DJ et son orchestre se remettent dans le sens de la marche

Finie la traditionnelle montée en puissance lausannoise qui n’arrive jamais, du balai les erreurs de casting qui signent leur nom d’un Z qui mène tout droit en playouts. Tout ça c’est so 2017. A Malley 2.0, la désormais fameuse Culture de la Gagne (marque déposée) est en marche.

Jan Alston nous l’a promis, tout est mis en oeuvre pour s’assurer que le concierge de la future Vaudoise Aréna et son déjà tristement célèbre accent aigu ait autre chose qu’un vide bientôt centenaire à dépoussiérer dans la vitrine au(x) trophée(s). On s’est même arrangé avec le docte préposé aux décisions obscures de National League pour que le LHC compte au moins un match de plus que ses adversaires tout au long de la saison. L’histoire ne dit pas si les joueurs ont été mis au courant que tout le monde se rejoindrait à 50 en mars. Il n’en fallait donc pas plus pour que le club auréolé du plus grand nombre de rumeurs de transferts plus ou moins fondées cultive (en plus de la Gagne) un complexe de supériorité vis-à-vis de ses seuls adversaires dignes de ce nom : Berne, Zoug et Arno Del Curto. Autrement dit, les autres prétendants à la qualification pour la plus prestigieuse de toutes les compétitions sportives, le trophée dont la force de la tradition fait passer la Coupe Stanley pour un tournoi amical et dont le prize money fait pâlir d’envie Gérard Piqué himself. On a bien sûr nommé l’incontournable et ancestrale Champions Hockey League, pour les rares lecteurs qui se seraient privés de la finale, que dis-je, de la finalissima entre Frölunda et… enfin leurs adversaires quoi.

DJ organise son orchestre pendant que les Zougois testent le banc de pénalité.

Certes, le nombre de défaites à l’extérieur des hommes du volubile et jovial Ville Peltonen est déjà largement supérieur au nombre de taloches distribuées par Tim Traber sur ses deux shifts mensuels. D’accord, l’impact offensif des Lions hors de leur royaume est au moins aussi impressionnant que la présence féminine sur le plateau de MySports. Mais là, on est à domicile, au centre du monde romand, Prilly, théâtre des plus grands fantasmes du hockey helvétique. La citadelle imprenable où Jeffrey et Cie peuvent en prendre 7 contre des divas luganaises en perdition et être acclamés pour ce coup de génie qui repousse leurs vassaux de la périphérie lausannoise Mark et Chris loin de la cour des grands. Si l’on ajoute à cela cette amitié absolument incompréhensible entre les kops du LHC et du HCL et le passé du coach finlandais du premier nommé, on n’est d’ailleurs pas loin de composer le numéro de la commission des matches truqués. Si tout cela ne suffisait pas, les souvenirs glorieux des Niko Mikkola, Patrick Boileau et autre Tim Smith enveloppent les lieux de leur présence réconfortante, même si seule la version 1.0 du Chaudron (autre marque déposée) a pu profiter de leur aura. Du coup, ce soir, contre des Zougois presque aussi généreux que leurs autorités fiscales en terres vaudoises cette saison, le hold-up semblait à portée de compte en banque, foi de Ken Stickney.

Enfin ça c’était la théorie d’avant match au bistro d’en face après six bières. La réalité de la glace, elle, était… totalement conforme aux hallucinations collectives les plus folles des membres les plus imbibés de la Section Ouest. On se demande d’ailleurs toujours si ce qu’on a vu était partiellement dû à un manque de sobriété, tant le LHC a semblé pouvoir compter sur une armée de bonnes fées risquant le lumbago en se penchant sur Malley 2.0. Entre un Mikko Partanen sorti de son rôle de pierre d’Unspunnen finlandaise pour être soudain virevoltant, un Tyler Moy qui semblait avoir enfin retiré les protège-lames et les moufles qu’il avait enfilés après la signature de son contrat de deux ans et un Joël Vermin, notre gendre idéal, qui avait la confiance d’un Sisyphe moderne qui sait qu’il finira bien par ne pas se louper seul devant Tobias Stephan au bout de sa douzième tentative, on ne savait plus où donner de la tête. Sans parler du fait que le cerbère de Suisse centrale a rappelé à tous ceux qui l’avaient oublié que son contrat de l’année prochaine en terres lémaniques inclut bel et bien une clause Père Noël valable dès la signature de l’entente. Bref, on s’attendait presque à voir Sandro Zangger finir une charge dans sa zone défensive (s’il avait été sur la feuille de match il l’aurait sûrement fait) ou Johan Morant distribuer des free hugs en récitant des poèmes à l’eau de rose. Quand on ajoute la normalité à l’extraordinaire (Dustin « DJ » Jeffrey qui serait capable de mettre ses trois points par match depuis un bloc opératoire et de gagner un engagement après amputation des deux poignets, Christoph Bertschy dont le patinage pourrait assurer l’éclairage du chef-lieu vaudois à lui tout seul, Sandro Zurkirchen qui a soigné sa tremblote chronique depuis qu’on lui a dit que sa seule concurrence restante était Matteo Rytz et Petteri Lindbohm qui nous rappelle tranquillement pourquoi son équipe en prend 7 quand il est absent), on ne donne pas cher de la peau de l’antilope zougoise (c’est bien ça leur mascotte, non ?). 1-0 à la première transhumance vers les food trucks, sans forcer et en donnant l’impression que la taxe aurait pu être bien plus élevée pour le EV Zoug.

Les poètes Tim Traber et Johan Morant en viennent aux mains.

Fort heureusement pour la Loi de la Moyenne (on s’arrête là avec le placement de produits, promis !) chère à Stéphane Rochette et pour Raphael Diaz qui commençait à se sentir bien seul face aux sifflets lausannois lui rappelant son coup de coude impuni sur Torrey Mitchell, les arbitres ont soudain décidé de rééquilibrer les forces en présence. On venait probablement de leur rafraîchir la mémoire par voie d’oreillette sur qui était censé gagner ce match (et, qui sait, où ils payaient leurs impôts). Nous n’étions du reste pas les seuls à penser de la sorte. L’un de nos voisins, épris de justice mais probablement dépourvu de calculette, y allait même d’un cri du cœur : « Ils jouent à 7 contre 3 ! » Un voile pudique sera jeté sur le reste des propos de cet individu qui était également un adepte de la beauté et de la perfection dans le jeu, un peu moins du Petit Robert. Cette démonstration de puissance du quatuor arbitral (traduite par une caravane de migrants en direction du banc de pénalité et un mur de protestation du public armé d’éventails de bons du McDo pour l’occasion – grosse ambiance Hallenstadion-style) passée sans encombre, le LHC pouvait reprendre sa domination sans imposition dans la zone zougoise. 5-0 au deuxième thé. On jubile dans les travées de la patinoire provisoire à l’idée du supporter de l’enclave fribourgeoise ou genevoise du Pays de Vaud qui aura eu le plaisir de noter les différences entre mardi et ce soir. Plus rien n’arrête le plus grand club de Suisse civilisée. Pas même la réduction du score en fin de match (5-2 score final) ou le pugilat entre Traber et Morant que même Nostradamus n’aurait osé prédire. La Culture de la Gagne on vous dit. La suite mardi contre la deuxième équipe favorite de tout fan de hockey suisse qui se respecte et qui n’est pas luganais, le petit village léventin qui résiste encore et toujours à l’envahisseur capitaliste qui voudrait le forcer à avoir des infrastructures potables. Le Clapping de fin en vue d’une qualification définitive pour les playoffs (et surtout le top 4 synonyme de CHL) ?

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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