Mal du pays ? Non, mal de la Praille !

Face au Mur At Lucerne, Servette cherchait en premier lieu à reconquérir sa confiance et à se rassurer après le couac face à Bâle et les difficultés éprouvées à surmonter le pourtant petit écueil de Guin. Or, le pitoyable spectacle a non seulement contribué à faire égarer trois précieuses unités encore à domicile au SFC, mais à ébranler davantage son fragile moral. Petit retour sur cette soirée genevoise – encore une – à oublier au plus vite.

Ne pas changer les bonnes vieilles habitudes

Le constat est alarmant : Servette a essuyé hier son 4e revers à domicile en 5 rencontres. Le stade de la Praille est passé du statut de forteresse imprenable à celui indigeste de salle de banquet cinq étoiles pour les visiteurs. Ce qui fait froid dans le dos, c’est que lors d’aucune de ces rencontres-là, les Grenat n’ont cessé de réitérer les mêmes erreurs défensives. On pensait que ces défaites auraient pu être salutaires, tant les zones lacunaires avaient été exhibées de façon impudique. Or, toujours et encore, la même fébrilité défensive et la même difficulté à rentrer dans la partie ont émané cette 9e journée.

Relativiser ce bon 1er tour

Certes, tout n’est pas noir, loin de là. Mais quand on aime une équipe, on veut toujours le meilleur pour celle-ci. Et pour viser toujours plus haut, il faut se soumettre au désagréable exercice de la critique. Car, en effet, si d’un point de vue comptable Servette a réalisé un excellent premier tour, bien au-delà des espérances d’avant-saison, concernant le niveau du jeu présenté, des zones d’ombre dispersées çà et là sur le rectangle vert subsistent. Dès lors, il convient peut-être de relativiser les bons résultats obtenus lors de ce premier tour.

Le corbeau et le renard

Face à Lucerne, encore une fois, le deuxième club le plus titré de la nation a raté son entame de match. On savait qu’Hakan Yakin et ses coéquipiers pointaient à la première place du classement grâce à une rigueur défensive impressionnante mise en place de façon architecturale par Mur At. Il était aussi facile de jauger la dangerosité sur les contres grâce à ce géomètre de numéro 10. Mais en dépit de cette claire fiche de présentation lucernoise, les hommes d’Alves ont entamé la rencontre tout simplement comme il ne fallait pas. En outre, s’il est vrai que Servette a exagérément facilité la tâche offensive des bleus et blancs, le club de la cité de Calvin a été exaspérèrent amorphe et stérile. Les Grenat surfaient sur la crête de la vague de la promotion jusqu’à il y a peu. C’est sûr, cela se voyait de par l’état d’esprit mis en exergue sur le terrain et par la confiance qui boostait la technique et la virtuosité des Servettiens. Mais face au pensionnaire de la Swissporarena, la locomotive genevoise manquait de charbon. C’était donc facile de prévoir, que sans feu, il n’y aurait pas eu de fumée.  Ainsi, le SFC continuait à s’emmêler les pinceaux et à créer des actions de jeu saugrenues et dépourvues de fantaisie. S’ils avaient joué au summum de leur maîtrise technique, il aurait déjà été difficile de faire péter le Murat. Alors vous comprendrez quand je vous dis que les tentatives de Yartey d’imiter le Dribbleur Ivre et la transparence d’Eudis n’ont jamais inquiété Zibung et ses gants intacts.  Si vous ajoutez à cela le fait que Mati a commencé à gommer les monstrueuses améliorations qu’il avait apportées à sa technique pour revenir à sa pâle version de LNB, vous obtenez les mêmes résultats que lorsqu’une Tata indienne se crashe dans un Murat en béton.  Bref, Servette a clairement été le corbeau, chaussant son rôle de néo-promu comme un gant. Tandis que le FC Yakin, de façon roublarde, a profité des largesses concédées telle une hyène qui se jette sur une charogne.

Désignations arbitrales : le scandale !

