Messi a ravi ses groupies

Dans une ambiance évoquant davantage un concert de Patrick Bruel qu’un match de foot, l’Argentine a battu la Suisse 3-1. Ou plutôt Messi a battu Shaqiri, tant les deux formations semblaient dépendantes de leur joueur vedette respectif pour créer du danger. Cela nous fait déjà au moins un point commun avec l’Albiceleste.

Les chiffres sont implacables. 16’800 spectateurs pour un Suisse – Bulgarie décisif dans la course à l’Euro 2012 avec des prix de billet attractifs, 30’250 spectateurs pour un Suisse – Argentine sans enjeu avec des tickets au prix prohibitif : le spectateur suisse moyen reste très événementiel. En l’occurrence, l’événement ce n’était pas tellement le venue d’une équipe d’Argentine qui ne fait plus rêver personne, laminée par l’Allemagne en Afrique du Sud, ridiculisée lors de la Copa America disputée chez elle en 2011 et pas trop bien partie dans les qualifs de la Coupe du Monde 2014, avec notamment une défaite contre le Venezuela des frères Feltscher et un nul chez elle contre l’ogre bolivien. Non, ce qui avait attiré les Footix en nombre, c’était bien sûr la présence de Lionel Messi. Il en a résulté des acclamations énamourées, salves d’applaudissements et autres murmures de satisfaction à chaque prise de balle de la Pulga. Et même des cris d’admirations béats sur un tir passé huit bons mètres à côté du but. Grotesque.

La Nati à Berne !

En fait, le vrai événement du soir, c’était le retour de la Nati au Wankdorf où elle n’avait plus évolué depuis l’automne 2005 et un mythique Suisse – Turquie dans une ambiance un poil moins Bisounours que hier soir, on en a encore des frissons. C’est vraiment un plaisir de revoir l’équipe nationale à Berne, dans un stade plus convivial, plus fonctionnel et surtout géographiquement beaucoup mieux centré que celui de Bâle. Vu que les adversaires de la Nati en vue de la Coupe du Monde 2014 ne vont pas déplacer les foules, espérons que l’ASF privilégiera les matchs au Wankdorf plutôt qu’à Saint-Jacques.

Quelle passivité !

En découvrant la formation albiceleste, on comprend pourquoi celle-ci ne suscite plus guère d’enthousiasme. A priori, le plan de jeu argentin, c’était d’avoir neuf joueurs pour défendre et passer le ballon au duo Messi-Agüero, chargé d’animer l’offensive à lui tout seul ou presque. Presque car il y avait aussi José Ernest Sosa, ex-grand flop du Bayern Munich, qui tente de relancer sa carrière à Kharkov. Des internationaux argentins qui jouent à Kharkov ou, pire, à Nice, l’Albiceleste c’est vraiment plus ce que c’était.
Cette stratégie a fonctionné en début de match, face à une défense suisse beaucoup trop respectueuse de ses prestigieux adversaires. On en est presque venu à regretter de ne plus avoir dans l’équipe un Roger Wehrli ou un Yvan Quentin pour poser une vieille semelle après deux minutes, juste pour montrer que les petits Suisses n’étaient pas impressionnés. Après deux ou trois ouvertures avortées de justesse, l’Argentine va logiquement trouver la faille sur une magnifique combinaison entre Kun Agüero et Leo Messi.

Shaqiri, Messi, what else ?

La Suisse va peu à peu entrer dans son match, défendre de manière plus agressive et s’enhardir à l’approche de la mi-temps avec un tir juste à côté de Rodriguez et une jolie combinaison Shaqiri – Mehmedi – Xhaka ponctuée d’une volée du Bâlois juste au-dessus. Même si les Argentins réclameront une faute de dernier recours d’Affolter sur l’action précédente, c’est de façon méritée que la Suisse va égaliser sur un centre de Granit Xhaka, une reprise manquée de Derdiyok et une conclusion en force de l’inévitable Xherdan Shaqiri. La Suisse était bien dans son match, Messi ne touchait plus beaucoup le ballon et, à part une frappe d’Agüero détournée par Wöfli, l’Argentine n’était plus guère dangereuse. La Suisse semblait donc pouvoir tenir sans trop de problème le match nul, voire même, pourquoi pas, rêver à une première victoire de son histoire contre l’Albiceleste, même si les occasions de prendre l’avantage n’ont pas été légion. Las, François Affolter, excellent jusque-là, s’est un peu enflammé et a perdu le ballon qui a permis à Lionel Messi d’offrir la victoire à l’Argentine. La Pulga ravira définitivement ses groupies en s’offrant le triplé dans les arrêts de jeu sur pénalty. Il y en a qui n’ont pas dû être très productifs au boulot aujourd’hui, trop occupés à montrer à leurs collègues leur cliché du millénaire, la photo de Lionel Messi s’apprêtant à tirer un pénalty aussi capital…

Et qui à part Shaqiri ?

