Filet de perf’ – Mai 2022

Pour cet épisode, un brin sérieux vu la performance de nos athlètes, c’est à un petit voyage au pays de Caroline Wozniacki, Christian Eriksen ou Peter Schmeichel que je vous convie. Plus particulièrement dans la petite cité de Karlslunde (du nom d’un ancien attaquant d’YB dans les années 80, mais non, fake news) qui a organisé, il y a peu, les championnats du monde de …. pétanque.

Eh oui, ceux-là même que Lausanne devait accueillir en grande pompe en 2020 à la Vaudoise Aréna et qui, faute de dirigeant local impliqué ou empêtré de près ou de loin à la FIPJP, n’iront pas … à Fribourg en 2026.

La pétanque, un sport ?

Je vous vois venir avec vos grosses tongues, la pétanque ce n’est pas un sport : on joue mieux avec quelques petits « jaunes » dans le sang (est ici visé un breuvage anisé qui ne vient pas, contrairement à son nom, de St-Quentin) ou même Tata Jeanine peut mettre une rouste à son petit neveu et gagner le Benco d’or des Flots Bleus. Pour beaucoup, la pétanque est donc au sport ce que le McDo est à la gastronomie.

Eh bien non, croyez en ma grande expérience après des tournois, jamais victorieux, du côté de Bussigny (salut le Brud’), de Farvagny, de Billens, Chardonne ou Montricher et j’en passe (ah, ça fait rêver ces déplacements), il en faut de la condition physique et de la concentration pour trimer toute une journée à ramasser ses boules d’acier (ou d’inox) de 700 grammes chacune, d’aller visionner, à chaque point sur place, la situation (et ça ne glisse pas comme chez ces fainéants de curleurs !), et de s’entretuer avec son partenaire pour savoir s’il faut tirer ou pointer.


Chardonne, des anonymes du jeudi soir.

Fanée, l’armada bleue est Fanny

Du côté de la petite cité danoise, on a eu droit au gratin de ce sport que tout le peuple français rêvait de voir olympique pour Paris 2024 mais dont le CIO semble se contrefoutre comme de l’électorat de droite pour Valérie Pécresse.  En même temps, lorsque l’on voit la débâcle de l’armada tricolore à ces joutes, où le seul risque qu’ils avaient de rentrer bredouille, pour la 1ère fois de l’histoire, était de les voir bloqués dans leur ascenseur d’hôtel durant 3 jours (oui, j’ai déjà cité le Dieu Raymond par le passé, mais à quasi une année de l’anniversaire de cette folle soirée de Bucarest, je ne peux m’empêcher de trouver cela jouissif à nouveau), cette décision ne laisse pas Dubi hâtif.

Longtemps, tout titre international, qu’il soit mondial ou européen était trusté par nos voisins gaulois. Pour eux, la pétanque était un sport qui se jouait entre deux équipes et dont la victoire, au final, leur revenait. La rédaction en chef limitant mes caractères, je vous renvoie au web pour lister le palmarès de leurs invincibles mousquetaires – Dylan Rocher, Henri Lacroix, Cindy Perrot et Charlotte Darodes – envoyés chez les vikings.

Helveticocorico

Or sur les cinq titres décernés, soit les épreuves individuelles (tête à tête) hommes et femmes, les doublettes mixtes et doublettes hommes et femmes, nos vaillants représentants, dont je ne vous renvoie pas au web pour dénicher le palmarès voire même le nom, issus d’une fédération qui ne compte que 2’000 membres actifs (200’000 licenciés dans l’Hexagone !), ont réussi l’exploit de monter à 3 reprises sur le podium et de ramener un métal de chaque couleur à la maison. Deuxième nation, derrière l’Espagne, au classement des médailles, les Helvètes ont été ébouriffants d’assurance, de précision et de régularité.

Comme son nom ne l’indique pas, elle ne travaille pas dans une banque mais elle a su démontrer au monde bouliste que la précision toute helvétique ne concerne pas que les montres et les trains (oh, on peut rigoler un peu). Ainsi Sylviane Métairon, après des victoires contre l’Italie, le Danemark, la Malaisie (en demi-finales), s’est imposée en tête-à-tête sur le score de 13 :10 en finale contre la représentante norvégienne – le match -. Elle offre ainsi à la pétanque féminine helvétique un premier sacre arc-en-ciel. A n’en point douter, cette brave maman quinqua ne lancera plus ses boules dans le même anonymat dans nos contrées.

Sylviane Metairon pendant la finale.

Il y a trois ans, Maïki Molinas devenait champion du monde de tête-à-tête en écartant, en finale, l’homme aux plus de 10 titres mondiaux, Henri Lacroix. Cette année, il a remis le couvert face à son illustre adversaire mais en 1/8 de finale pour un succès sans discussion 13 : 9. Le futur champion du monde espagnol, Jesus Eacho Alarcon, lui barrera finalement la route en demi-finales. Mais, belle consolation, le joueur du club La Genevoise finira par décrocher le bronze face à André (Dédé) Lozano le Belge.

L’appétit venant en mangeant, le brave Maïky, associé à son paternel, Joseph, allait encore gravir une marche pour décrocher une superbe breloque argentée en doublette, seule l’expérimentée et injouable paire italienne, Rizzi-Cocciolo, leur barrant la route vers l’or. Et une et deux et trois médailles à zéro…

Les Molinas père et fils.

Pas un fier héros, Rocher

Quel que soit le sport, il est toujours aussi plaisant de se délecter des propos de champions français qui ont échoué. En l’occurrence, la superstar des Bleus, Dylan Rocher, dont la modestie le qualifie de légende via son propre site web (n’hésitez pas à acheter des goodies ou vêtements à son effigie pour lui remonter le moral) et son palmarès incroyable a réussi à expliquer cette mascarade bleue, blanche, rouge par le fait que les terrains de jeu étaient trop faciles, ce qui a augmenté la densité d’équipes en mesure de lutter pour la gagne. Si je comprends bien ces propos, à Roland-Garros, le court n’était pourri qu’en 1983.

Elle est glorieuse l’incertitude

Ces mondiaux, par les résultats et l’éclosion de nations peu habituées à vivre si près du bouchon, ont confirmé la qualité sportive de ce jeu. Si vous avez survécu à la lecture de ce compte-rendu, prenez-vous aussi des boules, un petit cochon, un mètre, des amis (ça marche aussi avec des ennemis, mais il faut vraiment rester à carreau) et tirez au fer ou à la raspaille, plombez, faites des casquettes ou des Fanny, embouchonnez ou posez des boules devant (boules d’argent). Et allez, à notre niveau, le plaisir passe aussi par un petit jaune qui détend, pas vrai Sylviane et Maïky ?


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, pas l’abus de boules (R. Sifreddi, champion du monde).

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3 Commentaires

  1. dont le CIO semble se contrefoutre comme de l’électorat de droite pour Valérie Pécresse. Enorme! Et bravo de suivre l’exemple de Massimo L. Soit de s’ouvrir à d’autres sports dont les coûts pour la diffusion sont encore modestes.

  2. Bravo Stef. Beau sujet. Merci pour Bussigny. Vive a Suisse. Vive la petanque de chez nous. Vive un petit jaune sans abus et que Fanny reste belle encore quelque année.
    Lebrude petanque de Bussigny.

  3. J’ai bien rit 🙂 merci au rédacteur de l’article que j’aimerais bien connaitre. Et un perroquet pour moi mais seulement quand la journée est terminée.

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