Johann Vogel règle ses comptes

Alors que l’équipe suisse de football traverse une période très difficile, CartonRouge.ch est allé à la rencontre de son ancien capitaine, Johann Vogel. Viré de la Nati comme un malpropre en mars 2007, le Genevois revient sur cette année douloureuse et vide son sac. Le joueur de Blackburn a répondu à toutes nos questions avec franchise, courage et un brin de rancœur. Ami lecteur, tu as devant tes yeux un entretien exclusif et absolument détonant !

Salut Johann, tout d’abord merci d’avoir accepté cet entretien avec CartonRouge.ch ! Comment vas-tu ? Content d’avoir signé à Blackburn ?Comment je vais ? Comme un mec qui a ciré le banc ces deux dernières années, qui va rater le plus grand événement sportif jamais organisé dans son pays et qui vient de signer pour un club de bourrins… (rire)
Tu n’es donc pas content d’avoir signé à Blackburn ?
Il y a deux ans je jouais au Milan avec Pirlo et Maldini, là je me retrouve à Blackburn avec Berner et Henchoz, et vous voulez que je garde le sourire ?… En plus quand tu as connu le soleil de Séville, se retrouver sous la grisaille anglaise dans une équipe d’agricoles, c’est pas facile à vivre ! Mais je ne me plains pas, mon agent m’avait dit : "Ecoute Johann, ta cote sur le marché est aussi élevée que celle de Bernd Haas, c’est soit Blackburn soit le FC Thoune !" Le choix était vite fait, je n’avais pas envie de me retrouver avec l’Amicale des jeunes filles de l’Oberland bernois…

Quels souvenirs gardes-tu de ton passage au Milan AC ?
Des paillettes, des stars, de l’argent, bref, un autre monde. Mais le problème au Milan, c’est quand tu t’appelles Johann Vogel et que tu sors en boîte avec Nesta, Maldini et autre Ambrosini, ben il n’y a pas grand-chose à espérer. Pis je ne vous parle même pas de Clarence Seedorf… Lui non seulement il drague et chope tout ce qui bouge, mais en plus il est prêt à culbuter ta femme dans ton propre lit !
Et sinon il y a Gattuso, lui il est aussi excité en boîte que sur un terrain : le regard enragé, la bouche pâteuse et la langue dehors, un vrai pitbull. Au marquage des filles, il ne lâche absolument rien, pas étonnant que lors du dernier voyage du Milan au Japon, il a vidé les stocks de Durex de l’aéroport de Tokyo ! Bref c’était une belle bande de "queutards", j’avais un peu de la peine à trouver mes repères, sur et hors du terrain. Je peux te dire, là-bas, c’est une autre concurrence que John Dario et Ludovic Magnin à la Zapoff ! (rire)
Quoi t’as chopé à la Zapoff ?
Mais vous êtes tarés les mecs, j’ai une femme et je dois reconnaître que je n’ai jamais vraiment assuré avec les meufs en boîte…
Ta coupe au bol peut-être ?
C’est ça, foutez-vous de ma gueule ! Je sais, ma coupe au bol, ça n’a jamais vraiment été ça. Mais en même temps les mecs, pendant que vous sortiez en boîte avec vos crêtes, vos jeans Diesel et votre salaire d’employé de commerce, moi j’étais capitaine de la Nati, milieu de terrain international en train de remplir le compte en banque du plus grand espoir du football suisse… (sourire en coin)
Et c’est parce que Margairaz l’est aujourd’hui que tu lui as donné l’adresse de ton coiffeur ?
Bon arrêtez, je ne critiquerais pas Margairaz… Je l’aime bien lui. Mais en même temps, c’est vrai que sa teinture l’été dernier, c’était le désastre !

