Suisse – Biélorussie : (encore) un match de la honte !

On s'est fait Ngome ...

Il y a un mois, l’habituel rédacteur des matches de l’équipe de Suisse Yves Martin demandait qui désirait faire l’article du match Suisse-Biélorussie. Candide, je me dis que c’est la chance de ma vie et je me signale. Ce n’est que plus tard que je l’ai compris: vu le traitement réservé par le Président biélorusse Alexander Loukachenko aux journalistes, mon éminent collègue avait tout simplement peur de finir comme Roman Protasevitch, reporter-opposant arrêté après que l’avion de ligne Ryanair Athènes/GR-Vilnius/LT dans lequel il se trouvait ait été forcé à atterrir en mai 2021 à Minsk. Vous voulez des détails ? C’est ici.

J’ai donc rayé de ma liste un éventuel voyage en Biélorussie pour le reste de ma vie, ainsi qu’un éventuel survol du pays. On est jamais trop prudent. Mais pas d’inquiétude: Roman Protasevitch n’était pas blanc comme neige. Il a fait amende honorable à la télévision biélorusse un mois plus tard, déclarant en tremblant avoir bien fait une faute en appelant à manifester contre Loukachenko alors qu’il le respecte, et qu’il désire dorénavant corriger ses erreurs et mener une vie tranquille loin de la politique. Il a amplement réussi, puisqu’on en a plus jamais entendu parler depuis. J’espère connaître un autre sort après cet article.

L’avant-match

La Suisse, malgré ses deux fiascos de fin de match contre la Roumanie et le Kosovo, où elle s’est fait rattraper en fin de match, est plutôt tranquille, occupant la première place du classement d’un groupe il est vrai encore plus faible que le championnat de ping-pong du Liechtenstein. Murat Yakin est clairement contesté pour des choix parfois surprenants, notamment sur notre site (Yakin je te hais !) et par son Capitaine Granit Xhaka. Le sélectionneur vient visiblement d’apprendre qu’on pouvait disposer dans son alignement de deux latéraux et en a sélectionné. Il y a donc progrès.

La Biélorussie est déjà contente d’avoir été autorisée à participer aux qualifications malgré la participation du pays à la guerre en Ukraine. D’ailleurs, si quelqu’un a compris, merci de nous l’expliquer. Elle est avant-dernière du classement avec 5 points en 7 matches. Son seul fait d’arme : jeudi 12.10.2023, la Biélorussie a réussi à maintenir le 0-0 à domicile contre la Roumanie. J’en suis ébahi.

L’adversaire

La Biélorussie est donc un pays qu’on peut qualifier d’atypique. Son championnat de foot n’est pas très réputé, mais c’est le seul qui n’a pas cessé lors de la pandémie de Covid en 2020, le Président Loukachenko ayant déclaré que la production massive de tracteurs (une spécialité locale …), la consommation de vodka et la fréquentation de saunas étaient les remèdes miracles contre la maladie.

On critique, on critique, mais la loi biélorusse n’a pas que des aspects négatifs. Par exemple la reproduction de ce timbre n’est pas soumise à des droits d’auteurs !

Bref, quand on se retrouve dans un « club de soutien à la Russie » en compagnie uniquement de la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord, l’Erythrée et le Venezuela, c’est rarement signe de liberté, de joie de vivre et d’euphorie économique.

Le match en deux mots

Free Roman Murat !

Une Suisse minimaliste et sans envie qui s’endort après le 1-0 de Shaqiri et se prend trois buts en deuxième mi-temps, avant de sauver in extremis le match nul. Inacceptable.

L’homme du match

On pensait incontestablement à Granit Xhaka, qui a été fêté au début du match pour sa 118ème sélection, l’intéressé égalant ainsi le chevelu Heinz Hermann, désormais heureux retraité sous le soleil d’Ibiza et qui n’a pas souhaité participer à cet événement.

Granit a reçu un poster par deux personnes âgées pour son 118ème match en sélection. 

Xhaka en sélection, c’est 118 matches et 14 buts en équipe nationale A, dont la participation à 5 événements majeurs (3 Coupes du monde et 2 Euros), un titre de champion du monde de M17 en 2009 et un titre de vice-champion d’Europe Espoirs en 2011. Chapeau.

Pourtant comme tous les Suisses, il a un peu déçu. Le gardien biélorusse Sergey Ignatovich, qui a été héroïque, devant parfois s’interposer devant ses propres défenseurs maladroits, mérite une mention particulière.

