Copa Libertadores : j’ai vu Liga Quito – Libertad !

Autant être franc tout de suite, c’est la première fois que je fais un article sur le sport de baballe, alors je compte sur votre indulgence. Je sais pas trop comment on structure un article sur le foot. Je pense que c’est bien de planter le décor pour commencer, non ? Vous m’arrêtez si vous n’êtes pas d’accord…

Alors il est 14h30 ce mardi 4 mars 2008 et votre interlocuteur se trouve à Quito (capitale de l’Équateur pour les incultes, et je sais qu’il y en a ici puisque vous aimez le foot…). À 15 heures, c’est le coup d’envoi du match de Copa Libertadores Liga Quito – Libertad, une équipe paraguayenne. Pour les incultes du foot, parce que je sais qu’il y en a aussi ici, la Copa Libertadores, c’est la Champions League d’Amérique latine. Petite précision, le Liga Quito est champion national ces deux dernières années et occupe actuellement la tête du championnat. Comme ça, ceux qui en doutaient sont rassurés : je me fous pas de vous, c’est du foot de qualité que je vous livre.Là on entre dans la partie où je dois commencer à vous raconter quelque chose. Alors j’arrive au stade Casa Blanca pour me procurer un billet… Et là, autant vous le dire tout de suite, ce fut une immense désillusion pour moi… Ne vous en faites pas, j’ai trouvé un billet… Non, non, le problème est ailleurs. Moi qui pensais pouvoir inviter ma chère et tendre aux Maldives grâce au pognon que j’allais me faire avec mes billets de l’Euro 2008, je dois avouer que ma conception du marché noir en a pris un méchant coup cet après-midi. Le billet valait 6 USD, mais le revendeur me l’a lâché pour 5.5 USD (mais je remercie la rédac de me rembourser le prix affiché et pas le prix d’achat, ces 50 cents étant le fruit de MA malice). Il va donc sans dire que c’est au bord de la dépression que j’entre dans le stade… Je n’irai pas aux Maldives cette année.

Une fois dedans, le stade était à moitié vide (et pas à moitié plein, question de point de vue), ce qui n’a en rien aidé à soigner ma crise existentielle. Du coup, j’ai décidé de me mettre dans l’ambiance, c’est-à-dire dans la peau d’un vrai footeux. Je me commande donc une bière à 1 USD le demi litre… En entendant le prix, j’ai dit à la miss de la cafét’ : «toi et moi on va s’entendre». Elle a évidemment pas compris (c’est vrai que j’ai un fort accent vaudois – pour quelqu’un qui n’est pas de langue maternelle, ça ne doit pas toujours être facile) mais quand elle m’a revu pour la 4ème fois, avec la même commande et de plus en plus jovial, elle a plus ou moins compris où j’avais voulu en venir avec mon «toi et moi on va s’entendre». Ça c’était la partie où je parlais pour ne rien dire, que tout article de foot digne de ce nom se doit de contenir.
Voilà enfin venu le moment où je m’installe dans le stade… Et j’aurais dû écouter ma grand-mère qui voulait me fourguer son coussin de la Fête des Vignerons 1977 pour mettre sur les sièges, parce que les bancs sont en béton et très inconfortables. D’ailleurs, tous ces gens, pourtant habitués à des conditions de vie bien plus précaires que l’occidental consommateur moyen que je suis, avaient l’air d’être de mon avis puisqu’ils ont tous suivi le match debout. Fin de la partie ironique de mon article.
Nous entrons maintenant dans le vif du sujet… Les joueurs entrent sur le terrain et c’est la folie dans le public. La barra brava (c’est le nom pour les ultras ici) de la Muerte Blanca (c’est en rapport avec la couleur du maillot de Liga Quito, rien de raciste là-dedans) envoie la sauce : ils vident des extincteurs et font un bruit assourdissant. Et là franchement, j’ai oublié tous mes problèmes de marché noir, de cœur, tout… Ce fut une ambiance de folie durant 90 minutes, les mecs n’arrêtent jamais de chanter, ils ont des chorégraphies à faire se retourner Béjart dans sa tombe et possèdent un répertoire de chants impressionnants. Je me réjouis déjà d’un derby et d’un stade plein à craquer et chauffé à bloc. Autant le dire tout de suite, les ultras de chez nous peuvent aller se cacher. Là c’était la partie où j’envoie une pique aux ultras pour m’assurer des commentaires assassins à mon article et pour faire un petit clin d’œil à mon collègue Riccardo qui fit très fort en novembre dernier

