Lausanne-Sport : R.I.P.

Ça sent la mort du côté de la Pontaise. Pas de ces morts grandioses avec grandes orgues, étreintes émues et regrets éternels, non. Ça sent la mort glaciale, lente, hospitalière, au bout d’une longue maladie, supportée avec courage, comme on écrit dans les avis mortuaires. Dimanche, nous étions quelques-uns – bien peu – à venir faire une dernière visite au LS grand corps malade. On l’a trouvé plus faible encore que la dernière fois, tremblant, balbutiant, agonisant et on ne donne plus un sou sur sa survie en Ligue A et moins encore sur sa survie tout court.

Il faut dire que pour les cérémonies funèbres, le stade de la Pontaise se pose un peu là : il y fait froid comme dans une chambre mortuaire et c’est si grand que le moindre bruit résonne comme dans un tombeau. 8 degrés, 3’300 spectateurs (absents compris), un ciel qui passe du soleil à la pluie et c’est parti pour 90 minutes de cérémonie funèbre. D’ailleurs, comme s’ils avaient compris qu’ils seraient les croque-morts en ce sinistre après-midi, Saint-Gall joue en noir.Comme ça sent le dernier souffle, les deux équipes ne se font pas beaucoup de mal et ne nous font pas de bien non plus. En 45 premières minutes, il ne se passe rien, mais vraiment rien. Tout juste un ou deux chuchotements (comme s’il ne fallait pas réveiller les morts) : Katz rate une tête et Fickentscher sauve. Kehlifi fait un déboulé, joli, mais comme il n’a qu’un pied il est bien embarrassé quand il doit se servir de l’autre et refait le chemin en sens inverse. A part ça, des passes ratées, des passes ratées et, pour changer un peu, des contrôles ratés. On sent Saint-Gall un peu meilleur, lui qui fait après tout un parcours honorable dans la coupe d’Europe des pauvres.

La deuxième partie de la veillée funèbre est terrible : Saint-Gall est meilleur, ça se sent de plus en plus comme on sent Lausanne au bord de la rupture, le souffle court, les jambes lourdes (en passant, touts nos félicitations au préparateur physique que Roussey n’a pas pris avec lui et on comprend pourquoi). Il n’y a toujours rien à voir, pas une occasion pour Lausanne. On a froid, on se dit qu’un point, après tout …et arrive un goal, comme ils arrivent toujours, quand on ne s’y attend pas. Lausanne eut alors un sursaut. Ça s’échauffa un peu devant les 18 mètres des Noirs. Oh pas de quoi réveiller les morts, mais on sent que le cadavre LS bouge encore. Deux autres buts auront vite bouclé l’affaire.
Au bout de cette sinistre après-midi, on a envie de passer sa rage, sur tout ou n’importe qui, l’arbitre, les joueurs, les adversaires, la lourdeur du terrain, Roussey (maître en recyclage de tocards), sur Joseph, président si sympa mais si amateur qu’il va demander à Comisetti et Hottiger de choisir le nouvel entraîneur du LS (et accessoirement leur patron), à ces formateurs qui en 5 ans n’ont rien formé du tout, hormis Kehlifi etc… Mais on ne crie pas dans la maison d’un mort. On ravale ses larmes et son chagrin de voir une équipe sans cœur, sans nerfs, sans âme, sombrer à ce point. Reste la prière : que Brühl ne soit pas trop bon dimanche prochain en huitièmes de finale de Coupe.
Pour cette année, le cercueil est refermé mais l’an prochain, en Ligue B, tout recommencera comme continuent à le chanter cette vingtaine de supporters de la tribune sud. Admirables pleureuses qui m’ont presque fait chialer et qui savent que si les équipes meurent, les clubs, eux, ne meurent jamais. En foot mais seulement en foot il y a une vie après la mort. Amen.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Lausanne-Sport – St-Gall 0-3 (0-0)

La Pontaise, 3’300 masochistes.
Arbitre : M. Jaccottet
Humiliations réalisées : 76e Wüthrich 0-1, 88e Keita (pénalty) 0-2, 93e Keita 0-3.
Lausanne : –
St-Gall : Lopar ; Martic, Besle, Stocklasa, Mutsch ; Nater, Demiri (61e Janjatovic) ; Wüthrich, Mathys, Nushi (61e Vitkieviez); Karanovic (77e Keita).
Notes : Lausanne-Sport sans Fickentscher, R.Feltscher, Tafer, Katz, Banana, Facchinetti, Mevlja, Chakhsi, Zambrella, Khelifi, Ravet, Kadusi et Coly (portés disparus).

Écrit par Michel Zendali