Du changement, sinon rien…

Le 6 à 0 sec et sonnant du Parc Saint-Jacques conclut un bien triste premier tour pour le Lausanne-Sport et témoigne si besoin est du constat d’échec qui règne à la Pontaise. Plus que les joueurs, c’est aujourd’hui à Martin Rueda de prendre ses responsabilités et de redonner de l’envie et de la sérénité dans le groupe. Osera-t-il dimanche les changements qui s’imposent ?

Même si elle faisait sourire la moitié de la Suisse, la campagne de transferts du Lausanne-Sport avait suscité la curiosité et la confiance de ses supporters. L’immense crédit obtenu suite à la promotion a aujourd’hui disparu. La faute aux résultats bien sûr, à la chance qui n’a pas toujours été au rendez-vous, mais surtout à l’équipe, dont les leaders présumés sont aussi fantomatiques et fantasmagoriques que la dame blanche des bois de Belmont. Pire, quand on constate  le niveau intrinsèque des renforts lausannois, on se dit que les tuyaux du désormais célèbre et détesté Alain Baumann étaient percés de toute part. Et que son carnet d’adresses était aussi impressionnant que celui d’un agent de troisième zone, tout juste bon à animer la campagne de transfert du FC Baulmes. Aussi, force est de constater que la naïveté reconnue des dirigeants et leur modèle de fonctionnent pourrait avoir trouvé ses limites, tout comme Martin Rueda.Mais il serait facile de blâmer l’ensemble de la terre, les dirigeants, un mercenaire, l’entraîneur et les joueurs, sans même y croire et tenter de redonner vie au projet. Nous sommes aujourd’hui au pied du mur et une réaction est plus qu’attendue pour ne pas sombrer corps et âme dans la déchéance. Et d’imiter ainsi tristement les lointains cousins de Malley qui avaient à leur époque été le promu le plus faible de l’histoire du hockey suisse. Plus que la critique, il s’agit bien ici d’appeler à la remobilisation d’un groupe avant le derby face à Servette. Cette nouvelle dynamique apparaît d’autant plus cruciale, évidente et nécessaire, qu’à la lecture du classement, la situation n’est de loin pas catastrophique. Et il suffit d’ajouter à cela la probable faillite de Neuchâtel Xamax, les difficultés chroniques de GC, l’inconnue qui tourne autour de Zurich ou de Servette et les délires du président Constantin pour se dire que rien n’est fini dans ce championnat qui fera sans doute encore rire quelques mois la planète foot.

Aujourd’hui donc, à 3 jours du derby contre Servette, les clés sont dans les mains de Martin Rueda. Ce dernier n’a apparemment pas apprécié le coup de gueule des dirigeants et les horaires imposés la semaine dernière. Il a même trouvé intéressant de s’épancher dans les médias, de jouer aux petites phrases (notamment avant et après le match de Coupe de Suisse) et de préparer un programme aussi léger qu’une barquette de jambon Weight Watchers. Ce qui aura fini d’ailleurs de décrédibiliser, même à l’interne, la décision des dirigeants qui n’avait sans doute rien d’extraordinaire, mais qui avait au moins le mérite de lui offrir une chance de brasser les cartes, d’ouvrir le jeu de la concurrence et de déstabiliser les petites certitudes de titulaires et présumés leaders. Cela aurait pu servir à remobiliser les remplaçants qui n’ont pas fini de manger leur pain noir face aux piètres performances de leurs coéquipiers. Plus que de laisser passer cette opportunité, Martin Rueda s’est conforté dans ses choix et n’a pas manqué de se plaindre en public de la justesse de son effectif.
Soit, que Martin Rueda prenne ses distances, marque son territoire et mette la pression pour un dernier renfort de choix est une attitude qui peut être louable. Mais elle n’a de sens que si l’équipe montre sur le terrain au minimum l’envie de faire mieux. Nous en sommes aujourd’hui, après la déroute bâloise, à des années lumières. Il nous apparaît donc évident de demander à Martin Rueda de faire front unique avec ses dirigeants d’une part et son équipe d’autre part. Au risque sinon de créer une situation ingérable qui irait de la démobilisation de ses joueurs à la complication irréversible de ses relations avec ses dirigeants, bref de jeter de l’huile sur un feu qu’on aimerait plutôt voir s’éteindre. 

