Le sprint final est lancé

Voici le troisième épisode de notre baromètre de Zweite Liga : à dix journées de la fin, Kaiserslautern et Augsburg paraissent en position de force pour viser l’ascension directe en fin de saison, alors que la place de barragiste devrait se jouer entre St. Pauli, Düsseldorf et Bielefeld.

En route pour la gloire

1. FC Kaiserslautern (1er, 53 points) : On pensait bien que l’équipe la plus jeune de la ligue connaîtrait un passage à vide à un moment ou un autre. C’est arrivé entre la fin du 1er tour et le début du 2e avec des défaites 4-1 et 3-0 à Augsburg et Fürth, ainsi qu’un peu reluisant 0-0 à domicile contre Ahlen. Mais depuis lors les Roten Teufel ont repris leur marche en avant vers la promotion, avec notamment un impressionnant succès 3-0 dans le match au sommet contre St. Pauli devant plus de 43’000 spectateurs un lundi soir pluvieux de février. La défense est toujours aussi hermétique et le milieu de terrain est animé par un Sidney Sam (21 ans, grand espoir du foot allemand) stratosphérique depuis la reprise. Et le contingent s’est étoffé durant la trêve hivernale, avec, entre autres, l’arrivée de l’excellent Steinhöfer (ex-Eintracht Francfort), permettant à l’entraîneur Marco Kurz de compenser par un coaching souvent gagnant l’inconstance des attaquants slovaques Nemec et Jendrisek. Désormais, Kaiserslautern a fait le trou en tête du classement et on ne voit plus très bien ce qui pourrait l’empêcher de faire son retour en Bundesliga après quatre saisons de purgatoire en Zweite Liga. Si tu es à la recherche des ambiances les plus survoltées du foot européen, je ne puis que te conseiller d’agender un déplacement au Betzenberg d’ici la fin de la saison car le volcan mythique s’embrase à nouveau comme à l’époque où le FCK disputait le titre aux Bayern, Brême et autres Hambourg.
FC Augsburg (2e, 47 points) : Augsburg constitue sans doute la meilleure équipe de 2. Liga depuis la reprise. L’entraîneur hollandais Jos Luhukay semble pouvoir refaire le même parcours qu’avec Mönchengladbach en 2007-2008 : flirter avec le licenciement après un début de saison raté puis enchaîner les victoires pour finir sur une promotion triomphale. Trop perméable en début de saison, la défense reste sur cinq blanchissages consécutifs et le FCA parvient même à gagner des matchs en jouant mal, ce qui est généralement bon signe. Ce week-end, les Bavarois se sont hissés pour la première fois de la saison à la 2e place du classement, synonyme d’ascension directe. Vu l’expérience et la qualité de l’effectif, ainsi que la bonne dynamique actuelle, il sera très difficile de les en déloger.

SC Paderborn (7e, 37 points) : Néo-promu de dernière minute, le SC Paderborn représente la bonne surprise de ce championnat. Alors qu’on les voyait lutter contre la relégation, les Est-Westphaliens, emmenés par leur buteur Mahir Saglik, sorte de Kubilay Türkyilmaz de la Zweite Liga, sont solidement accrochés dans la première moitié du classement. Poursuivant ainsi la formidable success story entamée en fin de saison dernière par l’entraîneur André Schubert : cet Allemand de 38 ans, qui n’avait pas fait de carrière de joueur professionnel ni entraîné d’équipe active, avait repris le SCP alors que toutes chances de promotion semblaient envolées, il était parvenu à redresser la situation pour arracher l’ascension en barrages contre Osnabrück et, désormais, a réussi à assurer, dix journées avant la fin de la saison, le maintien d’un club que tout le monde voyait une nouvelle fois faire l’ascenseur. Chapeau bas.

