Xamax et M. Laperrière mettent YB à terre

«Tu fais quoi dimanche après-midi ?» «Ben je décuve, comme d’hab… Pourquoi ?» «Ça te dirait d’aller voir Xamax – YB ? Une p’tite virée entre potes…» «Ok, départ ! Mais c’est pas moi qui conduis, hein.» C’est ainsi que trois Lausannois se sont retrouvés dans une voiture en direction de la Maladière dans l’espoir d’assister à un beau match et, accessoirement, de voir évoluer notre pote Alex Pasche. Malgré les bouchons à l’entrée du stade et l’interminable attente aux buvettes, on n’a pas regretté le déplacement !

A chaque fois que je mets les pieds dans la nouvelle Maladière, je ne peux m’empêcher de penser qu’une enceinte de cette capacité serait parfaite pour Lausanne. Moyennant quatre ou cinq mille places de plus, notre futur Stade du Léman devra s’inspirer de l’arène neuchâteloise. Enfin, encore faut-il que le peuple vote NON le 27 septembre prochain, ce qui est loin d’être gagné. On espère toutefois que les architectes de la nouvelle enceinte du LS ne s’inspireront pas des buvettes de la Maladière qui, en cas de grosse affluence comme hier, sont probablement les plus lentes de Suisse. 20 minutes montre en main pour commander trois bières et une portion de frites, c’est quand même affligeant. On notera également l’engorgement du trafic à l’abord du stade et l’absence de places de parc à moins de 15 minutes de marche. Quand on connaît la densité du trafic vers la Bourdonnette, on est en droit d’avoir des craintes.

En vert (fluo) et contre tous

Young Boys arrive en solide leader sur le vilain synthétique de Neuchâtel. Avec sept victoires en huit matches, dont deux succès à Zurich et Bâle, le club de la capitale fait figure d’épouvantail. Mais Xamax, c’est bien connu, n’est pas une équipe à se faire impressionner par des CV un peu flatteurs. La formation chère à Gilbert Facchinetti n’a-t-elle pas battu le Real Madrid à deux reprises, comme le rappelle le programme du match ? Aussi, force est de constater qu’il est difficile de se faire impressionner par une équipe jouant dans un vert fluo absolument immonde, faisant passer les Tortues Ninja pour des victimes de la mode.
Ce sont les locaux qui se montrent les plus entreprenants mais leurs actions manquent cruellement de tranchant. Les deux portiers passent ainsi une première demi-heure extrêmement tranquille, au rythme aussi soutenu que les coups de tambour de l’impressionnant kop bernois. Le match va se débrider à la 31e minute. Surnommé le Sébastien Chabal xamaxien, Luca Ferro réussit d’abord une parade décisive devant Doumbia. Sur la contre attaque, Nuzzolo, Brown et Gavranovic se fabriquent un goal de toute beauté, même si Brown fait une passe involontaire et si…Gavranovic est clairement en position de hors-jeu, comme nous le confirmera le Dr Develey sur la TSR. Reste que les hommes de Schürmann mènent au score et que le match est enfin lancé !

