Liga 2010-2011 : on aurait aimé vous dire que…

Fidèles à nos habitudes de prendre l’opinion publique à contre-courant, on aurait aimé vous dire que la Liga version 2010-2011 allait être un championnat homogène et passionnant chaque semaine, au contraire de l’année dernière. Malheureusement, la réalité actuelle est si implacable que ni la satyre, ni l’ironie ne suffiraient à la masquer un tant soit peu. Le pronostic est sans équivoque : cette cuvée sera à nouveau placée sous le sceau d’une lutte sans partage entre le Real Madrid et le FC Barcelone, n’en déplaise au reste du pays. Présentation non exhaustive.

La classe aisée

– FC Barcelone
Sans vouloir la glorifier plus que nécessaire, l’équipe catalane est actuellement ce qui se fait de mieux dans la planète foot. Au-delà de la qualité de son effectif, c’est sa philosophie que l’on ne peut que saluer, avec une priorité accordée à la beauté du jeu et à la formation des jeunes. Ainsi, le tenant du titre compte dans ses rangs pas moins de sept titulaires de l’équipe d’Espagne championne du monde, tous issus du centre de formation de La Masia (à l’exception de Villa), auxquels on pourrait encore ajouter Lionel Messi et l’entraîneur Guardiola.
Ça, c’est pour la façade (dorée, certes). A l’interne, le Barça n’est pas exempt de critiques pour les bons altermondialistes que nous sommes : joueurs surpayés, mainmise sur les droits de retransmission nationaux et politisation font partie du décor des coulisses du club, et ce malgré le récent remplacement de Laporta par Rosell à la présidence. Par ailleurs, les Blaugrana continuent de piller leurs adversaires directs avec les engagement d’Adriano – troisième Sévillan recruté récemment après Alves et Keita – et surtout de Villa, que Valence n’a pas pu retenir faute de moyens «normaux». On ne voit pas qui pourrait venir chatouiller une équipe qui semble encore plus forte que la saison passée, où elle avait obtenu – rappelons-le – un total hallucinant de 99 points.

– Real Madrid
Fidèle à ses détestables habitudes, le club sans âme de la capitale a continué son recrutement irrationnel. Mais attention hein, pas autant que d’habitude ! Pour cette saison, seuls Di Maria, Khedira, Carvalho et Özil – pour ne citer que les plus connus – viendront renforcer la prétendue entité du président Perez, dont la science du football est aussi risible que l’accent du speaker de la Pontaise. Avec les départs de Raúl et Guti, Casillas apparaît comme le dernier «vrai» Madrilène d’une équipe qui, à l’instar de Manchester City en Angleterre, a troqué son honneur depuis bien longtemps pour quelques liasses de biftons. Bienvenue dans le monde du football du 21ème siècle.
Et puis, bien sûr, les Merengue peuvent maintenant compter sur un nouvel entraîneur, puisque les 96 points obtenus la saison passée n’ont pas suffi à sauver la tête de Pellegrini. Et puisque c’est dans les habitudes de la Maison Blanche d’engager les individus les plus abjects possibles, le choix s’est logiquement porté sur Mourinho, qui pense pouvoir faire quelque chose de ce ramassis de purin. Robben et Sneijder en rigolent déjà. Et nous avec.

La classe moyenne

– Valence
Troisième du dernier exercice, Valence vient de perdre Silva (Manchester City justement) et Villa, ses deux meilleurs joueurs, ainsi que son défenseur international Marchena (Villarreal). Comme quoi, dans ce coin de pays, on préfère offrir à ses supporters un nouveau stade de Mestalla plutôt que le droit de rêver de tutoyer les deux autorités nationales. C’est bien dommage ; un peu d’anarchie aurait fait le plus grand bien à la nation de la tauromachie.
– Séville
Pas de grands changements dans l’effectif de l’équipe la plus sympathique du pays, si ce n’est la vente d’Adriano là où on sait, et celle de Squillaci à Arsenal. Mais avant même le début de la Liga, c’est surtout la confiance qu’on a perdue en Andalousie : humiliés en finale de la Supercoupe d’Espagne par le Barça et surtout battus par Braga en barrage de la Ligue des Champions, les Sévillans commencent la saison déjà dos au mur et devront rapidement retrouver des ressources suffisantes, sous peine d’être à l’Espagne ce que le FC Sion est à la Suisse : un club qui se croit plus beau qu’il ne l’est vraiment.
– Atlético Madrid
Les années se suivent et se ressemblent pour les Rojiblancos, de qui on dit chaque été le plus grand bien avant de se raviser quelques semaines plus tard. L’équipe la plus sud-américaine d’Europe possède pourtant dans ses rangs des joueurs tels que Forlan, Simao et Agüero qui devraient lui permettre de ne pas se faire chambrer chaque année depuis leur dernier titre national en 1996 par leurs ennemis jurés du Real (même si leur victoire en Europa League a cloué le bec à leurs rivaux historiques). Mais bon, je vous concède qu’il n’est pas forcément aisé d’expliquer à un Sud-Américain que le foot se joue aussi en équipe. On va donc répéter – sans trop y croire toutefois – ce que l’on ressasse chaque début de saison du côté de Malley… de Vicente Calderón, pardon : cette année sera peut-être la bonne !

