Circulez, y’a rien à voir !

On a entamé ce nouveau championnat un peu comme on entame un chocolat alcoolisé : on est impatient de le croquer, mais une fois le goût bien en place dans la bouche on ne cherche qu’à le recracher. Pareil pour Genève-Servette HC : on était gonflé d’ambition, on a vite dégonflé.

Comme toujours en début de saison, les pronostics vont bon train et les Grenat n’y échappent pas. Mais au bout du lac on aime bien faire les choses «à l’américaine», donc on applique la même politique que Bush pour les pronos : le titre ou les play-out, le paradis ou l’enfer, il n’y a pas de milieu. Ces dernières années les Aigles avaient plutôt étonné en bien, finissant souvent bien mieux classés que ce que les oracles, Bastardoz ou Ducarroz en tête, prédisaient. Huitième place, play-out, relégation ou faillite, l’horoscope n’était jamais très joyeux et pourtant, les hommes du Chris assuraient toujours le minimum, et même un peu plus une année sur deux. Alors quand cet été les Elizabeth Tessier en herbe se faisaient discrets sur le compte du GSHC, voire se montraient plutôt positifs, que les problèmes budgétaires semblaient oubliés, que la patinoire se refaisait toute neuve et que même les bandes, autrefois mobiles, devenaient fixes, on s’est dit que c’était bon ! «De Dieu de Dieu, cette année le titre il est à nous, et puis ensuite on recrée la Champions League, on la gagne et dans trois ans on joue la NHL histoire de rencontrer un peu d’opposition». En plus on a jeté un petit coup d’œil sur le calendrier, comme ça, juste pour vérifier, et on a vu que cette année-ci était paire. Comme il y a deux ans, comme il y a quatre ans, années de finale et mieux encore, comme il y a dix ans, année de promotion ! Certains y ont vu un signe, moi aussi, et pourtant personne n’était oracle. C’était donc plein d’espoir qu’on entama cette nouvelle saison. Huit matches plus tard, c’est plein de larmes qu’on quitte les patinoires.

Triste attaque

Non mais honnêtement, t’as vu ce jeu offensif ? Déjà que les années passées c’était pas folichon, là on dirait carrément que Raymond Domenech a pris la tête de l’équipe. Le jeu (s’il y en a un) n’est pas pauvre, il est triste, digne d’une équipe de juniors qui patinent tous en paquet autour du puck. Seulement 19 buts marqués en 8 rencontres, soit la dixième attaque de la ligue. Pire, mis à part Walsky, les attaquants sont tout sauf décisifs et n’ont tout simplement récolté aucun point pour l’équipe. Si on jette un coup d’œil aux deux victoires de la saison, on constate que l’une est le fruit d’un Eric Walsky «on fire», auteur d’un doublé contre les Kloten Flyers, et l’autre le résultat de défenseurs particulièrement affutés dans le dernier geste (contre Lugano). Et s’il te manque encore l’argument décisif pour t’en convaincre, regarde un peu les buteurs. Honnêtement, Vukovic qui marque et qui en plus se permet le luxe de s’offrir deux assists en un match, tu trouves ça normal ?
Loin, très loin de faire l’affaire, le jeu offensif grenat ne fait peur qu’à ses supporters. On ne voit pas vraiment de philosophie, de tactique ou de plan de jeu ressortir et Genève ne marque que sur des exploits personnels (Walsky contre Kloten) ou sur des actions farfelues, venues de nulle part comme s’il y avait un bug dans le schéma. Parce que quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que faisait Vukovic en power-play (déjà ça…) et devant le gardien adverse lors de son but contre Lugano ?

Une infirmerie ? Non un hôpital !

On peut expliquer en partie ces bugs par les nombreuses blessures qui frappent les Grenat.  Une infirmerie qui, en terme de patients, n’a rien à envier à l’hôpital cantonal. Six lors du dernier match contre Lugano ! Comme si tous les joueurs étaient frappés du «syndrome Esteban» : une blessure tous les quatre-cinq matchs. Au moins, ça a le mérite de faire tourner l’effectif, donner du temps de jeu aux jeunes et par la même occasion donner une utilité au programme d’avant-match avec tous ces nouveaux numéros.

