Période XII : 26 mars – 1er avril

Avec un peu de retard, voici la sélection hebdomadaire du Crampon Rouge effectuée par Gary Romain. Et qui dit Gary Romain dit sélection «originale» ! De Stilyan Petrov à Vincent Rüfli en passant par Cheick Tiote et Adel Taarabt, notre rédacteur est sorti des sentiers battus. C’est pour ça qu’on l’aime…

Tops

1. Stilyan Petrov + 25 points
On a reproché au Crampon Rouge de trop faire dans les attaquants, c’est l’occasion de rendre hommage à ceux qui doivent se défendre chaque jour contre les aléas de la vie. Stilyan Petrov doit lutter contre une leucémie aiguë. On souhaite au Bulgare de se guérir et de revenir bien vite aider Aston Villa à sauver sa peau en Premier League.
2. Alessandro Nesta +20 points
Alessandro Nesta est tout vieux, retraité au niveau international et membre de l’amicale des vétérans pas encore périmés de l’AC Milan, mais cela ne l’empêche pas de briller encore et encore au plus haut niveau. Si son club est en tête de la Serie A, ce n’est pas un hasard. Bien secondé par Thiago Silva et éventuellement des fois par hasard par Philippe Méxès, il a en prime étalé toute sa classe la semaine dernière face au Barça. Très propre sur l’homme, le défenseur central a agrémenté sa performance d’un superbe tacle à la glotte de Lionel Messi. Agression rapidement qualifiée de «faute intelligente» par les fins connaisseurs. A 36 ans, le numéro 13 a encore l’avenir devant lui, si l’on compare son âge avancé à des icônes locales telles Paolo Maldini, Alessandro Costacurta ou Franco Baresi.
3. Cheick Tiote + 15 points
Quand t’es entraîneur en Angleterre ou en France et qu’on te demande s’il te faut un milieu de terrain défensif, 97 % des coaches te répondront «Oui s’il vous plaît, mais de préférence un grand black hyperactif au niveau des tacles meurtriers». Newcastle, équipe franco-anglaise s’il en est, n’a pas fait autre chose. Les Magpies sont allés chercher Cheick Tiote à Twente et n’ont vraiment pas à le regretter, quitte à le prolonger de sept ans en 2010… L’Ivoirien ratisse tout ce qui passe, même les rotules et les péronés, et se fait l’auteur de quelques tacles qui resteront dans les mémoires de nombreux mollets. Il est un des éléments clés de la formations d’Alan Pardew, qui est encore en course pour une qualification en Ligue des Champions. Pourtant, avec les pieds de Gabriel Obertan, les mains de Tim Krul et compagnie, ce n’était pas gagné d’avance…
4. Karim Benzema + 12 points
Semaine après semaine, le Français prouve que le Real Madrid a bien fait de miser (gros) sur lui, alors qu’il n’évoluait qu’au Spartak Lyon, futur club de quartier. Arrivé en Espagne en 2009, il a d’ores et déjà doublé Zidane au classement des buteurs du club merengue. Mieux, l’ancien Lyonnais a inscrit un but incroyable le week-end dernier face à Osasuna, dès la septième minute, lançant son club sur les bases d’un large succès (1-5) qui lui a permis de conserver six points d’avance sur les fillettes barcelonaises – oui, vous savez, ceux qui jouent et qui gagnent difficilement en championnat (2-0) contre Bilbao, équipe alignée moins de 48 heures plus tôt en Europa League, au mépris des règles de la FIFA. Centre venu de la gauche et volée toute en équilibre dans la lucarne opposée. 1-0, Higuain et Cristiano Ronaldo n’avaient plus qu’à finir le travail. Il en a aussi enfilé deux contre l’APOEL Nicosie, mais ça, ça ne compte pas. On connait des Bleus d’origines algériennes qui ont moins bonne presse ces jours-ci.
5. Fernando Torres +10 points
L’Espagnol était devenu un des sujets préférés de raillerie des détracteurs de Chelsea. Fernando Torres a enfin répondu sur le pré et a peut-être été l’auteur de la passe décisive la plus importante de la saison des Blues. Le champion du monde 2010 a en effet offert un caviar à Salomon Kalou et permis aux siens d’entrevoir une qualification en demi-finale face à Benfica (0-1). Torres, auteur de trois buts et de quatre passes décisives lors des cinq dernières parties jouées par les Londoniens, a enchaîné le week-end dernier sur une réussite face à Aston Villa (2-4). Mais c’est surtout dans le jeu que l’Ibère a pris une toute autre ampleur. Totalement libéré depuis le remplacement d’André Villas Boas par l’ancien Argovien Roberto Di Matteo – et aussi, il faut l’avouer, pas un Drogba à moitié chinois dans sa tête depuis Noël –, il a une toute autre influence sur le jeu de «Chelski».
6. Matt Moussilou +8 points
Il y a un peu plus d’un mois, le Franco-Congolais avait indiqué dans une interview à Sharkfoot qu’il avait coché dans son agenda ses retrouvailles avec Servette. «C’est moi qui suis la victime dans l’histoire, pas lui ! Ils ont fait croire l’inverse. Contre eux, je ne serai pas à 100 % mais à 200 %», avait alors lâché l’ancien attaquant de Marseille, Lille, Nice, St-Etienne, Boulogne et Al-Arabi. Dire qu’il a été ponctuel n’est qu’un doux euphémisme. Moussilou a planté un doublé face au SFC, mais cela n’a malheureusement pas suffi pour fermer la grande bouche de Vincent Rüfli (on y reviendra).

