Le calice jusqu’à la Napoli(e)

De A comme arbitre ou ambiance à Z comme zéro (point), en passant par blessures, expulsions, lattes, organisation ou Reina, tout est allé de travers dans notre déplacement à Naples avec le Borussia Dortmund. A oublier au plus vite, si ce n’est déjà fait…

Forcément, quand tu te mets en tête de suivre plus ou moins assidument les matchs à l’extérieur de ton équipe favorite, sur la longueur d’une saison, il y aura des déplacements réussis et d’autres qui le seront beaucoup moins. Et il n’est malheureusement pas possible de prévoir à l’avance lesquels. Car parfois des escapades qui ne payaient à la base pas de mine se révèlent plutôt fructueuses alors que d’autres qui paraissaient prometteuses virent au fiasco. Le voyage de mercredi à Naples rentre très clairement dans la deuxième catégorie, celle des déplacements qu’on qualifiera de dispensables. Ou, plus familièrement, de «si j’aurai su, j’aurais pas venu».  

Nul !

Pourtant, cette brève virée en Campanie s’annonçait plutôt pas mal. On se voyait tirer la bière sur une terrasse du bord de mer tout l’après-midi, s’offrir quelques séances de chants sur les places du centre-ville, voir un match dans une grosse ambiance et repartir avec une victoire assez tranquille vu le gouffre abyssal qui sépare désormais Serie A et Bundesliga. Mais rien ne s’est passé comme prévu : tout a été de travers depuis le début, entre timing inadéquat des transports publics, rendez-vous foireux et discrétion inhabituelle des supporters jaunes et noirs. Bref, l’après-midi festif escompté se transformera en quelques Peroni et une pizza insipide à la sauvette au moment de retrouver la cohorte dortmundoise pour un trajet interminable et chaotique en direction du stade avec des policiers dont l’omniprésence et les gesticulations rivalisent avec l’incompétence et l’inutilité.
Et c’est encore pire en arrivant à San Paolo. On n’aime pas spécialement les stades aseptisés modernes, il n’y a pas de bière en C1 et l’on regarde de toute façon les matchs debout, on n’a donc pas trop été dérangé par l’absence de buvettes et sanitaires ainsi que les sièges trop crasseux pour s’asseoir. Par contre, c’est un peu gênant de faire patienter les fans adverses aussi longtemps pour finir par laisser rentrer tout le monde sans fouille ni contrôle des billets. Heureusement que le peuple jaune n’était venu qu’avec le contingent restreint (1’800 fans) d’un match mineur de Ligue des Champions et non les 8’000 supporters habituels d’un déplacement de Bundesliga. Quand on compare les investissements colossaux exigés de petits clubs (au hasard suisses) pour des matchs d’Europa League à quelques milliers de spectateurs et l’amateurisme crasse napolitain, on se dit que l’UEFA n’a pas les mêmes exigences sécuritaires pour tout le monde.

Et l’ambiance ?

L’absence de fouille a au moins permis aux fans visiteurs de déclencher un déluge pyrotechnique au coup d’envoi, ce sera bien le seul moment où l’ambiance rappellera le Vésuve voisin car sinon c’était le calme plat. Rayon décibels, le moment le plus puissant de la soirée aura été la petite musique honnie et aigrelette de la Ligue des Champions, concluant une demi-heure de hit parade avec une sono poussée à coin pour couvrir les chants visiteurs. En revanche, je serai bien incapable de te citer un seul chant napolitain puisqu’il n’y en a eu aucun de suffisamment audible. Une composition d’équipe faiblarde, quelques «Napoli, Napoli» épars, deux bouélées sur les buts, pas mal de sifflets et la moitié du stade qui sautille après le 2-0 et ça s’arrête un peu là, c’était bien loin de l’enfer annoncé, on attendait clairement autre chose, c’était aussi un peu pour ça qu’on était venus. Je ne sais pas si on doit mettre ce calme plat sur le compte de l’effet castrateur et inhibant, maintes fois constaté, de la formule fadasse et insipide de la Ligue des (presque tous pas) Champions qui tue aussi sûrement les ambiances qu’un six pack de Tourtel sur une table de l’Oktoberfest. En tous les cas, si ce n’est pas mieux le week-end pour les matchs de Serie A, c’est que la réputation du public napolitain est largement surfaite. 

