Braunschweig, le grand retour ?

Après onze journées, la Zweite Liga consacre un étonnant leader, l’Eintracht Braunschweig (Unité de Brunswick dans la langue de Molière), un ancien grand nom du football allemand perdu dans les dédales des ligues inférieures depuis 1985. Le retour dans l’élite n’a jamais paru aussi proche.

Eintracht Braunschweig (1er, 27 points)

Champion d’Allemagne en 1967, l’Eintracht Braunschweig a longtemps fait partie des ténors de la Bundesliga dans laquelle il a évolué, à part deux saisons, sans discontinuer depuis sa création en 1963 jusqu’en 1985. C’est alors qu’a commencé une longue descente aux enfers avec des passages en Zweite Liga, en Dritte Liga, en Regionalliga et même en Oberliga amateur, malgré l’appui d’un public toujours resté fidèle. Du coup, les Bas-Saxons ont dû abandonner la suprématie régionale aux voisins plus fortunés Hanovre et Wolfsburg. La remontée s’est amorcée en 2011 avec le retour en Zweite Liga. Sur sa lancée, l’Eintracht caracole en tête avec un contingent qui s’appuie largement sur l’équipe promue en 2011. L’effectif ne compte pas de grandes vedettes, très peu d’éléments ayant tâté de la catégorie supérieure mais les joueurs se connaissent parfaitement, l’effectif est très homogène avec de nombreux buteurs potentiels et quelques jeunes qui montent comme le longiligne attaquant suisse Orhan Ademi (21 ans). En tenant tête aux favoris Hertha et Kaiserslautern (1-1), Braunschweig a montré qu’il était davantage qu’un tube de l’été et qu’il y avait de la substance et de la qualité dans cette équipe. Certes, les Löwen ont moins d’expérience et de profondeur dans leur effectif que leurs poursuivants mais ils paraissent en mesure de marcher sur les traces d’une autre Traditionsverein historique du foot allemand, le Fortuna Düsseldorf, qui avait mis trois saisons pour passer de la Dritte Liga à la Bundesliga, là aussi en misant sur la continuité.

Hertha BSC Berlin (2e, 22 points)

La saison a bien mal débuté pour le Hertha avec une élimination en Coupe à Worms (4e division) et quelques contre-performances en championnat. Mais un succès heureux dans le derby contre Union Berlin a donné le tour: depuis l’Alte Dame ne perd plus et est revenu se placer dans le duo de tête, ce qui ne suffit pas au bonheur de l’entraîneur Jos Luhukay qui vise ouvertement la première place. Cela n’a rien d’incongru tant les Berlinois ne donnent pas l’impression d’avoir utilisé leur potentiel à 100% jusque-là. La défense a été perturbée par pas mal de blessures, qui contraignent le Suisse Lustenberger, à nouveau opérationnel après pas mal de pépins physiques, à évoluer en charnière centrale. Le secteur offensif lui est en pleine reconstruction après le départ à Kiev de Raffael et reste encore plombé par l’inconstance de Ramos et Wagner, ainsi que par la longue indisponibilité du buteur Lasogga. L’homme fort du Hertha actuellement, c’est le milieu de terrain brésilien à la frappe surpuissante Ronny, métamorphosé depuis le départ de son grand frère Raffael. Lorsque tous ses coéquipiers se seront mis au diapason, l’Alte Dame devrait être irrésistible.

1. FC Kaiserslautern (3e, 21 points)

La saison dernière, en Bundesliga, Kaiserslautern ne marquait pas. Pour y remédier, les Rote Teufel ont fait appel à deux joueurs d’expérience, l’ancien international suisse Albert Bunjaku et le Camerounais Mohamadou Idrissou, qui s’est lui-même proclamé Mr. Promotion pour avoir déjà ramené Duisburg, Freiburg et Francfort en Bundesliga. C’est actuellement le meilleur duo d’attaque de la ligue avec 7 buts, 4 assists pour Idrissou et 6 buts, 2 assists pour Bunjaku. Avec le prometteur Fortounis et l’expérimenté Baumjohann (ex-Bayern et Schalke) à la construction, le 1. FCK semble avoir définitivement oublié ses problèmes offensifs. En revanche, en défense, malgré la présence de nombre d’éléments chevronnés, le nouvel entraîneur Franco Foda n’a pas encore trouvé la solution et Kaiserslautern encaisse trop de buts. En outre, l’an passé, le club a connu une très longue série d’insuccès devant son fantastique public du Betzenberg et il en subsiste un léger blocage qui amène le 1. FCK à perdre un peu trop de points à domicile pour un candidat à l’ascension. Mais, s’ils parviennent à résoudre ces deux problèmes, les Rote Teufel peuvent rêver à un retour en Bundesliga, sans passer par la case barrage.

