Service gagnant

Langnau a sauvé la première balle de match contre lui en armant un service gagnant sur lequel le LHC n’a jamais vraiment eu sa chance. Pour la première fois dans la série, la différence entre le pensionnaire de LNA et l’aspirant de LNB s’est vraiment ressentie sur la glace. Cette promotion, il va falloir aller la chercher avec les tripes.

On était partis pour la gloire. Dans mon esprit, il était évident que ce beau samedi ensoleillé du 13 avril 2013 allait rimer avec les jours de grâce du 4 avril 1995 et du 10 avril 2001. D’ailleurs, j’avais ressorti pour l’occasion ma casquette play-offs 1995 et mon maillot de la saison 2000-2001. Et j’ai même fait l’impasse sur Fürth – Dortmund (enfin, presque, j’ai tout de même trouvé le moyen de le voir dans un bar à Berne avec mes potes du fanclub dortmundois), c’est dire si j’y croyais à cette ascension du côté de l’Ilfis.

Ihr seid nur ein Tennispublikruuuum

Mais à Langnau, on y croit encore aussi au maintien. Et pour s’en convaincre, les dirigeants emmentalois ont commis le pire crime que l’on puisse commettre dans une enceinte sportive : distribuer au public ces infects éventails qui font un bruit insupportable et cassent toute ambiance. Je l’avais dit lors du dernier Suisse – Norvège, je préfère mille fois les vuvuzelas à ces engins de malheur qui sont pour moi l’emblème du public de beaufs, incapables de faire du bruit autrement qu’en tapant comme des forcenés sur leur machin en carton. C’est peut-être parfait pour Genève-Servette ou la Coupe Davis, mais pour un match décisif de promotion relégation, c’est nullissime. En plus, faute de place en secteur visiteurs, on a des billets en tribune places assises au milieu de quelques notables locaux auxquels notre présence n’a pas l’air, mais alors vraiment pas du tout l’air, de faire plaisir. L’un d’eux tente même de nous expliquer que la situation pourrait devenir dangereuse pour nous. Je n’essaie même pas de lui rétorquer que j’arpente tous les week-ends les plus grands stades d’Europe en affichant fièrement mes attaches partisanes et qu’il faudra donc plus que quelques quinquagénaires emmentalois avachis pour m’effrayer. Mais comme on est plutôt de bonne composition, on leur offre la bière pour arrondir les angles mais ça n’a pas suffi, on n’a même pas eu droit au moindre remerciement, des vrais casques à boulon. Bref, ce public emmentalois, ses pathétiques éventails et ses lancers d’objets en tout genre méritent la Ligue B.

Sans espoir

Mais, comme on ne le sait que trop bien à Lausanne, ce n’est pas le public qui gagne ou perd les matchs. Et, sur la glace, force est de constater que le LHC n’a jamais eu voix au chapitre lors de ce match V. On a quitté l’Ilfis avec la sensation que les Vaudois ne sont jamais vraiment entrés dans leur match. On a fermement cru au jour de gloire jusqu’au premier lâcher de puck. Mais, en revanche, dès que les débats se sont engagés, il n’y a eu aucune occasion pour nous de croire que le grand soir était arrivé, pas la moindre action qui nous laisse à penser qu’on a raté ici ou là le tournant du match. Autant les Tigers nous avaient paru résignés et défaits jeudi soir en Malley, autant samedi ils se sont montrés, sans être géniaux, combattifs, solidaires et disciplinés, une vraie équipe qui est prête à mourir sur la glace pour sauver sa peau. Et cela a suffi pour contenir un LHC sans inspiration et sans leader. Il ne restait plus qu’à concrétiser cette domination. Ce sera chose faite au deuxième tiers, d’abord sur un centre de Sandro Moggi pour Arnaud Jacquemet puis sur un power-play express conclu par Pascal Pelletier après une pénalité évitable d’Alexei Dostoinov.

Ici c’est Lausanne !

