Arrêtons cette mascarade

Depuis bientôt dix jours, Wimbledon nous réjouit avec ce jeu propre au tennis sur gazon. Les lifteurs fous de la terre battue sont rentrés dans le rang, pour faire de la place aux gros serveurs. Le «panzer» Ivo Karlovic envoie mine après mine et se dresse désormais sur la route de Roger Federer. Bref, une bien belle quinzaine tennistique. Du moins pour le tennis masculin.

Alors que je regardais tranquillement, Karlovic – Verdasco, j’ai eu la mauvaise idée de zapper pour suivre la deuxième partie du match entre Dinara Safina et Amélie Mauresmo. Pour mémoire, une rencontre opposant la numéro 1 à la numéro 17 mondiales. On ne parle donc pas des interclubs de troisième ligue féminine entre Morges et Vallorbe. Au terme d’une partie d’un niveau indigne du tennis de haut niveau, la «petite» soeur de Marat s’est finalement imposée 4-6 6-3 6-4 et le téléspectateur s’est tellement emmerdé que les commentaires de Pierre-Alain Dupuis ont presque semblé intéressants.

Pousse-balle

Au terme de ce match trépidant, les statistiques reflètent à merveille la qualité du match auquel le Court Central a assisté. Ha oui, j’avais omis de vous dire que ce match avait lieu sur le Center Court et non sur le Court 17 devant 13 personnes incrédules. 181 points ont donc été disputés pour un total faramineux de 65 erreurs non-provoquées et seulement 57 coups gagnants. Pour faire simple, plus d’un coup sur trois s’est soldé par un revers long de ligne terminant sa course dans la chaise de l’arbitre ou par une tentative de lob finissant dans le filet. Exaltant, n’est-ce pas ?
Sans vouloir tomber dans le machisme de base, je me demande encore comment c’est possible pour ces demoiselles de prétendre être des sportives d’élite. Connaissez-vous beaucoup de sports où des personnes au gabarit de Serena Williams jouent les premiers rôles ? L’haltérophilie, le lancer du poids et du marteau et… je pense que c’est à peu près tout. Que l’on soit suffisamment magnanimes pour les laisser jouer en même temps que les hommes, sur les mêmes courts, pourquoi pas. Mais arrêtons d’en faire l’apologie, cela en devient grotesque. D’aucuns tenteront peut-être de mettre en avant la plastique d’Ana Ivanovic pour aider ce sport, mais honnêtement, si l’on en vient à avancer des considérations esthétiques pour défendre ce jeu, cela résume magnifiquement l’attrait limité – voire inexistant – de ce dernier.
Pour gagner son match en trois sets face à Mauresmo, Dinara Safina a eu besoin de 2h09. Une éternité pour les spectateurs attendant fébrilement la rencontre entre Andy Murray (Marri, selon PAD) et Stanislas Wawrinka. Une rencontre qui a duré dix minutes de plus que le succès «éclair» de Roger Federer face à Robin «feu de paille» Söderling quelques minutes auparavant. Pour résumer, un match qui va au bout de l’ennui chez les dames dure à peu près autant longtemps qu’une partie qui se termine rapidement chez les hommes. Que dire des rencontres marathon flirtant avec les cinq heures du tennis masculin ? En cinq heures de temps, Serena Williams passe les cinq premiers tours du tournoi.

Quintuple salaire horaire

Certes, on ne peut pas demander les mêmes sacrifices physiques aux dames qu’aux hommes. Je n’ai rien la contre. Toutefois, j’aimerais que l’on arrête de doter le tableau féminin du même «prize pool» que celui des hommes. Imaginez un de vos collègues ne travaillant que les matinées en faisant un travail moins fatiguant que vous mais recevant le même salaire. Choquant, non ? C’est un peu le même sentiment que doivent ressentir les hommes au terme d’un tournoi harassant. Je me mets simplement à la place d’Ivan Navarro qui s’est incliné 3-6 7-6 4-6 7-6 10-12 au premier tour contre Victor Hanescu en 4h15 minutes de jeu. L’Espagnol a empoché 10’750 livres sterling, soit autant que la Biélorusse Anastaiya Yakimova brossée 6-1 6-1 en 46 minutes par Nadia Petrova. La demoiselle a ainsi été «rétribuée» 14021 livres sterling de l’heure, alors que l’Ibère n’a gagné «que» 2569 livres sterling de l’heure. Shocking, isn’t it ?
Sans épiloguer, il est grand temps que l’on se pose les vraies questions. Le tennis féminin mérite-t-il vraiment une telle couverture lorsque l’on voit le «spectacle» proposé ? Ne serait-il pas mieux de faire l’impasse sur ce jeu pour que les protagonistes se remettent en question afin de nous éviter des longues heures d’ennui devant la télé ? Pour moi, la réponse est claire et je ne suis sûrement pas le seul à penser ainsi.

