Les sportifs sont-ils tous des idiots ?

Globalement, l’Homme, avec un grand H, celui qui englobe également l’autre 50% de l’Humanité, a comme petit bonheur la construction de stéréotypes et s’y replait à s’en vautrer dedans jusqu’à plus pouvoir. L’un d’eux, concerne nos amis sportifs de haut niveau et n’est pas vraiment flatteur à leur égard. Les sportifs seraient tous des cons finis, juste capables de courir après un ballon, ineptes à aligner 3 phrases compréhensibles dans une interview en direct. Parfois, on se demande même s’ils n’ont jamais ouvert un livre autre que le menu du fast-food qui leur sert de sponsor pour se la couler douce pendant que d’autres triment à vérifier ta déclaration d’impôts ou trouver un vaccin contre un petit virus qui pourrait décimer la moitié de la population mondiale avant que l’on n’ait pu savourer la retraite (bien méritée, et impatiemment attendue) de Novax Djokovic?

***début de la partie sérieuse de l’article***

En 2022, une revue menée par Nicole Logan et ses collègues de la Northeastern University (États-Unis) a rassemblé 41 études comparant des athlètes professionnels (comme Stan Wawrinka, par exemple) et des personnes ordinaires (comme toi et moi).

Les données de 5’339 participants (dont 2’267 athlètes) ont été méta-analysées. Les résultats ont montré que les athlètes professionnels obtenaient des scores significativement plus élevés que les personnes non sportives.

Mazette, la méta-analyse montre que les athlètes nous surpassent largement dans les tâches cognitives ! Les fonctions cognitives sont des processus mentaux qui nous permettent de recevoir, traiter et élaborer des informations. Elles sont essentielles pour la perception, l’attention, la mémoire, l’apprentissage, le langage, la prise de décision et le raisonnement.

Ainsi, les athlètes ont de meilleures capacités à analyser, interpréter et tirer des conclusions. En d’autres termes, globalement, ils sont (beaucoup) plus intelligents que nous, même s’ils ne connaissent pas, de tête, la capitale du Honduras, la traduction en allemand de « fidèle serviteur de la reine » ou le nom du président de la Suisse (puisque c’est sur ce genre de truc que l’école définit si t’es intelligent ou pas).

***fin de la partie sérieuse de l’article***

Aujourd’hui, nous sommes en l’an 2025 après Jésus-Christ. Tous les sportifs sont concernés par cette étude. Tous ? Non ! Car une petite frange d’irréductibles athlètes résistent encore et toujours à la révocation du stéréotype.

J’ai déjà cité Djoko, l’homme « référence circulaire à lui tout seul » qui rejette la science sous prétexte que son corps sait se défendre seul en négationnant que c’est justement grâce à 200 ans de progrès scientifiques que l’humanité est en si bonne santé aujourd’hui, au point qu’il peut se permettre d’en nier les bienfaits. « J’ai vu des gens transformer de la nourriture et de l’eau les plus toxiques par l’énergie et la prière. » N’en rajoutons pas sur son compte, il est déjà trop loin du chêne.

J’ai également cité Wawrinka. J’y reviens, son cas me passionne.

La presse qui connait les sujets qui font vendre nous balance que Wawrinka crèche chez Hanouna lorsqu’il est invité à se faire sortir au premier tour de Roland-Garros. Ça fait économiser les frais d’hôtel et ouvre la porte au partage « d’idées communes », lui permettant de publiquement afficher son soutien au guignol de feu C8 pour la campagne présidentielle française de 2027. Cela fait donc trois différences notables entre Stan et moi. La première, c’est qu’il est invité à Roland-Garros, ce que je ne serai jamais, sauf peut-être en tribune, et encore. La deuxième, c’est qu’il est ami avec Hanouna, ce que je ne… (faut jamais dire jamais, mais là, c’est mal parti). La troisième… pffff…

Stan, pas vraiment besoin de le présenter. C’est le gars qui aurait été l’idole du peuple suisse romand (de Genève en Sierre, de Lausanne en Ajoie, des Franches-Montagnes à Morges) s’il avait eu la chance de naître dans un siècle différent de celui du roi Roger. #CryBaby

Cyril Hanouna, je me dois quand même de vous en toucher deux mots, car tous les lecteurs de Carton-Rouge ne sont pas forcément adeptes du fond du caniveau. Donc Hanouna, c’est le petit prince de la télé-poubelle, la télé qui humilie les invités ayant un avis divergent du sien, la télé de l’apologie de la haine, de l’agressivité verbale. La télé qui présente des avis comme des faits. La télé de la désinformation et de la bêtise. La télé qu’on interdit même quand on n’aime pas interdire. Hanouna, c’est l’archétype de la défiance, de la partialité, de la mort de la rigueur. C’est l’archétype de l’influenceur (qui n’influence que les influençables) homophobe, raciste, harceleur. Bref, un benêt qui ne fait pas la différence entre liberté d’expression et liberté d’utiliser son cerveau même quand on a la liberté d’expression.

Hanouna – le gars qui a pour mantra « les faits sont complètement démentis par mon opinion » – n’est manifestement pas un sportif de haut niveau, selon les critères objectifs présentés dans la méta-analyse de Nicole Logan. Et Stan, c’est son pote qui, haut et fort, annonce partager en suffisance ses « valeurs » pour l’espérer président d’un grand pays comme la France, berceau des Lumières et des droits de l’Homme. Attention aux conclusions hâtives, Judas était un super pote à Jésus (même si les preuves sont du même acabit que celles reliant Batman à Robin).

Djoko, Stan, les exceptions qui confirmeraient la règle ? J’en sais rien, mais me basant sur les pensées de notre ami Pascal, je n’irais pas jusque là : « C’est une chose étrange à considérer que la légèreté des hommes va jusqu’à croire que cette exception prouve la règle ».

Note pour Stan. Ce Pascal, c’est Blaise Pascal, un bon type qui utilisait son cerveau pour penser et nous léguer son héritage, pas l’autre Pascal, le pote à Cyrille. #LesAmisDeMesAmis