Un demi-match et au lit !

Un engagement de tous les instants, un adversaire valeureux, une ambiance de feu, un score serré : tous les ingrédients pour faire un grand match étaient totalement absents vendredi soir aux Vernets.

Que dire sur ce match, toujours survendu comme un derby ? Voyons.La partie ne fut intéressante que pendant un tiers
Après quelques occasions genevoises, comme lorsque Juraj Kolník éliminait totalement Pascal Caminada avant de tirer à côté, une spécialité de la première ligne, c’est Bienne qui ouvrait le score, donnant un peu d’intérêt au match. Ce fut toutefois assez bref. Au premier thé, les Aigles menaient de deux longueurs, et on ne voyait pas comment l’adversaire aurait pu revenir, lui qui ne s’était montré épisodiquement dangereux que par sa ligne d’éclopés composée de Claudio Neff, Mathieu Tschantré et Marco Truttmann. À la mi-match, c’était même 5-1, et la suite ne fut qu’une purge à force de remplissage (oui, c’est paradoxal), entre un EHCB impuissant et un Genève-Servette fermement décidé à ne pas dépenser une goutte de sueur inutile.

Bienne est d’une faiblesse insigne

Si les Seelandais semblaient pouvoir faire illusion en début de saison avec un cœur énorme et un jeu défensif à rendre jaloux Chris McSorley, sur la foi de ce qui a été vu contre Genève-Servette par la suite, ils semblent bien maintenant l’équipe la plus faible de LNA. Aucun jeu, un powerplay encore plus affligeant que celui de leur hôte du jour (ce qui n’est pas un mince exploit), des étrangers fantomatiques… La défense fut elle-même inexistante. Pour preuve, Sebastian Schilt a réussi à entrer dans la zone avec le puck, enchaînant même avec un petit solo. Sebastian Schilt ! Quant à Pascal Caminada, c’est sans doute un excellent gardien de LNB, mais il apparaît quand même bien juste pour l’élite, malgré un arrêt spectaculaire de temps en temps. Pour un gardien de si petite taille, sa vitesse de déplacement latéral est assez inquiétante.
Seul espoir d’éviter d’affronter la Tchaux ou Olten au mois d’avril : qu’Ambrì reste bien enfoncé dans la crise. Malheureusement, les Léventins semblent reprendre un peu de poil de la bête.

Sean Hill a beaucoup plus de peine sans stéroïdes

Qu’il noua a fait de la peine, le pauvre Sean Hill, naguère si héroïque avec les Islanders, même si c’était avec la complicité de quelques « compléments alimentaires ». Pendant la première moitié du match, il réussit l’exploit d’être présent sur la glace pour chacun des buts encaissés, compilant une peu glorieuse fiche de -5. Moins utilisé par la suite, il se contentera de quelques shifts parcourus à un train de sénateur, se laissant tourner autour avec bonne grâce. Ses replis défensifs auraient fait pitié même à Goran Bezina. Notamment celui sur lequel il se fit reprendre une bonne dizaine de mètres par Speedy Gonzalez Savary. La fin de carrière est un naufrage, dirait le Général.

Les Aigles retrouvent de la solidité

Et Genève-Servette, dans tout ça ? Certes, ce fut une rencontre à sens unique, mais les locaux ont eu le mérite de ne pas se laisser décontenancer par l’ouverture du score contre le cours du jeu et fait preuve de sérieux et de solidité lors de la première partie du match, soit quand c’était nécessaire. Encourageant après la victoire à Berne.
Le duo québéco-manitobain de la deuxième ligne en particulier semble dans une forme resplendissante, avec un Serge Aubin enfin au niveau qu’on lui connaît. Et les petits fours des VIP ne doivent pas être fameux, tant Jean-Pierre Vigier semble décidé à tout faire pour les laisser à Tony Salmelainen.

Paul Savary enquille les points

Jamais jusque là le brave Paulo n’avait réussi trois points lors de la même rencontre, en tout cas en LNA. Bon d’accord, il a profité de la forme stratosphérique de ses camarades canadiens, recueillant deux assists un peu par miracle et poussant un puck traînant devant un but tellement béant qu’à sa place, Byron Ritchie n’aurait pu s’empêcher de tirer par-dessus. Mais ces points sont venus récompenser un match plein du Genevois qui complète bien mieux cette deuxième ligne que Florian Conz, pour autant qu’on puisse en juger sur un match. Le n°41 a également d’ores et déjà égalé son record de buts en une saison dans l’élite. Bientôt topscorer ?
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Bienne 6-1 (3-1 2-0 1-0)

Patinoire des Vernets, 5’972 spectateurs.
Buts : 8’44 M. Tschantré (C. Neff, M. Truttmann) 0-1, 11’30 B. Ritchie (D. Rubin, J. Kolník) 1-1, 15’04 S. Aubin (J. Kolník, J.-P. Vigier) 2-1, 16’27 S. Aubin (P. Savary, J.-P. Vigier) 3-1, 20’44 P. Savary (S. Aubin, J. Gobbi) 4-1, 25’12 J. Kolník (B. Ritchie, D. Rubin) 5-1, 57’05 J.-P. Vigier (S. Aubin, P. Savary) 6-1.
Arbitres : J. Kubus, N. Mandioni ; M. Kehrli, R. Stäheli.
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina (+2), D. Vukovic (+1) ; O. Keller (+2), J. Gobbi (+2) ; R. Breitbach (+1), S. Schilt (0) ; F. Heynen (+1) ; J. Kolník (+3), B. Ritchie (+3), D. Rubin (+2) ; P. Savary (+3), S. Aubin (+4), J.-P. Vigier (+4) ; R. Suri (‑), M. Trachsler (‑), J. Cadieux (‑) ; T. Kast (-1), I. Fedulov (-1), F. Debrunner (-1) ; T. Ruefenacht (‑). Absents : G. Mona, M. Hoehener, F. Conz, G. Augsburger, C. Rivera, J. Mercier (blessés), T. Salmelainen (malade), T. Deruns (suspendu) et J. Gailland (à Lausanne).
Bienne : P. Caminada ; J. Reber (-1), S. Meyer (0) ; S. Hill (-5), J. Kamerzin (-3) ; M. Gossweiler (-1), C. Kparghai (-1) ; D. Boss (-1) ; J. Bicek (-3), E. Himelfarb (-3), M. Beccarelli (-2) ; T. Nüssli (-2), R. Fata (-3), S. Tchannen (-2) ; D. Bärtschi (‑), E. Peter (‑), G. Ehrensperger (‑) ; C. Neff (+1), M. Tschantré (+1), M. Truttmann (+1) ; M. Zigerli (-1). Absents : M. Steinegger, P. Wetzel, A. Küng, N. Schneeberger, M. Brägger, S. Fischer, R. Gerber (blessés) et M. Tuomainen (surnuméraire).
Pénalités : 5 x 2’ contre Genève-Servette, 3 x 2’ contre Bienne.
Notes : 59’19 E. Himelfarb tire sur le poteau, imité 24 secondes plus tard par M. Truttmann.

Écrit par Yves Grasset