En attendant d’éventuels Nordiques…

Le Maire de Québec, Régis Labeaume, l’a promis : la «Capitale Nationale» aura son équipe de NHL en septembre 2015. Comme les promesses des politiques locaux sont aussi crédibles que celles d’Eric Stauffer, le bas peuple doit se rabattre sur le football canadien en attendant.

Le problème, c’est qu’ils sont à peu près les seuls de la Ligue «Universiade» et de la Division «RSEQ» (Réseau du sport étudiant du Québec) à vibrer pour ce truc qu’on appelle le football canadien (pardon aux indépendantistes de tous bords). Pour résumer l’affaire, c’est comme la NFL, mais il faut faire autrement pour bien faire québécois. Genre il n’y a que trois possessions, le terrain est plus grand, la zone d’en-but a six côtés, les types courent un peu dans tous les sens et t’as de bonnes chances de jouer lorsque les gourdes gèlent au bord du terrain.Dimanche dernier, le Rouge et Or de Laval affrontait les Stingers de l’Université de Concordia. Autant dire qu’aller voir cette rencontre promettait autant de suspense qu’un épisode d’Hélène et les Garçons. A l’époque, Patrick Puydebat allait forcément se réconcilier avec Hélène Rolles vers la fin de l’épisode et lui mettre la langue dans la bouche pendant que le Cri-Cri d’amour jouait de la batterie. Les victoires des universitaires du coin sont tout autant prévisibles.

Comme le LS

Le Rouge et Or a gagné six fois la Coupe Vanier (sorte de SuperBowl des grosses têtes du coin) lors des dix dernières années. Il s’est imposé lors du championnat provincial au cours des onze dernières saisons. Il a remporté tous ses matches à domicile depuis 2004. Il avait battu l’adversaire du jour lors de leurs… 20 derniers affrontements directs. En prime, cette saison, les Lavallois ont gagné leurs cinq premiers matches bien que les champions en titre aient frisé le code contre le rival ancestral des Carabins de Montréal il y a deux semaines (victoire par les poils 16-9). Autant dire que nous ne sommes pas allés là-bas pour l’attrait sportif de l’affiche. Au niveau suspense, c’est comme aller voir le LS contre une autre équipe de Super League.
Mais bon, cher lecteur, tu connais l’attrait de CartonRouge.ch pour les sports divers et variés. Enfin, surtout pour le football et surtout pour Dortmund… Mais même si le Rouge et Or a inscrit son premier «touché» (l’appellation locale du touchdown) après seulement deux minutes 25. Même si les Québécois forment un des derniers peuples du monde à utiliser des vuvuzelas. Même si le Canada est un pays où il est plus facile d’obtenir un permis de tuer un orignal que de trouver un coin pour fumer une clope. Même si la moitié du public a pris la poudre d’escampette au milieu du troisième quart-temps alors que le score était de 51-0. Nous, nous sommes restés jusqu’au bout.
Ce qu’il faut comprendre, dans ce coin de pays, c’est qu’on parle à peu près la même langue, mais que le reste n’est vraiment pas pareil. Après huit minutes de jeu, le speaker t’annonce «qu’il est important de repérer la sortie la plus proche, afin de pouvoir sortir sécuritairement du stade». C’est ballot, on pensait justement se jeter tête première sur le bitume depuis des tribunes les plus hautes pour sortir du stade. Ma foi, ça sera pour une prochaine fois. Ces gens-là ne devaient pas être présents lors des premiers matches de la saison à Malley, où entrer en place debout était déjà compliqué… Ils ne devaient pas non plus se rendre compte du nombre de fous rires que prend un Européen en entendant le nombre de verges (les yards du Québec) qui ont été gagnées au cours d’une seul partie. J’ai fait du foot pendant 20 ans et je n’en ai pas vu autant dans les vestiaires de ma carrière.

Respect de l’immunité

Le public est également un spectacle en lui-même : les poitrines des filles y sont aussi artificielles qui la pelouse du stade. Il est invité à aller se procurer sa dernière boisson alcoolisée à quatre minutes de la fin du troisième quart-temps, aux alentours de 16 heures. Et il n’oublie pas de faire du bruit quand le speaker lui dit d’en faire. Mais bon, ils étaient tout de même plus de 13’000 pour aller voir ça, alors que le Rouge et Or s’est permis de faire jouer trois «quart-arrières» (quarterback…) différents juste pour la déconne tout en lançant des types mesurant 1 mètre 12 pour 37 kilos foncer dans le tas pour aller grappiller du terrain. Score final ? 65-9 sans forcer. Lorsque ton bilan de verges repasse en positif aux environs de la mi-temps et que t’es pas foutu de parcourir en trois essais le 32e de pouce qu’il te reste à faire pour atteindre l’en-but des locaux, qu’espères-tu d’autre ?
Mais ce n’était pas tout dans le domaine des découvertes. Comme dans Koh-Lanta, les joueurs peuvent être pénalisés de 15 verges «pour ne pas avoir respecté l’immunité» ou pour une «procédure illégale» que n’aurait pas reniée George W. Bush. On n’a toujours pas compris ce que cela voulait dire, mais cela nous fait encore marrer trois jours après. Comme quand les Stingers ont préféré, à deux reprises, reculer comme des merdes dans leur propre en-but et perdre deux points plutôt que de dégager le ballon au loin et garder la face.
Non, franchement, on dit souvent que les Canadiens sont différents de nous. Mais on ne pensait pas vraiment à ce point en arrivant. Heureusement qu’à l’heure d’aller fumer des trucs bizarres à la mi-temps et de boire des Budweiser froides pendant deux heures non-stop par 12 degrés et un vent à décorner les hannetons, on a retrouvé nos vieux réflexes. Finalement, c’est ça, l’essence du sport.

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