Les points en plus et la manière en moins

Avec seulement 4 points au compteur sur les 4 matches disputés à Tourbillon, tout autre résultat qu’une victoire face au barragiste aurait laissé des traces. Comme à Thoune, Sion a changé d’optique de jeu et s’impose sans convaincre.

La victoire était d’autant plus impérative en sachant que la 2ème place était en jeu et que GC se présentait plus fébrile que jamais. Redoutable en fin de saison passée, mais par faute de moyen, l’effectif zurichois n’aura pas pu être conservé. Sion bénéficiait également du départ du jeune Emeghara qui s’était rapidement hissé parmi les meilleurs buteurs du présent championnat avant de partir sous d’autres cieux. Sans lui et en alignant 6 joueurs de moins de 21 ans, la meilleure équipe formatrice du pays n’avait inscrit que 3 petits buts depuis le début de la saison. Pour la défense valaisanne, l’occasion était donc idéale pour enchaîner un 3ème match sans but encaissé après la douloureuse défaite face à Servette. Mais la victoire paraissait tellement évidente aux yeux du public valaisan que le match sentait le piège pour son équipe.

Une autre optique de jeu

Depuis le match à Thoune ; d’enthousiaste, spectaculaire et peu efficace, le jeu sédunois est devenu calculateur et réaliste dans le plus pur style du football actuel. Intentionnel ou non, le revirement n’est pas passé inaperçu. Très attentiste et prévoyant en début de partie, Sion a abusé de passes en retrait et d’une prise minimale de risque devant un public incrédule. Par la suite, il aura fréquemment sauté le milieu de terrain qui se sera trop caché dans ses appels de balle. Giovanni Sio se sera démené au mieux sur ces balles aériennes peu exploitables et guère appréciées des attaquants. Logiquement remplacé en début de seconde mi-temps et peut-être encore hors de forme, Mrdja aura évité la majorité de ses duels aériens. Mais les habitués se souviendront de performances similaires avant son explosion.

Une réussite retrouvée

Sans coup d’éclat jusque-là, le match se débloquait sur un coup-franc  direct et par un geste parfait de Pascal Feindouno. Loin des traditionnelles occasions gâchées seuls aux 5 mètres, les Sédunois menaient au score par l’entremise d’un exploit individuel et sans avoir impressionné dans le jeu. Si le progrès est à saluer, la manière n’aura cependant guère soulevé les foules du stade de Tourbillon. Malgré une 1ère belle action de match intervenue à la 25ème, les Valaisans ne se découvrirent pas. Bien au contraire, ils laissèrent petit à petit l’emprise du jeu aux Zurichois. La stratégie ou la faiblesse aurait pu coûter cher. Dans une action similaire à celles qui lui avaient valu des sanctions cruciales, Vanins tenta de prendre la balle dans les pieds de Hajrovic. Retenant son geste, il parvint à l’excentrer et Dingsdag le sauva sur sa ligne. Malgré une grosse domination zurichoise et une façon de jouer des locaux qui exaspéra une bonne partie du public, ces derniers parvinrent à doubler la mise sur une action qui ne semblait pas avoir le poids d’un but. Mutsch s’attirait la réussite d’une lourde frappe cadrée et déviée dans sa course hors de portée du gardien Bürki.

Les 3 points à tout prix

Mis sous pression par le bilan actuel de l’équipe à domicile, Laurent Roussey était prêt à tout pour ne pas laisser filer des points supplémentaires. A tel point qu’il aligna pratiquement 5 défenseurs au coup d’envoi. Milieu de couloir, Mutsch aura défendu comme un latéral la plus grande partie du temps. Habituel défenseur latéral, il n’aura que timidement pris le couloir lorsqu’il en avait l’opportunité. Défenseur central de formation, Vanczak occupait l’entier de l’autre couloir comme à l’accoutumée. Excellent dans son travail de deux hommes et récompensé par le Blick au coup d’envoi, le Hongrois n’avait aucune solution face à lui et devait se lancer sur le premier des deux joueurs qui l’affrontaient. Sans véritable ailier, avec  pas loin de 5 défenseurs et contre une équipe qui ne semblait franchement pas hors de portée, Laurent Roussey opta pour une solution encore plus défensive en remplaçant très rapidement Mrdja par Rodrigo. Et malgré l’ampleur du score, les joueurs ne prirent jamais le risque de se jeter à l’attaque. Au final donc, la gestion de la partie n’eut pas grand-chose à envier à celle d’Alberto Bigon, mais permit quoiqu’il en soit d’assurer l’essentiel. Car c’est bien ce qu’on demande à cette équipe et qu’on voudra bien retenir de cette partie. Guère rassurante néanmoins, on espère que la prestation consistait à économiser des forces en vue du match de dimanche, car un tel minimalisme ne devrait pas suffire à faire trembler le leader.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Sion – Grasshopper-Club Zurich 2-0 (2-0)

Tourbillon, 8’300 spectateurs.
Arbitre : M. Graf.
Buts : 11e Feindouno 1-0, 42e Mutsch 2-0.
FC Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Bühler; Serey Die, Obradovic, Mutsch; Feindouno (85e Zambrella); Mrdja (52e Rodrigo), Sio (91e Afonso).
Grasshopper-Club Zurich : Bürki; Menezes, Vallori, Smiljanic, Bertucci ; Lang; Hajrovic (80e Mustafi), Toko, Freuler, Zuber ; Feltscher.
Cartons jaunes : 24e Menezes, 40e Adailton, 44e Zuber, 46e Vanczak, 58e Feltscher, 85e Bühler. 

Écrit par Eric M.

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3 Commentaires

  1. Quand tu ouvres la marque après 11′ et que tu marques à nouveau juste avant la mi-temps, contre ce GC, tu as fait le job.

    Tu t’attendais à quoi? Voir Sion attaquer dans tous les sens pendant tout le match, en marquer 6 et perdre 2 joueurs sur blessure avant le choc contre Lucerne?

    Match très bien géré et 3 points mérités.
    Les critiques sur la manière n’ont pas lieu d’être.

  2. Non, je ne m’attendais pas à un 6-0. Ton interprétation est surprenante et c’est dommage. J’ai seulement remarqué, comme le 90% des gens autour de moi, que Sion avait assuré l’essentiel en ne présentant peut-être pas son meilleur football.

  3. Tout à fait, pas très joli match, mais remarque que, de un, il y a pas si longtemps, Sion aurait perdu (au moins des points) ce type de rencontre, et que de deux la force d’une équipe comme Bâle est de gagner les matchs pourris. Si Sion veut jouer les premiers rôles, il lui faut gagner ces rencontres là, celle où y a pas la manière.
    Du coup, si le jeu est critiquable, je trouve aussi que l’équipe montre qu’elle franchit des paliers. Mais l’épreuve, et on est tous d’accord, elle est dimanche après-midi…

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