Soirée creuse

Le mot «creuser» a été décliné sur tous les tons vendredi soir au Westfalenstadion : la première mi-temps a été un peu creuse, le Borussia Dortmund a creusé son avance en tête du classement, Hambourg a creusé sa tombe pour enterrer ses rêves de titre, alors que les deux envoyés spéciaux de CartonRouge.ch ont creusé dans la Brinkhoff’s locale.

Après une trop longue absence, voici le retour des aventures du Borussia Dortmund sur CartonRouge.ch. Si tu trouves que l’on est un peu léger dans notre couverture du BVB, tu peux toujours aller jeter un œil sur le site francophone des fans du club, l’excellent www.bvb09-fr.com, où les péripéties du leader de la Bundesliga sont quotidiennement relatées. Voilà, c’était le coup de pub du jour.

L’énigme Hambourg

Après avoir pris la tête du classement grâce à deux succès probants à Mainz (2-0) et à Hanovre (4-0), le BVB retrouvait son public avec la venue d’un ténor de la ligue, Hambourg. Le HSV a bâti ce qui est sans doute sur le papier le meilleur effectif de la ligue, avec le Bayern, pour reconquérir un titre qui lui échappe depuis 1983 mais, pour l’instant, la mayonnaise ne prend pas. Avec déjà dix points de retard sur le BVB avant cette douzième journée, les Rothosen abattaient sans doute leur dernière carte dans la lutte pour le titre vendredi au Westfalenstadion.

Ce SV Hambourg est un peu une énigme en ce début de saison, capable de quelques très bonnes choses mais aussi de matchs ou de partie de matchs extrêmement médiocres. Certes, il y a beaucoup de blessés et les Rothosen ne peuvent quasiment jamais aligner la même équipe deux matchs de suite mais cela n’explique pas tout. J’ai vraiment l’impression que l’entraîneur Armin Veh ne parvient pas à inculquer un quelconque système de jeu à son équipe ni à lui donner ambition et motivation. Un peu tout le contraire du BVB qui dispose d’un contingent plus jeune et moins prestigieux mais évolue avec un système de jeu immuable depuis un match à Leverkusen en octobre 2009 et est animé par une rage de vaincre et un enthousiasme formidables.

En mode hérisson

Armin Veh avait tout de même bien étudié son adversaire du jour et s’était rendu compte que les équipes qui ont posé le plus de problèmes au BVB cette saison, comme Paris, Séville ou Hoffenheim, sont celles qui avaient appliqué une tactique ultra-défensive en évoluant très bas dans le terrain. En effet, le jeu dortmundois est basé sur la vitesse et le mouvement, il est beaucoup moins efficace contre un adversaire massé devant ses seize mètres, dans un schéma attaque-défense statique en mode handball. Dortmund a donc tardé à trouver des solutions face au hérisson hambourgeois. Dès lors, il n’y a pas grand-chose à signaler en première mi-temps, sinon une vaine domination dortmundoise et une reprise mal cadrée de Mario Götze (40e). Et strictement rien du côté du HSV. La meilleure preuve de l’indigence du jeu offensif hambourgeois, c’est que l’on n’a presque pas sifflé Mladen Petric. Non pas que les meilleurs fans du monde lui aient pardonné sa traîtrise de l’été 2008 mais parce qu’il n’a quasiment pas touché le ballon.

