Clubbing : Zenit St. Pétersbourg

La hype de la coupe du monde en Russie passée, clubbing a néanmoins décidé de s’arrêter ce mois-ci sur un représentant du championnat russe. Oui, il faut toujours qu’on fasse les choses à contre-courant. C’est sur le Zenit, le nouveau venu dans la cour des grands, que le choix s’est porté. Petite précision en français on est censé écrire Zénith avec un accent aigu et un « h », mais je trouve ça beaucoup trop injuste parce qu’on n’écrit pas Boroussia Dortmund non plus.

Surnoms et appellation à la con :

Une question surgit immédiatement à l’esprit : Pour quelle raison ce club s’appelle Zenit (ou Zénith en bon français) ? Je n’ai pas d’explication claire à fournir. Cela serait apparemment dû au nom d’une fabrique de missile de l’époque soviétique, ce qui explique qu’on ne le crie pas sur les toits. Et puis quitte à utiliser un terme astronomique autant que ce soit celui-ci qui symbolise le fait d’être au plus haut point dans le ciel. Un Eclipse St. Pétersbourg aurait quand même fait club qui descend en deuxième division. Rien d’original pour les surnoms du club, raison pour laquelle on vous les met en version originale. Зенитчики et Сние-Бело-Голубые. Voilà, ça nous permet de te montrer que sur Carton-Rouge on est plurilingue et ça nous permet de réviser notre clavier cyrillique.

On dirait quand même un logo d’équipe de baseball écrit en cyrillique

Stade et supporters :

Il y a quelques années encore, le Zenit évoluait au stade Petrovski, un stade soviétique bien à l’ancienne. Il faut dire que le fait d’avoir des tribunes sans toit, ça n’était pas très pratique quand ta ville est située à 60 degrés de latitude nord. C’est donc logiquement que le Zenit, un club qui possède tout de même certains moyens, s’est enfin muni d’une nouvelle enceinte, le stade Krestovski. La dernière coupe du monde a été le prétexte pour la construction de ce nouveau stade qui a coûté une blinde et a passablement fait couler d’encre en Russie pour des histoires de corruption. Du coup, les supporters qui se trimbalaient volontiers à torse-nu par -10 degrés dans les travées de l’ancien stade, ont moins de mérite à le faire dans le nouveau Krestovski au toit rétractable et chauffé à 15 degrés.

Le stade Krestovski. Ne t’étonne pas si tu lis un jour au Teletext que l’enceinte a décollé par une nuit d’hiver.

Pour finir, non, les supporters du Zenit (et dans le foot russe en général) ne sont pas tous des hooligans violents prêts à frapper tout ce qui bouge, même des petits chats. S’il existait et existe sans doute toujours des affrontements organisés entre supporters hors des stades (souvent même dans une banlieue à l’autre bout de la ville) au match et dans ses abords immédiats ça ne sent pas plus la castagne qu’aux Pays-Bas, qu’en Suède ou qu’à Andorre. Hormis quelques énergumènes étranges de la société russe, les gens sont assez normaux et on en ressort vivant, sauf en cas de froid intense bien sûr.

Les grands rivaux du club :

La ville de Piter (surnom de St. Pétersbourg) ne compte qu’un seul club digne de ce nom, le Zenit. Au contraire, Moscou en compte au moins quatre. Lorsque l’on sait qu’une certaine rivalité historique existe entre la capitale actuelle et l’ancienne Petrograd, on a vite fait de trouver qui n’attire pas la sympathie des mecs torse-nu du Zenit. Beaucoup de choses opposent Moscou et St. Pétersbourg. Si la première est fondamentalement russe et plus ouverte sur cet immense pays, capitale depuis la période soviétique, la seconde se veut plus européenne et surtout ville des tsars, fondée pour rendre le pays plus européen. Du point de vue football, les deux villes s’opposent également : Moscou compte les clubs historiques du pays et ce, déjà à l’époque de l’URSS (avec le Dynamo Kiev), tandis que St. Pétersbourg n’a pratiquement jamais eu d’équipe digne de son statut de seconde ville du pays (un seul titre pour le Zenit avant les années 2000, en 1984). Ce qui veut dire qu’à Piter on n’aime pas du tout le Spartak, le CSKA, le Lokomotiv et le Dinamo. Une haine sans doute finalement peu réciproque puisqu’à la capitale on préfère se détester entre Moscovites, même si la donne a quelque peu changé ces dernières années.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Etant donné la nullité dont a fait preuve le Zenit au XXe siècle, on ne va pas ressortir un ancien footballeur-héros soviétique glorifié par le régime communiste, mais bien un joueur du siècle présent. N’empêche que ces joueurs, si tu leur enfiles un bon vieux maillot en coton Adidas des années 70-80, on s’y croirait presque. Le joueur le plus connu et le plus talentueux que le Zenit ait enfanté est probablement Andrei Arshavin qui avait explosé à l’international lors de l’Euro 2008. Pur produit de l’académie du Zenit, il a disputé plus de 300 matchs sous les couleurs bleu-ciel pétersbourgeoises. Il est également un des seuls Russes a avoir relativement bien réussi à l’étranger, en l’occurrence à Arsenal (depuis il y a eu Vladimir Poutine en Syrie). A 37 ans, il coule aujourd’hui de paisibles jours du côté d’Almaty où il évolue pour le Kairat dans le championnat du Kazakhstan. Viennent ensuite le mythique gardien Vyacheslav Malafeev ou encore l’ancien Zurichois Aleksandr Kerzhakov qui ont la cote dans le club.

Avec un maillot Adidas en coton des années 80, Arshavin aurait passé incognito dans l’équipe d’URSS

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

En football, il est rare que des Allemands se prennent une vraie secouée, encore plus lorsqu’il s’agit du Bayern Munich. Lors d’une demi-finale d’Europa League mythique de 2008, c’est pourtant un cinglant 4-0 que le Zenit inflige au Rekordmeister que tout le monde voyait déjà en finale. Après un bon match nul 1-1 à l’Allianz Arena, les Pétersbourgeois font véritablement exploser et paniquer le grand Bayern. Alors que l’on attendait Kahn, Klose, Ribéry ou encore Lahm, ce jour-là l’Europe découvre Pavel Pogrebnyak, Anatloi Tymoshchuk et Konstantin Zyryanov. Un exploit qui ouvre une voie royale au Zenit vers son premier titre européen de l’histoire. Une occasion que les hommes de Dick Advocaat ne manqueront pas face à un faible Glasgow Rangers quelques semaines plus tard.

C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de voir Oliver Kahn s’en prendre 4 !

Bon ok, et actuellement :

En quelques années seulement le Zenit est passé d’un club ridicule en URSS à une puissance qui compte sur la scène nationale, voire même continentale. Alors bien sûr ça n’est pas une coïncidence. Depuis le début des années 2000, le Zenit a comme par enchantement petit à petit gravi les échelons jusqu’à se retrouver au sommet du football russe, remportant quatre titres de champion de Russie en dix ans. Bien entendu, cette ascension fulgurante est à mettre en lien avec l’arrivée au pouvoir de ce cher Vladimir Vladimirovitch Poutine ainsi que de son dauphin Dimitri Medvedev. Originaires  tous deux de la ville de St. Pétersbourg, le président russe et son premier ministre actuel ont tout mis en oeuvre pour que la machine à pognon Gazprom devienne l’actionnaire principal du Zenit. Ceci explique cela. Au moins, cela a permis à cette ville de 5 millions d’habitants d’avoir une équipe de football digne de ce nom.

Un début de saison 2018-19 qui se passe plutôt bien pour le Zenit