Défago au sommet de l’Olympe

Pour ce point culminant des Jeux Olympiques de Vancouver, CartonRouge.ch a décidé de mettre les petits plats dans les grands afin de vous faire vivre la descente masculine. C’est donc en direct du Café des Amis de Monthey-d’en-haut (prononcez «là-haut à Monthey») que le soussigné a vécu cet événement, en compagnie d’une foule en délire et d’un consultant de luxe en la personne de Rozan Gebina, obscur athlète suisse forcé de rentrer sur ses terres pour cause de blessure.

Pour cet événement, le Café des Amis avait mis les petits verres à côté des grands, vu que deux breuvages locaux ou presque étaient distribués à volonté durant toute la soirée : un succulent petit blanc nommé Petite Arvine pour les plus raffinés, ainsi qu’un Décap’four nommé Fendant. Tous ces petits rafraichissements coulaient déjà à flots lorsqu’à 19h20, Nicolas Burgy donne la parole au playboy des neiges, Marco Brügger. Comme pour confirmer la réputation du beau Marco (pas notre rédac’ chef hein, faut pas déconner…), la tête ronde à lunettes s’adresse à lui en lui demandant comment se déroulait l’événement sur place, lui qui est à l’intérieur de tous ces braves gens.  Explosion de rire dans le Café, sauf pour notre ami Rozan à qui il faudra expliquer le pourquoi du comment pendant les 10 minutes nous séparant du départ.Il est 19h30 lorsque Patrick Jaerbyn, le vétéran du circuit avec ses 41 ans, s’élance, ce qui permet à William Besse de nous présenter le parcours. Il faut selon lui skier «à la ligne bleue», phrase sur laquelle rebondira évidemment Rozan, sanglotant. Lui, malheureusement, ne verra plus les lignes bleues canadiennes de sitôt. Le premier temps de référence est établi par le Suédois.

Les 7 premiers concurrents n’ont qu’une chance infime de remporter le titre, sachant qu’un malentendu à la Dénériaz ne se reproduit pas tous les 4 ans. Tout juste a-t-on le temps d’apprendre que l’ami Poisson garde le contact avec la neige (dixit William Besse), prouvant que ces petites bêtes savent s’adapter à toutes conditions météorologiques. Les quelques petites explications données à Rozan, encore une fois, nous font rater le début de course du premier des favoris (doit-on réellement le considérer comme tel ?), l’Américain Bode Miller. En tête à tous les temps intermédiaires, celui-ci prend la tête sans trop de difficultés. Salve d’applaudissements dans la salle du Café des Amis pour le sympathique disciple de l’Oncle Sam, alors que Rozan pleure. Il aurait bien voulu se frotter aux Américains lui aussi…
A 19h48, le premier Canadien s’élance sur la piste, encouragé par tout son public. A la peine sur le haut du parcours, il revient bien sur le bas mais échoue à 24 centièmes de Miller, grillant ainsi la première possibilité d’or pour son pays. Le très apprécié Marco Buechel s’élance à son tour, sous les vivas de tout «là-haut à Monthey», mais pour ses dernières Olympiades, celui-ci ne parvient pas à s’offrir le plaisir de prendre la tête quelques instants.
Lorsqu’à 19h52, le Suédois Olsson s’élance, notre duo de TRSiens préféré ne se prive pas de nous parler des problèmes gastriques du Viking, s’attardant sur son passage difficile du Toilet Bowl, peu avant de nous conter sa réception sur les fesses après un saut. Cette fois, Rozan a compris le truc, mais son éclat de rire lui tire sur ses abdos endoloris, que seul un bon petit Fendant sera capable de rétablir. C’est qu’il commence à voir 4 lattes par skieur le Gebina.
Premier moment de grande émotion à 19h58, lorsqu’Amba prend la piste. Il ne parvient pas à faire la différence, ce qu’il aurait probablement pu faire en commençant En-haut, mais on ne refait pas l’histoire.
Les deux favoris que sont Svindal et Walchhofer, avec des fortunes diverses puisque Svindal prend la tête alors que l’Autrichien ne se classe que 8ème.

