Quelle est ta position sur le Qatar ?

Dans moins de deux mois, le 20 novembre prochain, aura lieu le coup d’envoi du « Mundial » 2022 au Qatar. Une Coupe du monde qui a déjà fait couler beaucoup d’encre – et de sang – et un sujet sur lequel à peu près tout le monde, y compris Vincent Lindon, a déjà donné son avis. Mais pas encore la rédac de votre site préféré. Alors les gars, le Qatar, ça vous gagne ?

Florent Gonnet

À moins de souffrir d’une qataracte, difficile de ne pas voir là où le bât blesse. Le simple fait de devoir se demander en âme et conscience s’il faut fermer les yeux sur des morts pour se divertir laisse d’ores et déjà un goût amer qui entache la compétition. Si je me souviens bien des cours de philo, il existe trois dangers pour la pensée véritable : le dogmatisme, le scepticisme et le relativisme. Du coup, tiercé gagnant pour les aficionados de cette Coupe du monde ! Je veux bien qu’« à cheval donné on ne regarde point les dents » mais là, même si je trouve la force de regarder quelques matches, je préparerai des œillères, un sac à vomi et une cage de Faraday pour bloquer les émanations de ma conscience.

Victor Perrin

Ma position? C’est déjà au bord d’une piscine chauffée à cinq mètres du Golfe Persique (car les pénuries d’énergie ne sont que complot). Ensuite, c’est un Moscow Mule dans la main gauche, de circonstances évidemment, et sur moi, un moule-bite à l’italienne pour rendre hommage à une grande équipe qui sera en vacances comme moi. Enfin, c’est le dernier iPhone Max Plus XXL 14 dans ma main droite, avec la caméra selfie activée pour prendre ma tête amincie par un filtre fort sympathique après tous les BBQ que je me suis enfilés cet été. Évidemment de manière virile, comme le dit si bien Sandrine Rousseau. Ah mince, et quelle est ma position déjà? Ah oui, la tête en arrière, l’air heureux, car je suis un influenceur à Doha avant le match d’un type qui semble jouer au PSG et moi, qui se fout des droits humains. Mais pas de mon nombril, quand même.

Heureusement, ce n’était qu’un cauchemar.

Pierre Diserens

Bien sûr que je vais regarder cette Coupe de Monde. Et pour une très bonne raison. Comme visiblement pas mal de monde va la boycotter, ça nous évitera de nous farcir tous les pignoufles qui regardent du foot tous les quatre ans nous expliquer au choix qu’il faudrait jouer à quatre attaquants, que Xhaka est une buse ou que les Italiens simulent. Et ça, qu’est-ce que ça va être reposant !

Valentin Henin

Je prendrai plusieurs positions sur le Qatar:

  • Tout d’abord une position horizontale pour les matches un peu chiants, assise pour les chocs puis verticale à tous les matches de la Nati puisque je célèbrerai leurs goals.
  • Une position stratégique: Pas trop loin de la télé, pas trop proche non plus, proche du frigo et des toilettes. J’aurai une position équidistante, subalterne et vice-versa.
  • De ma petite position sociale, et selon ma position politique, je vais me permettre une position critique sur cette mascarade. Cette coupe du monde est la démonstration parfaite du sport business qui veut se faire du pognon coûte que coûte. Malheureusement, ceux qui paient ce ne sont pas les milliardaires qataris mais les ouvriers, notre belle planète et sans doute plein d’autres personnes qui prennent une jolie reprise de volée dans les dents. Ceci dit, un boycott de ma petite personne me paraît un peu débile et démago. C’est dégueulasse mais maintenant, place au jeu !
  • Je finirai par une petite position boursière parce que y’a 2-3 billets à se faire dans ce pays.

Thierry Bientz

Programmer une Coupe du Monde au mois de novembre car la météo dans le pays organisateur ne permet pas qu’elle se dispute en juin comme depuis 92 ans est déjà selon moi un non-sens. À quand un Mondial en Antarctique au mois de janvier par – 30 degrés avec le soleil qui ne se couche jamais ? Pour revenir au Qatar, quand il obtient l’organisation du Mondial dans son pays en 2010, ses dirigeants arrogants n’ont pas encore racheté le Paris Saint-Germain, la planète ne brûle pas encore totalement sous l’effet du réchauffement climatique et ses travailleurs étrangers ne sont pas encore décédés sous les décombres de leurs futurs stades. Qu’on soit honnête, si quelques personnes ont pesté lors de l’attribution du Mondial aux Qatariens en 2010, la majorité des gens s’en foutaient royalement donc je trouve ça fort de café de crier au scandale douze ans plus tard. Personnellement, je vais suivre cette Coupe du Monde du coin de l’oeil comme souvent depuis une décennie, le football actuel me faisant autant rêver qu’une compétition dans le désert ou dans un stade climatisé.