Écrit par George Baudry

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25 Commentaires

  1. @ bob

    Arrêtons de saluer les défaites honorables svp… ce match, il avait tout pour le gagner (plus d’une dizaine de balles de break ratées)

  2. @ fil

    oui mais la victoire aurait été un holdup. Même si Stan a beaucoup plus tenté que son adversaire, il n’a pas connu la réussite nécessaire pour espérer gagner.

  3. Je suis plus ou moins de l’avis de Baudry, mais j’aimerais qu’on se rappelle de l’époque où Hingis dominait le circuit féminin.

    En ce temps-là, peu de monde en Suisse élevait la voix contre le circuit féminin. Il était même bien considéré, on estimait qu’il offrait de beaux échanges en comparaison au tennis masculin qui était un peu « bourrin ».

    J’en déduis que le peuple aime le sport qui consacre son pays. Moi le premier. Alors arrêtons l’hypocrisie, si une Suissesse brillait au firmament des athlètes de la balle jaune, notre perception du tennis féminin serait tout autre.

    Tcho bye bonne

  4. @ askaris
    Je suis d’accord que les suisses en général étaient moins critiques à l’époque d’Hingis. Ce qui me semble cependant assez logique..Les kazahks ne critiquent pas l’haltérophilie ou la lutte greco romaine, disciplines ou ils glanent aisément leurs médailles aux JO, alors que celles ci sont d’une médiocrité exemplaire.

    Cependant, le tennis féminin de l’époque des hingis, graff et autres se distinguait de celui des « mecs » en étant plus tactique et en privilégiant le touché de balle (pour preuve de nombreux amortis et autres lobs!). Maintenant, au contraire, le tennis féminin s’entête à vouloir être comme celui des hommes, à savoir plus puissant et plus physique, mais avec un résultat pitoyable.

    Je rejoins donc tout à fait Baudry lorsqu’il affirme que le tennis féminin doit à tout prix se remettre en question, sous peine de devenir un jeu de cirque avec pour seul intérêt les gambettes de Maria et le joli minois d’Anna…

  5. « Marri, selon PAD ».. trop fort ce dupuis ! il est tellement pathétique quand il pose ses commentaires ! il arrive pas à finir pas une phrase, et il place un commentaire tout les trois jeux. merci tsr de nous faire vibrer!

  6. Le problème est que l’on a réfléchi à une égalité (pour moi injustifiée) des prize-money à un moment où le tennis féminin était, il faut bien l’admettre, au sommet de sa popularité. Le circuit WTA en a profité pour faire pression et obtenir cette égalité.

    Malheureusement pour ces dames, depuis deux ou trois ans, celui-ci est tombé dans une médiocrité et une monotonie navrante. Le tennis est un sport et également un spectacle Et question spectacle, le tennis féminin est largué.

    La question mérite donc d’être posée même si en ces temps de politiquement correct, il n’y a aucune chance de revoir les hommes mieux rétribués que les femmes sur les tournois du grand chelem.

  7. @askaris & Poutre :

    Lorsque j’ai lu le commentaire d’Askaris, plein de réponses me sont venues en tête, mais en continuant ma lecture, je me suis aperçu que Poutre m’avait déjà coupé le… gazon sous le pied.

    Une petite remarque supplémentaire toutefois : Bien que d’accord avec le fait qu’on apprécie plus facilement un sport où nos compatriotes aux bras noueux brillent (on a même réussi à se passionner pour le curling), il faut quand même se rappeler que Mlle Martina de Trubach (Hingis, donc), avant de prendre la poudre (…) d’escampette, avait réjoui pendant des années les amateurs de (beau) jeu en produisant un tennis d’une qualité esthétique et tactique quasi irréprochable.
    Ne manquait qu’un peu de puissance pour pouvoir rivaliser avec les bulldozers qui allaient ensuite arriver sur le circuit.

