La Russie à l’assaut des Pays-Bas !

Les Russes l’ont fait ! Opposée à une solide et talentueuse équipe suédoise, la formation de Guus Hiddink a offert à ses supporters une véritable leçon de football mercredi soir. Bien en place derrière sous la conduite d’un Sergeï Ignashevitch plus que jamais souverain, les Russes ont fait étalage de leurs qualités sous les yeux d’un public conquis.

En fait, ce qui me réjouit le plus, ce n’est pas que la Russie se soit qualifiée (bien que cela me fasse bien sûr très plaisir), mais qu’elle ait accompli cette performance en ne reniant pas ses principes de jeu traditionnels. Les Russes ont battu la Suède en jouant… à la russe : passages dans le dos, redoublements, jeu dans les intervalles, mobilité, vivacité, passes courtes et déviations, la Russie a sorti tout le répertoire hier et a montré à l’Europe une partie de son potentiel. Une chose qui me surprend, c’est que pas mal de monde semble découvrir aujourd’hui que cette équipe russe est très agréable à voir jouer. Cela me surprend parce que la Sbornaja a toujours été flamboyante et capable de proposer un jeu aussi spectaculaire et ce n’est donc pas une surprise de constater aujourd’hui encore ce dont elle est capable.

Les supporters russes en liesse !

La seule chose qui a changé, et grâce éternelle en soit rendue à Guus Hiddink, c’est que cette équipe russe est aujourd’hui concentrée défensivement (à part contre l’Espagne, mais la leçon a été rude) et arrive à concrétiser l’une ou l’autre de ses actions. Combien de matchs ai-je vu gâchés de la part des Russes en raison de leur apathie offensive face à un adversaire ultra-dominé ? Guus Hiddink a changé ça et je le tiens en très haute estime pour avoir enfin su exploiter le potentiel de cette équipe.
J’ai eu peur contre l’Espagne, peur que tout redevienne comme avant, mais les matchs contre la Grèce et la Suède ont donné raison au Mage hollandais. Déjà phénoménal avec la Corée ou l’Australie, Hiddink a analysé les forces et faiblesses russes et a su en tirer le meilleur en ne reniant pas le style russe. Massif ! J’aurais été tellement déçu et fâché de voir la Russie s’imposer en jouant un football minimaliste et défensif qui ne lui aurait pas ressemblé que ma joie de les voir s’imposer en jouant le football que j’ai toujours aimé voir chez eux n’en est que plus grande… Et, ma foi, j’en ai vécu des déceptions avec cette équipe pour avoir d’autant plus le droit d’écrire ma joie aujourd’hui !
Franchement, les deux buts russes, c’est la classe, non ? Deux actions somptueuses conclues par les arrières latéraux (Anyukov pour le 1-0, Zhirkov pour le 2-0) dont les dernières passes ont trouvé Roman Pavlyuchenko et Andreï Arshavin, lesquels ne tremblaient pas… cette fois, parce que ces deux pitres ont quand même trouvé le moyen de rater 5 buts quasiment tout faits ! Tout le monde s’extasie sur Arshavin (un peu surestimé à mon avis, mais bon), mais franchement, pour moi le meilleur joueur russe, outre Igor Akinfeev, c’est l’incroyable Konstantin Zyrianov, infatigable milieu de terrain du Zenit Saint-Pétersbourg. Hier encore, quel volume de jeu, quelle abnégation, quelle vision chez le brillant numéro 17 ! Bon, ok, j’arrête de m’enflammer, mais c’est tellement bon !

Zhirkov a amené le second but

Prochain rendez-vous pour les Russes, samedi soir à 20h45 à Bâle face aux Pays-Bas. On dit souvent que les matchs entre deux équipes jouant magnifiquement se révèlent comme particulièrement insipides. Si tel est le cas, et les deux équipes jouant tellement bien depuis le début de l’Euro, on risque bien d’avoir un match pourri, ce qui n’est bien sûr pas mon souhait ! Mais nul doute qu’Hiddink aura une petite idée derrière la tête face à ses compatriotes…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Russie – Suède 2-0 (1-0)

Tivoli-Neu, Innsbruck. 30’772 spectateurs.
Arbitre : M. De Bleeckere (Be).
Buts : 24e Pavlyuchenko 1-0. 50e Arshavin 2-0.
Russie : Akinfeev ; Anyukov, Ignashevich, Kolodin, Zhirkov; Semak; Zyryanov, Semshov, Bilyaletdinov (66e Saenko); Pavlyuchenko (90e Bystrov), Arshavin.
Suède : Isaksson; Stoor, Mellberg, Hansson, Nilsson (79e Allbäck); Elmander, Andersson (56e Kallström), Svensson, Ljungberg; Larsson, Ibrahimovic.
Cartons jaunes : 10e Isaksson, 49e Elmander, 57e Semak, 65e Arshavin, 76e Kolodin.

PS exclusif pour mon ami Yuri : le tifo au début du match (que je n’avais pas vu, j’étais allé chercher les John Smith au bar) représentait la figure héroïque de celui qui est considéré par beaucoup comme le plus grand des tsars, Pierre le Grand (ou Piotr Velikii comme ils disent). Pourquoi ? Parce que c’est lui qui a défoncé les Suédois au début du 18ème siècle ! Petit rappel historique : Pierre le Grand fonde la ville de Saint-Pétersbourg en 1703, pas trop loin de la Scandinavie. Charles XII (Roi de Suède, le Couchepin local, quoi) se dit que bon, faut pas déconner, on va aller botter le train aux Russes et les repousser jusqu’à Moscou, histoire de rester les patrons en Europe du Nord. Charles passe alors la frontière (pas besoin de visa à l’époque, d’ailleurs si Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev me lisent, merci d’arrêter avec ces conneries de visas, ça veut rien dire franchement), éclate deux-trois cosaques sans se retourner, mais se fait démonter à Poltava (Ukraine actuelle) par les troupes de Pierre Le Grand. Le bon Piotr décide de ne pas le décapiter sur place mais l’autorise à s’exiler trèèèèèèèèès loin, histoire qu’il revienne jamais. Charles XII ruminera donc sa défaite jusqu’à la fin de sa vie sur les bords du Bosphore puisqu’il était copain avec les Ottomans. Y a pire ! Bon, bref, en résumé, le Tsar Pierre le Grand a fracassé les Suédois et les supporters russes l’ont rappelé avec humour hier soir aux fans vikings avec ce tifo géant et les quelques drapeaux tsaristes égarés. Voilà Yuri (s’il y a un historien dans la salle, merci de ne pas être trop regardant sur l’exactitude des faits, mais c’est pas trop éloigné quand même) !