FC Energie Cottbus (4e, 21 points)

Cottbus, ce n’est pas forcément la destination qui fait rêver tous les footballeurs. Alors les dirigeants de l’Energie sont souvent contraints d’aller chercher des joueurs en disgrâce ailleurs pour se renforcer. Cette année, les Lausitzer sont tombés sur deux bonnes pioches avec Boubacar Sanogo (au chômage après son départ de St. Etienne) et Marco Stiepermann (ancien espoir de Dortmund qui restait sur une saison décevante et une relégation à Aachen). Soutenu par le fantasque Adlung, le nouveau duo de choc en est déjà à 8 buts et 7 assists. Du coup, Cottbus, qui luttait contre la relégation la saison dernière, se retrouve à jouer l’ascension. A priori, cela manque un peu de constance et de solidité défensive pour rêver à un retour en Bundesliga mais l’Energie a un rôle d’outsider intéressant à jouer.

FC Ingolstadt 04 (5e, 19 points)

Ingolstadt innove: contrairement aux deux saisons précédentes, les Schanzer n’ont pas foiré leur début de championnat et n’auront pas besoin de renforts massifs à Noël pour s’extirper de la zone dangereuse. Mieux même, le contingent expérimenté mis en place par Audi joue les trouble-fêtes en haut de classement. Bien sûr, on ne voit pas très bien ce que ce club bavarois un peu artificiel et sans grand soutien populaire irait faire en Bundesliga mais, avec une dizaine d’anciens joueurs de Buli dans l’effectif, Ingolstadt a les moyens de s’incruster durablement dans le premier tiers du classement, même si l’absence d’un attaquant vraiment dominant paraît rédhibitoire pour aller taquiner les trois premières places synonymes de promotion (1.+ 2.) ou de barrage (3.).

FSV Frankfurt 1899 (6e, 18 points)

Le FSV Frankfurt n’a pas beaucoup de moyens mais il possède une recette immuable pour assurer son maintien en Zweite Liga: relancer des joueurs dont on ne voulait plus ailleurs et démarrer la saison en trombe pour rapidement mettre des points au chaud en prévision d’un 2e tour généralement plus compliqué. Et cela fonctionne: les revenants s’appellent Kapllani, en perdition depuis plusieurs saisons, Verhaeg ou Leckie, réservistes à Rennes et Mönchengladbach, et ils retrouvent subitement leurs sensations pour permettre au FSV d’engranger régulièrement des points, avec même un succès de prestige contre le favori Hertha Berlin. Du coup, après 11 journées sur 34, le deuxième club de Francfort comptabilise déjà la moitié des points nécessaires au maintien.

TSV München 1860 (7e, 17 points)

Maurer fait vraiment du bon boulot. Là, je ne fais pas allusion à notre excellent conseiller fédéral mais à Reiner Maurer, l’entraîneur de Munich 1860. Malgré le départ de plusieurs cadres de l’équipe, les Löwen squattent à nouveau les premières places en proposant en football plaisant. Dans les buts, le vétéran hongrois Kiraly (36 ans) est impérial depuis le début de saison, l’ancien joueur de GC Vallori s’affirme comme l’un des tous meilleurs défenseurs de la ligue, alors que les chevronnés Lauth et Stoppelkamp, arrivé d’Hanovre durant l’été, font régulièrement trembler les filets. Mais les performances timides des autres renforts estivaux, notamment de l’Argentin Blanco, font que le contingent manque un peu de profondeur et cela s’est payé cash dans les récents matchs au sommet perdus contre le Hertha et Cottbus. Du coup, les Löwen auront tout de même un peu de peine à aller chatouiller les trois premières places.

VfR Aalen (8e, 16 points)

Traditionnellement, il y a toujours un néo-promu qui vient jouer les trouble-fêtes dans les premiers rangs du classement. Cette saison, c’est le VfR Aalen qui a créé la surprise en début de saison en occupant une inattendue 5e place après huit journées malgré un contingent qui ne paie pas de mine. Depuis, les Badener sont un peu rentrés dans le rang, peut-être déjà focalisés sur leur 16es de finale de Coupe contre le tenant du trophée Dortmund, perdu 1-4. Il faudra toutefois rapidement tourner la page car, malgré sa bonne entame de saison, Aalen n’a pas encore creusé le trou sur la zone dangereuse.

