Edito : Ho hisse ! Un Collet !

Soyons clairs dès le début : je ne suis pas un supporter de Xamax, qui est une équipe que j’apprécie assez peu. Ceci dit, je ne les déteste pas suffisamment pour leur souhaiter un crash d’avion (Manchester United, 1958), un incendie dans les tribunes (Bradford, 1985 – attention, images choquantes, vous êtes avertis) ou d’être repris par Jean-François Collet (Neuchâtel, 2019).

Comme vous le savez tous, mon club a eu le terrible honneur d’être dirigé par Jean-François Collet, d’abord comme président de 2007 à 2013, puis comme vice-président jusqu’à la reprise par INEOS en 2017 – possible qu’il ait effectué un pas de retrait quelques mois avant avec l’arrivée de Celestini comme entraîneur de la première équipe, je ne me souviens plus.

Afin que les supporters de Xamax puissent se faire une image – forcément objective, vous pouvez compter sur moi – de leur nouveau président, je vais piocher dans quelques-uns des souvenirs datant de cette époque. Je précise que le duo que Jeff formait avec Alain Joseph (que les supporters appelaient « Nicolas et Pimprenelle ») était suffisamment soudé en apparence pour que rien ne soit jamais bien clair en termes de décision. Ainsi, peut-être certains faits que je vais attribuer à Collet appartiennent à Joseph. Mais quand on sait que Joseph était assez largement le moins con des deux, ça permet tout de même de poser le contexte.

Déjà, que cela soit bien clair : Collet n’est pas un philanthrope, probablement qu’il le dirait très bien lui-même, si tant est qu’il comprenne ce mot. Les seules choses qui intéressent cet arriviste en métal pur sont le pouvoir et l’argent. C’est pour cela qu’il a repris le LS (et s’est fait du blé en le revendant à Joseph), qu’il s’est porté candidat à la présidence de l’ASF (il s’est fait poutrer, j’en bande encore), et qu’il achète Xamax aujourd’hui.

(Petite parenthèse : le soutien de Binggeli à Collet lors de l’élection à la présidence de l’ASF était-il complètement désintéressé ? « Je n’ai pas peur d’affirmer que Jean-François Collet est le mieux armé des trois candidats », avait déclaré ce brave Christian… Pauvre gars.)

Jeff avait essayé d’enfumer les supporters bleu et blanc lors de son arrivée en mettant en avant son amour pour le LS. Un amour tellement fort pour le club, ses couleurs et son histoire qu’il n’avait pas hésité à prôner une fusion avec Servette (et accessoirement à nous faire jouer en jaune fluo). Jeff, c’est quand même le gars qui avait interdit à ses joueurs d’aller saluer les supporters après une victoire contre Servette parce qu’il s’était fait insulter, pauvre petite chose que nous avons là.

C’est suite à cette bâche que Collet avait interdit aux joueurs de venir saluer les fans… Bâche qui suivait ses déclarations sur une fusion possible avec Servette.

D’ailleurs, chers fans rouge et noir, n’attendez strictement rien de votre président, qui se moque comme d’une guigne de votre venue au stade. Si les loges VIP sont remplies, le loustic sera satisfait. Il fonctionne également comme cela avec ses tournois de tennis de Gstaad et de Vidy. Peu lui chaut que le stade soit plus ou mois rempli, si les loges sont pleines et que le champagne y coule à flot. Il ne fera donc rien en termes de pub pour attirer du monde. Ce qui ne l’empêchera pas de se plaindre à chaque occasion du manque de soutien du public. A Lausanne, il nous a fait ça pendant dix ans. L’éternité c’est long, surtout vers la fin, comme disait l’autre.

Donc si Collet a repris Xamax, c’est parce qu’il a vu Joseph toucher le pactole au moment de la revente du LS à INEOS et qu’il s’est dit « Et pis pourquoi pas moi aussi, d’abord ? » Il veut juste faire une plus-value dans quelques années, et si pour cela Xamax doit devenir le club ferme de YB et jouer tous ses matches en violet le lundi à midi, il le fera, soyons-en tous certains. Et accessoirement, si Sylvio Bernasconi, qui était un entrepreneur de Geneveys-sur-Coffrane, a pu remettre son club à Chagaev, je n’ose même pas imaginer à qui peut remettre Jeff qui se fout éperdument de Xamax et qui ira ensuite racheter l’US Monastir s’il y a potentiellement un dinar à se faire.

Sur le plan financier, Jeff est une espèce de Francisco Vinas, en moins aventurier. La seule promesse que vous pouvez être certain qu’il va tenir est celle de ne pas dépenser un sou de plus que ce qu’il ne gagne, formule qui a toujours été son mantra à Lausanne. Seulement, il y a une différence entre ne pas dépenser trop et dépenser intelligemment. A quoi bon une gestion toute de rigueur s’il s’agit en fin de compte de salarier des chèvres qu’il a lui-même choisies ?

Car il est impossible de ne pas revenir sur ses talents de directeur sportif. Quand j’apprends la démission de Frédéric Page à Neuchâtel, je frissonne. Collet va-t-il recommencer à jouer les apprentis-sorciers en termes de transferts ? Il faut se souvenir que durant dix ans, le LS n’a pas eu de directeur sportif. Ce sont Nicolas et Pimprenelle qui se sont occupés des transferts, avec une nullité const(ern)ante.

Nicolas et Pimprenelle. Au centre, l’ancêtre de Loupo.

On pourrait ne citer que l’emblématique Júnior Negrão, recruté sur la base d’une vidéo sur Youtube (si si), mais ce serait dommage d’oublier Djamel Mesbah, ex-international algérien, qui résilie son contrat après 5 matches, ou Emil Lyng le milieu de terrain danois, fiasco parmi les fiascos qui touchait plus de 10’000 balles par mois (oui mais pendant ce temps-là Collet ne dépensait pas plus qu’il ne gagnait, notez bien.)

Cœur avec les doigts aussi à certains transferts qui non seulement se sont avérés nuls de chez nuls, mais qui en plus ont chassé du LS des joueurs emblématiques, je pense à Vandenbossche pour virer le mythique Antoine Rey, ou à Coltorti qui a poussé vers la sortie le clubiste Anthony Favre. Sans compter notre Alex Pasche à nous, dont le club ne voulait plus. Ou comment dégoûter tous les mouilleurs de maillot, et tous les fans.

Citons encore comme une longue litanie tous ces noms dont vous n’avez jamais entendu parler si vous n’êtes pas un fan du LS, et qui vont vous faire pleurer des larmes de sang si vous l’êtes : Sinama Pongolle, Prijovic, Bojinov, Cruyff (si si… le petit-fils de…), Kadusi, Susaeta, Luccin, Fabrizzyo, Madou, Bouazzi, N’Lundulu, Page, Tapoko, Guié Guié, Marin, Plessis, Banana, Feuillassier, Pandiani, Esnáider… Et j’en oublie tellement.

Qui se souvient également du partenariat « Campus Pelé », qui devait activer une filière brésilienne via une improbable académie, et qui dans les faits s’est évidement terminé en eau de boudin après que le LS a bénéficié des incroyables renforts de Eli, Pedro et Rodolfo… Si le ridicule tuait, Jeff serait mort cent fois.

Finalement ce qui résume le mieux durant sa période lausannoise la façon dont Collet a géré les sous de son joujou est peut-être l’engagement en 2011 d’un directeur sportif, Alain Baumann, pour… deux mois. Sentant bien que finalement il faisait pas mal de merde avec les transferts, il avait enfin daigné se faire aider durant soixante jours, en expliquant sous les rires de la Suisse entière qu’un directeur sportif, ce n’était utile que durant le mercato (et que donc si les autres clubs en ont un toute l’année, c’est probablement par snobisme).

Mais la pire action que ce triste clown ait commise, la raison pour laquelle il aurait dû être suspendu à vie de toutes fonctions en lien avec le football,  celle qui met en lumière toute son éthique sportive, est d’avoir en 2010 inversé l’ordre d’un quart de finale de Coupe de Suisse contre la somme de 150’000 francs. Ce fieffé bandit a vendu une part d’équité sportive contre de la monnaie sonnante et trébuchante, entraînant à l’époque la démission de Christian Michoud, Président du Onze d’Or, le principal club de soutien financier du LS, qui avait un certain sens de la morale. Et vous savez quoi ? Aujourd’hui encore Jeff s’en vante. Demandez-lui ce qu’il en pense ! Il n’a même pas les deux grammes d’intégrité nécessaires pour saisir en quoi c’était scandaleux. Il le refera demain. Je suis sincèrement persuadé qu’il ne comprend pas du tout, au sens propre du terme, en quoi cela pose problème.

Et ce gars dirige un club de football… Les Patrick Pollicino (chef du service des sports de Neuchâtel) et autres qui se félicitent de sa venue n’ont aucune idée de qui il est. Ils vont apprendre. On en reparle dans 18 mois, puisque Jean-François Collet n’a contractuellement pas le droit de revendre le club avant.

Neuchâtel Xamax est un avion en difficulté qui s’est choisi Andreas Lubitz comme pilote.

Je terminerai dorénavant mes éditos en vous indiquant quels sont les articles qui ont le mieux fonctionné le mois précédent, avec le nombre de vues. Ça vous donnera une idée de notre nombre de lecteurs, puisque certains d’entre vous semblent croire que nous sommes un site pro qui a des dizaines de milliers de lecteurs, alors que nous ne sommes qu’un petit site satirique entièrement bénévole, mais vachement fier quand même.

Le podium de novembre 2019 :

1. Genève d’un naufrage : 1’063 vues.
2. Pigeon d’octobre 1 : Stan Wawrinka : 834 vues.
3. Interview du rédac’ chef – Yves Martin : 621 vues.

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