Salades niçoises

Ou les mémoires de Gilles Simon

Toutes vos fêtes de Noël ont été annulées et vous êtes de toute façon en quarantaine ? Vous êtes en mal de journalisme pop-corn depuis la fin de la série d’Heidi.news sur la nébuleuse du complot ? Tout écrit vous paraît fade depuis que vous avez dévoré les révélations du Temps sur les frasques de Darius Rochebin ? Pas de panique, Carton-Rouge vous a dégoté la dernière perle de la littérature sportive francophone, savant mélange de critique aiguisée du tennis français et de paranoïa conspirationniste de bas étage. Le tout est à déposer au pied du sapin et à dévorer en lieu et place de la grande bouffe familiale habituelle. On ne vous promet pas que ce sera plus digeste.

* Petit disclaimer avant de commencer: on joue les naïfs en vous parlant de livres écrits par des sportifs dans cet article, mais il est peut-être utile de rappeler qu’aucune « autobiographie » (sic) n’a jamais été écrite par le champion en question. Dans le cas qui nous occupe, le véritable auteur est Grégory Schneider, journaliste au quotidien Libération.*

C’est pas ma faute à moi

Contrairement à beaucoup de ses collègues, Gilles Simon n’a pas décidé de consacrer le bouquin qu’il vient de publier à ses exploits. Pourquoi ? Ah oui, parce qu’il faut en avoir accompli, des exploits.

Pete Sampras s’était allongé sur le divan pour disséquer sa quête monomaniaque du record de longévité sur le trône du tennis (on se dépêche de publier cette bafouille avant que l’autre Djokomique ne s’approprie tout ce qui a trait audit trône). Andre Agassi avait eu le toupet de vider son sac sur la place publique au sujet de sa perruque, de ses addictions à diverses drogues récréatives et de sa haine du tennis. Rafael Nadal s’était épanché sur son obsession pathologique pour la gagne (golf, pêche et Monopoly compris). Andy Murray n’avait pas eu trop de deux (!) ouvrages pour nous conter le poids de 77 ans d’histoire britannique sur ses frêles épaules et le soulagement d’enfin se sentir assez mûr pour sortir sa seconde autobiographie à 26 ans (ben oui, il était temps). Et accessoirement ces trois champions avaient pris le temps de réécrire la légende de leur sport avant de prendre la plume. Voilà qui a tendance à donner un brin de crédibilité à son homme au moment de noircir des pages sur le thème du Moi.

Le fil de fer des Alpes-Maritimes en convient lui-même en nous glissant quasiment d’entrée: « Imaginons que je gagne un Grand Chelem: je gagnerais alors le droit de l’ouvrir. » Démonter son propre discours avant même d’avoir donné au lecteur le temps de savourer le premier argument fallacieux, c’est un concept. Vous nous direz peut-être que notre philosophe de la petite balle jaune était éminemment sarcastique sur ce coup. Et vous aurez raison. Sauf que, comme nous allons le voir, notre ami Gillou est tout à fait capable de détricoter ses propres raisonnements au fil de son récit pour peu que la conclusion recherchée en éprouve le besoin.

Non, Gilles Simon ne nous racontera pas sa vie. Ce que nous tenons dans nos mains fraîchement désinfectées tient plutôt du pamphlet. Une diatribe dont le but est de se dédouaner de tous les échecs passés, présents, futurs et conditionnels d’une génération entière. Tout un programme. Si les Mousquetaires n’ont gagné aucun tournoi majeur, c’est la faute, dans le désordre, à la fédé, à Henri Leconte, à la fédé, à Yannick Noah, à la fédé, à une mauvaise compréhension de la définition du mot « talent », à la fédé, au drapeau tricolore, à la fédé, et même à… Roger Federer. Un peu plus et Yann Marti était encore pris à partie, le pauvre.

Tiens, c’est marrant, Flammarion n’insiste pas sur les mêmes chiffres que nous…

Le Niçois entame son réquisitoire par ces mots: « Avant de commencer, il convient de rappeler quelques faits. » Bonne idée ! Gilles Simon, c’est qui au fait ? Si vous étiez partis aux toilettes aux environs de 2008-2009, il y a peu de chances que vous puissiez répondre à cette question de manière aussi péremptoire qu’un tweet de Massimo Lorenzi ou une combinaison ô combien périlleuse sujet-verbe-complément d’Yves Sarault. L’actuel 62ème mondial, en chiffres, c’est 0 Grand Chelem, 0 Masters 1000, 1 ATP 500 il y a 9 ans, 13 ATP 250 (le dernier date de septembre 2018) et une Coupe Davis remportée au rabais et depuis le banc en 2017 alors que ses coéquipiers se faisaient laminer à deux reprises par le seul top 10 de leur tableau, David Goffin (on applaudirait presque l’euthanasie initiée par Gérard Piqué en se souvenant de cette dernière édition grand-guignolesque). D’où une frustration certaine qui suinte à de nombreuses reprises à travers les 191 pages de Ce sport qui rend fou. Parfois à tel point qu’on se serait presque attendu à trouver une préface de Novak Djokovic quelque part (Benoît Paire était malheureusement déjà sous contrat avec un autre auteur).