Olivier Di Lello

Le Qatar ne me fait pas particulièrement rêver, on est d’accord. J’avoue en avoir mal dormi pendant trois nuits en 2010, lorsque le choix de l’hôte de cette édition 2022 avait été annoncé. Pas tant à cause des futurs morts sur les chantiers, mais juste parce que c’est dégueulasse. On attribuerait une Coupe du monde au Belize, devenu soudain richissime, je trouverais ça tout aussi immonde. Depuis, je m’y suis fait (en douze ans j’ai eu le temps) et je compte bien la regarder malgré tout.

Après, de là à crier au scandale abominable, je ne suis vraiment pas d’accord. Sans doute qu’une partie de ceux qui appellent au boycott s’offusquent beaucoup moins lorsqu’il s’agit de prendre un vol Genève-Bangkok avec escale à Doha ou Dubaï pour y passer des vacances. Ils en profitent pour faire du shopping entre deux vols, parce que, bon, ça occupe et on y fait des bonnes affaires. Il faut aussi aller voir la Burj Khalifa, car c’est vraiment incroyable. Pourtant, j’ai pas mal de doutes sur les conditions de travail des ouvriers qui ont bâti ces édifices.

On est dans une société où on peut absolument tout acheter avec de l’argent. C’est moche, mais c’est comme ça. En partant de ce principe, pas étonnant que le Qatar qui investit massivement dans notre sport favori se soit acheté un beau joujou. Le football n’est qu’à l’image du monde dans lequel on vit. Alors oui, c’est très triste qu’il y ait eu des morts sur les chantiers, qu’on ne puisse pas s’amener là-bas avec sa maîtresse et chanter tout bourré dans les rues de Doha à 3h du matin. Mais il faut voir la réalité en face, le monde s’est fait prendre à son propre piège. On a la Coupe du monde qu’on mérite.

Mike Gouverno

Ma position peut être qualifiée de cathariste : je prône le retour aux traditions de base du football, et je m’oppose totalement à la hiérarchie actuelle du foot-business mondial. Je m’explique : tous les acteurs du monde sportif actuel, et plus particulièrement du football, ont petit à petit oublié que l’essence, la base, la richesse d’un sport, ce n’est pas l’argent, mais c’est la passion que les supporters ressentent. En privilégiant l’argent, le bénéfice, en multipliant les compétitions, en transformant l’exceptionnel en banal, en évoluant dans un autre monde, on laisse petit à petit au bord de la route toute une frange de passionnés. Au final, après quelques décennies, le football n’intéressera plus beaucoup de monde … Il est temps pour le sport mondial de faire sa catharsis afin de repartir sur de nouvelles bases.

En plus on aura tous enrichi notre vocabulaire.

Paul Carruzzo

Rien n’arrête les GO de cette masquarade sanguinaire, comme le démontrent les récentes consignes édictées pour les supporters hérétiques. « Pour saluer leurs hôtes, il est recommandé aux visiteurs de simplement tenir leur main droite sur le cœur, la main gauche étant réservée à l’hygiène personnelle. » Donc si tu as tendance à ramoner ton nez avec ton index droit, tu n’es pas le bienvenu à Doha.

Mais il m’en faudra plus pour boycotter cette CM et louper mon premier Mundial depuis 1978, disputé au pays du dictateur Videla. Cette Coupe du Monde au Qatar, c’est un peu quand tu es invité à manger chez la meilleure amie de ta copine qui est en couple avec un sinistre abruti. Tu t’y rendras à reculons mais une fois sur place, cela ne t’empêchera pas de vider la cave à vins remplie d’excellents Barolo.

Et surtout, je voudrais pas louper Granit soulever la Coupe à Jules. Ça serait balot.

Raphaël Iberg

Ma position ? Latérale de sécurité à priori.

Mon programme télé (non exhaustif) entre le 20 novembre et le 18 décembre:

20/11: Finale du Masters ATP.

20-22-25-26-29/11, 1-9-10/12: 8 rencontres du LHC.

20/11, 3-10/12: Barclays Women’s Super League.

23-24/11, 7-8-15-16/12: Women’s Champions League.

4-10/12: Dallas Stars-Minnesota Wild, Dallas Stars-Detroit Red Wings.

Évidemment que si la Suisse est en finale, j’oublierai tous mes idéaux et je regarderai, comme tout le monde. Mais la Nati a à peu près autant de chances d’y arriver que mon balcon d’obtenir l’organisation de la prochaine Coupe du monde. Donc pour l’instant je continue de me renseigner pour savoir comment obtenir une version de FIFA 23 avec Sam Kerr en couv’ plutôt que cet âne M’bâté.