Kloppo le retour

Le match débute assez tranquillement, avec deux adversaires qui se jaugent. Napoli semble essentiellement dangereux sur balles arrêtées et sur des grandes balles en profondeur, sans doute l’effet Benitez ; Dortmund fait manifestement preuve d’une maîtrise technique et collective supérieure mais ça manque de rythme, d’intensité et de précision pour être vraiment dangereux, à part un double sauvetage de Reina et Zuniga devant Lewandowski et Reus. Le match va basculer sur un fait de jeu un peu curieux : victime d’un coup au visage, Neven Subotic doit se faire soigner. Après quelques tergiversations, le quatrième arbitre l’autorise à rentrer pour aller disputer un corner adverse. Sauf que, contrairement à la coutume, l’arbitre n’attend pas pour faire tirer le corner, le marquage dortmundois est désorganisé et le joueur qui aurait dû être pris par le malheureux Subotic, Gonzalo Higuain, peut marquer en toute quiétude. Je ne crois pas qu’il y ait de règles en la matière, il s’agit donc plus d’une décision inopportune que d’une vraie erreur d’arbitrage, on soulignera davantage l’absence totale de fair-play côté napolitain (ça n’étonnera personne) et une naïveté excessive dans le camp allemand.
Cette action n’en a pas moins fait sortir de ses gonds Jürgen Klopp, de manière un peu excessive, il le reconnaîtra d’ailleurs et s’en excusera après avoir dû suivre le reste du match des tribunes. Cela faisait longtemps que Kloppo, jadis coutumier du fait, n’avait pas pareillement disjoncté, ça nous fait plaisir de le revoir comme ça, j’imagine qu’il a aussi comme nous été excédé par l’arbitrage trop latin de M. Proença, tatillon pour imaginer des fautes sur chaque duel mais trop laxiste sur des faits de jeu importants. 

Weidi raus

A 1-0, rien n’était perdu mais une deuxième blessure va précipiter la défaite du BVB, celle de Mats Hummels. Ses remplaçants potentiels – Sokratis, Kehl ou Sarr – étant absents, Jürgen Klopp décide de remplacer son défenseur central par l’ailier Aubameyang, en repositionnant Bender et Kuba. Le temps pour l’équipe de se réorganiser que Weidenfeller commettait l’irréparable avec une main hors des seize mètres sur une longue ouverture adverse, d’où une expulsion logique. On regrettera simplement que M. Proença n’ait pas découvert la règle de la faute de dernier recours une dizaine de minutes plus tôt, lorsque Kuba s’est fait descendre alors qu’il partait seul au goal.
Ceci dit, nonobstant les circonstances atténuantes liées à ces divers faits de jeu, Dortmund doit en premier lieu s’en prendre à lui-même. Car on a retrouvé le BVB timoré des campagnes européennes 2010-2011 et 2011-2012, avec une équipe peu concentrée et concernée, pas assez engagée dans les duels et ne jouant pas les coups à fond, à l’image de Marco Reus qui, sur la meilleure occasion d’égaliser, ne traverse pas le ballon comme à son habitude mais se contente d’une frappe sur l’arrière qui s’envole aux étoiles. Lors des trois saisons écoulées, le Borussia n’a jamais été capable de jouer simultanément la gagne en Bundesliga et en Coupe d’Europe. Les ambitions dans l’une avaient forcément impliqué le sacrifice de l’autre et inversement. On espérait – enfin, on espère toujours – que, dans le processus de progression linéaire entrepris depuis cinq ans, le club parvienne enfin à pouvoir être compétitif sur tous les tableaux, ce match à Naples ne va pas vraiment dans ce sens. Il est clair qu’il faudra montrer un tout autre état d’esprit dans deux semaines contre Marseille, sinon on pourra déjà tirer un trait sur cette Ligue des Champions.

Quand rien ne va…

Car quand tu ne fais rien pour provoquer la réussite, celle-ci va forcément te fuir. La preuve : Naples double la mise sur un coup franc – au demeurant somptueux – de Lorenzo Insigne qui frappe la latte et rentre, alors que quelques instants plus tard, la frappe d’Aubameyang, le meilleur Dortmundois mercredi, ressort après avoir heurté la transversale. Et pourtant, après être passé à plusieurs reprises tout près d’encaisser le 3-0, le Borussia va flirter avec l’égalisation en fin de match, presque à l’insu de son plein gré car Jürgen Klopp lui-même semblait avoir abdiqué en sortant son playmaker Mkhitaryan en prévision du match de Bundesliga samedi à Nürnberg (pour lequel j’ai un billet Gästeblock à donner, si ça intéresse quelqu’un…). Mais, après la réduction du score sur autogoal de Zuniga, il faut une superbe parade de Reina sur un coup franc de Reus à la 90e pour préserver le succès parthénopéen. Pepe Reina dans la peau du sauveur providentiel, c’est bien la preuve que c’était une soirée sans pour le BVB. Et qu’avec un peu plus de conviction et de réussite, il y avait largement la place pour ramener quelque chose de San Paolo. Mais tout a été de travers, jusqu’au bout, avec une averse pas du tout annoncée et les inévitables et ridicules quarante-cinq minutes d’attente pour sortir du bloc supporters adverses. Déjà que je trouve ça interminable après une qualification héroïque pour la finale de la Ligue des Champions, je te laisse imaginer l’humeur des troupes en poireautant longuement après un match miteux et une défaite peu glorieuse. Définitivement, une soirée à oublier.   