Revenons-en au football, venons-en à la Nati. Que penses-tu des déboires actuels de l’équipe de Köbi Kuhn ?
Cette équipe est à sa place, point final. Il n’y a plus de leader ni derrière ni au milieu. Gelson et Inler semblent perdus, Eggimann et Sendoros communiquent aussi bien que Bernardo et Ray Charles. De toute façon il ne faut pas se leurrer, le papy n’a jamais réussi à définir un plan tactique. Déjà à l’époque, c’était au petit bonheur la chance, comme s’il rêvait de la composition de l’équipe la veille du match et qu’il en discutait avec sa femme. C’est de notoriété publique que le Köbi n’a aucune idée. Pendant 2 ans, c’était moi qui faisais la théorie à la mi-temps et qui remplissais les cartes de match avec Mimi. Bref, Köbi Kuhn devait prendre sa retraite après le naufrage contre l’Ukraine.
Le naufrage, vraiment ?
Ce jour-là, nous les joueurs, nous n’avons pas été bons. Mais c’est dans ces cas-là que nous avons besoin d’un coach, d’un vrai ! (Enervé) L’Ukraine a marqué Yakin à la culotte et a ainsi bloqué tout le jeu de l’équipe de Suisse par cette tactique aussi développée qu’un schéma d’un entraîneur de juniors C. Dans le même temps, nos latéraux étaient cuits des matches précédents. Bref, pas moyen de passer par les côtés. Nous étions bloqués comme des nazes. N’importe quel coach international aurait tenté quelque chose dès la première mi-temps. Faire un changement, être audacieux, prendre des risques. Köbi ? Rien ! Moi sur le terrain je devenais fou. J’ai haussé le ton à la mi-temps, mais ça n’a servi à rien. Le papy a fait du poste pour poste et a attendu misérablement les penalties avec une paire de couilles aussi grosses que des raisins secs M-Budget ! Et avec des tireurs de penalties aussi membrés que des eunuques !
Après le match, il paraît que tu as pété les plombs dans le car… que s’est-il passé ?
Je n’ai pas vraiment pété les plombs, faut pas exagérer ! J’avais la rage contre le coach, certains joueurs et moi-même bien sûr. Et y’avait cette brêle de Streller qui n’arrêtait pas de chialer. Là je lui ai tout dit, ou du moins ses trois vérités : "chèvre tu étais, chèvre tu es, chèvre tu resteras ! Et arrête de chialer, t’as l’air de rien !" C’est là que le papy m’est tombé dessus, bien entendu tout de suite prêt à défendre ses petits protégés… Bref, le clash. Bien évidemment qu’à ce moment-là, il n’y avait personne pour me soutenir. Magnin était au natel, Wicky en train de regarder par la fenêtre et Frei faisant semblant de lire un livre alors que le seul bouquin qu’il a lu dans sa vie, c’est le programme de match de Suisse-Togo !