En ballotage

FC St. Pauli (3e, 46 points) : La tornade St. Pauli qui balayait tout sur son passage à l’automne en multipliant les scores fleuves a bien faibli. Restant sur trois matchs / un point et zéro but marqué, les Kiezkicker ont même perdu leur place dans le duo de tête. Ce n’est pas complètement une surprise, le deuxième club de Hambourg n’a pas le meilleur effectif de la ligue mais il était jusque là parvenu à faire illusion grâce à son formidable état d’esprit, son allant offensif et quelques révélations surprenantes, à l’instar de Marius Ebbers (12 buts / 9 assists), qui éclate à 32 ans après une carrière bien discrète. Rien n’est perdu pour les Kiezkicker qui restent en course pour une promotion ou, à tout le moins, une 3e place synonyme de barrage mais il leur faudra rapidement retrouver l’euphorie et l’insouciance de l’automne dernier car ils n’abordent pas le sprint final avec les meilleurs atouts.
Fortuna Düsseldorf (4e, 43 points) : Meilleure équipe de la ligue à domicile (12 matchs/32 points), Düsseldorf est beaucoup plus friable à l’extérieur (12/11), ce qui l’empêche de s’installer durablement sur le podium. Néanmoins, malgré l’absence préjudiciable de ses attaquants Bulykin et surtout Jovanovic, le néo-promu est toujours accroché au peloton de tête et peut rêver de refaire le même coup qu’Hoffenheim en 2007 et 2008 : passer en deux ans de la 3e à la 1ère division. La comparaison s’arrête là car, contrairement à Hoffenheim qui reposait uniquement sur le fric, les Flingeraner s’appuient sur un formidable engouement populaire. Si d’aventure ils devaient atteindre le barrage, on souhaite d’ores et déjà bien du plaisir à l’équipe de Bundesliga qui devra aller jouer son maintien lors d’un barrage retour à Düsseldorf !

DSC Arminia Bielefeld (5e, 43 points) : Dominateur lors des premières journées, Bielefeld connaît des sérieux ratés depuis lors. A l’image de l’Italien Federico et du Zambien Katongo, bien rentrés dans le rang après un début de saison étincelant, laissant le Tchèque Pavel Fort bien seul à la pointe de l’attaque de l’Arminia. Alors qu’ils visaient ouvertement la 1ère place, les Blauen se sont même retrouvés légèrement dérochés du groupe de tête. Toutefois, le hold-up réussi dimanche au Millerntor (0-1) dans le match de la dernière chance contre St. Pauli leur a permis de revenir dans la course à l’ascension. Si la qualité de jeu laisse à désirer, la solidité de la défense et l’expérience du contingent en font un prétendant sérieux, quoique bien moins enthousiasmant que Düsseldorf ou St. Pauli.