Décisions ubuesques et grosse colère

La seconde période sera nettement plus animée que la première, en partie grâce à la prestation grotesque de Jérôme Laperrière. L’homme en noir va vite devenir l’acteur principal d’une rencontre qui va monter en intensité et en électricité. Et comment ! Non content d’avoir annulé un but xamaxien parfaitement valable à l’heure de jeu, ce Roberto Rosetti du pauvre va faire basculer le match et faire perdre les nerfs des joueurs et supporters bernois. Peu après une frappe de Yapi-Yapo magnifiquement déviée par Ferro (66e) et un sauvetage de Nuzzolo sur la ligne (74e), Degen se fait faucher dans la surface. L’arbitre n’hésite pas et siffle penalty. Le public bernois exulte, les hommes en vert se congratulent, David Degen fait un sourire béat – pardon, c’est un pléonasme –, David Degen fait un sourire. Mais c’est sans compter sur le juge de ligne qui avait levé son drapeau… A juste titre d’ailleurs.
Monsieur «J’ai pris la pierre» revient donc sur sa décision dans la confusion la plus totale. D’électrique, le match devient dès lors complètement fou : les visiteurs s’énervent et oublient de se repositionner, Xamax part en contre à toute vitesse et marque le deuxième ! Le spectacle est alors autant dans les tribunes que sur le terrain. Tandis que les hommes de Petkovic pètent les plombs et que Ghezal est expulsé, les supporters bernois organisent une pluie de projectiles sur le synthétique de la Maladière, sous les yeux de stadiers bien empruntés. Des briquets, des pièces, des bières (quel gâchis…) et même deux chaises font le voyage tribune-pelouse. Il va sans dire que le train qui a ramené tous ces excités à Berne a dû ramasser… Quoique si les CFF ont affrété le même train aux fans d’YB qu’aux Romands pour rentrer de Bâle après Suisse – Grèce, il n’a pas dû risquer grand-chose.
Mené de deux unités et en infériorité numérique, YB est KO debout. La rentrée d’Alex Pasche n’y fera rien, le club de la capitale va subir sa première défaite de la saison. La troisième réussite xamaxienne aurait été anecdotique si M. Laperrière n’avait pas décidé de parachever son «oeuvre» en manquant totalement de psychologie sur le coup. Le merle expulse en effet le meilleur buteur du championnat à la 89e minute, coupable d’avoir célébré son but à l’extérieur des limites autorisées, après avoir déjà écopé d’un carton jaune pour avoir enlevé son maillot (!). Interrogé par nos confrères de L’Impartial, Pierre-André Schürmann ne manquera pas d’humour pour commenter l’incident : «Je trouve cette règle absurde. Ce n’est pas de cette manière que l’on lutte contre la violence dans les stades. Et pourquoi priver les dames dans les tribunes de la vue des torses musclés des joueurs ?» Un carton rouge partout, la boucle est bouclée et le concert de sifflets mérité pour un M. Laperrière complètement dépassé par les événements.
Xamax remporte donc ce «derby des clubs à pelouse synthétique» et stoppe nette la marche triomphale des Abeilles. Très opportuniste, la formation de Pierre-André Schürmann a marqué trois buts sur trois contre-attaques, donnant une belle leçon de réalisme au leader. Troisième au classement après ce premier tour, le onze rouge et noir est l’une des bonnes surprises du championnat et pourrait bien jouer les trouble-fêtes cette saison. Nul doute que le duo Gavranovic-Brown va continuer à faire trembler les filets et que Luca Ferro, s’il continue à se faire pousser la barbe, n’a pas fini de faire peur aux attaquants adverses !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Neuchâtel Xamax – Young Boys 3-0 (1-0)

Maladière, 10’155 spectateurs (record de la saison).  
Arbitre : M. Laperrière.
Buts : 32e Gavranovic 1-0, 77e Brown 2-0, 88e Brown 3-0.
Neuchâtel Xamax : Ferro ; Ismaeel, Page, Besle, Tixier ; Nuzzolo, Wüthrich, (89e Hodzic) Binya, Bah ; Brown, Gavranovic (78e Fatadi Baba).
Young Boys : Woelfli ; Ghezal, Dudar, Affolter; Sutter, Yapi, Degen, Hochstrasser (69e Traore Youssouf); Doumbia, Regazzoni (69e Chr. Schneuwly), M. Schneuwly (83e Pasche).
Cartons jaunes : 21e Ragazzoni, 33e M. Schneuwly, 38e Besle, 77e Brown, 77e Ghezal, 78e Ghezal, 78e Wölfli , 86e Ferro, 89e Brown.
Cartons rouges : 78e Ghezal (deuxième avertissement), 89e Brown (deuxième avertissement).
Corners : 10-11 (3-2).