C’est en vain que l’on a attendu la réaction vaudoise. Si cette équipe lausannoise est très homogène avec quatre blocs qui soutiennent parfaitement la comparaison avec une adversité censément de LNA, il lui manque le joueur capable de faire la différence à lui tout seul dans les moments difficiles. Si tu avais dit à n’importe quel fan lausannois en début de saison que son équipe allait jouer l’ascension avec Alexei Dostoinov comme top-scorer, il t’aurait traité de fou. Il est clair qu’un retour de Colby Genoway pour le match de mardi serait un atout important. Et permettrait de bonifier un power-play lausannois dont l’impéritie pourrait devenir rédhibitoire si la série se prolonge. Car, face à un adversaire qui est clairement en train de resserrer les rangs, pouvoir compter sur un but «gratuit» en supériorité numérique de temps en temps va devenir vital. Au-delà du résultat, c’est surtout la manière et le sentiment d’impuissance lausannoise qui nous ont inquiétés et nous laissent à penser que rien n’est joué dans cette série ; les rédactions sportives de la RTS et du Matin peuvent remettre le champagne au frais, le scénario dont ils rêvent qui verrait Langnau se sauver au détriment du LHC reste envisageable. Et ça ne me plaît que très moyennement d’entendre Gerd Zennhäusern déclarer «Langnau en voulait plus que nous», c’est un discours que l’on a déjà trop souvent entendu à Malley et qui ne rappelle pas que des bons souvenirs. Le LHC, c’est sans doute le seul club au monde où, à soixante petites minutes d’une promotion historique et attendue depuis huit ans, tu entendras dire «l’adversaire en voulait plus que nous». C’est pour ça que ce club nous exaspère mais aussi pour cela qu’on l’aime tant et que l’on continue, malgré une assiduité un peu moindre en ce qui me concerne, à reprendre l’abonnement année après année.

Malley, réveille-toi !

Ceci dit, on ne va pas non plus tomber dans le défaitisme absolu. Langnau est le FC Aarau du hockey sur glace, un club qui chaque année ou presque se sauve miraculeusement, mais on n’oubliera pas que les Argoviens ont fini par couler. Le LHC a raté sa première balle de match, il lui en reste deux et la prochaine sera sur son service, dans le temple de Malley. On aurait préféré classer l’affaire samedi soir mais désormais on se retrouve avec l’opportunité de fêter la promotion à domicile, ça va aussi. On a lu beaucoup de choses ces derniers jours sur le «meilleur public d’Europe», je reste un peu dubitatif. Le noyau dur des fidèles qui était là en novembre contre Bâle ou Thurgovie est tout de même plus restreint que lors des promotions de 1995 et 2001 et on ne sent pas la même communion avec l’équipe qu’à l’époque. Alors on espère que les innombrables touristes qui peupleront Malley mardi n’attendront pas qu’il y ait 4-0 à trois minutes de la fin pour chanter mais que, dès le coup d’envoi, ils feront revivre la magie des matchs décisifs à Malley, celle qui avait permis de terrasser GC ou Viège lors des soirées épiques qui ont fait le légende du Chaudron de l’Ouest lausannois. De telle sorte que le jour de gloire dont on a été privés samedi tombe sur le 16 avril 2013. Un mardi ensoleillé. Comme le 4 avril 1995 et le 10 avril 2001.  
Photos joueurs Langnau de Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

SCL Tigers – Lausanne Hockey Club 2-0 (0-0, 2-0, 0-0)