Yves Martin

Je vais tout regarder. Tout. Chacun des 64 matches de ce Mondial. C’est ce que je fais depuis 1990, et j’ai posé deux semaines de vacances en novembre pour me gaver des quatre (!) matches par jour entre le 21 novembre et le 4 décembre.

Alors bien sûr je peux dire que je vais les regarder en me bouchant le nez, ce qui semble plus logique que de les renifler en fermant les yeux, tant qu’à faire. Mon « boycott » passe par le fait de ne pas m’y rendre, alors que justement j’ai deux semaines de congé, et suffisamment de ronds pour y aller.

Je vais regarder tout ça sans état d’âme, parce que je suis dans une période de ma vie où il n’y a plus guère que la Nati qui me fait bander. Ce qui ne m’empêche pas d’être très conscient de ce qui se passe dans ce pays (je travaille dans la migration depuis quinze ans) et d’espérer sincèrement (et d’y croire) que ce tournoi est l’ultime d’une période insensée durant laquelle les organisations sportives internationales ont fermé les yeux sur ce qui se passait dans les pays organisateurs. Je pense vraiment qu’il ne sera plus possible dorénavant d’organiser des JO à Pékin, des JO d’hiver à Sotchi, et la CM en Russie puis au Qatar. Je pense vraiment que cet ignoble trou du cul de Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA en 2013, ne pourra plus jamais dire que « un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde« . Parce que le monde change, et parfois dans le bon sens.

Mais pour 2022, j’ai choisi de changer en même temps que le monde, et pas avant.

Vincent Roesch

Selon les spécialistes, la position à 35 degrés est conseillée :

Pour le reste, une question existentielle me taraude l’esprit : si Matar Coly se rend au Qatar, est-ce que le Qatar molli ?

Joey Horacsek

Assis sur le canapé, une bonne bière à la main. Je m’explique : cette Coupe du monde a été attribuée en 2010, soit il y a douze ans. Et on se réveille maintenant, enfin depuis quelques mois, pour parler de boycott. Les gars, fallait se bouger avant ! Évidemment que maintenant que les équipes sont qualifiées, que les stades sont construits, que le calendrier des matches est fait, ben c’est un peu tard. Pourtant, il y avait de quoi monter aux barricades bien plus tôt. On savait dès le début que cette candidature était pourrie jusqu’à la moelle par les pétrodollars, que le Qatar n’était pas spécialement connu pour respecter les droits de l’homme ni même la dignité humaine, qu’il ferait beaucoup trop chaud pour que les matches puissent se dérouler normalement (ce qui impliquerait soit un désastre écologique avec la clim dans les stades, soit une aberration du calendrier en jouant le Mondial en hiver, soit les deux. Je vous laisse deviner le choix avisé qui a été retenu), et que ce n’était pas un pays de foot. Je veux dire, on n’organise pas les mondiaux de lapidation de femmes adultères en Suisse, chacun ses disciplines. Tout ça pour en venir au point principal : c’est un peu tard pour boycotter. Il aurait fallu se bouger le derche un peu plus tôt pour changer l’hôte de ce mondial. Mais maintenant que c’est là, ben perso, je fais avec. Même si j’aurais bien sûr préféré que ça se joue ailleurs, je ne me vois pas me priver d’un mondial parce que les gens trouvaient au début que c’était sympa le Qatar, que ça changeait, et pis qu’en fait finalement ils sont pas gentils donc c’est pas bien. D’autant que si je devais ne pas regarder un évènement sportif à cause du régime politique du pays organisateur, j’aurais pas vu beaucoup de JO ces dernières années, ni le dernier mondial en Russie d’ailleurs.

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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3 Commentaires

  1. Oui au niveau climatique cette coupe du monde au Qatar est un non-sens. Par contre, on parle beaucoup du fait que c’est ridicule de ne pas organiser une coupe du monde en été… Euh ouais les gars, c’est dans l’hémisphère nord que l’été c’est en juin-juillet. Du coup ça fait 92 ans que l’hémisphère sud se farcit la coupe du monde l’hiver. Une coupe du monde, c’est mondial, ce n’est pas à nous, européens, de décider que notre été vaut mieux que celui des autres. Ce qui fut un non-sens c’était d’organiser la coupe du monde en Afrique du Sud en hiver chez eux, lorsque la température tournait, suivant les sites, autour de 0 degrés.

  2. Alors sur le principe oui… Sauf que le Qatar est dans l’hémisphère nord, comme la quasi totalité des qualifiés cette année. Les seuls pays de l’hémisphère sud qualifiés sont le Brésil, L’Uruguay, l’Argentine, l’Australie et la moitié de l’Equateur. Donc le fait de jouer cette coupe du monde au Qatar en hiver n’a pas de sens pour grand monde, Europe ou non

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