Je suis tombé par terre, c’est la faute à Federer

On remarque rapidement que le problème principal de la dissertation du tâcheron de la Côte d’Azur, outre son incapacité à accepter le moindre blâme, est d’alterner les réflexions philosophico-technico-tactiques de haut niveau et les immenses bêtises aussi facilement que Mark Philippoussis pratique le fameux enchaînement actrice australienne – riche héritière new-yorkaise – top model texane avant même le petit déjeuner. On en voit qui ont arrêté de lire pour demander à Google qui sont ces jeunes femmes à la plastique aussi généreuse que le budget transferts du Lausanne Hockey Club en temps de pandémie.

Tout débute plutôt pas mal avec la quête du joueur ultime, impossible par définition, qui aurait été imposée à tous les jeunes joueurs français par des générations de formateurs au sein du système fédéral et ainsi précipité le néant hexagonal en ce qui concerne le palmarès en Grand Chelem. Une recherche idéalisée du « beau jeu » alors qu’il faudrait plutôt rester ancré dans la réalité de chaque individu et de ses possibilités réelles, selon Simon. Le portrait robot de ce joueur imbattable prend rapidement les traits d’un certain Roger Federer, présumé GOAT de son état.

On commence par une double porte béante enfoncée à l’aide d’une véritable armée de béliers: « Ainsi, contrairement à une idée reçue et colportée dans les médias, la supériorité de Nadal sur terre […] est aussi tactique: Nadal cherche à bloquer Federer sur son revers. » AH BON ??? C’est à vérifier, mais on imagine que même Pierre-Alain Dupuis était au courant. Autant vous dire qu’on n’était pas prêt à la finesse d’analyse qui allait suivre. Un peu comme si Franck Ribéry avait soudain cédé sa plume à Yuval Noah Harari entre deux phrases. Oui, nous avons l’audace de supposer que Ribéry s’est un jour fait l’auteur d’une phrase, vous l’avez lu ici en premier. 

Federer est donc celui qui, bien involontairement, pose problème. Il pose problème, parce qu’en plus d’avoir un jeu qui « fait rêver tout le monde », il gagne. Et, toujours selon Simon, « c’est la victoire qui crédibilise son discours ». Voilà pourquoi « il représente le beau jeu que le tennis français cherche à reproduire ». Difficile de ne pas être d’accord sur ce point. Le Français ose même avancer que grâce à ce qui précède, RF ne sera jamais accusé d’améliorer ses performances ou sa capacité de récupération de manière illicite, contrairement à Nadal par exemple. « On ne parle jamais du physique de Federer, qui n’a pas grand chose à envier à celui de Nadal. Qu’il enchaîne des cinq sets à 35 ans comme ce qu’il a fait en Australie en 2017, c’est extraordinaire. Mais personne n’a relevé ce point. Il a gagné en faisant des demi-volées et en volant sur le terrain, c’était tout simplement prodigieux. Federer, donc, il gagne comme on veut voir un joueur gagner, du coup personne ne l’accuse de dopage, ce serait même une hérésie que de le suggérer. » On vous laisse imaginer un silence lourd de sens et quelques bruissements frénétiques de paperasse dans les bureaux de ténors du barreau bâlois spécialistes ès diffamation. Mais on vous avoue qu’on a toujours du mal à trouver un contre-argument à ce stade, même dans les trésors de mauvaise foi que la rédac’ de Carton-Rouge est capable de mobiliser à tout instant.

Le fossoyeur du tennis français (et pas qu’à Lille en 2014). La classe, hein Gilles ?

Gilles Simon entreprend même de mettre fin au débat du Greatest Of All Time (GOAT) une bonne fois pour toutes (alors qu’il ferait mieux d’écouter notre podcast sur le sujet). « [Il] espère qu’au moment où [nous lirons] ce livre, son record [de titres en Grand Chelem] sera tombé », histoire que l’on puisse apprécier le jeu du Swiss Maestro sans en faire le seul et unique modèle à suivre, car détenteur de tous les records en plus d’être le plus esthétiquement chatoyant. Le climax de cet ouvrage intervient donc à la page 40. Oui, le climax, car nous sommes au regret de vous annoncer que c’était là l’une des dernières réflexions pointues versées au débat par le plus cérébral des limeurs de fond de court.

