180° Sud, partie 16 : vers une redistribution ?

La Ligue nationale de hockey se trouve maintenant à la croisée des chemins. La globalisation, la situation économique nerveuse, la concurrence des autres ligues ainsi que l’escalade des salaires ont un impact difficilement prévisible sur le long terme. À quoi pourrait alors ressembler la LNH du futur ?

Après une décennie 2000/2010 relativement tranquille, «lock-out» excepté, il n’a plus été possible de masquer la très mauvaise santé de certaines organisations. La relocalisation des Thrashers d’Atlanta fut le premier mouvement de franchise depuis 1997 et pourrait bien être le catalyseur d’une nouvelle vague de déménagements comme ce fut le cas entre 1993 et 1997. Nous avons vu quelles étaient les équipes les plus vulnérables et figurant parmi les favoris à un nouveau domicile. Si l’on fait abstraction de la solution de la contraction, quelles seraient les villes susceptibles d’accueillir une équipe professionnelle de hockey et surtout pourraient-elles garantir la pérennité d’une franchise dans un tel contexte ?

Québec

La ville québécoise ne s’en cache pas : elle souhaite ardemment retrouver la Ligue nationale après la perte traumatisante de ses Nordiques. L’ancien président et copropriétaire de la franchise Marcel Aubut remue actuellement ciel et terre afin de faire avancer le projet et il est désormais acquis que le nouveau Colisée sera prêt à l’horizon 2014/2015.  Le soutien populaire est en tout cas bien présent : en 2010, des dizaines de milliers de personnes ont afflué sur les Plaines d’Abraham lors d’un événement nommé «la marche bleue» pour manifester leur volonté d’un retour de la LNH à Québec. Le maire de la ville ainsi que le premier ministre canadien Stephen Harper soutiennent également ce projet. Il faut dire aussi que des délégations de partisans vêtus de maillots des Nordiques et bariolés jusqu’aux oreilles vont régulièrement assister aux rencontres à New York, New Jersey ou encore Boston dans le but d’attirer un maximum l’attention. Parfois leur nombre a même atteint le millier de personnes, c’est dire leur motivation.


Les Québécois croient plus que jamais à un retour de la LNH dans leur ville.

Le principal obstacle était la construction d’un nouvel amphithéâtre destiné à remplacer le vétuste Colisée. Si tout le monde était d’accord sur le principe, son financement n’est pas assuré ; les Québécois montrent bien un réel enthousiasme, mais cela est un peu différent lorsqu’il faut passer à la caisse. La stratégie prônée par les politiques fut alors de brandir la nécessité d’avoir une nouvelle enceinte pas seulement pour le retour éventuel de la Ligue nationale de hockey, mais aussi en prévision des Jeux olympiques, au cas où. De ce fait, une plus grande partie de la population était concernée. Un autre élément à ne pas négliger est la taille relativement restreinte du marché de Québec. Certes, la situation serait comparable à celle de Winnipeg avec la certitude d’avoir un engouement populaire sans faille durant les premières années. Mais il faudra performer assez vite pour maintenir ce dernier. À ce titre, l’évolution des Jets sera un vrai test pour jauger de l’avenir d’une telle situation. D’ici 2015, la LNH ne reviendra pas sur les bords du St-Laurent dans le meilleur des cas, mais la ville fait néanmoins partie des favorites.

Kansas City

Contrairement à Québec, la ville du Missouri a déjà une superbe enceinte prête à accueillir une équipe professionnelle. Auparavant, Kansas City avait déjà échoué dans le cas des Penguins de Pittsburgh puis dans le processus de rachat des Nashville Predators. En outre, la cité s’était déjà vue recalée dans la course à l’attribution d’une franchise d’expansion. Kansas City paie toujours le monumental fiasco des Scouts qui n’avaient fait que deux saisons dans la ville, le tout avec un intérêt de la population proche du néant, même si c’était il y a plus de trente ans. La proximité des Blues de St-Louis ne joue pas en faveur de Kansas City. Cela dit, le propriétaire Charles Wang avait clairement affiché son intérêt à y venir, au cas où les Islanders ne parviendraient pas trouver une solution à Long Island. Si rien ne se passe sur ce dossier d’ici quatre ans, la relocalisation des Islanders à Kansas City est envisageable. Dans le même temps, un échec ne serait pas si catastrophique que cela car les autorités de la ville cherchent de toute manière un locataire pour remplir leur Sprint Center et prospectent dans ce sens également du côté de la NBA.