Globalement, la Suisse n’a pas fait un mauvais match. La charnière centrale Senderos – Affolter a été intéressante et on espère qu’Ottmar Hitzfeld ne tiendra pas rigueur au néo-Brêmois de son erreur de jeunesse. Rodriguez semble lui installé pour un bout de temps dans son couloir gauche. Offensivement en revanche, il devient de plus en plus évident que la Suisse dépend exclusivement de Xherdan Shaqiri, dans tous les (rares) bons coups hier. Que se passera-t-il lors des matchs décisifs de l’automne si le Bâlois est blessé, dans un mauvais soir comme il l’avait été au Monténégro ou au Pays de Galles ou à court de compétition parce qu’il ne joue pas au Bayern ? La Suisse sera condamnée à ne pas prendre de goal pour sauver le 0-0. Admir Mehmedi paraît encore bien tendre et Granit Xhaka est bourré de qualités, on l’a encore vu sur le 1-1, mais il n’est pas un numéro 10. Quant à Eren Derdiyok, une fois de plus, il est passé au travers avec la Nati, entre ballons perdus bêtement et reprises à côté du ballon. Certes, il revenait de blessure puisque samedi dernier à Köln il s’est échauffé durant 45 minutes sans entrer en jeu mais ça n’excuse pas tout. Lors d’un coup-franc à 30 mètres, on a vu Ottmar Hitzfeld, juste devant nous, revenir dépité vers son banc quand il a vu que Derdiyok allait tirer, avant même que celui-ci n’ait commencé sa course d’élan pour viser le deuxième anneau.

On veut vraiment y aller, au Brésil ?

La Suisse joue en 4-2-3-1, très bien, c’est à la mode. Le problème, c’est qu’elle n’a aujourd’hui pas de joueurs pour tenir les postes clés de numéro 10 et d’attaquant de pointe. Au vu des joueurs à disposition (ou pas), la Nati serait plus à l’aise dans un 4-4-2 bâlois, avec Xhaka et Inler (à la place de Huggel) en Doppelsechs, Shaqiri et Fabian Frei (ou Stocker, auteur d’une bonne rentrée hier) sur les côtés. Et devant ? Tu vois où je veux en venir et tu vas me dire que j’insiste lourdement. Certes. Mais quand on aura perdu 1-0 en Norvège et fait 0-0 à domicile contre l’Albanie, tout le monde le réclamera. Alors autant faire preuve de clairvoyance avant d’être au pied du mur et suggérer à Ottmar Hitzfeld de profiter de la dynamique positive bâloise pour prendre son bâton de pèlerin et aller convaincre Alex Frei et Marco Streller de revenir en équipe nationale. De façon à pouvoir aligner la meilleure équipe possible pour maximiser nos chances d’aller au Brésil. A moins bien sûr que l’objectif ne soit déjà de préparer les qualifications pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

Et maintenant l’Allemagne

Et si Gottmar ne sait pas comment bien faire jouer Frei et Streller avec Shaqiri, Stocker, Xhaka & Co, il peut toujours aller demander conseil au néophyte Heiko Vogel, il lui expliquera volontiers. La prochaine échéance pour la Nati, c’est l’Allemagne à Bâle fin mai, soit un adversaire qui sera techniquement et collectivement infiniment supérieur à l’Argentine vue mercredi à Berne. Et donc un adversaire contre lequel la Suisse pourra se complaire dans son rôle favori de petit qui n’a rien à perdre, laisse le contrôle du jeu à l’adversaire et attend un hypothétique exploit de Shaqiri pour marquer. Soit pas du tout le genre d’adversaire que la Suisse va devoir affronter sur le route du Brésil. Mais au moins ça remplira le stade.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Argentine 1-3 (0-1)

Stade de Suisse, 30’250 spectateurs.
Arbitre : M. Meyer (Allemagne).
Buts : 20e Messi (0-1), 50e Shaqiri (1-1), 88e Messi (1-2), 93e Messi (pénalty, 1-3).
Suisse : Benaglio (46e Wölfli) ; Lichtsteiner (58e Ziegler), Senderos, Affolter, R. Rodriguez ; Inler, Dzemaili (66e Stocker); Shaqiri, Xhaka, F. Frei (46e Derdiyok, 87e Vitkieviez); Mehmedi (81e Emeghara).
Argentine : Romero; Campagnaro, Garay, Fernandez, Zabaleta; M. Rodriguez (71e Salvio), Brana (46e Gago), Mascherano, Sosa (81e Huguain); Agüero, Messi.
Carton jaune : 73e Inler.