Jusque-là, il avait plutôt bien réussi à nous cacher le caractère très personnel de certains de ses griefs, camouflés derrière la faillite de tout un système de pensée qui a conditionné des générations de ses congénères et leurs échecs aussi fréquents que les absences de Xherdan Shaqiri d’une feuille de match. On avait remarqué que le fait que son fils ne soutienne pas son papa face à Federer avait visiblement marqué notre conteur (Timothé, 7 ans: « Ben je vais être pour Roger ! »), mais cela nous semblait également être un excellent exemple du fait que le Fed Express aurait probablement le soutien unanime de la population mondiale s’il annonçait lui-même l’annulation de Noël et un confinement strict de 5 ans sans accès au McDrive de Crissier. Le fait que Simon lui-même soit l’anti-Federer absolu en tant que joueur de fond de court dont le dernier coup gagnant homologué date de 2011 a évidemment aussi contribué à nous mettre la puce à l’oreille. Il est maintenant temps pour le voile de tomber.

Le nez dans le ruisseau, c’est la faute au drapeau

Et ce voile, il tombe drôlement vite. Dans les chapitres consacrés à la réputation des joueurs français, à la défunte Coupe Davis et aux JO, on passe très rapidement de l’Olympe au trente-sixième dessous en termes de pertinence. Par contre, ça devient nettement plus rigolo. C’est le début d’un règlement de comptes à tiroirs amorcé par un puissant « Je peux vous garantir que si moi je gagnais un Grand Chelem, ça ferait chier un paquet de gens… ». Merci Gilles, on y repensera au moment de formuler des hypothèses (franchement) irréalisables dans le cadre d’un prochain cours d’anglais sur les conditionnels. On comprend assez vite que le « cadre » duquel Simon nous dit sortir, celui qui a érigé le génial attaquant Federer en exemple et cloué les Ferrer (et donc les Simon) de ce monde au pilori, est surtout un cadre qui empêche notre auteur émérite de faire ce qu’il veut quand il veut. Quand Guy Forget va « au bout de sa logique » en faisant jouer Michaël Llodra au cinquième match décisif de la finale de Coupe Davis contre les Serbes en 2010, la grande victime, bien plus que le tennis français, c’est ce pauvre Gilles Caliméro. Car en plus de n’accepter aucun blâme, le bougre a toujours raison. Et le collectif, ça a pas l’air d’être trop son truc.

Gilles Simon en pleine tentative de sortie du cadre, poursuivi par le Fed Express.

On saute à pieds joints dans la quatrième dimension lorsque notre tennisman-écrivain affiche son admiration sans borne pour les pays dans lesquels les sportifs sont soutenus de manière totalement aveugle par leurs concitoyens: « La différence avec nous, c’est que les joueurs serbes ou argentins grandissent avec l’idée selon laquelle ils ont tout un peuple derrière eux. En France, un joueur qui se ferait contrôler positif pour la même raison que Troicki, je peux vous garantir qu’il n’aurait pas le même traitement, il ferait la une des journaux et se ferait lyncher. » Euh… ben oui… En France comme en Patagonie, il nous semble que refuser de passer par la case contrôle antidopage est répréhensible, quel que soit le nombre d’imbéciles heureux acquis à votre cause.

La France, c’est aussi une grosse tradition de Coupe Davis. Vous savez, ce moment où on force des sportifs individualistes au possible à se comporter en membres d’un collectif, parfois à leur plus grand désarroi. Voici le discours que Gilles Simon tiendrait à ses joueurs s’il était capitaine: « Les gars, on a le créneau de telle heure à telle heure, qu’est-ce que chacun veut faire, et on décide ensemble de ce qu’on fait pour que tout le monde soit bien, dans les meilleures dispositions possibles. […] S’il y en a un qui veut faire des points, l’autre des grosses sessions l’après-midi, l’autre qui veut faire un physique et un tennis par jour, et le dernier qui veut jouer quatre heures dans la journée, on s’adapte. » Ça c’est du leadership ! On imagine assez le bordel dans une équipe composée d’individualités du genre de Monfils, Paire, Kyrgios ou Tomic. La journée serait divisée entre des matches de basket, des marathons PlayStation et des pauses pizza-bière avant un live Twitch détaillant toutes les conquêtes de Gasquet et Kokkinakis sur le circuit féminin. Enfin bref, plutôt que devenir capitaine lui-même, notre révolutionnaire de canapé a une meilleure idée: il est « persuadé qu’on aurait eu des meilleurs résultats sans aucun capitaine ». Voyez-vous, « entre nous quatre (Jo, Gaël, Richard et moi), ça s’est toujours bien passé. Aucun problème d’ego. Des problèmes d’ego entre le capitaine et nous, ça oui, on a eu ». Mais seulement du côté du capitaine, hein. On croit rêver.