7. Thierry Henry +6 points
Non content d’avoir fait rêver les Gunners cet hiver, Thierry Henry est arrivé en pleine forme pour le début de saison de MLS. Tout juste débarqué dans le championnat nord-américain, l’Impact de Montréal a payé pour voir. Le champion du monde en 1998 leur en a enfilé trois, comme dans ses plus belles années arsenaliennes. Bon, c’est vrai, les Québécois méritaient mieux et les Red Bulls ont été remis en selle par un penalty honteux accordé juste avant la mi-temps à la suite d’un tacle digne de l’école italienne de Matteo Ferrari. Mais le buteur français est, comme d’hab’, froid et égoïste et a coulé les joueurs à la fleur de lys en seconde période. Trois buts d’Henry ce week-end, deux de Trézéguet avec River Plate… N’en jetez plus ! Ce sont dans les vieux Français qu’on fait les meilleures soupes.
8. Mario Balotelli +5 points
Mario Balotelli est un génie et cela ne date pas d’hier. Si son entraîneur Roberto Mancini le préfère régulièrement à Dzeko, Tevez, Agüero, Johnson et compagnie, c’est qu’il y a une raison – même si des fois, il faudra quand même qu’on nous explique. Non content de mettre le feu à sa salle de bain ou de lancer des fléchettes sur des juniors de l’académie de ManCity, l’Italien marque aussi des buts. Certes, les Citizens ont encore perdu des points dans leur lutte pour le titre face à United ce week-end (3-3 à domicile, alors qu’ils étaient encore menés 1-3 à 6 minutes de la fin), mais l’attaquant à la crête infecte y est allé d’un sympatoche doublé personnel. Il a même eu le bon goût de remettre à sa place ce vilain Kolarov, qui a eu l’audace de lui piquer un coup-franc à l’orée des seize mètres et du dernier quart d’heure.
9. Diego Milito +4 points
Franchement, et à l’instar de son homonyme de prénom Forlan, l’Argentin a bien du mérite. Au milieu de la saison grotesque produite par l’Inter Milan, il réussit enfin à tirer quelque peu son épingle du jeu. Ce week-end, il s’est fendu d’un triplé face au Genoa (victoire 5-4, trois pénaltoches sifflés pour leurs adversaires !). Il fallait bien cela pour venir à bout d’un arbitre sans doute d’ascendance néerlandaise lui aussi. Depuis quatre jours, les hommes en noir devaient vraiment en vouloir aux clubs milanais… Le Sosie d’Enzo Francescoli, accessoirement double buteur en finale de Ligue des Champions en 2010, marque tout de même en moyenne plus d’une fois tous les deux matches en Serie A.
10. César Azpilicueta +3 points
Oui, c’est vrai, il fait partie d’un Olympique de Marseille qui part en vrille bien comme il faut. Mais en regardant le contenant des parties du club phocéen, la latéral droit surnage très largement. On a les comparaisons qu’on mérite certes, mais l’Espagnol a totalement et notamment éteint la concurrence de Rod Fanni à son poste. Ce dernier était encore international français il y a quelques mois, avant d’aller enterrer volontairement sa propre carrière au bord de la Méditerranée. «Azpi» a notamment mis sous l’éteignoir Frank Ribéry au match aller de Ligue des Champions face au Bayern (0-2) et ce n’est pas la moindre des performances au vu de l’envie de «Scarface» de faire taire les sifflets franco-français qui l’énervent tant.
11. Adel Taarabt +2 points
Adel Taarabt était l’un des hommes-clé de la promotion des Queens Park Rangers en Premier League. Depuis, un éventuel transfert mirobolant au QPSG lui avait fait tourner la tête. Mais le jeune homme de 22 ans formé à Lens a du caractère et il a remonté la pente. La même pente qu’il n’avait pas su gravir pendant les longues années passées à faire banquette à Tottenham. Ce week-end, c’est de lui qu’est venue la lumière à Loftus Road face au grand rival des Spurs, Arsenal. Le milieu de terrain a ouvert le score tout en puissance et permis à QPR de repasser enfin au-dessus de la ligne de flottaison. S’il fallait compter sur Djibril Cissé, Tony Fernandes, le propriétaire de l’excellente (au niveau humoristique) écurie de Formule 1 Caterham, serait vraiment dans une sacrée merde.
12. Julian Schieber +1 point
Il fallait un joueur pour représenter ici l’incroyable rencontre de vendredi passé entre Dortmund et Stuttgart (2-0, puis 2-3, 4-3 et finalement 4-4). En hommage à Julien Mouquin et aussi parce qu’il n’y avait aucun autre joueur allemand dans cette sélection. Ben quoi, c’est vrai. Je me suis tapé la Konferenz de Bundesliga samedi après-midi et même celle de la deuxième division vendredi, mais je n’ai pas trouvé de quoi rêver… Alors pour l’équilibre, j’ai décidé de parler de l’ancien junior du SV Unterweissach, tout de même déjà international M21 à sept reprises pour cinq buts.