Écrit par Julien Mouquin

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8 Commentaires

  1. Vraiment scandaleux ce match !!! Quel public de m**** et je pèse mes mots.

    Comment ces gens peuvent se prétendre suisses quand ils sifflent leur propre équipe nationale??? Je suis d’accord qu’il y a matière à discuter sur leur(s) performance(s), mais de là à siffler ses propres joueurs et acclamer l’équipe adverse, je trouve ça tout simplement scandaleux. Alors que Messi soit un joueur exceptionnel est une chose, mais que des Suisses osent supporter l’équipe adverse alors qu’ils ne sauraient même pas situer l’Argentine sur une carte du monde, je trouve cela juste risible…

    Après on s’étonne que notre équipe n’obtienne pas de résultat, mais si à chaque fois qu’on joue à domicile on a un soutien pareil, ça ne m’étonne même pas… Vraiment dégoûté de cette réaction.

  2. Existe-il deux Inler ? hier soir c’était pas du tout le même que mardi passé au stade San Paolo. A part ça on croise Inler et Messi et la Suisse gagne 3-0, les seules fois où les Argentins ont été dangereux c’est quand La Pulga a accéléré ! Quand au retour de Streller et Frei, il n’y pas d’autres solutions pour le moment. Moi personnellement depuis que j’ai assisté en direct « live » au but de Streller à Istanbul un soir de novembre 2005 j’ai décidé que j’aimerai et pardonnerai tout à ce joueur pour toute la vie qui reste !!!

  3. Ca fait plaisir de voir que je ne suis pas le seul à être dégouté par cette bande de footix dans leur sortie du mercredi soir qui passent 90 minutes à se toucher la nouille devant Messi.

    Ca doit être les mêmes qui aujourd’hui vomissent sur la Nati sur le site ô combien bien fréquenté du Machin.ch

    Bon je vais quand même y aller de ma petite critique, pas contre les joueurs qui ont fait leur match. Cette équipe de jeunots me fait plaisir à moi ! Par contre le père Gottmar … il a décidé qu’il arriverait à convertir les joueurs à des places qui ne sont pas les leurs en club? Pour le prochain match je lui propose de mettre Xhaka en défense (voir aux buts), Inler en pointe et Shaqiri latéral.

    Enfin, seulement si j’ai bien compris

  4. Ah là là… trois mois qu’ils sont partis et tout le monde les veut de nouveau. Depuis presque 2008, voire avant, Frei est improductif en équipe nationale et on devrait discuter si sa forme en club n’est pas liée directement à cette retraite.
    Organiser la campagne 2014 autour de cet attaquant serait certainement contre-productif. Et il aurait une pression terrible qu’il a prouvé ne pas savoir gérer. Ce sera reparti pour le psycho-drame il me semble. Bref, une solution du passé qui est bien inutile à l’heure actuelle.
    On va oublier Derdyok mais entre Mehmedi et Emegharra, on a de la jeunesse qui pousse pas mal et qui, elle, a tout à prouver.

    Ceci dit, parlons d’avenir: quand est-ce que la Suisse a tenté pour la dernière fois une passe transversale en attaque à la 10ème minute du match?
    Notons ce petit détail: l’Argentine, de l’aveu du rédacteur de cet article, joue à 9 derrière.
    Honnêtement, ça fait longtemps que j’ai pas vu la Suisse autant se projeter vers l’avant, ce qui ne peut être que positif à long terme.
    Et bon, c’est jeune, ça a pas mal joué, entre Lischteiner et Rodriguez on a enfin des latéraux potables et modernes, un milieu qui monte en jouerie régulièrement, quelques joueurs avec un réel potentiel international…
    Franchement, l’avenir a déjà été plus sombre… Reste effectivement à trouver le plan de jeu.

  5. Amoureux de messi= footix?
    2 champions leagues, trois liga des matchs d’antologie( barça bayern 4-0 2009; barça real 5-0 2010, 2011 barça manchester united 3-1etc…. )
    Du football comme j’en jamais vu depuis 1982
    Une seule équipe soutient la comparaison au niveau de la circulation de balle ( le dynamo de kiev de 1986)avec le barça.
    et cette formidable machine à jouer dépend de l’idole des footi x
    Messi est le joeur le plus perciutant depuis Maradonna , je me damande si on voit les memes matchs?

  6. Se palucher semaine après semaine et publiquement devant les exploits d’un club allemand fait de vous tout un expert du football. Aller au stade en simple amateur pour admirer le meilleur joueur au monde, ça fait de vous un abruti moyen (ou footix dans le langage des Docteurs ès sports). Pas compliqué pourtant…..

  7. @Mounir et Max

    Il n’est pas ici question de savoir si les reporters se paluchent devant le Borussia ou le Bayern, on soulève ici le problème que le « supporter » suisse se déplace pour un match sans importance (meilleur joueur acteul du monde ou pas) alors que le stade n’est pas plein quand il y a des matchs cvapitaux pour une qualification de notre pays…

    Sans défendre aucun des arguemnts de chacun en particulier, force est de constater que ces assistances à de grands rendez-vous est quand même désolant…

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