Noyé en eaux profondes

Le 1. FC Köln a écrit samedi l’une des pages les plus sombres de son histoire en s’inclinant 0-4 à domicile contre son ennemi héréditaire Mönchengladbach dans un rheinische Derby d’une indigence rare. Sur un terrain détrempé, les Geissböcke ont sombré corps et âme pour subtiliser la lanterne rouge à leur adversaire du jour.

1. FC Köln – Borussia Mönchengladbach, c’est l’une des rivalités historiques du foot allemand, l’un des derbys les plus chauds du pays. Cette année, le rheinische Derby prenait une importance tout particulière car, au-delà du duel de prestige pour la suprématie régionale, il mettait aux prises les deux derniers du classement pour un Kellerderby de tous les dangers.

Chouette ambiance à Köln

À Cologne, il y avait un problème d’entraîneur ; je n’ai jamais compris pourquoi les Domstädter avaient reconduit Zvonimir Soldo, qui n’avait pas vraiment donné satisfaction la saison dernière. Finalement, l’inéluctable limogeage du Croate est survenu il y a trois semaines ; la nomination de Frank Schaefer, un homme du sérail apprécié des supporters, a permis un mini choc psychologique avec des victoires en Coupe contre Munich 1860 et en championnat contre Hambourg mais la défaite concédée à Nuremberg a démontré que le malaise est trop profond pour être résolu par un simple changement d’entraîneur.

Les départs du président Wolfgang Overath, un ancien joueur légendaire du club, et du directeur sportif Michael Meier, le manager qui a mené Dortmund au titre de champion d’Europe mais aussi aux portes de la faillite, sont de plus en plus souvent évoqués, tant les deux hommes multiplient les mauvaises décisions. Comme celle de laisse planer le flou sur le caractère intérimaire ou non du mandat du nouvel entraîneur Schaefer. La star locale, Lukas Podolski, a récemment critiqué l’incompétence de ses dirigeants en matière de recrutement. Sur le fond, il a raison (le FC Köln a refusé Shinji Kagawa cet été, ce dont on ne le remerciera jamais assez d’ailleurs). Mais, avant de la ramener, Poldi devrait tout de même se rendre compte que le plus gros flop de ces dernières saisons, ça reste son propre transfert.

Malchanceux Gladbach

La situation n’est guère plus réjouissante à Mönchengladbach, lanterne rouge avant cette 12e journée ; les Fohlen ont toutefois quelques excuses à faire valoir avec une poisse qui leur colle aux basques, entre blessures, suspensions et décisions arbitrales défavorables. Ces circonstances atténuantes font que l’entraîneur Michael Frontzeck est toujours solidement accroché à son poste, malgré les mauvais résultats. Le match nul arraché de haute lutte contre le Bayern Munich (3-3) une semaine plus tôt a d’ailleurs démontré que Gladbach n’est pas mort.

Unis dans la stupidité

Comme c’est devenu une très mauvaise habitude depuis l’an dernier, le rheinische Derby se joue sans alcool. Même si l’inutilité absolue de la mesure n’est plus à démontrer, il se trouvera toujours quelques politiciens pour se donner bonne conscience avec ce genre d’interdit qui ne fera qu’embêter les bons types et perdre de l’argent au club mais n’empêchera en rien les débordements de ceux qui ont envie d’en découdre. La preuve en sera donnée avant même le coup d’envoi : malgré la prohibition et un stade transformé en camp retranché, le match commence avec des fumigènes et un drapeau adverse brûlé dans le bloc de Gladbach et quelques excités qui pénètrent sur le terrain pour venger l’affront côté colonais. Comme quoi, les fans de Servette n’ont pas le monopole de la stupidité…

Première mi-temps de rêve

Deux équipes en difficulté, des joueurs aux qualités techniques peu évidentes, une rivalité ancestrale, un terrain marécageux, à la limite, voire davantage, du praticable, tous les ingrédients d’un match médiocre étaient réunis, ce sera encore pire que ça en première mi-temps. On arrive rapidement à la conclusion que seule une bourde nous fera échapper au 0-0. Des bourdes il y en a eu en veux-tu en voilà mais les attaquants étaient trop médiocres pour en profiter. Köln se procure les deux meilleures occasions mais Jajalo, après avoir réussi à éliminer son défenseur, tire dans les bras du gardien Heimeroth, alors que Podolski frappe dans le petit filet extérieur. Quant à Mönchengladbach, il est seulement dangereux sur cafouillage après des corners, profitant de la fébrilité du portier Varvodic.

Et la fierté ?

La poisse continue de s’abattre sur Gladbach, avec, coup sur coup, la sortie sur blessure de ses deux meilleurs défenseurs, Brouwers et Dante, qui revenaient après une longue absence. On sent pourtant les Fohlen un peu plus sereins et plus volontaires après la pause. Cela va se concrétiser sur un coup-franc de Raul Bobadilla qui rentre avec l’aide du poteau. Et avec la complicité du malheureux gardien Miro Varvodic, bien mal placé en la circonstance. Cologne a fait une grosse bêtise, une de plus, en écartant son portier titulaire Mondragon pour une rentrée tardive après un match en équipe nationale, car son remplaçant n’a pas le niveau. Dans un derby contre l’ennemi juré, on s’attendait à voir une réaction colonaise, on attend toujours. Aucune fierté, pas d’idée, pas de volonté, pas de rage de vaincre, Cologne s’est liquéfié dès l’ouverture du score. À l’image d’un Podolski, une nouvelle fois transparent et davantage préoccupé à chercher des noises à ses adversaires plutôt qu’à marquer des buts. C’est à se demander si Poldi n’attend pas la relégation pour faire valoir la clause libératoire qui lui permettrait de quitter ce navire en perdition.

Bobadilla classe mondiale !

Face à cette équipe de zombies, Mönchengladbach s’est remis en confiance après neuf matchs sans victoire. Meilleur homme sur le terrain, l’Américain Michael Bradley a doublé la mise d’un tir dévié après une talonnade de Bobadilla au terme d’une longue séquence devant les seize mètres face à une défense figée. Comme à l’entraînement et dans un stade à moitié vide, Igor de Camargo, bien servi par Marco Reus, et Raul Bobadilla, d’une belle frappe enroulée, donneront au score des allures de déroute historique, du genre de celle qui vaudra aux supporters des Geissböcke de se faire encore allumer par leurs meilleurs ennemis dans trente ans. Quant à l’ex-joueur de GC Raul Bobadilla, il recevra la note maximum de 1 (classe mondiale) dans le Bild. C’est dire si Cologne a été faible et a du souci à se faire pour la suite de la saison !

1. FC Köln – Borussia Mönchengladbach 0-4 (0-0)

RheinEnergieStadion, 50’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Gagelmann.
Buts : 51e Bobadilla (0-1), 70e Bradley (0-2), 82e de Camargo (0-3), 91e Bobadilla (0-4).
Köln : Varvodic; Brecko (76e Yalcin), Geromel, Mohamad, Salger; Jajalo, Lanig, Pezzoni (84e Matuschyk), Ehret (65e Vunguidica); Podolski; Novakovic.
Mönchengladbach : Heimeroth; Levels, Anderson, Brouwers (46e Dante, 66e Schachten), Daems; Herrmann (57e Idrissou), Marx, Bradley, Reus;  Bobadilla, de Camargo.
Cartons jaunes : 53e Reus, 62e Bobadilla.
Notes : Köln sans Giannoulis, McKenna, Petit, Freis ni Ishiaku (blessés) ; Mönchengladbach sans Arango (suspendu), Jaurès, Dorda ni Jantschke (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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