En direct de Dubaï !

C’est le nuage, ami lecteur ! Carton Rouge a obtenu sa première accréditation «internationale» à l’occasion du tournoi ATP de Dubaï. C’est donc aux côtés des Reuters, Dubaï TV, L’Equipe et autres BBC Sport que j’ai la chance de suivre cette semaine l’un des tournois phare de ce début de saison, réunissant entre autres cinq joueurs du Top 10. Récit et photos exclusives.

Dubaï, son Burj Al Arab, ses gratte-ciels, ses centres commerciaux gigantesques, ses projets architecturaux futuristes, sa piste de ski intérieure, ses embouteillages, ses chantiers à tous les coins de rue… C’est ici que j’avais décidé de passer mes premières vacances de l’année. Le but de ce voyage était avant tout de rendre visite à une amie et de découvrir ce lieu un peu fou, en pleine croissance économique. Un rapide coup d’œil à l’agenda tennistique et la semaine de vacances était toute trouvée : celle du lundi 26 février au dimanche 4 mars durant les «Dubai Tennis Championships». Un fax, quelques échanges d’e-mails, une présentation en bonne et due forme de notre site et le rêve devenait gentiment réalité : CartonRouge.ch était accrédité pour l’événement ! Arrivé sur place, la première étape consiste à récupérer le sésame afin d’accéder à la caverne d’Ali Baba, j’ai nommé le «Dubai Tennis Stadium», une enceinte de 5’000 places construite il y a plus de 10 ans (presque une éternité ici…). Le chef de presse m’a donné rendez-vous au «Press center». Je me perds dans les allées du tournoi et finis par tomber nez-à-nez avec un cerbère aussi amène qu’un videur du MAD en fin de soirée. Lap-top sous le bras, sourire aux lèvres, je tente de passer pour un «pro» en me présentant dans un anglais de jeune premier. Trois à quatre (longues) minutes d’attente plus tard, le chef de presse débarque et m’accueille les bras ouverts. A l’image de la plupart de ses compatriotes, Mohammad est d’une extrême politesse. Il me remet mon badge et me fait visiter l’espace réservé aux médias. La salle de presse est un champ de bataille, les portables sont allumés, les yeux sont rivés sur les écrans, des post-it et des feuilles A4 jonchent le sol. A quelques mètres de là, Roger Federer et Kristian Pless échangent leurs premiers coups de raquette mais ces journalistes «au taquet» n’ont visiblement pas le temps de profiter du spectacle ! Il est passé 19 heures, les comptes-rendus doivent être bouclés et envoyés au plus vite à leur rédaction.
Je ne bosse ni pour Reuters ni pour L’Equipe… et vais donc tranquillement prendre place sur les sièges réservés aux médias. Situés derrière le court au 20ème rang, ils ne peuvent pas être mieux placés ! Comble du luxe, la tribune de presse est quasiment vide !

 

Le phénomène Federer

Le temps est parfait, le mercure affiche 23 degrés en ce début de soirée. Rodgeur joue en «night session» face à un Danois nommé Pless. Ne m’en demande pas plus ami lecteur, je ne connais absolument rien de ce compatriote de Brigitte Nielsen ! Federer est particulièrement populaire à Dubaï où il réside une bonne partie de l’année. Ce n’est dès lors pas une surprise de voir que les gradins sont aux trois quarts pleins pour admirer le maître. L’un des principaux magazines locaux a d’ailleurs titré cette semaine en une : «Federer : The greatest ?» On y découvre un entretien soi-disant exclusif du Bâlois. Or, on n’y apprend pas grand-chose de nouveau. La seule question un brin pertinente concerne son penchant pour les femmes. A la question : «Ne trouvez-vous pas que Maria Sharapova est la plus belle femme sur le circuit ?» Rodgeur arme un passing-shot décroisé dont il a le secret : «Pour moi, la plus belle fille sur le circuit est une ancienne joueuse de tennis d’origine suisse qui est par ailleurs ma copine». On découvre également un débat «pour / contre» sur le thème : «Federer est-il le plus grand sportif de tous les temps ?» On le compare aux plus grands, aux Pelé, Michael Schumacher, Tiger Woods, Mohammed Ali, à la légende du cricket Donald Bradman. Toutefois, n’est-il pas encore trop tôt pour lancer ce débat ? A seulement 25 ans, Federer a encore de très belles années devant lui. Laissons-le continuer sa moisson de Grands Chelems et tirons le bilan en 2012, lorsqu’il aimerait mettre un terme à sa carrière en étant sacré champion olympique sur le gazon de Wimbledon ! Ce jour-là, Rodg nous aura probablement tous mis d’accord. Et sa vingtaine de titres en Grand Chelem et ses trois ou quatre victoires en Coupe Davis auront définitivement cloué le bec aux donneurs de leçon et autres têtes pensantes, Guy Forget en tête !
Pour son premier match après son sacre à Melbourne, le Bâlois passe difficilement l’épaule 7-6 3-6 6-3 en 1 heure 30 de jeu, 1 heure 30 de plaisir ! Son jeu n’est pas parfait, les fautes sont légion mais sa façon de gérer les points importants, sa classe et ses traits de génie sont là pour nous rappeler qu’il n’est pas numéro 1 mondial depuis 161 semaines consécutives – un record ! – pour rien.

