Formule Tracteur

La saison 2010 de Formule 1 a commencé ce week-end sur le superbe et très populaire circuit de Bahreïn. Elle a permis à Ferrari de signer un doublé et à Schumacher d’effectuer son retour, mais là n’était pas le plus important. Le truc nécessaire, c’était l’arrivée en F1 de nouvelles écuries.

La FIA voulait réduire les coûts, amener de nouvelles écuries pour repeupler une grille abandonnée par Honda, Toyota, BMW et compagnie. Alors pour ce faire, il a fallu ratisser large. Très large. Trop large ! Pour leurs débuts dans le grand cirque de la F1, les nouvelles équipes Lotus, Hispania et Virgin ont été grotesques et cela n’est pas près de s’arrêter. Il faudra même s’attendre à ce que ces monoplaces faussent un jour la vraie compétition.

Commençons par le commencement avec USF1. Cette structure américaine voulait faire son apparition et chipait ainsi provisoirement une place à Sauber, abandonné par son ancien propriétaire BMW. Après avoir fait miroiter l’arrivée de Danica Patrick, le bombe états-unienne dans tous les sens du terme, les types se sont bien vite rendus compte que personne n’en avait rien à foutre de la F1 par chez eux. Au final, les Ricains ne sont pas venus et ils ont même bouché l’horizon à Stefan GP, structure serbe qui s’était payé les résidus de Toyota.

Vingt tours

Ensuite, on a nos amis d’Hispania. Cela s’appelait Campos au début, entreprise qui avait fait son trou dans les séries de développement, et ça a changé de nom parce que d’autres ont amené du fric. Les Ibères ont lancé leur voiture en Grand Prix sans avoir effectué le moindre kilomètre lors des essais hivernaux, avec deux pilotes (Bruno Senna et Karun Chandhok) qui n’avaient jamais piloté parmi l’élite. Résultat : les deux monoplaces n’ont pas effectué vingt tours à elles deux du côté de Sakhir.

Parlons aussi un peu de Virgin pour rigoler. Voilà des gens qui n’ont non plus pas de moyens, mais qui ont des idées au moins. Enfin, des idées… Les gars ils ont cru qu’il était possible de construire une F1 entièrement par ordinateur. C’était sympa dans l’absolu, mais le résultat lui aussi a été cruel : Lucas Di Grassi et Timo Glock n’ont pas fait plus de vingt tours !

Le seul rayon de soleil aurait pu venir de Lotus, écurie historique au demeurant. Les deux pilotes, Heikki Kovalainen et Jarno Trulli ont été classés, mais à respectivement deux et trois tours d’Alonso. En prime, alors qu’on pensait revivre les grandes années de la formation britannique en mode vintage, la Lotus actuelle n’est qu’une façade pour Proton, constructeur national en Malaise, qui s’est payé les 80 % de la marque. Génial…

Chicanes ambulantes

Bref, en voulant étendre la grille, la FIA a surtout lancé sur les circuits des chicanes ambulantes. En tournant entre 5 et 10 secondes moins vite au tour, peut-on dire que ces formations font vraiment le même sport ? Enfin, c’est un de ces choix judicieux dont notre ami Bernie Ecclestone (le grand schtroumpf, là, sur la photo) a le secret. Pour le futur, celui qui a entre autre déclaré qu’«Hitler était efficace» essaye de faire passer une nouveauté pour rendre les GP plus attractifs : instaurer des raccourcis sur les circuits… Encore une bien belle idée.

Franchement, moi je croyais bêtement que la Formule 1 devait être le top de la technologie automobile. Que la F1 devait utiliser aujourd’hui les développements techniques de demain sur les voitures de série. Même (surtout ?) en matière d’environnement. Que les Grands Prix devaient regrouper une élite, celle qui a, de tout temps, fait rêver les passionnés de course automobile… On en est aujourd’hui bien loin et avec quelques dollars bien investis, on devrait pouvoir un jour participer au Grand Prix de Monaco en Massey-Ferguson avec un pilote iranien.