20h09,  le sympathique Didier Défago est dans le portillon. Il s’élance, effectue une course proche de la perfection, dompte la piste comme aucun de ses adversaires avant lui. Pas en avance à mi-course, il effectue une fin de parcours à la Didier Cuche hors-JO et prend la tête alors qu’il ne reste que très peu de favoris après lui.  Le Café des Amis est sans dessus dessous. Tony, le patron, se croit malin en annonçant une tournée générale et Rozan, qui ne se voit plus les mains, commande un «Petit Arshavin». Les premiers bouchons de Champagne explosent. Fabrice Jaton beugle tant qu’il peut et William Besse ne doit pas avoir que les yeux qui sont un peu mouillés. Les nombreux fans suisses présents à Whistler, sorte de Section Ouest du pauvre, mais où les cloches humaines sont remplacées par de vraies cloches, exultent.
Les prétendants à la victoire ne sont plus légions, si l’on excepte le grandissime favori qu’est Didier Cuche. Lorsqu’il s’élance, la Suisse retient son souffle, William Besse tremble de partout et le Café des Amis picole. Didier I est dans le coup durant tout le parcours, tout le monde se prend à rêver au doublé, Fabrice Jaton l’annonce même. Las pour tous ses supporters, le Neuchâtelois négocie de façon moins parfaite qu’à l’habitude un virage et perd du temps à la glisse. Il ne se classe que 6ème. Si l’on se consolera sans trop de difficultés avec l’or de Défago, un titre olympique pour l’immense Didier Cuche aurait été tant mérité. Heureusement pour lui, le géant et le super-G sont encore programmés, avec deux espoirs de médaille.

Le titre est maintenant acquis pour Défago, tant les skieurs restant en haut de la piste ne paraissent pas en mesure de venir l’inquiéter. Robbie Dixon, qui suit Cuche dans l’ordre de départ, est le premier candidat à chuter. Rozan, bourré comme une huître et dans un état de rare euphorie qu’il ne connaîtra à nouveau qu’à fin avril, monte sur une table et commence à entonner un chant à la gloire de Dixon : «Ohé ohé ohé ohé, Julien Sprunger». Seuls les plus avisés comprendront.
La fin de la course se déroulera dans l’anonymat, toute la Suisse commençant déjà à festoyer, pour une nuit qui s’avérera historique.
Il nous reste à tirer un IMMENSE coup de chapeau à l’ami Défago, qui après avoir déjà remporté les deux plus belles courses du circuit (Wengen et Kitzbühel), vient ajouter l’or olympique à son palmarès. Peut-être pas le plus attendu des Suisses, qui plus est qualifié de dernière minute, le Morginois a su prendre ses responsabilités et se montrer intraitable sur la très difficile piste canadienne. 22 ans après la légende Zurbriggen, un autre Suisse se pare d’or olympique en descente. Un jouissif sentiment de fierté nous parcoure tous ce matin : MERCI DIDIER !

Écrit par Robin Dousse

Commentaires Facebook

11 Commentaires

  1. Je suis d’accord avec Bob, les commentateurs ski de la TSR sont très bons ! Faut arrêter un peu de gueuler sans cesse sur la TSR. Ok, il y en a des mauvais (ils se reconnaîtront) mais une bonne majorité tient quand même la route.

    Quant à Défago, tout simplement grandiose ! Personne ne l’attendait mais il a su être prêt le jour J. Le doublé Wengen-Kitzbühel et maintenant l’or olympique : la carrière de « Déf » est d’ores et déjà sublime !!

    Le Valais le remercie ! Et se réjouit de lui faire une fête d’enfer. Mais d’abord, faut qu’on digère Carnaval 😉

  2. Il ne faut pas confondre chauvinisme et enthousiasme …les commentaires étaient même un poil discrets par rapport à l’évènement . j’espère que pour le hockey ça sera pas la be(re)zina !!