Les renfaibles sur le banc…

Des accusés tout d’abord. Ils ont la confiance (peut-être aveugle) de Martin Rueda. Malgré les résultats, il a choisi de les installer dans la durée et d’attendre vainement un retour. Mais combien de temps encore faudra-t-il pour que Coltorti  enlève sa minerve, ses deux plâtres et son corset pour bouger normalement sur sa ligne, dans ses 16 mètres et signer un match digne de ce nom ? Quelle est la durée du crédit accordé à Page qui match après match étale ses carences techniques quand il n’erre pas nonchalamment – pardon scandaleusement – dans sa propre surface de réparation comme ce fut le cas à Bâle ? Lang peut-il encore longtemps se réfugier derrière les deux bons matches qu’il a réalisés et ses 3 passements de jambe utiles sur les 120 tentés ?
Quand est-ce qu’un terme sera mis au numéro de cirque de Marin qui, en plus de ne pas défendre, peinerait même à bousculer une grand-mère les bras chargés de sacs à commissions ? Quand est-ce que Muslin mettra un peu de super dans son pauvre diesel ? Lyng et Negrao ? Aussi transparents que les bouteilles d’eau plate devant leurs pieds sur le banc des remplaçants. Le pauvre Kamber quant à lui a tellement été baladé sur le terrain par son entraîneur que lui-même ne sait plus quel est son poste.

Les anciens à côté de la plaque…

Brûler les renforts n’a de sens que si l’on porte un regard honnête et critique sur les performances des anciens. S’ils se regardent dans la glace, ils pourront constater sans peine que leurs performances sont à mille lieues de celles auxquelles ils nous avaient habitué. Meoli et Marazzi sont à 50% de leurs capacités quand ils tournaient l’an dernier à 120%. Sonnerat est devenu tout aussi léger que ses relances. En plus de son pied gauche, il a manifestement perdu toute solidité dans son travail défensif et offre des boulevards à l’adversaire. Moussilou s’avère malheureusement uniquement dangereux sur les parkings quand Roux éclaircit difficilement la nébuleuse. Et pour ne rien arranger dans le travail compliqué de Martin Rueda, les entrées des Favre, Katz ou Pasche n’ont peut-être pas été assez transcendantes pour retourner la situation en leur faveur. 
D’un point de vue collectif, le constat est tout aussi cinglant. La défense et le milieu de terrain sont aux abois, avec un axe central aussi solide et rugueux qu’un flan à la crème, tandis que sur les côtés se créent des autoroutes désertes. On y passe comme sur une Anglaise à 5h du mat aux Canaries. D’un point de vue offensif, nous n’avons à ce jour aucune force de frappe. Sur les côtés ou dans l’axe, l’impuissance est telle que les ouvertures sont aussi nombreuses que celles que m’offrent mes attaques répétées auprès d’une bobo mal lunée du Standard Café après 15 shots de Jägermeister et 3 chants à la gloire du LHC.
Et si ce constat ne manquera pas de créer la polémique dans les commentaires. Je me le permets cependant et je lui donne du sens parce qu’il se veut aujourd’hui la base même d’un renouveau vivement souhaité et ce, dès dimanche. En effet, il reste à ce collectif et à ce groupe une confiance qu’il ne faut pas négliger. Celle du public, ou peut-être de quelques irréductibles seulement, de Vaudois pourtant difficiles à motiver qui croient volontiers que ce groupe-là a plus de nerf que ce qu’il montre en ce moment. Nous avons généralement la mémoire courte, mais peu de gens nous enlèveront de la tête que des ambitions se créent sur la base d’un collectif. Et que ce n’est rien d’autre que des collectifs soudés et motivés, prêts à bousculer le destin, qui nous ont offert jusqu’à ce jour nos plus belles victoires.

Au-delà de l’expérience, des performances de supposés leaders et du constat d’échec, il s’agit de repartir de zéro et de donner au onze de départ l’opportunité de prendre en mains le destin de cette équipe et de changer le cours des choses. De trouver l’alchimie et l’amalgame d’un renouveau. Et quoi de mieux me diras-tu qu’un derby contre Servette pour se retrouver avec soi-même et renouer avec son proche passé ?
Plus que des mots, il faut des actes. Dans ce sens et autant le dire tout de suite (et tu me permettras de me lancer tout nu dans la piscine), toute autre réaction de la part de Martin Rueda qu’un brassage large dans sa composition de dimanche apparaît comme une hérésie. Au point où le collectif est aujourd’hui, il faut le bousculer, lui donner de l’air, du souffle et l’espoir de jours meilleurs, des valeurs et des ambitions à très court terme pour espérer les installer dans la durée. Et cela ne passe vraisemblablement pas par l’immobilisme aujourd’hui affiché.
Martin Rueda peut s’entêter dans ses certitudes, s’y accrocher, réclamer vainement l’implication de ses leaders supposés, mais rien d’autre qu’un engagement remarqué ne saura contenter la demande grandissante du public : retrouver au moins sur la pelouse une équipe de guerriers volontaires, prêts à se sacrifier pour l’enjeu d’un derby et bousculer les certitudes. Au risque sinon de voir une Pontaise se déserter et de passer un automne et un hiver des plus moches.
ABE.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Vince McStein