Ilfis, 6‘050 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Eichmann et Stricker, assistés de MM. Mauron et Tscherrig.
Buts : 23e Jacquemet (S. Moggi) 1-0, 34e Pelletier (Brunner/5 c. 4) 2-0.
Langnau : Ciaccio; El Assaoui, Rytz; Lardi, V. Lüthi; S. Lüthi, Reber; C. Moser; S. Moser, Froidevaux, Brunner; Pelletier, McLean, Bucher; S. Moggi, Gerber, Nüssli; Leblanc, Rexha, Sterchi; Jacquemet.
Lausanne : Huet; Stalder, Reist; Seydoux, Kamerzin; Leeger, J. Fischer; Chavaillaz; Dostoinov, Conz, Corso; Déruns, J. Ulmer, Savary; Antonietti, Chiriaev, Berthon; S. Fischer, Bürki, Küng.
Pénalités : 2 x 2’ contre Langnau, 3 x 2’ + 1×10 (Corso) contre Lausanne.
Notes : Langnau sans C. Moggi, Stettler, Lampman, Genazzi, Haas (blessés), Giovannini, Bomersback, Popovic (surnuméraires) ni Lindemann (malade); Lausanne sans Setzinger, Borlat, Fröhlicher (surnuméraires), Genoway, Helfenstein, Gailland, Augsburger ni Primeau (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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9 Commentaires

  1. Juste pour tempérer tes propos concernant les dirigeants emmentalois, oui leurs espèce de crécelles en cartons sont horribles et n’ont rien à faire dans une patinoire. Bon si c’est tout ce qu’ils ont trouvé pour masquer nos chants …
    Par contre il faut saluer le fait qu’ils aient fermé une tribune assise (secteur M) pour y parquer les lausannois en possession d’un billet « debout local ».

    Concernant le match, tout est dit. On n’a vraiment pas été dangereux et on se serait presque ennuyé si on avait pas été un bon millier de lausannois à chanter comme des tarés.
    Maintenant, Langnau n’a de loin pas été génial et a remporté le match grâce à son jeu physique, son pressing et le verrouillage de la zone neutre. Moi je reste confiant car « si on a pas les clés, on a le pied de biche » !

  2. Quant à l’article en lui-même, certes ces éventails sont une aberration, mais insulter le public de Langnau qui est l’un des plus fair-plays de Suisse alors que l’on a soi-même un public dont le quotient intellectuel est comparable à celui d’une moule, c’est quand même fort.

    Ceci dit, j’espère quand même que le LHC montera, histoire qu’on rigole l’an prochain.

  3. J’ai beau chercher, je vois pas d’insultes envers les supporters de Langnau.

    Un jugement de valeurs critiquable à la limite.

  4. C’est vrai pour le fair-play des emmentalois, mais tout de même ils jouent aux dures des patinoire sans vraiment l’être comme expliqué dans l’article: non-violent mais pas agréable… et leurs tapettes à mouches monstrueuses qui servent d’amplificateur de public ainsi que projectiles à la fin du match sur les joueurs, très très chou…

    Mais bon on va pas trop l’ouvrir, car tant bien même que les 99% des fidèles lausannois se sont très bien conduit, le 1% restant faisant parti de la SO à fait du bruit! Torches, coup de pied dans la tronche d’un sécu, toilettes en feu…
    Finalement je comprend de mieux en mieux qu’on ne soit pas trop aimé…

    Tous ensemble mardi pour notre service gagnant!

  5. Peu importe. Je n’ai rien contre Lausanne, je me fiche de Langnau, tant mieux si vous montez en LNA, (ça fera de vrais derbys au moins) mais quand je vois un article comme celui-ci, désolé mais ça me fait grimper aux murs. Je viens sur carton rouge pour voir des articles drôles et décalés, pas des gargarismes puant la suffisance et l’arrogance comme celui-ci (c’est valable aussi quand je lis des articles concernant les clubs que je supporte). Et non je ne suis pas Steph de Monac.

  6. L’auteur de l’article est simplement juste. Il dit ce qu’il pense et c’est tout.
    Si le public de Langnau est désagréable pourquoi il devrait le nier?

    Cependant il ne faut pas s’attendre à un public chaleureux dans un match de survie comme celui la. Il y a de quoi avoir les nerfs non?

    Oui restons calme vive le sport et restons fair-play quand on vois son club chuter dans une ligue semi-pro.

    De toute manière le LHC devra impérativement gagner ce soir sinon c’est foutu.

  7. L’article resume tres bien la situation et ca fait plaisir de voir que malgre ce que disent les journaux je ne suis pas le seul a penser que l’ambiance a Malley est en baisse…

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