Limpide

0-0 à la mi-temps, le plan de jeu du HSV était respecté mais le plus dur restait à faire pour les visiteurs, défendre avec le mur jaune de la Südtribüne dans le dos. Wolfsburg et le Bayern tenaient aussi le score nul et vierge à la pause, avant d’exploser en deuxième mi-temps 2-0 devant la plus grande tribune places debout d’Europe et ses 24’500 abonnés. L’histoire s’est répétée vendredi. Il ne faudra que quatre minutes pour que la magie de la Südtribüne opère. Le BVB parvient enfin à trouver un joueur lancé dans l’espace lorsque Sven Bender, une nouvelle fois énorme, ouvre pour Lukasz Piszczek lequel centre en retrait pour la nouvelle idole du Westfalenstadion, Shinji Kagawa, qui conclut d’un petit plat du pied comme à l’entraînement. Simple, limpide, efficace : en trois passes, le verrou nordiste venait de sauter. Et les maigres illusions hambourgeoises de s’envoler car jamais le HSV ne donnera l’impression de pouvoir revenir. Un HSV «sans rythme, sans cœur, sans passion et sans courage», de l’aveu même de son entraîneur, Armin Veh. On partage son constat mais il devrait tout de même se demander si l’entraîneur n’a pas une part de responsabilité lorsque son équipe ne se crée aucune occasion de but et aucun corner, attend la 90e pour effectuer son premier et unique tir cadré et ne montre pas le moindre signe de révolte. Je ne suis pas convaincu qu’Hambourg parvienne à s’éviter une nouvelle crise cette saison et vraiment pas certain qu’Armin Veh terminera ce championnat sur le banc du HSV.

Un nouveau récital

La deuxième mi-temps a donc tourné à un monologue dortmundois dans une ambiance une nouvelle fois survoltée. Il restait à se mettre à l’abri, ce fut chose faite à la 70e sur un but d’anthologie avec une ouverture de Shinji Kagawa pour Mario Götze, un centre pour Kevin Grosskreutz qui remet du talon pour Lucas Barrios lequel n’a plus qu’à parachever le chef d’œuvre en marquant dans le but vide. Au final, le score de 2-0 est presque flatteur pour Hambourg, si l’on songe notamment à l’arrêt miraculeux du gardien Drobny sur un coup de tête de Barrios. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel, c’est que Dortmund pouvait célébrer dans la liesse une dixième victoire en douze matchs de championnat.

Le rêve éveillé

Si l’on se rend régulièrement au Westfalenstadion et si l’on s’est pris de passion pour le Borussia Dortmund, c’était surtout pour la ferveur, la fête et l’ambiance, plus que pour les résultats et la qualité du jeu, assez quelconques ces dernières années. Cette saison, la ferveur, la fête et l’ambiance n’ont pas diminué, bien au contraire, mais en plus les résultats et le spectacle sont au rendez-vous. C’est vraiment un régal de voir jouer cette équipe jeune, enthousiaste, sans prise de tête, constamment tournée vers l’avant, fair-play (seulement 15 cartons jaunes en 12 matchs), une véritable invitation au dithyrambe. C’est une sorte de rêve éveillé que l’on est en train de vivre avec ce BVB : au réveil, les lendemains de match, dans un état généralement un peu comateux, on doit vérifier au télétexte que c’est bien notre Borussia qui est en train de survoler la Bundesliga. L’avantage c’est qu’actuellement la simple lecture de la page 253 du télétexte d’ARD (celle du classement) suffit à nous remettre d’aplomb après une énième victoire un peu trop fêtée. Pourvu que ça dure !

Borussia Dortmund – SV Hambourg 2-0 (0-0)

Signal Iduna Park, 80’720 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Aytekin.
Buts : 49e Kagawa (1-0), 70e Barrios (2-0).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender, Sahin; Götze (85e Dede), Kagawa (78e Lewandowski), Grosskreutz (71e Blaszczykowski); Barrios.
Hambourg : Drobny; Demel (80e Besic), Westermann, Mathijsen, Zé Roberto; Trochowski, Jarolim, Kacar (34e Rincon, 65e Son); Pitroipa, Guerrero; Petric.
Carton jaune : 85e Jarolim
Notes : Dortmund sans Kehl, Kringe ni Owomoyela (blessés) ; Hambourg privé de Rost, Aogo, Jansen, van Nistelrooy, Elia, Benjamin, Dieckmeier, Castelen, Torun et Stepanek (tous blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. J’ai vu le même match que toi Julien- mais à la télé en ce qui me concerne.
    Le mur jaune n’était pas seulement dans les tribunes, mais sur le terrain: l’organisation du Borussia est vraiment impressionnante et le HSV a peut-être joué – et perdu – contre le futur champion de Bundesliga. C’est tout le mal que je souhaite au Dortmundois d’adoption qui signe ce papier.

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