SC Paderborn 07 (9e, 15 points)

Comme prévu, avec les nombreux départs enregistrés à l’intersaison, Paderborn ne réédite pas ses exploits de la saison écoulée qui l’avait vu lutter jusqu’au bout pour la promotion. Néanmoins, le SCP a plutôt bien freiné sa chute et grappille régulièrement des points avec quelques trouvailles intéressantes comme l’ancien espoir de Dortmund Vrancic, un jeune buteur de 19 ans venu des juniors de Schalke Hofmann ou encore Naki, l’un des héros de la promotion de St. Pauli en 2010. Voilà qui annonce une saison peinarde en milieu de tableau, ce qui devrait largement suffire au bonheur d’un club qui a longtemps fait l’ascenseur entre 3e et 2e division.

1. FC Köln (10e, 13 points)

Par son histoire, son palmarès, l’engouement qu’il suscite, le 1. FC Köln doit assumer un rôle de ténor de cette Zweite Liga. Le problème, c’est que le contingent n’est pas forcément à la hauteur de ce rôle de favori. En début de saison, le scénario des matchs du FC était plus ou moins invariable : les Geissböcke dominaient stérilement contre un adversaire survolté et massé en défense et se faisaient surprendre sur une erreur défensive. Lors des six premières journées, Köln n’a inscrit que deux buts, tous deux sur pénalty ! Toutefois, le départ, en toute fin de mercato, de plusieurs gros salaires indésirables a permis d’acquérir quelques renforts et depuis les choses vont un peu mieux. Le FC ne perd plus et a même retrouvé le chemin des filets avec un succès inespéré à Regensburg 3-2 après avoir été mené 0-2 à la 87e et un 3-3 de haute lutte contre Kaiserslautern. Néanmoins, cela devrait rester une saison de transition pour les Geissböcke, avec quelques belles promesses d’avenir comme le gardien Horn ou le milieu offensif Bigalke. Autre point positif, le public s’est réconcilié avec son équipe qui est certes limitée mais ne renonce jamais et fait honneur au maillot, contrairement à ce qui s’était passé ces dernières saisons. Du coup, même lorsque le FC était antépénultième du classement et ne marquait pas, ils étaient plus de 40’000 au stade pour des matchs le lundi soir. Respect.

FC Erzgebirge Aue (11e, 12 points)

Aue avait débuté la saison en trombe avec un exploit en Coupe contre Eintracht Francfort (3-0). En championnat, c’est plus compliqué et l’Erzgebirge a longtemps squatté les dernières places, avant de décoller avec sept points lors des trois derniers matchs, dont un retentissant 6-1 contre Bochum ce week-end, avec notamment deux buts et trois assists pour le milieu de terrain Jan Hochscheidt. C’est sans doute ce qu’il fallait pour relancer une attaque anémique jusque-là. Toutefois, malgré cette subite embellie, Aue va probablement devoir batailler pour sauver sa place en Zweite Liga.

FC Union Berlin (12e, 12 points)

Union Berlin a connu un début de saison compliqué avec pas beaucoup de réussite, par exemple dans le derby perdu contre le Hertha (1-2). Et, s’appuyant surtout sur le collectif, Eisern Union manque d’individualités capables de tirer l’équipe dans les moments difficiles, à l’image d’un Silvio décevant depuis le début de la saison. Néanmoins, le club des cheminots de Berlin-Est commence à voir le bout du tunnel avec quelques résultats probants, notamment des succès contre Köln et Cottbus. Grâce notamment aux parades de son gardien Haas et aux frappes de mule de son capitaine Mattuschka, Union Berlin devrait assez rapidement retrouver le confort de sa place traditionnelle dans le ventre mou du classement.