SSC Napoli – Borussia Dortmund 2-1 (1-0)

Stadion San Paolo, 55’766 spectateurs.
Arbitre : M. Proença.
Buts : 29e Higuain (1-0), 67e Insigne (2-0), 87e Zuniga (autogoal, 2-1).
Napoli : Reina; Maggio, Albiol, Britos, Zuniga; Inler, Behrami; Callejon, Hamsik (92e Mesto), Insigne (73e Mertens); Higuain (78e Pandev).
Dortmund : Weidenfeller; Grosskreutz, Subotic, Hummels (45e Aubemeyang), Schmelzer; Bender, Sahin; Blaszczykowski (45e +2 Langerak), Mkhitaryan (76e Hofmann), Reus; Lewandowski.
Cartons jaunes : 33e Behrami, 36e Britos, 39e Schmelzer, 68e Insigne.
Carton rouge : 45e Weidenfeller.
Notes : Naples au complet, Dortmund sans Piszczek, Papastathopoulos, Gündogan ni Kehl (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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10 Commentaires

  1. Mauvaise fois quand tu nous tiens ! Le plus mauvais papier de cartonrouge.ch depuis la rentrée! Le Napoli mérite largement sa victoire! Avec un Behrami des grands soirs, un Reina qui a fait les arrêts quand il le faut et un Higuain décisif en ligue des champions (Ce qui n’était pas gagné d’avance, vu ces statistiques au Real!). Après, t’es à Naples, faut pas s’attendre à une organisation allemande ! Et prévoir que ça peut un peu être le folklore mais c’est ce qui fait le charme de cette cité ! Alors Monsieur Mouquin, arrêtez de râler, pleurnicher et de chercher des excuses à 2 balles à chaque défaite du BVB ! FORZA NAPOLI

  2. C’est vrai mais j’étais pas su stade ! C’est pour ça que je n’ai d’ailleurs rien dit sur l’ambiance (malgré que depuis mon canapé elle me paraissait excellente!). En ce qui conerne d’écrire un article, je ne crois pas en être capable ! (Et monsieur Mouquin devrait se dire la même chose sur lui-même!) Malgré tout j’apprécie toujours autant cartonrouge.ch et j’espère que le prochain article sera de bonne facture !

  3. Bah, Mouquin est fan de Dortmund, alors l’article va bien avec le personnage.

    J’aimerais bien que « Singapour », supporter de Naples depuis X nous écrive un article vu de l’autre coté.

    La comparaison des deux seraient intéressante!

  4. Les clichés habituels. Les Italiens sont des truqueurs. Les chevaliers aux grands coeur Dortmundien sont trop des gentils, fauchés par l’absurdité froide du hasard et du mal.

    En plus l’arbitre était tout contre eux, les pauvres.

    Guardiola aurait fait le quart, de la réaction de Klopp envers le quatrième arbitre, on aurait eu droit à une saillie verbale, mais là « ouais on retrouve l’homme qu’on connaissait. La passion, quoi ».

  5. @ Singapour : « En ce qui concerne d’écrire un article, je ne crois pas en être capable »….Ben tu la fermes et tu laisses faire ceux qui savent …

  6. Faut arrêter les articles sur Dortmund… Les autres articles de Monsieur Mouquin sont très bien mais ceux sur Dortmund ne sont pas objectifs et on n’écrit pas des torchons pareils juste parce que notre équipe favorite a perdu…

  7. Sathip

    Ben justement, c’est là qu’est le problème, c’est que Mouquin est trop chauvin et de mauvaise-foi pour « savoir » écrire un article cohérent et pertinent !

  8. Moi j’adore : ça transpire la passion, l’excès, une « délicieuse » mauvaise foi et beaucoup d’amour pour le foot. Longue à Julien Mouquin !

  9. Quelles sont les plus belles couleurs?
    Quelle équipe présente le plus beau jeu?
    Qui sont les meilleurs supporters?
    Et j’en passe.

    Avec tout le respect que je te dois tu es un vrai « fan », et le vrai fan ne peut être objectif/réaliste.

    Je trouve donc tes articles excellent pour ce que tu transmets mais malheureusement rien n’est juste ou tout est faux.

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