L’union fait la farce

Almond, Antonietti, Barberio, Boltshauser, Cajka, Cavalleri (qui ?), Conacher, Jäger, Jooris, Leone, Maillard. Non, ceci n’est pas la composition des deux premiers blocs lausannois. Ni la liste des joueurs locaux immunisés contre le COVID (il y en a pas loin de trois fois plus apparemment). Nous sommes ici en présence de la liste exhaustive des blessés, malades, indisponibles et autres contrats gênants signés jadis par Jan Alston et récemment éjectés par le nouveau monarque absolu des lieux, Petr Svoboda. Le directeur des opérations hockey (et accessoirement co-propriétaire du club et ex-agent de Jaromír Jágr – dont on comprend soudain beaucoup mieux les 13 clubs en carrière -, Jakub Voráček et… Denis Malgin, entre autres) est aussi le roi du timing. En effet, se débarrasser avec effet immédiat de 4 joueurs dont un étranger de premier plan au beau milieu d’une série de 9 matches en 16 jours à leur retour de quarantaine alors que l’infirmerie est encore pleine à craquer, c’est presque aussi fort que marquer le but le plus célèbre de l’histoire du hockey tchèque. Comme on passait à côté de la Vaudoise aréna hier soir et qu’on y a vu de la lumière, on a décidé d’en profiter pour vous narrer la huitième et avant-dernière ascension du Sisyphe vaudois en ce mois de février exceptionnellement interminable (un peu comme ce chapeau d’ailleurs). A Lausanne, on est tellement friand d’émotions fortes que même les années bissextiles ne sont pas celles qu’on croit.

Le match en deux mots

Bircher muselé.

Contrairement à Pascal Berger, le numéro 86 emmentalois, Alain de son prénom, n’a pas pu grignoter d’espace dans ce qui restait de la défensive lausannoise hier soir.

Les trois étoiles du match

Cette rubrique – qui possède pourtant une étoile de plus que le maillot de l’équipe de France – est en grève en raison des moyens insuffisants qui lui ont été octroyés par le scénario du match.

Nous la remplaçons exceptionnellement par un duplex avec le duo Heinz Ehlers – Ville Peltonen qui suivait ce match quelque part en Scandinavie:

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Le tournant du match

La pénalité de match de Joël Genazzi pour une charge à la tête à la 44ème minute. Un geste gratuit qui risque de lui coûter cher. Les Tigers ont profité de leurs 5 minutes de supériorité numérique pour tourner autour de la cage des Lions et… ouais, alors pas du tout. Il s’est passé autant de choses que dans un film muet coproduit par Emile Zola et Jean-Luc Godard avec Horst Tappert dans le rôle principal.

Le slapshot en pleine lucarne du match

S’tu pas toi. Comme le Noam Chomsky de la twittosphère le relève avec son éloquence habituelle, Langnau est en effet lanterne rouge de National League avec 0,75 point par match (oui, on compte comme ça en 2020/21), total amélioré (!) ce soir avec 3 nouveaux points. Les Bernois restaient sur 9 défaites consécutives et se déplaçaient à Malley avec 2 étrangers et une infirmerie comptant pas moins de 8 patients plus ou moins importants dans l’alignement. Bel effort.

Il est tout de même à noter que le puissant LHC devait composer non pas avec son numéro 2 (Boltshauser, blessé à l’échauffement), son numéro 3 (Vuichard) ou même son numéro 4 (Pasche), mais bien avec le portier de son équipe M17 pour suppléer Tobias Stephan le cas échéant. Comme dans la vraie vie, quand il manque trop d’ingrédients dans le frigo du Chemin du Viaduc, on se résout à faire appel à Uberit. Euh pardon, Uberti.

Le vieux rotoillon en cloche du match

Le power play lausannois. Cinq opportunités, le néant absolu. Que dire de plus ?

Ceci est bel et bien une vidéo à vitesse réelle du jeu de puissance lausannois.

Le chiffre à la con

2. Comme le nombre d’options que le téléspectateur romand avait s’il désirait se crever les yeux en ce funeste jeudi soir. La première vous est contée à travers ces lignes et en ce qui concerne la seconde, il suffisait de zapper sur la RTS pour suivre les seizièmes de finale d’Europa League. Résultat instantané garanti.

De rien ! Au fait c’était bien Young Boys qui en décousait avec le Bayer Leverkusen et pas Andre Agassi qui jouait Roland-Garros 1990.

L’anecdote

On a appris pas mal de trucs sur Petr Svoboda cette semaine (en plus de sa patience légendaire et son sens du timing inné mentionnés plus haut). Un peu grâce au « 24 heures » et surtout grâce à sa source principale, le documentaire The Nagano Tapes. On y découvre que celui dont le patronyme veut dire « liberté » en tchèque (voilà qui ne s’invente pas) avait profité d’un championnat du monde M18 en 1984 pour prendre la poudre d’escampette en laissant sa famille à son triste sort en Tchécoslovaquie communiste. Un voyage dans le coffre d’une bagnole, une planque de plusieurs jours dans un hôtel (l’ancêtre des quarantaines de 2020-21 ?), un 5ème choix de draft et une Coupe Stanley avec Montréal plus tard, Peter Freedom délivrait tout un peuple en marquant le seul but en finale olympique à Nagano en 1998. Face à qui ? L’ex-oppresseur russe évidemment. En termes de scénario, même le Miracle on Ice de Lake Placid 1980 peut aller se rhabiller.

Un casting tout juste passable (Wayne Gretzky, Jaromír Jágr, Dominik Hašek, Mike Modano, Pavel Bure, notre vieux pote Marc Crawford qui bouffe décidément à tous les râteliers), des coupes mulet, claquettes-chaussettes et survêt’ hideux des nineties en veux-tu en voilà, des Canadiens qui n’ont toujours pas digéré la défaite en demi-finale 20 ans après et quelques frissons sur Wenceslas Square. Bref, jetez-vous sur ce chef-d’œuvre comme Ted Cruz sur un billet d’avion pour Cancún au moment où ses électeurs texans en sont réduits à bouillir de la neige pour faire fonctionner leur chasse d’eau. 

Et sinon dans les tribunes ?

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La minute Jonas Junland

Robin Grossmann et Vladimir Roth se la partagent sur l’ouverture (et la fermeture) du score adverse de la 8ème minute. Le gros plan qui a suivi sur les 712 absents vaudois réunis pour l’occasion en tribune VIP était évidemment purement fortuit.

La rétrospective du prochain match

La dernière fois qu’on a écrit un truc dans cette rubrique, le LHC a enchaîné avec la plus longue de ses trois quarantaines de la saison. Alors on la boucle et vous verrez bien demain s’il y a un match. On vous glisse quand même que les hommes de Craig MacTavish ont 18 parties en 38 jours prévues entre samedi et la fin de la saison régulière le 5 avril, soit un match tous les deux jours en gros. Au vu de l’état de fraîcheur de ses futurs coéquipiers, on espère que ce Libor Hudáček a quatre poumons.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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