Disons-le tout de suite, Servette n’a pas perdu à cause de l’arbitrage. Mais le match de jeudi soir doit servir à montrer une défaillance dans la désignation des arbitres. Cela doit changer. Tous les championnats du monde sont paradisiaques pour les arbitres quand on les compare au championnat italien. Dans la botte tricolore, chaque jour le téléspectateur assoiffé de polémique sera servi : scandales concernant les désignations arbitrales, statistiques sur les fautes sifflées par chaque arbitre lors des Catane-Cagliari et précisions concernant la suspecte origine de l’arrière-grand-mère du 4e homme. Bref, vous l’aurez compris, en Italie il n’est pas bon d’être un arbitre. En Suisse, en revanche, c’est tout le contraire, la grande majorité des fervents supporters ne savent pas de qui est composé le trio arbitral. Certes, Varela a bien tenté de jouer au Robin Hood romand en pointant pitoyablement le doigt vers le favoritisme pro-alémanique. Mais le problème principal réside du côté de Muri et implique les désignateurs d’arbitres. Comment peut-on attribuer à un homme en noir genevois une rencontre de LNA du club de son canton ? Fort probablement – et c’est compréhensible –, M. Studer était timoré à l’idée de passer pour un arbitre partial, en raison de ses origines. Cela explique peut-être pourquoi il a «oublié» des pénaltys il est vrai peu flagrants en faveur du SFC. Espérons que la ligue prendra acte qu’il est fort préjudiciable de poursuivre avec ces inepties. D’ailleurs, Busacca arbitrait-il les matchs de l’AC Bellinzone ?

De lourdes absences

Revenons à nos moutons. Il ne faut pas l’oublier que le jeu offensif a ses sources plus en arrière, au milieu du terrain. Evidemment, il faut le souligner derechef : sans Kouassi, Servette n’est pas la même équipe. L’Ivoirien ratisse un nombre de ballons incalculable lors d’un match. Sans son omniprésence dans cette zone clé du rectangle vert, Nater est cantonné à un rôle plus défensif, aux côtés du capitaine Pizzinat. Dès lors, non seulement il est plus difficile de contenir les attaques adverses – Hakan Yakin se baladait à sa guise jeudi – mais la construction des actions devient plus lente et prévisible. Heureusement que le numéro 8 grenat sera présent lors du match crucial de dimanche. Il ne faut pas rater l’occasion de mettre les pêcheurs à 10 points. Un autre homme clé, Marco De Azevedo, faisait défaut jeudi soir. C’est dans ce genre de rencontre fermée, lors de laquelle son équipe est en manque d’idées, que le numéro 23 de Mato Grosso est un pain béni. Son coup de patte et ses coups francs peuvent changer l’issue d’une rencontre qui semblait déjà inclinée de façon irréversible. La liste des blessés déjà très longue a vu le nom de Baumann s’y ajouter. Souhaitons un prompt rétablissement au héros de la promotion qui difficilement refoulera les pelouses suisses cette saison. Courage Patrik !
Photos Hervé Debon (édito) et Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – FC Lucerne 0-2 (0-2)

Stade de Genève, 6’063 spectateurs.
Arbitre : M. Studer.
Buts : 15e Yakin (penalty) 0-1. 27e Puljic 0-2.
Servette FC : Gonzalez; Rüfli (66e Karanovic), Baumann (17e Roderick), Routis, Moubandje; Nater, Diallo, Pizzinat, Yartey; Vitkieviez, Eudis (57e Saleiro).
FC Lucerne : Zibung; Stahel, Puljic, Sarr; Ferreira, Wiss (68e Renggli), Kukeli, Lustenberger; Yakin (58e Thiesson), Hochstrasser; Winter (79e Hyka).
Cartons jaunes : 14e Baumann, 31e Eudis, 64e Vitkieviez, 65e Saleiro, 65e Sarr, 83e Zibung.

Écrit par Grégory Soldati

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1 Commentaire

  1. Mon commentaire n’a rien à voir avec l’ article ci-dessus… René Schneider est décédé et personne n’en parle. Les jeunes ne peuvent savoir, mais René dans son pull bleu ciel était un grand gardien. De la gueule, du caractère et de la classe… un pilier du LS et du Servette. Honneur à lui et respect pour son âme et ce qu’il nous a laissé comme beaux souvenir.

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