Clubbing : Belfast Giants

Ouf ! Enfin plus besoin de se taper des sites mal traduits par Google depuis des langues originales dont le rendu sonore est à peu près similaire à celui d’un paquet de chips qu’on écrase, les voyelles en moins. On part pour un pays où Clubbing se dit enfin « Clubbing », pour une ville où, de sa mythologie au Titanic en passant par son club de hockey, c’est bel et bien la taille qui compte : Belfast. Et si vous trouvez surprenant de parler de hockey sur glace en Irlande du Nord, alors vous oubliez peut-être qu’il y a à peine trente ans, le sport national à Belfast, c’était la guérilla. Petit détour chez les Géants, plus jeune équipe de notre tour d’Europe, et peut-être bien de la Champions Hockey League.

L’Histoire complètement bidon du club

Oui, parce que, croyez-le ou non, quand je me suis lancé dans cette série d’articles, je ne croyais pas devoir écrire sur un club qui est à peu de choses près plus jeune que moi. D’un autre côté, par rapport à la moyenne de mes lecteurs, les trois clubs passés sous la loupe précédemment sont probablement déjà assez jeunes pour sortir avec Leonardo Di Caprio, alors c’est dire.

Ah ! Dire que trente ans ne se sont même pas écoulés depuis que le géant irlandais Finn McCool est parti à l’assaut de son homologue nordique Ragnar Lodbrok après que celui-ci s’est moqué de son nom, pour décider duquel des deux était le géant mythologique le plus cool. Étonnamment, McCool a eu le dernier mot, puisqu’il a arraché l’arena flambant neuve tout juste achevée à Oslo pour la replanter à Belfast afin de favoriser le développement du hockey sur glace irlandais, infligeant au passage à celui du hockey sur glace norvégien un retard de quelques décennies. On raconte que Ragnar a été tellement humilié qu’il s’est mis au ski de fond, et que Finn, après avoir fondé le tout premier (et le seul) club de hockey sur glace irlandais, coule des vieux jours heureux en animant les soirs de match à la SSE arena (voir plus bas).

Couleurs, symboles et mascottes à la con

Il faut dire que tout n’a pas toujours été facile pour Finn McCool, symbole du club de Belfast. Sa vie mythologique est remplie de faits d’armes plus ou moins glorieux, plus ou moins heureux. En vrac, il a(urait) construit la Chaussée des Géants, épousé une femme-cerf, consommé la chair du Saumon de la Sagesse et arraché une partie de l’Irlande pour la jeter sur la tronche d’envahisseurs, créant au passage l’île de Man (liste non-exhaustive et pas nécessairement classée chronologiquement). Un agenda chargé, donc, pour un bon gros Guillaume Tell celte géant sous cocaïne comme on n’en fait plus, et qui survit à son mythe sur le maillot d’un club pour lequel ce Bon Gros Géant est un moyen comme un autre d’unir tous les Nord-Irlandais à travers leur folklore, sans distinction de foi ou d’idéologie. Enfin, tous les Nord-Irlandais, sauf l’échantillon qui habitait la partie du pays qui a été lancée au large par Finn McCool, cela va de soi. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.

Bon, on s’égare un peu, mais à notre décharge, il y a un poil plus à dire sur un géant celte badass que sur un foutu cadenas (Lukko Rauma, c’est à toi que je parle).

Mais alors, dans quelles couleurs jouent les Géants de Belfast, me demanderez-vous ? Certainement pas dans les couleurs de la ville, vous répondrai-je, et pour une fois, heureusement qu’ils les ont envoyées bouler, ces couleurs, parce que sinon on se serait retrouvés avec les Belfast fast Bells, et ça, c’est un nom qui plairait beaucoup à nos homologues anglophones s’ils existaient mais qui ne fait pas très club sportif sérieux.

Belfast — Wikipédia

Disclaimer : la photo vient de Wikipédia, parce que j’ai pas le drapeau de Belfast dans mon jardin. Au-delà de ça, oui, celui-ci compte un peu trop de cloches. On dirait que plusieurs drapeaux étaient en lice pour devenir le drapeau officiel de Belfast et qu’on a voulu mettre une touche de chacun pour ne pas vexer les enfants de 10 ans qui avaient participé au concours (et qui aimaient les cloches).

Donc finalement, les Belfast Giants jouent en cinq couleurs, dont la plus originale se retrouve vaguement sur la partie inférieure du drapeau de la ville : le bleu qu’on appelle bleu canard, parce qu’on avait pas les droits pour l’appeler le bleu Na’vi. Et puis ils ont ajouté à ça de l’or, du blanc, du noir, et enfin du rouge, pour représenter les peintures de guerre de Finn McCool, et parce que ça aurait été franchement dommage de s’en tenir à un ensemble harmonieux et de ne pas le tonifier avec une couleur de trop qui ne va pas du tout avec le reste.