On vous passe volontairement le passage où l’ancien résident neuchâtelois nous parle d’arrogance et d’humilité parce qu’on a la désagréable impression d’entendre Donald Trump disserter sur le vice absolu qu’est le mensonge à ses yeux avant de nous vanter les vertus de l’intégrité en toutes circonstances. Figurez-vous que notre loustic a le culot de louer les braves gens qui ont le recul nécessaire pour avouer qu’ils ne savent pas. Pas lui évidemment, car lui, il sait tout.

Bref, on préfère vous parler de Marion Bartoli et de son père Walter, les grands révélateurs des failles béantes du discours de Simon. Vous vous souvenez quand le Français nous racontait que la validation d’un discours et d’actes par la victoire était un problème chez Federer, un problème qui rejaillissait sur le microcosme tricolore de la petite balle jaune dans son ensemble ? Eh bien pour le clan Bartoli, tout à coup, ce n’en est plus un. Marion fait des trucs bizarres à l’entraînement, refuse tout autre apport que celui de son père et décline ses sélections en Fed Cup si son géniteur ne peut pas être présent ? Pas grave, dans son cas, « on aurait simplement pu constater sa réussite ». Ben oui, personne ne risque de la prendre pour modèle (et son attitude ressemble étrangement à celle d’un Niçois qu’on commence à connaître) donc là c’est bon, ses faits et gestes peuvent tout à fait être accrédités par ses succès (tout relatifs, ne nous emballons pas). Tant que cela va à l’encontre du sacro-saint cadre dont Simon veut briser les contours, défendre ce postulat ne pose soudain plus aucun souci. Deux poids, deux mesures.

Dommage, Gilles, dieu Roger sait qu’on aurait été prêt à saluer la pertinence en tout cas partielle de ce raisonnement en soi, s’il n’avait pas été teinté d’un tel opportunisme. Sans compter le fait qu’on ne sait plus à quel saint se vouer au moment d’attaquer les dernières pages de ce brûlot. Doit-on rejeter en bloc les dires de Gilles Simon car sa méthode ne lui a jamais apporté de grande victoire qui rendrait son discours un peu plus crédible que Sergio Ramos à 11 mètres du but adverse ? Ou cela a-t-il au contraire aussi peu d’importance que la présence ou non de Noah Schneeberger dans un contingent de National League ?

On vous avoue volontiers que pour des raisons évidentes (on est bénévole à CR et pas rédacteur en chef du Monde Diplomatique, vous vous souvenez ?), on a opté pour la deuxième option. Et du coup on a lu avec intérêt les trois chapitres dans lesquels Mr. Gilles se mue en Dr. Simon, expert en neuropsychologie. Et là, on s’est souvenu que la structure de ce bouquin était aussi équilibrée que le HC Ajoie au temps de la première ligne Desmarais-Roy-Barras. On passe encore une fois sans effort des réflexions les plus acérées sur des concepts tels qu’une vision machiste des émotions humaines comme la peur à des sorties aussi improbables que « On veut tous gagner un Grand Chelem. Sauf que c’est plus facile de gagner un Grand Chelem quand on s’appelle Djokovic ou Federer et qu’on en a déjà gagné vingt, que quand on est 60ème mondial et qu’on est confronté tous les jours au fait que d’autres joueurs jouent mieux que vous. » Ah merde, en effet, c’est un problème ça. Toute ressemblance avec des personnes ou des évènements existants ou ayant existé serait purement fortuite bien sûr.

D’ailleurs rien de tout cela ne serait jamais devenu réalité si la Fédération Française de Tennis avait fait le job en termes de technique, physique, mental, gestion des individualités au sein d’un collectif, communication, traitement médiatique et ressources humaines, c’est bien connu. Franchement, on se réjouit que Gilles Simon soit nommé DTN sur la route toute tracée qui le mènera à la présidence de la FFT, tremplin vers le sommet de l’ITF dont il utilisera la plateforme pour réunifier les instances divisées du tennis une bonne fois pour toutes. Même si on ne peut s’empêcher de penser qu’un tel parcours de la part de celui dont les fréquentes saillies moralisatrices lui ont valu le sobriquet de « Professeur » serait le casse du siècle, digne d’un feuilleton grand public aux ficelles aussi discrètes que Rudy Giuliani dans un rassemblement d’activistes sourds-muets. En attendant, on vous souhaite une bonne lecture de ses premières idées révolutionnaires couchées sur papier !

 

Crédits photographiques:

Le fossoyeur du tennis français: Tatiana/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://flickr.com/photos/94741637@N02/19134005012

Gilles Simon en pleine tentative de sortie du cadre: Yann Caradec/CC-BY-SA/Wikimedia Commons http://flickr.com/photo/10288162@N07/7305505016

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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