En roue libre

MSV Duisburg (6e, 39 points) : Le MSV Duisburg a un peu redressé la tête après la crise automnale qui avait conduit au remplacement de l’entraîneur Peter Neururer par Milan Sasic. Toutefois, les Zebras ne parviennent pas à obtenir la série de victoires qui pourraient leur permettre de revenir sur la tête du classement. Il faut dire que l’effectif duisbourgeois manque de stabilité : en début de saison, l’attaque était emmenée par le prometteur Sandro Wagner, qui s’est blessé puis est parti à Brême, ensuite il y a eu l’international danois Sören Larsen, qui s’est à son tour blessé, et aujourd’hui le Serbe Srdjan Baljak, arrivé cet hiver de Mainz. Ces bouleversements constants de l’effectif ont  logiquement amené des résultats en dents de scie et le consternant match nul (2-2) concédé vendredi dans le Niederrhein-Derby contre le modeste Oberhausen a sans doute sonné le glas des chances de promotion du MSV. Ce qui a provoqué le courroux d’un public de moins en moins nombreux et qui va sans doute bientôt traiter ses zèbres de chèvres. Car on a l’impression que Duisburg avait les moyens de faire beaucoup mieux que cela.
Munich 1860 (10e, 32 points) : Munich 1860 connaît une saison bien anonyme : il y a certes eu quelques belles victoires mais aussi beaucoup trop de matchs ratés pour jouer les premiers rôles. Malgré l’expérience des anciens Kiraly (le gardien), Rösler et Lauth (les deux buteurs), l’effectif est un peu tendre pour prétendre à mieux. Et puis ça ne doit pas être évident de jouer à l’Allianz Arena et ses 69’000 places avec «seulement» 23’968 spectateurs de moyenne. En plus, la location du sarcophage munichois coûte cher ; 1860 est d’ailleurs en conflit avec son grand voisin Bayern Munich à ce sujet et une procédure est pendante devant les tribunaux, ce qui conduit l’imbuvable Uli Hoeness à multiplier les déclarations désobligeantes et offensantes contre les Löwen. Inutile de préciser que, dans ce conflit, on prend fait et cause pour le vrai club historique de Munich plutôt que pour le grand machin sans âme qui est juste là pour servir de vitrine à l’industrie allemande.
Alemania Aachen (11e, 30 points) : Aachen a redressé la tête après sa grave crise automnale mais sa saison peut d’ores et déjà être considérée comme ratée, étant donné que le club reste bien loin de son objectif initial, la promotion. L’Alemania n’a plus grand-chose à espérer de cette fin de championnat, sinon d’engranger quelques victoires dans son nouveau Tivoli Stadion où il a jusqu’ici enregistré beaucoup plus de déconvenues spectaculaires que de grandes victoires. Son fantastique public, resté fidèle malgré toutes les couleuvres qu’il a dû avaler, le mériterait bien.

En progrès

SpVgg Greuther Fürth (8e, 34 points) : Fürth a bouclé le premier tour au 15e rang, bien loin des son habituelle 5e ou 6e place, ce qui a été fatal à l’entraîneur Benno Möhlmann. Celui-ci a été remplacé par Mike Büskens, habituel intérimaire à Schalke 04, qui a dû se dire qu’avec Felix Magath en place, il n’y aurait pas d’intérim à assurer avant longtemps à Gelsenkirchen. L’Eurofighter est parvenu à redresser Kleeblatt en pratiquant un jeu spectaculaire. Emmené par ses buteurs retrouvés, Sami Allagui et Christopher Nöthe, Fürth paraît en mesure de remonter à proximité de sa 5e ou 6e place de prédilection.
FSV Francfort (16e, 22 points) : On en faisait un relégué en puissance mais le FSV Francfort s’accroche. Les dirigeants du deuxième club de la capitale économique allemande ont eu la main heureuse en allant piquer l’entraîneur à succès du rival local Offenbach (3e division), Hans-Jürgen Boysen. Le FSV est loin d’être tiré d’affaire mais, contrairement à certains de ses adversaires directs dans la course au maintien, il est sur une pente ascendante, avec notamment un Jürgen Gjasula (ex-Bâle et St. Gall) qui, après des débuts difficiles, commence à trouver ses marques.

En chute libre

1. FC Union Berlin (9e, 34 points) : Révélation du début de saison, le néo-promu Union Berlin est bien rentré dans le rang. Eisern Union a toutefois su remporter les quelques points nécessaires au 2e tour pour s’assurer une fin de saison plutôt tranquille, loin des affres de la lutte contre la relégation. En ce sens, la saison peut déjà être considérée comme réussie, même si l’euphorie d’août et septembre derniers a bien disparu pour les mécanos de Berlin-Est.
Hansa Rostock (14e, 25 points) : Vingt mois après sa descente de Bundesliga en Zweite Liga, le Hansa est menacé d’une nouvelle relégation. Sevré de victoire en 2010, Rostock a limogé son entraîneur Zachhuber mais le troisième choc psychologique en deux saisons tarde à porter ses fruits. Avec un public mécontent et qui déserte la DKB-Arena, ainsi qu’une équipe en panne de confiance, Rostock est sur une pente glissante.
Rot-Weiss Oberhausen (15e, 25 points) : Après 11 journées, Oberhausen constituait un très étonnant 6e du classement avec 20 points. Treize matchs plus tard, le club de la Ruhr ne compte que cinq unités de plus au compteur et poursuit sa chute vertigineuse au classement, avec une avance sur la zone dangereuse qui a fondu comme la neige sous le soleil radieux du Pott. Ce n’est pas vraiment une surprise, l’effectif semblait un peu juste et aujourd’hui, englué dans cette spirale négative, le RWO fait plus que jamais figure de relégué en puissance.