Et un article de foot ne serait pas un article de foot sans quand même une partie sportive, même sur CartonRouge.ch. Que dire, parce que je n’ai finalement pas vu grand-chose du match, mais pour ce que j’ai pu observer, techniquement le niveau est excellent, mais au niveau tactique, le foot européen a encore un bon cran d’avance, surtout au niveau de l’organisation défensive. Je me suis demandé un moment si le hors-jeu existait aussi en Amérique du Sud, parce que je n’ai jamais vu la défense alignée. C’est une autre culture du foot, mais pas déplaisante du tout ! (J’espère que mon analyse fait au moins aussi pro que Sport Dimanche)
Ah j’allais oublier : Liga Quito a gagné 2-0 alors qu’ils étaient à 10 depuis la 43ème… Mais ça tout le monde s’en fout, pas vrai ?

Écrit par Sébastien Junod

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12 Commentaires

  1. Ca cest de larticle Junod!!

    P.S: je rêve où le logo de Libertad est la copie conforme du logo du Barça (selon ta dernière photo)????

    A+

  2. Tout-à-fait daccord avec un des passages de larticle (avec tout larticle en fait) : tout le monde chante les louanges des publics anglais ou espagnols, mais la vraie passion du foot, elle est là, en Amérique du Sud, en Turquie, en Iran, en Afrique…partout dans le monde et surtout pas ou plus à Anfield, Old Trafford ou au Camp Nou…qui sont devenus des hôtels de luxe où il faut surtout pas faire de bruit sous peine de déranger le voisin.

    Merci pour cet article, SUPERBE !

  3. En fait la photo ou tu vois le logo du Barca, je lai pompée sur le net, parce que mon zoom était pas assez puissant. Mais l autre logo, c est Barcelona Guayaquil, un club du championnat équatorien… A bientòt fraction Idda 😉

  4. Cest Flamengo qui va remporter cette édition de la Libertadores!

    Uma vez Flamengo, sempre Flamengo!

    Et il est évident quEurope, on est à des années lumières de lengouement populaire pour des matchs de foot que peuvent avoir les sud-américains.

  5. Capitale de l’Équateur pour les incultes, et je sais qu’il y en a ici puisque vous aimez le foot…). !!!

    Mythique le Junod !

    Il arrive a faire vivre un match de foot en ne parlant pas du tout du match ! Je suggere que Carton Rouge lenvoye couvrir le championnat du monde de flechettes…quon se marre un coup !

    Seule critique sur ton article: tu aurais au moins pu nous dire si tu as fini par tentendre avec la tireuse de biere !!!

  6. Merci Seb pour ces precisions. Quand on compare avec le prix de places dans le « tombeaux »… pardon, les stades suisses, meme en Challenge League… scandaleux.

  7. Excellent article. Ca donne presque envie de sintéresser au foot (non CC, jai dit foot, pas folklore local).
    Merci pour ce voyage lointain.
    Au fait, combien de spectateurs pour ce match ?

  8. Merci mon Séb, tu es vraiment génial… Toujours de lhumour, tu penses aux pauvres incultes (, comme moi,)en foot.
    Jadore ton style, on a vraiment envie de lire la suite..Si tu veux absolument le coussin , il y aurait peut être moyen de te le faire parvenir…Merci,merci,merci, je me réjouis des prochains
    articles, jadore rire…

  9. Ton article, GENIAL, Humour (quel bien ça fait ) de rire tout seul devant son ordinateur, précision pour ceux qui ne sont pas dans le coup du foot. A propos, si tu veux un coussin 1977 pour protéger tes fesses délicates,il y a toujours moyen de sarranger. Merci,merci,merci! Je me réjouis déjà pour larticle suivant

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