La grande désillusion

27 juin 1998, Stade Vélodrome de Marseille, 16h30 : la Norvège et son style de jeu ultra défensif affronte l’Italie et son catenaccio dégueulasse. Un des moments les plus frustrants de ma vie.

La Coupe du Monde avait pourtant bien commencé (et avait également parfaitement fini par une victoire des Bleus, il faut le préciser). États-Unis – Iran arbitré par Urs Meier et France – Danemark à Gerland, ainsi que Pays-Bas – Corée du Sud et Brésil – Norvège au Vélodrome, le tout au premier tour. On était bien servis. D’autant plus qu’on avait réussi à revendre nos billets pour Japon – Jamaïque à un rebeu du coin et que, du coup, on s’était bien rempli la panse dans une petite rue de la cité rhodanienne grâce au bénéfice réalisé.Et voilà qu’il a fallu tomber sur ce huitième de finale de toutes les désillusions. Depuis toujours, allez savoir pourquoi, j’ai une tendresse particulière pour le football norvégien. Et quelques jours plus tôt, les Scandinaves m’avaient fait jubiler grâce au célèbrissime pénalty pour un tirage de maillot que seuls l’arbitre, une caméra de TV placée derrière les buts et moi-même à 100 mètres de l’action avions vu. Ils avaient battu le Brésil (2-1) et s’étaient qualifiés. Dans la foulée, j’étais passé à moins de dix mètres de la femme (la jolie, celle qui faisait du foot, pas les travestis qui viendront un peu plus tard dans sa carrière) de Ronaldo (le vrai, le gros, pas l’autre, là…). Non, franchement le rêve.

Puis, vint ce vilain 27 juin… La journée était pourtant partie sur de bonnes bases. Repas sur le Vieux-Port, quelques bières en compagnies des nombreux Norvégiens qui avaient envahi le bar de l’OM. Non, super… Certains supporters m’ont d’ailleurs marqué ce jour-là. Peu habitués au Pastis local, ils y allaient direct au goulot, sans la moindre goutte d’eau et, pire encore, sans aucun glaçon ! Il a fallu les aider un peu. Des génies, ces Vikings, sérieux. Après ils s’étonnaient d’être complètement pleins aux alentours de 13h30 !
Au bout d’un moment, il a fallu se résoudre à aller tout de même au stade. Une chaleur étouffante avait envahi la cité phocéenne. Comme d’hab, me direz-vous ? Encore pire que ça vous rétorquerais-je. J’ai lu un truc récemment, je ne sais plus trop où, qui certifiait que le match joué cet après-midi là était le plus chaud de la longue histoire de la compétition. Plus qu’en Espagne, au Mexique ou aux États-Unis. Plus qu’en Uruguay, en Italie ou en Corée. Cela ne venait pourtant pas de statisticiens marseillais, promis. En plein soleil, dans la tribune Ganay, la chaleur a failli atteindre les 50 degrés. Au coup d’envoi, les thermomètres officiels indiquaient exactement 48 !

Imaginez la bande de types légèrement enveloppés que nous étions, qui sort d’un banquet bien arrosé et qui se retrouve sur les mini-sièges de l’enceinte marseillaise par un cagnard pareil… Au loin, au dessus des quartiers Nord, les canadairs arrosaient la forêt qui flambait de plus belle. On rêvait presque de se faire doucher de la même manière, au risque de rouiller à l’extérieur (pour dedans, on était assez tranquille).
Les Norvégiens, eux, ont eu droit à leur douche froide dès la 18e minute. Un vilain contre conclu par le non moins vilain Christian Vieri, et la partie était terminée. Oh, les coéquipiers de Dan Eggen ont fait plus que tout tenté. Tor André Flo s’est démultiplié dans les airs. Ole Gunnar Solskjaer est même entré en jeu pour tenter de faire basculer la partie. Mais rien n’y a fait. Le système ultra-défensif du père Maldini a payé, grâce également à un Gianluca Pagliuca des grands jours.

Déshydratés, nous sommes allés dans la foulée traîner comme des âmes en peine dans le quartier du Panier aux côtés de Scandinaves mélancoliques. L’Italie, elle, se fera justement sortir 4-3 aux pénaltoches par la France une petite semaine plus tard. Les Norvégiens, eux, n’ont quasiment rien fait de bon avant, ni après. Comment régater contre une génération faite des Grodas, Johnsen, Berg, Bjornebye, Eggen, Mykland, Rekdal, Flo, Flo, Soslkjaer, Solbakken et compagnie ? Egil Olsen est pourtant revenu – et d’Irak, quand même –, mais plus rien n’a jamais été pareil.

P.S.: photos certifiées d’époque, d’où la qualité assez marrante.

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