Mais malgré tous leurs bienfaits, ces bobos demandent passablement d’efforts supplémentaires qui se paient en fin de match ; neuf et onze, va demander à un supporter Grenat ce que ces chiffres lui invoquent. Ces blessures expliquent (en partie) les défaites tout court. Par exemple contre Zoug où les Aigles connurent un immense passage à vide, comme s’ils avaient laissé leur lucidité au vestiaire. Et on a bien cru revivre le même scénario contre Lugano avec deux buts encaissés en vingt secondes d’intervalle.
Et comme si ça ne suffisait pas, à ces blessés s’ajoute Sherkan qui est en passe de prendre sa retraite. Le meilleur joueur genevois de ces dix dernière années a laissé sa place l’espace de deux matchs à Keops pour apporter le puck au centre de la patinoire. Et pour te démontrer toute son importance au dispositif grenat, c’est lors de son retour contre Kloten que les hommes de Chris McSorley ont remporté leur premier succès de la saison. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Si les blessures y sont pour beaucoup dans le mauvais début de saison des Grenat, elles n’expliquent pas tout non plus. La défense s’est souvent retrouvée à la rue en ce début de saison. Mais heureusement pour Bezina & cie, Stephan, lui, se trouvait encore bien au chaud dans la maison. Sans notre ange gardien, les scores auraient pu être bien plus sévères car l’arrière-garde est vite débordée et paniquée. Un peu à l’image de l’équipe, elle se débrouille comme une grande pendant de longues minutes puis, une série d’erreurs s’abat sur elle et tout fout le camp. De l’extérieur, c’est un peu comme si tout un jardin d’enfant fuyait terrifié et désordonné après avoir entraperçu Frank Ribéry. Et si l’adversaire ne sait pas profiter de moments pareils, ces braves garçons genevois dévoilent tout leur sens de l’hospitalité et offrent quelques cadeaux à leurs adversaires.

Point positif : la patinoire

Malgré tous ces points négatifs, Genève-Servette nous a quand même montré un joli visage dans certains domaines. Le meilleur, et c’est peut-être le plus triste, c’est cette patinoire. On croirait rêver mais le club s’est enfin doté d’un outil de travail un peu plus décent. Et comme c’est la grande mode actuellement de faire du neuf avec du vieux, les Vernets sont des plus «fashions». D’un coté les gradins tout pourris des années cinquante, de l’autre des gradins VIP qu’on jureraient sortis tout droit de NHL. Bon ça s’arrête là côté positif, parce qu’il y a toujours une queue aussi longue que celle de Rocco pour entrer dans la patinoire ou un exercice d’agrandissement de la vessie lorsque les bières emmagasinées cherchent la sortie et que manque de pot, 4’000 spectateurs ont le même problème.

Sinon dans le jeu, on lancera quelques fleurs à Stephan, notre muraille, qui a réalisé plus de bons que de mauvais matches. A la mentalité dont les Genevois font preuve sur la glace. Ils se battent, ils ont le couteau entre les dents à chaque match et ils en veulent malgré les soucis d’effectif. Et à Vukovic aussi, parce que des matches comme contre Lugano il n’en sortira plus beaucoup dans sa vie.
En résumé, les Aigles ont tout simplement loupé leur début de saison, avec un jeu aussi pauvre que le nombre de cheveux du nouveau venu tchèque Horava. Les six points marqués ont été acquis de haute lutte et sont le fruit de la mentalité de gagneur dont les Genevois font preuve plutôt que grâce à la qualité de leur jeu. Néanmoins, on a pu voir une réelle amélioration samedi contre Lugano, avec des Grenat plus entreprenants, plus agressifs et plus à leur affaire que lors des sept premiers matches. Espérons que cette rencontre devienne la partie de référence et que les Aigles vont rapidement remonter vers les sommets. Parce que c’est quand même une année paire hein !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Sylvain Rossel

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4 Commentaires

  1. Yeap, sympa cet article! J’espère et j’en suis sûr qu’avec les retours de Randegger, Fristche, Hecquefeuille, Savary, Salmelainen et Brunner , l’offensive se portera bien mieux.

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