Mais t’as quand même bien dû discuter avec Köbi avant de te faire virer ?
Entre quatre yeux ouais… Je lui ai conseillé de donner sa démission. Je lui ai dit qu’il avait fait des trucs extraordinaires, mais qu’il avait démontré lors du match contre l’Ukraine qu’il avait atteint ses limites, que le poste n’était plus pour lui. "Retire-toi en pleine gloire, n’insiste pas". Moyennant une demi-polémique avec le Blick il a choisi de me virer. Résultat des courses, à 70 jours de l’Euro, on ne sait plus où l’on en est !
L’équipe suisse ne sera donc par championne d’Europe selon toi ?
Vous rigolez ou bien ? Et Degen sera le prochain Ballon d’Or ? (rire) 
Mais pourquoi pas, après tout la Grèce a bien été championne d’Europe en 2004 ?
Parce que nous serons tétanisés par l’enjeu et que nous sommes faibles, tout simplement. Vous croyez qu’on pourra supporter la pression, l’attente de tout un pays ? Moi j’ai de la peine à y croire, à moins que la Fée Clochette se pose sur le lit du papy et que Michel Pont comprenne enfin que ce n’est pas en passant des heures dans le studio de la TSR qu’il va connaître le foot ou au moins nos adversaires. Faudrait aussi que Frei et Yakin suivent des cours de désenflage de melon, que la moitié de l’équipe apprenne à centrer, que Fernandes prenne 15 kilos et que Sendoros fasse moins de 20 secondes aux 100 mètres… Ou alors il peut les faire ses 20 secondes, mais qu’il apprenne à régler ses relances, parce que ça fait depuis le début de la saison qu’il arrose les 39ème et 40ème rangs des stades de toute l’Europe. Je prêche pour ma paroisse, mais honnêtement, il n’y a plus de patron sur le terrain, et ça se voit…
La Suisse ne peut donc pas se passer de Vogel ?
La Suisse peut se passer de Vogel, il n’y a aucune discussion sur le sujet ! Après tout la France est devenue championne du monde sans Cantona, ni Ginola, non ? Par contre, la Suisse ne peut pas se passer de Vogel et Müller en si peu de temps. C’est quoi Senderos sans Müller ? C’est un vieux stoppeur maladroit des années 80 ou 90, du genre Andy Egli ou Stéphane Henchoz. Bref, des agricoles qui te labourent une moitié de terrain et les chevilles de trois attaquants en 90 minutes. Crois-moi qu’un joueur comme ça ne peut pas tenir une défense face à une grande équipe. Il n’a ni la technique ni la vista. Par contre, avec Müller dans son dos, Senderos joue dans un fauteuil et là, c’est un des meilleurs joueurs d’Europe à ce poste. Il l’a démontré.
Ajoutez à cela qu’avec Müller on se trouvait les yeux fermés depuis l’âge de 8 ans, et vous comprenez pourquoi la Suisse est incapable de sortir un ballon proprement aujourd’hui. Une colonne vertébrale comme ça, ça se construit au travers des années. Qui plus est, Müller et moi, on a appris à tenir la baraque avec des vieux roublards : les Bregy, Sforza ou Geiger. Des mecs qui te faisaient la tactique de l’équipe et les actions de jeu au bar de l’hôtel à 2 heures du mat avec des capsules de bière tout en sifflant une dernière Abricotine. Bref, pour apprendre le foot, c’est autre chose qu’une soirée Playstation, enfermé dans sa chambre, casquette de gros naze vissée sur la tête et 50 cent sur l’ipod. Le tout bien sûr en chattant sur MSN et en envoyant des smiley à des adolescentes…

Donc tu reconnais qu’il y avait un problème de génération dans l’équipe de Suisse ?
Ce n’est pas un problème de génération, car ces jeunes ont du respect. Et ce, même s’ils n’ont jamais porté les cônes à l’entraînement, s’ils pissent dans la piscine de l’hôtel, laissent leurs vieilles capotes sales sur le bord du lit en partant et 115 euros de chaînes de X à la réception. L’erreur, c’est de leur faire croire qu’ils vont pouvoir faire aussi bien que d’autres après deux sélections et demi, qu’ils vont pouvoir s’imposer en trois matches.
Behrami et Vonlanthen, par exemple, ont cru après leur fameux goal qu’ils étaient les rois du monde, incontestables à leur poste. On constate aujourd’hui que cette équipe manque cruellement d’expérience et que ces jeunes ne sont pas grand-chose au niveau international. Et si tu comptes sur un Alex Frei pour leur montrer le chemin, ben autant te dire que tu vas droit dans le mur. C’est le mec le plus prétentieux, le plus égoïste et imbu de lui-même qu’il m’a été donné de croiser en équipe de Suisse. Et pourtant, avec Sforza, on avait déjà un modèle du genre… Bref, Kuhn a décidé d’en faire son capitaine, t’as pas besoin d’aller chercher plus loin le noeud du problème.
Le moins que l’on puisse dire Johann, c’est que tu l’as dans le nez le Köbi !
Honnêtement oui. Il porte une responsabilité colossale dans le déroulement des événements et l’évolution de cette équipe. Il n’a pas su contenir le melon de certains, mais il n’a surtout pas su leur offrir un cadre et une confiance pour les faire évoluer et ainsi bâtir une équipe solide. Moi je suis persuadé qu’un Vonlanthen qui fait 10 matches de suite milieu droit sera toujours meilleur qu’un Behrami qui en fait 3, après 2 de Vonlanthen et 3 de Gygax. Mais pour ça, il faut prendre des décisions et s’y tenir, c’est tout ce que le papy ne sait pas faire. Bref, aujourd’hui le talent est toujours là, mais avec 40 joueurs testés en 2 ans, l’équipe elle est morte ou dans le coma…
Tu reconnais quand même que cette Suisse a du talent et qu’elle n’est peut-être pas morte ?
Mais bien sûr qu’elle a du talent et bien sûr qu’il faut y croire. Mais il va falloir que certains prennent leurs responsabilités dans l’équipe et autour, et que tout le monde tire à la même corde. Après tout je suis fan de foot, patriote et croyez-moi que si on gagne l’Euro, Patrick et moi, on fera péter Genève toute la nuit ! Et on appellera mon ami Marc Rosset, j’ai appris à le connaître durant mes quelques mois d’inactivité en Suisse. Je croyais avoir tout vu avec Gattuso ou Seedorf, mais franchement, Rosset c’est encore un niveau au-dessus, le brin de folie du sportif à la retraite en plus. Bref, je ne me réjouis pas d’arrêter le foot et de revenir sur Genève, car avec un pote comme Marc, je ne peux qu’avoir mon vrai-faux blog sur votre site ! (Il se marre)    
Chiche !