C’est vrai, quoi. On ne peut pas en vouloir aux Giants d’avoir abandonné leur logo façon âge d’or des comics (ci-dessous) pour un refresh capitalist-friendly (illustration en tête d’article), même si le précédent était peut-être un peu plus McCool.

Belfast Giants — Wikipédia

Entre ce Finn McCool-ci et les Frolunda Indians de l’époque, il y avait de quoi faire un sacré derby de la fête foraine rétro.

On peut, en revanche, en vouloir aux Giants pour leur inventivité en ce qui concerne les maillots alternatifs ou maillots à thème, dont on ne pourra au moins pas dire qu’ils n’attirent pas l’attention. Petit florilège à visionner avec toute la modération qui s’impose :

Entre ce Finn McCool-là et les Frolunda Indians de l’époque, on tenait un sacré match Cowboys vs Indiens. Et le pire, c’est que ceci N’EST PAS le seul maillot à thème Cowboys de l’histoire du club.

 

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On t’entend plus, maillot spécial terroir vaudois du LHC, tu es sûr que tout va bien ?

Bon, on s’entend, les pulls moches de Noël, c’est sympa, on n’a rien contre. Quand ça reste des pulls, et portés le soir de Noël.

Un mot rapide sur un sujet un peu moins clivant : la mascotte du club, autrement dit, nul autre que Finn McCool lui-même ! On vous avait dit qu’il animait les soirs de match des Giants, et on n’a pas menti ! Il faut dire que la mascotte du club de Belfast est à n’en pas douter plus inclusive et plus family-friendly que d’autres (Eetu, c’est à toi que je parle), puisque ce bon vieux Finn est accompagné de sa nièce/fille/padawan/version happy meal, j’ai nommé Finnula McCool. À la SSE arena, c’est tous les jours la journée « amenez vos enfants au travail », jugez plutôt !

@thebelfastgiants Name a more iconic duo. #FinnMcCool #FinnulaMcCool #mascot #mascotsoftiktok #mascotcontent #icehockey #belfast #belfastgiants #iconic #fyp #foryou #trending #viral ♬ Vegas (From the Original Motion Picture Soundtrack ELVIS) – Doja Cat

Dans la famille McCool, mascotte, c’est plus qu’un métier, c’est une vocation : après le lion Burger King, le bison « assaut du Capitole » et le renard fou, voici Finn et Finnula, les géants qui collent 3 étoiles à ta base Clash of Clans sur leurs jours off ! 

Stade et supporters

Si l’on en croit la théorie des petits dans la cour des grands, la SSE arena de Belfast et ses 11’000 places devrait être l’un des stades chauds de cette saison de Champions Hockey League. Il n’y a qu’à penser aux Steelers de Sheffield et leur plus de 8’200 spectateurs de moyenne en CHL la saison passée (environ 5’000 de moins à Lausanne en moyenne si on oublie le 1/8e de finale où le chaland moyen était surtout (forcé d’être) là parce que c’était un derby).

Las, pas la peine de s’étaler, le fan lausannois n’aura même pas l’occasion de se rendre à Belfast (en tout cas pas pour un match de hockey impliquant le LHC, mais si vous êtes fan de football gaélique, en revanche, sentez-vous libre de me faire mentir). Ce ne sera donc pas cette année que l’on découvrira la SSE arena et sa Teal army, surnom donnés aux supporters locaux, qui sonne certes mieux en anglais qu’en français, mais qui sonnerait sans doute encore mieux si la SSE arena avait des places debout.

En revanche, si, comme tout fan du LHC qui se respecte, vous êtes amateur de pitreries de mauvaise qualité, sachez que la SSE arena accueille chaque année un show de WWE (ou de « catch », pour parler français) où vous trouverez sans doute votre compte. Et si vous poussez le bouchon jusqu’à demander que ces pitreries de mauvaise qualité impliquent du hockey, il y a toujours le Friendship Four (ou « tournoi de l’amitié », pour les moins anglophones), qui, pour faire bref, correspond un peu à la Coupe Spengler, mais pour juniors et non pour retraités.

À peine à 500 mètres du site de construction du Titanic, et on ose dire les Irlandais superstitieux ?