  3. Tout d’abord félicitations à Defago, c’est magnifique ce qu’il réalise quand il reste sur la piste !

    Et je voudrais juste vous demander : est-ce que je suis le seul avec ma famille (la grand-mère aussi) à avoir été dégouté des remarques de Fabrice Jaton?

    Tout au long de la retransmission, il n’a cessé de dire que cette descente c’était la fête des Suisses, avant même le départ d’un seul de nos représentant. Il a fait preuve d’un chauvinisme exaspérant à la Thierry Rolland, le racisme en moins.

    J’ai eu l’impression de suivre la course sur une chaîne française, avec des commentateurs français lorsqu’un français a une chance de faire un résultat! Beurk

  4. C’est vrai que Jaton était chaud-bouillant, hier soir.

    Mais bon, franchement, c’est la descente des J.O., on peut comprendre l’enthousiasme débordant et le chauvinisme parfois présent.

    Les français ont fait pire cela dit. Vu qu’après le passage de Poisson, ils s’imaginaient médaillés. (« Il faudra aller le chercher là !!!! ») …
    Nous, au moins, on se basait un peu sur du concret, quand même.

  5. Ca n’arrivera pas souvent que je défende la TSR, mais pour moi Jaton est un exemple. Il a certes tendance à s’avancer un peu parfois en donnant des vainqueurs avant même le départ, mais il est d’un professionnalisme incomparable pour commenter le ski et le faire vivre.

    Il me semble aussi qu’il y a un jeu d’antenne entre Besse le prudent et superstitieux et Jaton qui le provoque. Lorsque Jaton commente seul, il est nettement plus pondéré.

    Pour une fois qu’il y a une dynamique et de la qualité, ce serait chien de trop se plaindre.

    Et pour ceux que ça dérange, Jaton va de toute manière se calmer. Il a porté malheur à Cuche en annonçant le doublé 😉

  6. Mouais…

    Bravo à Defago, mais ca fait quand même vraiment chier pour l’autre Didier…

    En espérant l’or pour Cuche en Super-G ou (et !!!) Géant…

  7. Tout à fait d’accord avec vous pour ce qui est du professionnalisme de Jaton et je dis mille fois oui à l’enthousiasme !

    C’est juste le côté chauvin que l’on reproche si souvent à nos grands voisins que j’ai vraiment détesté et qui a un peu « gâché » ce grand moment des JO.

  8. Article sympa, sauf (pardonnez moi) la parenthèse Rozan. Pas drôle, hors sujet, et n’apporte rien au texte.

    Sinon, petite pique sympa à l’attention de la SO, et…. ah, ben c’est tout !

    Au sujet TSR, moi j’dis « oui, emballez vous, emportez vous, fêtez ces victoires comme elles le méritent ! Tous les pays font de même, c’est naturel. Plein le cul de ces nombreuses années ou les pathétiques commentateurs comptabilisent les diplômes olympiques avec une immense fierté !

    On a des champions, soyons chauvins, ça ne dure jamais longtemps

  9. Franchement, je suis pas le dernier à critiquer la tsr mais là, il faut admettre qu’ils sont plutôt bons pour le ski. L’enthousiasme de Jaton fait plaisir et les analyses de « Will » sont souvent pertinentes et très souvent drôle. Ce duo est vraiment bon.

    J’ai cependant aussi trouvé qu’ils ont crié victoire un peu vite et on a pu sentir qu’ils ont eu une belle frayeur lorsqu’un type pointait dans les temps de Defago à tous les inter (désolé… me rappelle plus qui c’était… il a finit avec plus d’une seconde de retard).

    Bref, autant ils sont nuls pour le foot (PAD…), ou le hockey, autant je trouve qu’ils font pour l’instant du très bon travail pendant ces JO.

    Bravo à Defago et espérons que Cuche remporte au moins une médaille dans les courses restantes!!!!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.