    Mais au-delà de ses nombreuses frasques et de ses multiples futurs-ex et ex-futurs nouveaux boyfriends, il faut quand même reconnaître que la petite peste St-Galloise savait saupoudrer (…) ses matchs d’une certaine touche de classe… tennistique s’entend.

    Et avant de s’en aller se repoudrer le nez (…), elle nous avait quand même offert quelques magnifiques duels (notamment avec Miss Steffi) qui sentaient… la poudre (les duels, pas Steffi…). Bon d’accord, j’arrête là.

    Mais force est de constater que des Graf, Hingis, Seles ou encore Navratilova, ou même Evert Lloyd, étaient des joueuses (du moins certaines d’entre elles) qui savaient… faire parler la poudre (désolé, c’est plus fort que moi…).

    En tout cas, rien à voir avec les catcheuses (pardon… joueuses) d’aujourd’hui.

    A part ça, je partage pleinement l’opinion de Baudry. Bon article

    Pardon aux catcheuses, tout ça…

  8. Joli coin polémique de l’ami Baudry et excellent commentaire de babaorum ! 😉

    Je ne vais faire que répéter ce qu’on entend un peu partout, mais le tennis féminin est en train de crever à petit feu. Désespérants ces matches. Et que dire des finales de Grand Chelem qui se terminent, dans 85% des cas, par un sec et sonnant 6-1 6-3 ?

    Quant au prize money, c’est comme si on donnait le même cachet à U2 qu’à Christophe Willem…

  9. Franchement, à mon avis, y a une nouvelle génération qui arrive dans le tennis féminin du genre Hénin qui donne plus de plaisir à regarder le tennis féminin.

  10. Apres avoir tacklé proprement ces gonzesses ou mi-mec (c’est selon), pourrais-tu, cher Georges, nous donner ton avis sur le meilleur joueur anglais (écossais quand il perd) de tous les temps?
    Pourrais tu donc etre vraiment méchant avec Murray, e.g recycler ton ‘des-amour’ pour le GSHC et lui tailler un joli costard….merci d’avance !

  11. La minute pédagogique du jour, à l’attention de CC : l’Ecosse et l’Angleterre sont deux régions distinctes de la Grande-Bretagne (l’Ecosse dispose d’ailleurs d’un parlement local). Un Ecossais est certes Britannique, mais pas Anglais.

    Personne sur l’Ile de la Perfide Albion n’a jamais affirmé que Murray était Anglais…

    Sur l’article – le débat sur le niveau du tennis féminin me fait doucement rigoler, tant il me fait penser à ce qui s’écrivait il y a quelque temps sur le tennis masculin (le tennis masculin est malade, parce que Rios ou Moya est no. 1 – trop physique, pas de grand joueur, etc.).

    Si Federer était Sud-Africain, on lirait sur carton rouge que le tennis masculin est assez ennuyeux depuis des années, car dominé outrageusement par un seul joueur (Federer) et que le tournoi de Wimbledon est mortel, puisque l’on sait que Roger va le gagner tranquillou, avec son gros service (comme Sampras, en gros) et malgré un revers de R4.

  12. Dernière illustration en date: Safina gagne son quart de finale, d’un tournoi de grand chelem, faut-il le rappeler, en faisant 23 coups gagnants et commettant dans le même temps 38 erreurs directes dont 15 doubles fautes. Minable…

    La minute pédagogique du jour à l’attention de Henri Leconte: Federer n’a jamais été considéré comme un gros serveur (contrairement à Sampras). il a simplement une première balle efficiente et probablement le meilleure deuxième balle du circuit avec la variation qu’il lui donne. Enfin, pour le revers de R4, tu dois certainement parler de Karlovic, sinon tu dois certainement avoir de gros problèmes de mauvaise foi

  13. @ Henri Leconte:
    vraiment sympa de venir corriger ma très grave erreur qui décidement prenait les lecteurs de CR pour de vulgaires crétins….Promis, je ne recommencerai plus.

    Ton commentaire démontre clairement que comme moi, tu habites en Angleterre depuis plus de 12 ans et connait tous les rouages socio-politiques de la Blanche Albion ainsi que l’avis au-jour le jour de chaque pékin totalement desintéressé par le tennis.