Hamilton

La ville de l’Ontario possède également une enceinte fonctionnelle capable de loger une franchise de la Ligue nationale de hockey. Située dans une région qui vibre pour ce sport, le soutien potentiel n’est pas un souci pour Hamilton. Les problèmes sont de deux ordres : le premier est le bazar qu’a mis Jim Balsillie dans ses tentatives d’acquérir une concession et de la transférer chez lui, péjorant fortement la candidature de la ville même si le processus se fait dans les règles. L’autre inconvénient est la proximité des deux autres marchés que sont Toronto et Buffalo. En cas de mise en consultation, les deux villes mettraient automatiquement leur véto à l’installation d’une franchise à Hamilton. Même si cela est techniquement possible, le dédommagement à fournir à Toronto et Buffalo pourrait être très important et prétériter définitivement tout projet de relocalisation à Hamilton.

Toronto

Dans ce cas, il n’est étrangement plus question d’empiéter sur le territoire d’un marché parallèle. Pourtant, des études ont démontré que Toronto serait parfaitement capable d’avoir deux équipes professionnelles, sachant qu’elle représente actuellement le plus gros marché. Cette solution n’est cependant pas très sérieuse et il n’existe aucun projet concret allant dans ce sens. Le but était simplement de montrer cette particularité ainsi que la force du hockey canadien par rapport à la stratégie de Gary Bettman.


Toronto pourrait avoir une deuxième équipe de LNH, du moins en théorie.

Portland/Seattle

Le quart nord-ouest des États-Unis est vide de toute formation de hockey professionnel si l’on excepte les Canucks de Vancouver qui se trouvent dans cette zone. Dans le but de combler ce vide, certains voies préconisent la présence d’une concession dans cette région dans le but de promouvoir le hockey dans cette partie du pays et de créer une rivalité avec les Canucks. Seattle pleure toujours la perte de son équipe de basket et la région n’est pas beaucoup développée au niveau du sport professionnel. Une nouvelle enceinte dévolue au hockey format LNH fait aussi pour l’heure défaut, que ce soit à Portland ou à Seattle. Cette option n’est donc de loin pas prioritaire, mais elle mérite de garder un œil dessus.

Hartford

Les plus fervents partisans du Connecticut n’en démordent pas : Hartford peut assumer une franchise en Ligue nationale de hockey de manière viable. Il est vrai que l’idée d’un retour des Whalers est séduisante, cette équipe ayant toujours généré un capital sympathie important en dépit de résultats médiocres. L’ancien propriétaire Howard Baldwin en est aussi convaincu et il s’attelle sérieusement à la tâche. Hartford possède cependant de nombreux inconvénients : il faut construire une nouvelle enceinte qui réponde aux exigences de la LNH et la ville est située dans une région déjà surchargée avec la présence de Boston, des deux équipes de New York et de new Jersey. La Ligue nationale elle-même n’est pas vraiment réceptive à cette possibilité. En l’état actuel des choses, cette option est sympathique mais pas réalisable ; le retour de la Ligue nationale de hockey à Hartford reste utopique.
À suivre : 180° Sud, partie 17 : épilogue
Si tu as raté le début : 180° Sud, partie 1 : prélude à l’avènement ;
180° Sud, partie 2 : le lancement ;
180° Sud, partie 3 : l’Étoile du Nord ;
180° Sud, partie 4 : entre esbroufe et couardise ;
180° Sud, partie 5 : un univers impitoyable ;
180° Sud, partie 6 : erreur corrigée ;
180° Sud, partie 7 : au revoir Québec ;
180° Sud, partie 8 : le déclin ;
180° Sud, partie 9 : un espoir nouveau ;
180° Sud, partie 10 : la nouvelle vague ;
180° Sud, partie 11 : le cas Phoenix ;
180° Sud, partie 12 : la mort des moqueurs roux ;
180° Sud, partie 13 : un lourd passé ;180° Sud, partie 14 : quelles perspectives ? ;180° Sud, partie 15 : les options futures

Écrit par Mathieu Nicolet

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1 Commentaire

  1. Une correction à faire dans votre commentaire sur la ville de Québec. Le financement de la construction d’un nouvel amphithéâtre est maintenant assuré. Les Québécois sont bien passés à la caisse. Le Gouvernement du Québec investit 200 millions de dollars. La ville de Québec environ 60 millions et une entente avec une entreprise privée, Québécor, garantit des revenus qui pourraient atteindre environ 180 millions sur 25 ans. L’amphithéâtre doit ouvrir ses portes en septembre 2015. Pour plus de détails voir : http://www.ville.quebec.qc.ca/temp/amphitheatre/index.aspx. À mon avis, Québec accueillera les Coyotes de Phoenix en septembre prochain.

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