La buse du match

J’avais pensé à Ivan Vassiliévitch Bakhar, numéro 10 ou 18 (quel est l’abruti qui a décidé d’inscrire les numéros en blanc sur des maillots verts clairs ?) de la Biélorussie, qui s’est signalé par son comportement anti-sportif, notamment à la 34ème minute avec un geste complètement gratuit sur Lotomba.

Une agression gratuite comme on n’en avait plus vu depuis l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. 

Mais après cette deuxième mi-temps catastrophique, Murat Yakin est à nouveau à blâmer. Déjà son amour pour Renato Steffen a quelque chose de glauque (Steffen sait un truc sur Murat ou quoi ?). Yakin a tout simplement, avec ses atermoiements, sa nonchalance et ses choix tactiques parfois ubuesques, déstabilisé l’équipe et il a complètement perdu son vestiaire. Les fins de matches contre le Kosovo et la Roumanie avaient déjà démontré un certain malaise. Le constat est limpide: Murat Yakin n’a pas les épaules pour être sélectionneur national.

Le tournant du match

À la 61ème, sur son premier tir cadré, la Biélorussie égalise à la surprise générale, bien aidée par la douce torpeur qui a envahi les Suisses après le but de Shaqiri. 3 minutes plus tard, l’entraîneur biélorusse décide de faire deux changements, dont un nouvel attaquant, sentant la fragilité suisse. À la 69ème minute, son équipe marquait son deuxième but sur sa deuxième action…

L’esthète du match

Xherdan Shaqiri qui marque le magnifique 1-0 à la 28ème minute d’une frappe enroulée des 18 mètres au raz du poteau gauche. Il a illuminé le début de soirée.

Le geste pourri du match

L’attitude générale des Suisses. Sommer n’a plus fait un arrêt en équipe nationale depuis plusieurs matches, Xhaka a été décevant, Sow et Freuler invisibles, Steffen et Itten pas au niveau. Personne n’a vraiment fait un bon match. Et ce n’est pas la première fois.

Le chiffre à la con

3. Hormis la victoire plus que poussive face à l’ogre andorran, les trois derniers matches de la Nati, 12ème du classement FIFA, contre le Kosovo (111ème), la Roumanie (46ème), et désormais la Biélorussie (97ème, derrière la Syrie 90ème et Haïti 87ème !), se sont soldés par des matches nuls. Et en plus, cette fois-ci, la Suisse a eu du bol !

L’anecdote

On pourrait croire que la liste des adversaires de la Nati lors de ces éliminatoires a été copiée sur celle des pays à éviter émanant du DFAE, puisque en plus de la situation compliquée en Biélorussie, le Kosovo a été perturbé très récemment par des émeutes et des heurts avec le turbulent voisin serbe, et que Israël vient de se chamailler violemment avec son colocataire gazaoui. Si j’étais la Roumanie ou Andorre, je commencerais à me faire du souci.

Si le match avait été une chanson

Il y a plus important qu’un match terne et qu’un sélectionneur incompétent dans la vie…

Téléphone : Un autre monde

La minute Johan Djourou

À la 72ème minute, le gardien biélorusse Ignatovich se prend dans le visage les crampons d’un coéquipier auteur d’un tacle défensif peu contrôlé. David Lemos, énervé par ses pertes régulières de temps, a alors déclaré « Bon Ignatovic, maintenant soit il est blessé, et il sort, soit il arrête de perdre du temps… ».

Pour une fois, Ignatovich avait quand même un peu besoin de soins. La preuve en image:

Aïo, comme on dit à Fribourg.

La rétrospective des prochains matches

Théoriquement, la Suisse devrait disputer 3 matches en 6 jours au mois de novembre, soit Israël-Suisse le 15, Suisse-Kosovo le 18 et Roumanie-Suisse le 21. Au vu de la situation géopolitique actuelle, rien n’est cependant définitif et nous ne nous risquerons pas à des pronostics. On ne sait jamais, la Moldavie pourrait envahir la Roumanie. Et vu la capacité de la Suisse à gagner ces temps, on prédit 3 matches 3 points. Le pire, c’est que même comme ça, ils vont probablement se qualifier pour l’Euro… La question est plus: avec quel entraîneur ?

 

Crédits photographiques:

Timbre Loukashenko: Wikimedia: File:Stamp of Belarus – 1996 – Colnect 278488 – Portrait of first president of Belarus AGLukashenko.jpeg – Wikimedia Commons

Autres photos: printscreens du direct sur RTS2

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1 Commentaire

  1. Pourquoi mettre de la politique dans cet article ? Surtout quand c’est juste pour répéter ce que les gros médias disent à longueur de journée…

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