La conférence de presse d’après-match est organisée en deux parties : une première en anglais pour tous les médias et une seconde en allemand et français pour la dizaine de journalistes helvétiques, dont CartonRouge.ch ! On se retrouve donc entre Suisses, dans une salle de 30 mètres carré, à parler en toute décontraction avec le meilleur joueur de la planète. Tout le monde se tutoie, ça rigole, on se croirait presque au brunch du Café de Grancy un dimanche après-midi avec une tablée de potes ! On évoque son retour sur le circuit, son match, ses objectifs… et son timbre poste. Un Suisse romand badine : «Hé Rodgeur, tu vaudras combien en timbre ?» Le Bâlois rétorque en rigolant : «Courrier A ou express j’espère !»  
Il est 22 heures, Rodg a répondu à nos questions et s’en va rejoindre la «plus belle fille du circuit»… Rideau sur cette soirée fantastique.

Un mardi soir avec Nadal 

Le tirage au sort a accouché d’un véritable choc pour ce premier tour : Rafael Nadal, no 2 mondial, tenant du titre, face à Marcos Baghdatis, no 17 mondial, l’un des joueurs les plus charismatiques du circuit. Le vent balaye le court en ce mardi soir relativement frais, le mercure ne doit pas dépasser les 20 degrés et la petite laine est de sortie. Les tribunes sont pleines à craquer ; Chypriotes, Grecs et Espagnols mettent le feu aux tribunes ! Les drapeaux flottent, les klaxons résonnent : on se délecte de cette ambiance animée et plutôt rare autour d’un terrain de tennis. Cette présence colorée prouve, si besoin est, que Dubaï est un «melting pot» unique de cultures et de nationalités. Sur une même rangée de sièges, on peut découvrir une famille musulmane en habits traditionnels, un couple de Japonais avec leurs trois appareils photos, des Anglais en vacances en t-shirt immonde et en tongs Adidas, l’expatrié français dans sa chemise Cerruti et le supporter chypriote complètement hystérique ! Ce joyeux mélange de races et de couleurs rend Dubaï extrêmement chaleureux, et accessoirement très populaire.
Nadal contre Baghdatis, ce sera deux heures d’un combat intense entre cogneurs, deux heures de chants entre supporters, deux heures de poing serré et de «vamos» de Rafa ! Même si je préfère évidemment la classe de Rodgeur, force est de constater que le spectacle offert par l’Espagnol est somptueux : machine à cogner, bête bondissante, guerrier des courts haranguant la foule, il est impossible de s’ennuyer en regardant jouer l’Espagnol ! Rafa passera l’obstacle chypriote en 3 sets de toute beauté : 3-6 6-2 6-3. Le gaucher de Majorque reconnaîtra avoir disputé son «meilleur match de l’année» dans une conférence de presse où il a souvent recours au traducteur… mais où il ne se départit jamais de son sourire. Une chose est sure : avec Federer et Nadal comme ambassadeurs, le tennis a de très beaux jours devant lui !

La soirée se poursuit à l’«Irish village», un complexe de restaurants et bars érigé autour du stade où il fait bon flâner. De l’alcool est y servi, ce qui n’est normalement pas autorisé à Dubaï, exception faite des hôtels. L’«Irish village» déroge à cette loi et c’est probablement pour cela qu’à passé minuit l’ambiance y est toujours aussi festive. La soirée continue, le rêve se prolonge… mais ne se raconte pas ! Ami lecteur, à bientôt pour de nouvelles aventures !

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Un p'tit shot ?

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