Flops

1. Vincent Rüfli – 15 points
Il faudra un beau jour que la presse romande se rende compte du niveau d’infectitude du défenseur servettien. Oh j’entends déjà les cris de vierges effarouchée des fans genevois, mais vu le niveau produit par ces derniers depuis quelque temps, cela ne sera finalement qu’une confirmation de ce que je pense. Aussi bien au football qu’au hockey, les clubs du bout du lac sont malades au niveau de leurs «supporters» et il n’y a qu’eux, finalement, pour ne pas le reconnaître. A en rendre les Valaisans presque sympathiques… On parle souvent du problème du hooliganisme zuricho-bâlois, mais la Cité de Calvin n’a rien à leur envier. Autre souci, Rüfli est au même niveau, mais sur la pelouse. Demandez à la majorité des éléments de Super League, ils vous l’avoueront volontiers. Et ça se croit international…

2. Andy Carroll –10 points
Et si c’était lui, finalement, la plus grosse arnaque du foot anglais de ces dix dernières années ? Ils sont pourtant nombreux à concourir pour ce titre, mais le géant de Gateshead est en train de les surpasser d’une bonne tête. Ce week-end, de retour sur le terrain de Newcastle, là où il s’est soi-disant révélé, le Brandao du riche et cauchemar des coiffeurs a une nouvelle fois été ridicule. Pire, dans la foulée de son remplaçant par la future ex-icône et le surtout bientôt chômeur Kenny Dalglish, l’homme au catogan le plus dispendieux de la planète – 40 millions d’euros tout de même, à hauteur de Javier Pastore – a envoyé son coach «se faire foutre». Merci et bravo pour tes commentaires…
3. Nenê –5 points
Oui, je sais, réussir à marquer –5 points sans avoir joué la moindre seconde est une forme d’exploit. Mais il faut dire que Nenê est un véritable artiste. Laissé sur le banc lors de la défaite bien rigolote du PSG à Nancy, le milieu brésilien a indiqué «ne plus jamais vouloir porter le maillot du PSG». Un bien bel effort de la part d’un type sauvé in extremis du ridicule monégasque par le club parisien. Surtout quand tu es employé d’un club sujet à la pression extrême des médias d’habitude et encore plus depuis que les pétrodollars y coulent à flot. Dire qu’il a proposé à Laurent Blanc d’intégrer la sélection française… Quand tu as des amis comme lui, tes ennemis doivent te paraître drôlement sympathiques.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch