Servette, dernières volontés ?

Dans un climat socio-économico-sportif oscillant entre espoir et désepoir, le Servette voit une belle occasion de recoller au train du maintien en Super League lui filer sous le nez. Après une victoire plus que convaincante face aux Young Boys de feu Martin Rueda, les hommes de Sébastien Fournier n’arrivent toujours pas à enchaîner les bons résultats, encore moins dans leur antre, pour ne pas dire maison enchantée où l’on distribue les points à tours de bras. Belles paroles, mea culpa ou autres excuses en tout genre, le compte à rebours est désormais plus que lancé : il reste aux Grenats 9 journées pour se sauver. Ou pour préparer une émouvante cérémonie…

Si les voyants n’ont jamais été au vert cette saison dans la cité de Calvin, un orange était distinguable samedi soir avant le premier coup de sifflet. En effet, Servette restait sur une performance référence contre YB, l’entraîneur venait d’annoncer sa fidélité au club et les concurrents à la relégation les plus proches s’affrontaient au même moment ; bref, il y avait quelque chose à faire contre le FC Saint-Gall, européen pour l’heure, mais jamais à l’abri d’un excès de confiance. De l’optimisme, ou plutôt de l’espoir, régnait donc dans les yeux des 6’000 spectateurs s’asseyant bière à la main dans le donjon de Quennec et Cie, une bière bien dégueulasse dès la première gorgée à la 3e minute.

Un échauffement prolongé

Certes en absence de «San» Mathias Vitkieviez, les Genevois se voyaient privés de leur homme en forme du moment mais pouvaient néanmoins compter sur un Karanovic qui, mine de rien, n’est pas en reste ces derniers temps avec trois buts lors des cinq derniers matchs. Pas de quoi donc s’affoler au niveau de l’attaque. Cependant, ce qui a peut-être été oublié dans le discours d’avant-match, en particulier à l’attention de la défense, c’est que le match qui allait suivre n’était pas un match amical contre une équipe de 5e ligue, un match de gala ou autre spot publicitaire, non, mais bien une des dernières échéances pour éviter le mitard estival où les excuses pleuvront.
Ainsi donc, à peine assis que le score était déjà de deux longueurs d’avance pour les Brodeurs, notamment sur une délicieuse et savoureuse démonstration de tout ce qu’il ne faut pas faire en tant que défenseurs centraux par Messieurs les Professeurs Mfuyi et Schneider. Un magnifique bilan de 0-2 pour les visiteurs après dix minutes de jeu, un véritable scandale ! Dans de telles conditions, prétendre à récolter des points devient un poil plus compliqué, encore plus lorsque les quelques occasions nettes devant le portier adverse sont galvaudées, parfois de manière incompréhensible, même si un autre score final aurait été un hold-up. Cela ne surprendra donc personne si les 75 minutes restantes ont été extrêmement longues pour un public qui est très vite redescendu sur terre, ou sous terre plus exactement, un spectacle affligeant conclu par un concert de sifflets orchestré par des braves qui se voient une nouvelle fois floués dans leurs espoirs les plus fous.

Quel diagnostic ?

Dans un monde où seul le classement compte (ou le Totomat pour reprendre un terme octodurien), nos braves servettiens semblent se battre contre plus rapides qu’eux. En effet, c’est bien le temps qui risque de manquer à une formation dont l’origine de son supplice reste pour l’heure encore un début de saison calamiteux (3 points en 13 rencontres). Dès lors, une course contre la montre avait débuté dès la reprise mais l’électrocardiogramme des prédilections n’a cessé d’osciller entre sauvetage de dernière minute (au détriment de qui ?) et triste fin. En résumé, l’avenir du SFC semble donc, pour l’instant, un instant relativement long, être très sombre en attendant quelques miracles d’on ne sait trop où. La foi étant ce qu’elle est, on veut bien y croire au point où on en est.
Le pire pourtant, c’est que lorsque les joueurs démontrent qu’ils ne lâchent rien et se battent pour sauver leur institution, contre YB ou contre Sion notamment, ce sont des nouvelles extra-sportives qui viennent torturer des esprits déjà bien entamés par l’enjeu sportif. Toujours des excuses me direz-vous mais, sans défendre le cirque des 10 premières minutes samedi soir, n’importe quel psychanalyste du football vous assurera que des esprits en confiance, intra et extra-sportivement, obtiennent de meilleurs résultats que des esprits qui voient un spectre se redessiner, un spectre qu’on croyait mort à jamais. Pas convaincu ? On aura essayé au moins. C’est donc un diagnostic bien pâle qu’est celui du Servette FC : des résultats décevants, la crainte d’une relégation, des finances incertaines, voire même une éventuelle reprise qatari (le glas ou la lumière, ce sera une autre discussion).
Cette vision noire n’est cependant pas celle qui mérite de rester des hommes de Sébastien Fournier en cette saison 2012-2013. Cette équipe justifie sa place en Super League au vu de ce qu’elle a démontré depuis février (9 points en 9 rencontres, mieux que Lausanne et Lucerne). Ainsi, et que le diable nous emporte, il reste 9 rencontres pour changer une fin que plusieurs ont déjà écrit, 9 rencontres pour se révolter sur le long terme, 9 rencontres pour gagner du crédit aux yeux de certains qui estimaient voilà encore quelque temps qu’il n’était plus nécessaire de vraiment jouer au football pour se sauver. Dans la mort comme dans la honte il faut rester digne, Messieurs les Servettiens. Si nous devons mourir, mourons dignement !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette – St-Gall 1-3 (0-2)

Stade de Genève, 6’062 spectateurs.
Arbitre : M. Erlachner.
Buts : 3e Besle 0-1, 9e Scarione 0-2, 59e Etoundi 0-3, 77e Eudis 1-3.
Servette : Barroca; Diallo, Schneider (46e Moubandje), Mfuyi, Rüfli; Kouassi, Pont (66e Eudis); Lang (31e De Azevedo), Tréand; Pasche; Karanovic.
St-Gall : Lopar; Mutsch, Montandon, Besle, Pa Modou; Wüthrich (71e Mathys), Janjatovic (83e Schönenberger), Nater, Nushi (89e Lenjani); Scarione, Etoundi.
Notes : Servette sans Grippo, Vitkieviez (blessés), Kusunga ni Kossoko (convalescent), St-Gall sans Cavusevic ni Ishak (blessés).
Cartons jaunes : 28e Pa Modou, 48e Kouassi, 55e Wüthrich, 56e Pont, 57e Janjatovic, 65e Mutsch, 84e Karanovic.

Écrit par Thierry Rossier

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