Lausanne – YB : silence, on meurt

Ce qu’il y a de bien dans les matches du Lausanne-Sport, c’est qu’on est si peu occupé à voir ce qui se passe sur le terrain qu’on a le temps de faire tout autre chose. J’ai donc eu des nouvelles de tout le monde : Donato, dont les affaire vont bien mais qui se pose des questions sur la vie de couple, sur Michel, un «historique» de la Tribune Nord et dont le cœur bat maintenant pour Azzurri (quelle idée..) en plus de quelques autres.

Bon, là je vous entretiens de la seconde mi-temps, long désert d’ennui, sinistre purge, Waterloo footballistique de deux équipes sans âme, balbutiant un ennuyeux football d’académie pour l’une (YB) et de cérémonie funèbre pour l’autre (LS). Cette deuxième mi-temps, c’est là qu’il s’est passé vaguement quelque chose : un attaquant de YB, dans les 16 mètres, tire à côté. Mais la balle, touchée par Banana, a lobé le gardien. On s’est dit alors, avec mes copains ennuyés, qu’on allait peut-être voir jouer Lausanne.Mais ce qu’il y a de bien dans les matches du Lausanne-Sport, c’est que ça ne se passe jamais comme on l’espère ni même comme on l’imagine : Lausanne, qui aurait pu et dû faire quelque chose, ne donna rien, rien de rien. Des passes par ci, par là (essentiellement à l’adversaire), des dégagements en l’air (dans le genre Plessis et Banana ont largement la palme, genre ballons de la tour Taoua) et un coaching absurde : perdant 1 à 0 Simone sortit son centre-avant pour placer un Feindouno aussi centre-avant que ma grand-mère est évêque. Ce dimanche-ci (et peut-être les autres dimanches aussi..), ces mecs n’en avaient rigoureusement rien à battre. On s’est donc traîné jusqu’à la 90ème. J’ai eu des nouvelles de mes autres potes de la tribune, Dériaz a crié pour nous rappeler qu’on était dans un stade de foot. Mais ça ne nous a pas réveillés longtemps.

Un mot pour dire qu’en première mi-temps, ce fut vaguement mieux : Vukusic a raté ce qu’il ne manquerait pas à l’entraînement et Ekeng a touché la latte. YB, qui joue à la vitesse d’un tracasset, aurait aussi pu marquer. Mais bon, voilà…
Lausanne sera donc en Ligue B l’an prochain. Ça n’est pas plus mal comme ça. Les trois quarts de l’effectif vont aller traîner ailleurs leur triste figure de mercenaires pour batailles perdues. On ne regrettera pas Banana, nonchalant empereur de la passe en retrait et du tacling tardif, ni Plessis, ni Zambrella, le seul milieu de terrain qui rate plus de passes qu’il en réussit. On regrettera Ravet, Tafer une fois sur deux, Ekeng de temps en temps et Feindouno. On reverra donc Katz, Barroca, Facchinetti, Mevlja s’ils restent. Quant à Simone, il a sûrement autre chose à faire. Dommage pour lui.
Il faudra trois ans pour remonter en reconstruisant patiemment, pierre après pierre (attention, là je me prends pour Dubath le pasteur prêcheur du foot, du vrai..), avec un directeur sportif, un entraîneur qui recrute des jeunes talents en Suisse (enfin, ceux que nous auront laissés Bâle, GC et Thoune). Avec mes copains, on s’est promis de se revoir, qu’on se lèvera plus souvent de notre siège, qu’on n’aura moins le temps de parler d’autre chose, qu’on rira, qu’on criera. Car c’est aussi ce qu’il y a de bien dans le foot : c’est toujours mieux demain. R.I.P.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Lausanne-Sport – Young-Boys 0-1 (0-0)

Pontaise, 3’050 spectateurs.
Arbitres : Jaccottet ; Wicht, Dubrit ; San.
Buts : 66e Gajic 0-1.
LS : Barroca ; Chakhsi, Banana, Mevlja, Sonnerat ; Tafer, Ekeng, Zambrella (69e Facchinetti), Plessis, Ravet ; Vukusic (57e Feindouno).
YB : Mvogo ; Lecjakc, Von Bergen, Rochat, Sutter ; Nuzzolo (58e Zarate), Costanzo, Spycher, Gajic, Martinez (78e Frey); Afum (71e Steffen).
Cartons jaunes : 23e Banana, 42e Spycher, 82e Sonnerat, 83e Steffen.
Carton rouge : 89e Ekeng.
Notes : Lausanne sans Fickentscher, Gabri et Feltscher (blessés). YB sans Wölfli, Vilotic, Gerndt, Simpson, Bürki et Doubai (blessés).

Écrit par Michel Zendali