Le joueur qui pourrait avoir sa statue à l’entrée du stade

Honorons cette tradition de compétitions de catch et d’autres sports de combat à la SSE arena (mais est-ce vraiment plus divertissant qu’un pétage de plomb de Dereck Grant ?), tradition qui semble s’être propagée au sein des Belfast Giants, et notamment en la personne d’Adam Keefe. Le bonhomme culmine en effet à plus de 1’000 minutes de pénalité purgées en à peine 300 matchs joués à Belfast, un joli chiffre qui est aussi un record local. Par comparaison, le joueur le plus pénalisé de l’histoire du LHC est Malik Benturqui, qui s’en est arrêté à 531 minutes de pénalité en 284 matchs. Et au cas où vous vous poseriez la question, Aurélien Marti n’est même pas (encore) dans le top 5. Tandis qu’à Belfast, le dauphin de Keefe, Paxton Schulte, a passé 755 minutes en prison (voire, sans aucun doute, sous la douche prématurément) en 174 matchs, un ratio encore plus honorable qui n’a pourtant pas suffi à lui valoir un contrat à Ambri, c’est dire.

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Ce n’est pas le puck que Keefe regarde. C’est l’homme. Aucun doute là-dessus.

Information un chouïa plus importante : il vaudrait la peine à notre humble avis d’avertir Geoff Ward que le susmentionné Mr. Keefe est désormais Head Coach des Giants, et qu’il serait donc de bon ton de se préparer à un style de jeu au minimum rugueux, voire d’épargner quelques éléments-clés de notre alignement, juste au cas où. Parce que ça ferait Keefer personne de perdre Rochette, Suomela et Kahun contre une équipe de bouchers avant même que la vraie saison ait commencé, ou bien ?

Le joueur à placer sur une case mot compte triple

Cette rubrique a été supprimée par l’ARCOM suisse car jugée d’une pauvreté tellement abyssale qu’elle en est dangereuse pour le bon concitoyen (à moins que ce soit juste un prétexte pour cacher le fait que la douzaine de bourbines qui y siège n’est pas capable de prononcer « Kokoo kokoon koko kokko! Koko kokkoko? Koko kokko. » sans y ajouter des « chli » et des « sch guet » partout).

Bref, on est actuellement en procès pour pouvoir la réhabiliter pour le prochain épisode, mais on vous promet rien. Comme quoi, il ne faut jamais croire notre liberté d’expression acquise ! La lutte continue ! #freelarubriquelejoueuràplacersurunecasemotcomptetriple

Si le club était une bière

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Il serait certainement une Maggie’s Leap, une bière qui rassemble avec ses houblons venus des quatre coins du monde (bon, ok, d’au moins deux des quatre coins du monde : les États-Unis et la Nouvelle-Zélande). Un peu comme le club des Giants a voulu rassembler toute l’Irlande au-delà des divisions qui ont marqué son histoire récente, et ce autour de deux passions : le hockey et la castagne. Au vu des relations moyennes entre deux spectateurs d’une équipe différente en Suisse dès que les play-offs pointent le bout de leur nez, on espère que les Nord-Irlandais auront le bon goût de ramener par chez nous quelques bouteilles de cette IPA. D’autant qu’ils ont un programme de matchs à l’extérieur exclusivement helvète avec deux autres déplacements à Berne et à Zug.

Ok, et actuellement ?

Car oui, les Belfast Giants, c’est un club qui a grandi très vite jusqu’à devenir géant sur bien des plans, notamment celui de la communication. Giant localement, certes ; chacun donnera au triplé inédit de 2023 la valeur qu’il voudra, étant donné que le classement de la saison régulière compte pour l’un des trois trophées dudit triplé, et que le deuxième n’est autre qu’une coupe similaire à feu la Coupe de Suisse (de hockey), mais comptant autant d’équipes sur la ligne de départ que notre Super League (de football). Giants localement, mais Giants tout de même, avec la bagatelle de 9 titres sur ces 6 dernières années (oui, en comptant les premières places au classement de la saison régulière, certes), un ratio que de nombreux clubs envieraient malgré tout (suivez mon regard).

Mais surtout, les Belfast Giants, c’est un club qui a réussi l’exploit de rassembler les Irlandais après des décennies de conflit civil, dans une ville où supporter un club équivalait souvent à rejoindre une secte. Contrairement à ce que disait la chanson, les gens ne quittent plus Belfast aujourd’hui, et les Giants y sont peut-être au moins un peu pour quelque chose. Si ça, c’est pas Finn McCool, on se demande ce qui l’est. En tout cas, ça mérite bien ce nom, ces maillots à thème pittoresques, et peut-être, quand ces Messieurs de l’Académie française auront un moment, une traduction du mot « teal » un peu plus honorable dans la langue de Molière. Genre « tealouette ». Par exemple.

 

Crédits photographiques (OH ! NON ! WIKIPEDIA ! Mais n’y a-t-il donc pas d’autres images libres de droit de cette institution incontournable d’un sport qui plus est mondialement populaire que sont les Belfast Giants ?) :

https://www.belfastgiants.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/Belfast

https://fr.wikipedia.org/wiki/SSE_Arena

https://en.wikipedia.org/wiki/Adam_Keefe_(ice_hockey)#/media/File:Adam_Keefe.jpg

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