Commentaires Facebook

17 Commentaires

  1. Les relances de Coltorti hier soir étaient aussi précises que les déclarations de Naffisatou Diallo… Cardiaque, s’abstenir!

    Sinon je trouve qu’il y en a qq uns qui auraient pu sortir avant Lang. C’est un peu le seul qui montrait de l’envie…

    LG

  2. on va se répéter mais il y a des jours où ca vaut la peine.
    mon cher mac pierre, ls n’était pas la meilleure équipe de ligue b l’an dernier, et de loin… Servette et Lugano étaient meilleurs, et de loin. Monté par hasard, avec de la réussite et finalement de l’envie, ls ne pouvait survivre qu’en se renforçant avec 4 cadors. La première erreur des dirigeants fut celle-là: doubler les postes (mais d’où ont-ils tiré cette idée?). La deuxième: prendre des joueurs de ligue b (muslin) ou qui ne jouaient pas (ce qui revient au même) comme kamber, moussilou et marin.
    l’autre problème c’est aussi ce capital réussite que le ls a usé – dirait-on – presque complétement pour monter et dont il semble complétement dépourvu. S’il avait gagné à gc (ce qui aurait été mérité), contre lucerne ou à xamax, la confiance serait là et il y aurait cette prime au promu qui fait la joie des débuts de championnats..
    mon cher mac pierre, tu peux brasser cent fois l’effectif, tu peux redonner confiance aux anciens supposément dépositaires de l’esprit du club, t’en feras pas des champions du monde..
    Côté transferts, les magasins sont fermés jusqu’à noel… donc ne rêvons pas. Serrons plutôt les dents, prions pour que la réiussite revienne et espérons que collet et son acolyte comprennent qu’ils doivent engager un directeur sportif professionnel qui connaît le maché, le foot et qui est capable d’aller chercher des sous.
    Et commençons par taper servette qui sombre aussi…

  3. Cette promotion fût une erreur de casting. Ce club est le maillon faible du foot suisse, il n’a pas sa place en super ligue. Pas de soutien populaire, une ruine de stade et des benêts comme dirigeants. Dès la saison prochaine, St Gall avec son public ou Lugano pour représenter la Suisse italienne remplacera très avantageusement ce club moribond. Vivement dimanche pour une nouvelle claque au LS.

  4. Je vais me répéter, mais tous les benets qui critiquent les dirigeants n’ont jamais fait une proposition pour reprendre ce club. C’est facile de monter un belle équipe avec le poignon des autres…Et cette équipe était encore portée aux nues il y a seulement trois mois avec des supporters hystériques au retour de Bienne

  5. Les dirigeants doivent actuellement être aux anges. En effet, eux qui ne voulaient pas de cette Super-League vont la quitter au plus vite. Et à mon avis, la campagne de transferts n’a eu aucun autre but que celui-là. Et c’est là qu’ils ont été très, mais alors vraiment très forts (la 1ère fois depuis qu’ils ont repris le LS d’ailleurs) : organiser une campagne de transferts en faisant croire aux supporters que l’on va se renforcer, alors qu’au contraire on affaiblit l’équipe pour quitter cette SL au plus tôt. Mais il y a encore des lèches-bottes (pour rester poli) qui vont leur trouver des excuses.

  6. Aie, pauvre LS…
    Bonne jouerie en début de saison, manque de chance mais quand même limité pour le niveau de Super League.
    Prendre 6:0 à Bâle peut être effacé si LS bat Servette, c’est comptablement toujours mieux que faire deux matchs nuls (…)
    La chose qui est sûr c’est qu’il faut gagné contre les équipes comme Xamax, Servette, GC.. ou espérer que le laxisme légendaire de la Swiss Football League renverront Xamax en 2ème ligue (tchétchène…)

  7. ‘La défense et le milieu de terrain sont aux abois, avec un axe central aussi solide et rugueux qu’un flan à la crème, tandis que sur les côtés se créent des autoroutes désertes. On y passe comme sur une Anglaise à 5h du mat aux Canaries’

    Extraordinaire…on sent le gars expérimenté bouffant un Tamtam a 5h30 en regardant le thon anglais ramené par erreur !!!!

