

Ô VVV Venlo

Tu as pris 13-0

Je suis un peu salaud

Mais c’est très rigolo

Comme dit Simon Pellaud

Attention les vélos

Ton moulin prend l’eau

C’est vraiment trop ballot

RKC Waalwijk : RKC est une équipe de bras cassés. A un tel point que lors du dernier exercice, ce club était promis à une relégation que seul un évènement improbable pouvait venir empêcher. Le championnat néerlandais ayant finalement été annulé, le club de la ville de Waalwijk a sauvé sa peau contre toute attente. Les dirigeants du Rooms Katholieke Combinatie Waalwijk, le club le plus croyant d’Europe, avaient dû prier maintes fois pour un miracle. Pas sûr que les mecs misaient forcément sur une pandémie.

Willem II : Est-ce qu’avoir un nom de roi pour club, c’est franchir une certaine limite ? La question se pose avec le club de la ville de Tilburg qui a choisi le héros national hollandais, le roi Guillaume d’Orange pour baptiser son équipe de foot. Un club qui aurait largement pu figurer dans l’article de mon compère Joey sur les noms de clubs à l’appellation d’origine incontrôlée. On peut trouver un nom pareil classe ou pas… En tout cas un Louis XIV en France ou un Richard Ier Football Club en Angleterre, ou un LA Aerys II Targaryen aux États-Unis ça ne l’aurait clairement pas fait.

Jamais je n’aurais pensé illustrer mes articles avec des tableaux du XVIIe siècle.

PEC Zwolle : Du grand n’importe quoi pour le club de la ville de Zwolle qui est la dernière ville de plus de 100’000 habitants du monde par ordre alphabétique. Moi qui m’attendais à voir des mecs avec des pecs. Son nom complet est Prins Hendrik Ende Desespereert Nimmer Combinatie Zwolle qu’on pourrait traduire par Prince Henri ne désespère jamais club de Zwolle. Un nom qui ne veut rien dire hérité de la fusion de deux équipes. A ce petit jeu on pourrait inventer le Jean-Pascal Delamuraz et vaincra toujours club de Lausanne. Surnom de l’équipe : Les doigts bleus. Nom du stade ? Le MAC3 Park. Seul nom de stade qui a un nom de burger et un exposant.

 

Crédits photographiques:

Skydancer : Soratobi1/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sky-dancer-japan.jpg

Brebis : Eponimm/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mouton_vendeen02_SDA2011.JPG

Guillaume II : Anselm van Hulle/ CC-BY-SA/Wikimedia Common https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Anselm_van_Hulle_(Attr.)_-_Equestrian_portrait_of_William_II,_Prince_of_Orange.PNG

A propos Olivier Di Lello 141 Articles
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