INVENTEE DE TOUTE PIECE, CETTE VRAIE-FAUSSE INTERVIEW DE JOHANN VOGEL EST LE POISSON D’AVRIL DE LA REDACTION DE CARTONROUGE.CH.

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22 Commentaires

  1. ouai ouai, mr vogel, comment peut on etre sur de votre objectivité quand on vous reconnaissez etre enragé contre mr kuhn..?? dommage, on a besoin vraiment de savoir ou cette equipe de suisse se trouve, et cest de notre droit qu il en va de droit. ^^

    je me souviens aussi d un mr vogel, en selection genevoise, bien pretencieux, bien arrogant.. n etait ce que rage de ma part? je ne vous connaissez point, cela metonne.

    avant de faire la revolution, attachez vous a prendre les choses avec objectivité et diplomatie.

    hop la jeunesse de notre pays, hop suisse

  2. mise a part ca, mr vogel, je vous crois un peu, cette equipe nas pas de patron.. et mr kuhn,, aurait ptetre mieux fait de se retirer apres la coupe du monde,, bref bref, je passais juste par la,, l article ma paru interessant et je tenais a reagir.. bonne semaine de foot a tous

  3. Mort de rire! Excellent. En gros cest quand même ce que beaucoup de monde pensent tout bas..

    Ah, dommage que certains nont pas tout compris à larticle…

  4. Hormis le fait que larticle est excellent (vive le saumon!!!), cette pseudo analyse montre assez bien que depuis son éviction, léquipe joue comme une merde…. coincidence???

  5. Ça a beau être un (très gros) poisson davril, cest quand même un des meilleurs articles que jaie lu sur léquipe nationale depuis longtemps. MAIS QUEST-CE QUE VOUS ATTENDEZ POUR ALLER FAIRE VOS OFFRES A LA PRESSE ET A LA TV ? Vive Carton Rouge !

  6. Daccord avec DUMDUM et même Avec PITOU (ce qui narrive pas tous les jours) et surtout avec lauteur. Je me suis tellement fait rabrouer à chaque fois que jai dit que Kuhn devait partir après le match contre lUkraine…

  7. très bon article! bonne imagination!

    et je suis entièrement daccord avec ce que « Johann Vogel » dit. Depuis son éviction je narrête pas de dire que cest une grande erreur… on ne peut pas se passer d un joueur pareil!

  8. Chers lecteurs,

    Vous lavez probablement tous deviné, cette vraie-fausse interview de Johann Vogel est le Poisson dAvril de CartonRouge.ch !

    Meilleures salutations sportives,

    La rédac

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