  8. A part ça, je trouve Vince beaucoup trop dur avec Lang, le seul à se dépenser sans compter, même si logiquement il ne réussit pas tout ce qu’il entreprend, personne ne le peut, même pas Messi. Critiquer c’est bien, mais le faire avec discernement sans mettre tt le monde dans le même panier, c’est mieux. Même chose pour Marin, Roux et Negrao qui font également à mon avis de leur mieux. Negrao également, qui, malgré le temps de jeu anémique qui lui est accordé, parvient toujours à se créer beaucoup d’occasions de but. La malchance veut qu’il n’ait pas encore inscrit le moindre but en championnat. Mais si on lui donne enfin sa chance en tant que titulaire ASSOCIE A ROUX, il fera des malheurs chez l’adversaire, j’en suis persuadé. Bref, pourvu que le (cette année) trouillard Rueda joue à 2 attaquants contre SFC. Sinon, ça serait un scandale.

  9. La position de dirigeant de club de foot expose aux critiques. Celui qui n’accepte pas ça n’a rien à faire dans le monde du sport professionnel.

    Réussir à monter une équipe plus faible avec un budget double tient de l’exploit. Ou alors l’équipe qui a obtenu la promotion sur-performait et la promotion est un hasard. Une promotion qui, soit dit en passant, n’était publiquement pas souhaitée par Collet qui n’avait et n’a toujours aucun projet sportif.

    On recrutera un directeur sportif que quand on sera en Super League qu’il disait. On voit le résultat des grands connaisseurs alors que tout le monde le prédisait qu’une montée se planifie longtemps à l’avance. Le seul qui a osé vouloir remettre de l’ordre dans la gestion du club s’est fait renvoyer comme un malpropre, accusé de mener le club à sa perte.

    Avoir peu d’argent ne signifie pas ne pas devoir investir. Investir intelligemment dans des points clés. Malheureusement, nos dirigeants n’y connaissent rien et ne veulent pas lâcher une miette de leur pouvoir et mettent ainsi leur argent n’importe où, dans des joueurs inutiles ou recrutés sur youtube par exemple. Et ça, pour le recrutement, dès le premier transfert de Coltorti et malgré la soit disant satisfaction de la presse et des supporters, beaucoup pensaient que c’était une grosse connerie.

  10. Bel article qui m’a bien fait rire… il y a beaucoup d’esprit, d’imagerie… et si Mac prenait en main la composition de l’équipe LS… qui serait sur le terrain ?

  11. J’aime bien l’article de Vince… j’aime beaucoup moins les commentaires.
    Facile de critiquer Collet & co, mais :

    – Pour la 1ère fois en 4 ans de « règne » les dirigeants du LS ont engagé un directeur sportif pour le mercato estival et lui ont laissé « les clés de la boite », dans les limites du budget, ok. Venir maintenant leur mettre sur le dos les choix de Coltorti et Page (entre autres), c’est un peu facile. Baumann et Rueda (quoi qu’il en dise) sont les principaux responsables de ces transferts, qu’ils assument!

    – A la fin juillet, 85% des observateurs trouvaient la campagne de transfert très bonne, sur le papier. Rueda déclarait d’ailleurs en être très satisfait. Retourner sa veste dans la difficulté, ça n’est pas l’attitude que j’attends d’un entraineur…. ni des supporters d’ailleurs ! L’heure est venue de se serrer les coudes !

    Enfin bref, lundi après la victoire contre Servette et la signature de plusieurs renforts, la « polémique » s’essoufflera 🙂

  12. Pour moi il n’y a qu’une solution…que ces guignols s’achetent une paire de cou*lles!

    Parce qu’entre des Marazzi/Muslin qui ne gagnent pas un seul duel, des Lang/Marin qui font des passements de jambe dans le vide, une defense qui peine a faire 3 tacles par match et un gardien qui pleurniche sur le relancement de sa carriere…..

    et ben ca fait peur! Faut vraiment faire quelque chose avant que se soit trop tard

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.