En danger

Energie Cottbus (12e, 28 points) : L’entraîneur Claus-Dieter Wollitz a beau s’agiter sur son banc, Cottbus n’arrive pas à trouver la lumière. L’objectif du début de saison, un retour immédiat en Bundesliga, n’est plus qu’un lointain souvenir et aujourd’hui l’Energie est sérieusement menacée d’une deuxième relégation consécutive. Pénalisés par l’inconstance des cadres de l’équipe comme Tremmel, Kruska, Brzenska ou Angelov, les Lausitzer ne parviennent pas à enchaîner deux bons matchs de suite. Il faudra pourtant trouver une solution à cette instabilité chronique, sinon Cottbus, qui a un calendrier infernal dans les semaines à venir, va se retrouver en grand danger.
SC Karlsruhe (13e, 27 points) : La crise couve du côté de Karlsruhe, qui n’a manifestement toujours pas digéré la relégation subie en mai dernier. Les Badener continuent d’aligner les performances en dents de scie et ne parviennent pas à décoller au classement. Le derby dimanche contre Kaiserslautern aurait pu permettre au KSC de se relancer mais, après une bonne 1ère mi-temps, les pensionnaires du Wildparkstadion, comble pour l’occasion, ont cédé en fin de match (1-3). L’ambiance reste donc morose à Karlsruhe. Pour espérer retrouver un jour la Bundesliga (l’objectif officiel du début de saison, une plaisanterie vu l’effectif à disposition), le club cher à Timothée Guillemin et Philip Borns devra trouver de nouvelles ressources, ce qui passe immanquablement par le déblocage d’un projet de nouveau stade, enlisé depuis près de dix ans dans d’obscures querelles partisanes.

TuS Koblenz (17e, 18 points) : Mal barré, Koblenz semblait avoir réussi un bon coup en engageant l’entraîneur Petrik Sander, habitué à réussir des miracles avec des moyens dérisoires (il avait sauvé Cottbus en Bundesliga en 2006-2007), ainsi que les Albanais Ervin Skela (sauveteur de Cottbus en 07-08) et Edmond Kapllani (17 buts en 2. Liga avec Karlsruhe en 06-07). Mais pour l’instant, les nouveaux venus tardent à trouver leurs marques et les Rhénans-Palatins continuent à s’enfoncer au classement. Il ne faudra pas tarder à réagir car la situation devient critique.
Rot Weiss Ahlen (18e, 18 points) : Scotché aux deux dernières places du classement depuis le début de la saison, Ahlen n’est pas encore tout à fait mort. La victoire obtenue dimanche contre Union Berlin 3-2 a même permis au Rot Weiss de recoller à la queue du peloton et d’exploser sa moyenne de but marqué par match, qui ascendait jusque-là à… 0,5 but par match, ça ne doit pas rigoler souvent du côté du Wersestadion. Avec sept points de retard sur la 15e place et quatre sur la 16e, synonyme de barrage, Ahlen reste quand même le candidat numéro 1 à la chute et on le voit mal s’en sortir. Voilà, désolé d’avoir bouleversé ta journée avec ce sombre présage.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

1 Commentaire

  1. « le hold-up réussi dimanche au Millerntor »
    ouf! je suis pas le seul à l’avoir remarqué 😉

    superbe résumé de la situation de la zweite Liga, merci!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.