FC St. Pauli (13e, 11 points)

Le départ de plusieurs joueurs cadres et le fait d’avoir manqué une promotion qui lui tendait les bras en mai dernier ont été mal digérés à St. Pauli. Alors qu’ils visaient les premières places, les Kiezkicker se sont retrouvés 17e après 9 journées, ce qui a bien sûr été fatal à l’entraîneur André Schubert. Pour le remplacer, le club hambourgeois a décidé d’engager Michael Frontzeck, lequel reste pourtant sur trois échecs retentissants à Aachen, Bielefeld et Mönchengladbach mais, manifestement, après Stanislawski et Schubert, il fallait encore un entraîneur chauve, Christian Gross aura sans doute un jour sa chance au Millerntor. Le choc psychologique a plus ou moins fonctionné : alors que ses Kiezkicker étaient mené 0-2 à domicile par Dresde, le capitaine Fabian Boll a sonné le rappel des troupes et permis aux siens d’arracher un succès 3-2 inespéré. Un déclic ? Peut être mais avec une défense qui prend l’eau de toute part et des attaquants très en retrait, aussi bien les expérimentés Saglik et Ebbers que les jeunes Ginczek ou Thy, St. Pauli ne devrait pas pouvoir viser plus haut que le milieu de classement.

SG Dynamo Dresden (14e, 9 points)

J’en faisais la possible surprise de la saison mais, pour l’instant, Dresde est loin du compte. Le Dynamo s’est un peu fourvoyé dans sa campagne de transfert et du coup son potentiel offensif dépend quasi exclusivement du Béninois Mickael Poté. D’ailleurs, le deuxième meilleur buteur du club, l’excellent Français Brégerie, est un défenseur. Comme en plus le secteur défensif n’a pas retrouvé sa solidité et son homogénéité du printemps dernier, Dresde n’avance pas, à l’image de la défaite concédée ce week-end à St. Pauli (3-2), après avoir mené 0-2. Une réaction est attendue rapidement car la situation au classement commence à devenir préoccupante.

SSV Jahn Regensburg (15e, 9 points)

On en faisait le candidat numéro un à la relégation mais Regensburg se défend plutôt mieux que prévu, avec notamment un étonnant buteur congolais venu de Regionalliga, Francky Sembolo. Toutefois, la défaite concédée la semaine dernière à domicile contre Köln 2-3 après avoir mené 2-0 à la 87e pourrait laisser des traces. Restant sur trois défaites consécutives, les Bavarois semblent donc dans une dynamique qui les fait glisser doucement mais sûrement vers la place que semblait leur promettre leur contingent, la dernière. Malgré les bonnes performances du début de saison, un maintien de Regensburg constituerait une surprise.

SV Sandhausen 1916 (16e, 9 points)

Sur le papier, Sandhausen, champion de Dritte Liga, paraissait le mieux armé des trois néo-promus avec une demi-douzaine d’anciens joueurs de Bundesliga dans le contingent. Mais la réalité du terrain est bien différente. Après un départ encourageant, les Badener sont entrés dans uns spirale négative avec seulement quatre points pris lors des huit derniers matchs et une attaque qui ne marque plus. Avec un calendrier corsé jusqu’à la trêve hivernale, il va falloir rapidement hausser le niveau de jeu, sinon la première expérience du club en Zweite Liga ne durera pas plus d’une saison.

VfL Bochum 1848 (17e, 9 points)

C’est la crise à Bochum: lors des dix premières journées, le VfL n’a marqué que cinq buts et c’est le vétéran Alexander Iashvili (35 ans) qui porte presque à lui tout seul une offensive anémique. Ce week-end, c’est la défense qui a craqué en encaissant un consternant 6-1 sur la pelouse d’Aue, un autre mal classé. Du coup, l’entraîneur Andreas Bergmann a été prié de s’en aller. A Bochum, on va prier pour que le choc psychologique fonctionne parce que le contingent n’est pas celui d’un relégable en puissance mais il va falloir que certains éléments confirmés retrouvent un niveau et une motivation un peu plus en rapport avec leur standing.

MSV Duisburg (18e, 8 points)

Duisburg a connu une entame de saison catastrophique en débutant par cinq défaites, provoquant le départ de l’entraîneur Oliver Reck. Des éléments chevronnés méconnaissables, des jeunes pas au niveau, une qualité de jeu proche du néant, il n’y avait pas grand-chose à sauver des premiers matchs du MSV. Depuis cela va un peu mieux, la confiance est revenue et les six points inscrits lors des trois dernières journées ont au moins permis aux Zebras de recoller au peloton. Il s’agit maintenant de profiter de cette bonne dynamique et d’un calendrier favorable jusqu’à Noël pour fêter une première victoire à domicile et sortir de la zone rouge. Sur la base des dernières sorties, le nouvel entraîneur Runjaic, Kosta de son prénom, a les moyens d’éviter le naufrage.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. C’est tellement plus joli quand vous consacrez votre énergie à nous narrer l’Allemagne plutôt qu’à cracher sur l’Espagne, Monsieur Mouquin…

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