Boston au sommet du monde de la sphère orange

Le sport c’est bien évidemment une question de talent, c’est certainement une question de pouvoir et il est raisonnable de penser que c’est également une question de fric. On peut aussi se méfier du rôle de certaines petites pilules… Le sport sur les terrains professionnels dépend de tant de facteurs !

Cependant pour les fans (hommes beaucoup, femmes sûrement), les amateurs, les supporters, les joueurs de 11ème ligue, les piliers de bar à l’analyse sportive délicate, les lecteurs de journaux sportifs ou autres internautes avides de CartonRouge.ch, le sport est avant tout une question d’émotions. Voyez vous un de mes meilleurs amis est portugais. Hier soir, après la défaite des Lusitaniens contre les Allemands, il avait le regard triste, la mine abattue, il avait presque perdu un peu de poids, le bougre ! Il était à l’image du silence qui régnait dans Neuchâtel, surprenant après les fêtes dont nous avaient gratifiés les Portugais jusque-là. Je me suis fait deux réflexions. Tout d’abord je me suis dit : «Dommage, la fête de l’Euro est finie ici» puis je me suis dit : «Quel veinard tu es d’avoir choisi le basketball comme sport de prédilection et non pas le foot comme tous tes amis aujourd’hui détruits moralement par les résultats qui sont tombés dernièrement comme des matraques sur le sommet de leur crâne». En effet, mes amis suisses, français ou portugais doivent maintenant attendre 2 ans pour espérer gagner un titre majeur de football sans même être sûrs de pouvoir simplement participer alors que mes racines solidement encrées dans le Massachussets me permettront de revivre l’intensité de la quête d’un graal dès octobre prochain. C’est qu’aux Etats-Unis, le titre NBA  se nomme «2008 World Champion» et la fête, c’est donc potentiellement chaque année. Elle est pas belle la vie ?

Je laisse au placard mon intégrité, je laisse aujourd’hui dehors mon esprit impartial et je vous l’annonce en homme heureux : les Celtics de Boston sont les champions du monde.

La tradition en NBA veut que l’on hisse une bannière aux couleurs de l’équipe reine au dessus du parquet de cette dite équipe pour symboliser sa main mise sur le monde de la balle orange. Pour les Boston Celtics, il s’agit de la 17ème qui flotte maintenant dans les airs du TD Banknorth Garden. La dernière avait été dressée il y a 22 ans par un certain Larry Bird. Boston était et reste donc la franchise la plus capée de l’histoire de la NBA. Une ville référence pour ceux qui aiment le bruit impitoyable du ballon qui lèche cruellement le filet adverse.

Dans les chiffres, les Celtics ont battu les Lakers de Los Angeles de Kobe Bryant en six  manches. Le dernier match s’est soldé par une victoire à donner des frissons en pleine canicule : 131-92. Est-ce que c’est ce qu’on appelle une dégelée ? J’en ai des sueurs chaudes de bonheur. Il n’est pas vraiment nécessaire de discuter le match tant, vous l’imaginez, la partie est allée dans un seul sens. Pour vous autres fans de foot, apparentez ce score à un 5-0 !

Ainsi trois des plus grands joueurs évoluant en ce moment sur les parquets de la ligue d’outre Atlantique sont enfin au sommet du monde. Kevin Garnett d’abord, sûrement le meilleur ailier fort depuis… longtemps, très longtemps. 11 fois All-Star, Mvp (Most Valuable Player soit joueur le plus valable) de la saison 2004 et meilleur défenseur de la ligue cette année, il peut enfin prétendre à la gloire éternelle après 13 ans d’attente. Ray Allen ensuite, le plus pur shooteur de la ligue. Un visage qui ressemble à un havre de sérénité. Discret depuis 12 saisons, travailleur de l’ombre apportant pourtant tellement de lumière, joueur le plus sympathique de la ligue, il accédera lui aussi au panthéon. Et enfin Paul Pierce ! Lui qui, fidèle parmi les fidèles, a vécu les neuf pires saisons que les Celtics n’aient jamais connu en 62 ans. Lui qui a été poignardé à 11 reprises en boîte de nuit par un jaloux il y a 8 ans. Il sera celui dont on se souviendra lors de ces playoffs. Elu MVP des finales, il aura volé la vedette à celui de la saison : Kobe Bryant. Paul Pierce est surnommé «The Truth» (La Vérité) et ce n’est pas pour rien.

Un mot sur les vaincus. Kobe Bryant reste bien évidement le meilleur joueur du monde. Mais il est seul. Si seul à l’interview d’après match. Si seul à essayer de ne pas dire clairement que ses coéquipiers n’étaient pas à la hauteur. Kobe Bryant est un grand homme, un leader extraordinaire et sa carrière n’est de loin pas finie. Boston représente dorénavant son plus grand défi. Il est certain qu’il le relèvera avec la passion et l’énergie incroyable qui habite son jeu de génie.

Je conclurai cet article et du même coup la saison par un dernier parallèle avec le foot. Dans un excellent article que j’ai lu hier sur CartonRouge.ch, mon compère disait que les équipes offensives avaient été récompensées à l’Euro 2008 à l’image de l’Espagne ou des Pays-Bas. Le basket, c’est décidément tout le contraire. A Boston, c’est la défense qui a gagné le titre cette année. Le coach Doc Rivers n’a d’ailleurs que ce mot à la bouche. Ce qui lui a amené un immense cigare dans cette même bouche. Est-ce que cela rend le match ennuyeux ? Les Celtics n’ont jamais aussi bien défendu que lors de l’ultime rencontre de cette saison. Ils ont scoré 131 points. Je vous laisse seul juge…

Alors que la Nati vous a donné rendez-vous en Afrique du Sud dans deux ans, je vous donne rendez-vous en octobre pour une nouvelle saison. Vu la qualité de celle qui vient de prendre fin, l’été me semble infiniment long.  D’ici là, amis de Thabo Sefolosha : «Hop *******», quelle que soit l’équipe qui vous reste… Et vive Boston !

Écrit par Michael Ecklin