    Vu que tu as retrouvé ta verve et ton bon sens à exprimer des aneries sans fin (ref Federer…), on se rejouit de venir lire tes commentaires avertis sous les articles de Bundesliga car depuis que tu t’es fait moucher par notre ami J. Mouquin, on t’a plus guère vu la ramener…

  14. J’ai de plus en plus de mal avec cette polémique sur l’égalité des gains entre ATP et WTA.

    Certes, la plupart des rencontres du circuit féminin ne sont pas très spectaculaires.

    Mais l’argument qui consiste à déterminer le « mérite » d’un joueur, ou l’intensité de l’effort dans un match, au temps de jeu ne me paraît pas pertinent et assez réducteur…. On a tous vu des matchs chiants de plus de 4 heures en 5 sets où il ne se passait pas grand chose… et au contraire, des matchs en 3 sets secs où ça bastonnait pas mal.

    L’exemple cité me semble d’ailleurs assez malhonnête. Si effectivement l’écart de temps passé sur le court entre Navarro etYakimova est conséquent, il est possible de trouver des exemples inverses (peut-être pas dans les mêmes proportions).

    Oscar Hernandez s’est fait sortir au 1er tour par Leonardo Mayer 6-0 6-0 6-3 en 1 heure et 10 minutes… Je suppose que, malgré cette déroute, il a gardé un minimum de lucidité pour aller chercher son chèque.

    Dans le tableau féminin, Manasieva a lutté 2h et 28 minutes avant de céder face à Bacsinszky (soit 2 fois plus de temps de jeu qu’Hernandez, mais le montant de son chèque est identique).

    Le problème, à mon avis, n’est pas fondé sur la différence de nombre de sets gagnants mais sur la qualité de jeu proposé.

    Si les matchs de WTA étaient plus enflammées, plus spectaculaires et moins stéréotypés que des affrontements où c’est essentiellement le physique qui fait la différence, je crois que l’on parlerait nettement moins de cette égalité de rétribution.

    De fait, la WTA est manifestement touchée par une forme de désaffection du public. Cette année à Roland Garros, le 2ème jeudi, consacré aux demi-finales dames uniquement, n’a pas fait le plein, loin de là.

    Les sommes d’argent associées à une discipline sportive sont plus ou moins proportionnelles à l’intérêt que lui porte le public, ainsi que la dimension de ce public (et accessoirement, son pouvoir d’achat, sinon les golfeurs gagneraient leur poids en saucisse de Morteau).

    Une solution pour mettre en évidence ce manque d’intérêt serait de jouer les Tournois du Grands Chelems dames à une autre période que le tournoi masculin.

    Si le public ne suit pas, on peut effectivement considérer qu’il n’y a aucune raison de récompenser les femmes de la même manière que les hommes.

    Il est cependant possible d’imaginer (mais avec un gros effort, vu le contexte) une situation où le circuit masculin soit chiant comme la pluie (sans Federer, Nadal et quelques autres par exemple) et subisse une baisse de popularité, et au contraire, que le jeu pratiqué en WTA évolue vers quelque chose de plus technique et mobile, que quelques joueuses charismatiques proposent une rivalité cohérente, intéressante et enrichissantes, et déchainent les foules.

    Dans une situation de ce genre, continuerait-on à remettre en cause l’égalité des gains ?

    je n’ai jamais entendu l’avis de joueurs ou joueuses sur la question… ce sont sans doute eux les mieux placés pour se prononcer.

    désolé pour le laïus, je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit… j’ai juste l’impression d’entendre de plus en plus de gens se plaindre de cette situation, et je peux pas m’empêcher de penser que c’est quand même des idées de bons gros réacs de droite.

    merci Monsieur Baudry, et excellent choix de photo de Mademoiselle Ivanovic.

  15. CC vs Henri Leconte
    Julien vs Henri Leconte
    Christophe Logoz vs Leconte

    Enfin, y a encore quelques matchs à jouer. Allez-y les gars, l’été est chiant, y a pas de (vrai) sport, mis à part les transferts.

    go, go, go !

    ES

  16. @ Economie Suisse

    Il faut bien trouver un nouveau combat étant donné que le duel Baudry vs « a » semble avoir trouvé son épilogue (s’il on regarde le dernier post de notre cher ami et poète « a »)…

  17. @xyz

    Je te rassure, ce n’est pas parce que ce blair… de Baudry a écrit un article de correct dans sa pathétique et misérable existence que cela m’a fait changer d’avis…

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