La classe populaire

Toutes les autres équipes, dont l’objectif sera avant tout de ne pas paraître trop ridicules aux yeux du reste du monde, en plus de lutter contre la relégation (on pense surtout à Levante, Malaga et le Racing Santander). Les néo-promus d’Hércules Alicante pourraient eux constituer une agréable surprise, avec un bon recrutement et la possible signature ces prochaines heures de Trezeguet.
Villarreal, le Deportivo la Corogne, les indépendantistes de l’Athletic Bilbao et les surendettés estivants de Majorque (qui viennent d’engager Laudrup comme entraîneur) devraient eux vivre un exercice relativement paisible, loin des tracas des hauts et des bas du classement. S’ils avaient été un peu moins frileux lors du mercato, on les aurait même volontiers classés dans la catégorie «classe moyenne inférieure». Mais en ces temps de crise et d’inégalités, dans un pays où on n’a d’yeux que pour la guerre socio-politico-économico-sportive entre les deux géants cités en début de papier, peut-on vraiment tenir rigueur à ceux qui décident de rester raisonnables ?
Le pronostic :
1. FC Barcelone
2. Real Madrid

3. Atlético Madrid
4. Séville

18. Levante
19. Malaga
20. Racing Santander

Écrit par Raphi Stollé

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11 Commentaires

  1. « L’équipe la plus sud-américaine d’Europe »? Au niveau du maillot qui ressemble à celui du River Plate? Peut-être… Mais au niveau effectif l’Atletico Madrid fait presque dans la moyenne européenne avec un total de 7 sudaméricains (1 argentin, 2 uruguayens, 1 colombien, 3 brésiliens). On est encore loin de 14 de l’Inter de Milan (6 brésiliens, 5 argentins, 2 colombiens, 1 hondurénien) ou des 13 du Catania (12 argentins, oui oui, et 1 brésilien).

  2. Le Barça qui pratique incontestablement le plus beau jeu de la planète, a une équipe qui est déjà construite et bien rodée, il n’y a que Villa en plus dans l’effectif (à la place de Ibra).

    En revanche, le Real devra faire jouer ensemble toutes ses nouvelles stars avec la tactique de Mourinho…ça risque de prendre du temps avant que ça paye.

  3. @Keca12

    Oser dire qu’on va s’ennuyer à mourir en regardant jouer le Barça, c’est soit de la mauvaise foi, soit de la jalousie, soit tu n’y connais vraiment rien en foot mon gars.
    Vas vite te procurer les matchs du Barça en Champions League 2008-2009-2010, notamment ceux contre le Bayern 4-0 ou Arsenal 4-1 ou Manchester en finale 2-0 ou encore contre le Real 6-2.
    Et ensuite, tu viendras demander pardon pour la monumentale connerie que viens d’écrire !

  4. @keca12 et Dan

    Moi j’suis d’accord avec keca12. Regarde la match contre l’Inter et tu verras que c’est inutile d’aligner les passes. C’est beau, c’est même très beau mais à un moment faut quand même rentrer dans les 16. Oui le Barca gagne beaucoup mais dès qu’ils sont faces à une équipe regroupée et organisée c’est fini.

  5. @ Seabass: comme contre Chelsea l’année dernière? 😉

    Les très très rares matches que le Barça a perdu depuis deux ans (ère Guardiola), c’est à chaque fois dû soit à une malchance incroyable, soit à une injustice notoire (but de Bojan annulé contre l’Inter).

    Je ne suis pas blaugrana – ni merengue – mais à un moment faut arrêter d’être jaloux et reconnaître l’évident: quand on fait 99 points en championnat et qu’on a une des plus belles équipes de tous les temps (y compris au niveau du jeu), on n’est pas critiquable. A moins d’être très fin, comme l’auteur.

  6. D’accord avec Socrate concernant la bonne finesse de l’auteur. Par contre, je vois bien une « surprise » de l’Atlético cette saison!

  7. @Seabass

    La différence entre le Barça de Gurdiola et l’Inter de Mourinho, c’est que les Catalans resteront dans l’histoire comme l’une des plus belles équipes de tous les temps…et pour les Milanais comme l’une des plus anti-football…tout comme la Grèce 2004 !

  8. @Socrate et Dan
    Oui le Barca est incroyable, oui ils jouent bien, oui ils ont un beau jeu. Je dis simplement qu’à un moment le but du foot c’est de mettre la balle au fond. C’est pas du handball ou tu tournes autour de la surface sans arrêt.

    L’injustice fait parti du foot, on y peut rien…

  9. 98 buts l’année dernière en Liga c’est presque deux fois plus que le troisième, Valence.

    Je ne pense pas que l’on puisse attaquer Barcelone sur sa faculté à marquer non plus.

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