La belle aventure continue

Sur un terrain détrempé, le Lausanne-Sport a souffert mais a tenu bon contre une solide équipe danoise. Les Lausannois joueront les play-offs de l’Europa League et peuvent rêver soit d’un grand d’Europe, soit d’une accession à la phase de groupe, voire les deux si l’on s’enflamme un peu. Impensable il y a quelques mois encore.

Le 8 mai dernier, nous ne devions être guère plus de 300 pour la venue de Gossau à la Pontaise. Moins de trois mois plus tard, nous sommes plus de 8’000 à nous presser dans le vénérable Stade Olympique pour encourager le Lausanne-Sport. C’est dire l’opération reconquête et séduction qu’est en train d’effectuer cette enthousiasmante équipe lausannoise en ce début de saison. Le tout dans une joyeuse désorganisation à la vaudoise avec files d’attente aux caisses et aux buvettes, sandwiches épuisés avant même le coup d’envoi, interdiction d’alcool pas vraiment respectée (et même manifestement bafouée dans la cabine du speaker…) mais ça fait tellement plaisir de revoir la Pontaise comme cela que l’on pardonnera bien volontiers ces quelques couacs ; on espère juste que les nombreux événementiels reviendront. Par contre, si les docteurs qui n’ont pas mis les pieds au stade depuis cinq ans et ne connaissent aucun joueur mais nous saoulent pendant 90 minutes avec des théories fumeuses sur la prétendue médiocrité du jeu pouvaient reprendre leurs places habituelles en Tribune Nord et non en Tribune Sud, ce serait sympa, merci.

L’ogre danois

Avec une victoire 3-2 au match aller en déplacement, le Lausanne-Sport avait statistiquement toutes les chances de son côté pour passer le tour. On relèvera tout de même que le Danemark occupe la 12e place du ranking UEFA actuel, avec plus de cinq points d’avance sur la Suisse, 16e. C’est dire que, pour un club de deuxième division, rivaliser avec une équipe de première division d’un pays bien mieux classé dans la hiérarchie européenne reste un authentique exploit, même si l’adversaire en question n’est pas le plus prestigieux qui soit. Sur un terrain détrempé (le match a failli ne pas se jouer), les Danois démontrent d’ailleurs qu’ils n’ont pas abdiqué et font passer vingt premières minutes difficiles au LS, sous l’impulsion du redoutable Yura Movsisyan, déjà auteur des deux buts danois à l’aller et tout près de tromper Favre dans un angle impossible en début de match. Après vingt minutes, les Vaudois reprennent le contrôle du match, parviennent à s’installer dans le camp adverse et à se créer quelques occasions, notamment par Celestini et Silvio, avec souvent un excellent Michel Avanzini à l’origine. Malgré une grosse frayeur sur un presque auto-goal de Sonnerat (superbe réflexe de Favre), c’est sur un très bon 0-0, compte tenu des circonstances, que le LS atteint la pause.

L’ombre d’un doute

La deuxième période débute comme la première, par une domination scandinave. Sauf que cette fois Randers va trouver la faille, par l’inévitable Movsisyan, après un corner et un cafouillage devant le but vaudois. On commence à craindre le pire, on est d’ailleurs tout près du 0-2 qui eût qualifié les Danois sur une volée de Beckmann et le LS n’est vraiment pas à l’abri d’une très mauvaise surprise. Surtout que l’arbitre perd complètement les pédales avec notamment, entre autres décisions ubuesques, un penalty oublié pour une main de Pedersen et l’expulsion de Katz (si le deuxième carton jaune est logique, le premier tenait du sketch). Il ne faudra pas que les Lausannois oublient d’écrire une lettre de jérémiades au Vatican pour expliquer que les arbitres étrangers sont trop méchants avec eux et qu’ils exigent désormais d’être arbitrés par des Suisses en Coupe d’Europe. Bref, pendant une vingtaine de minutes, alors que le Lausanne-Sport peinait à porter le danger devant le but adverse, tiraillé entre l’envie d’aller porter l’estocade et la crainte d’encaisser un deuxième but, on a tremblé.

Martin Rueda marche sur l’eau

Mais il est un homme à qui tout réussit en ce début de saison, l’entraîneur lausannois Martin Rueda. A peine son équipe avait-elle concédé l’ouverture du score que l’ancien mentor du FC Wohlen faisait rentrer son joker Rodrigo Tosi. Coaching gagnant puisque dix minutes plus tard, le Brésilien libérait la Pontaise en reprenant de la tête un corner de Nicolas Marazzi. Et retour à la case départ pour Randers, à nouveau obligé de marquer deux fois pour entrevoir la qualification. Les Danois ne s’en remettront pas, il y aura quelques escarmouches mais la défense lausannoise, autour d’un Sébastien Meoli impérial, a parfaitement tenu le choc. Le Lausanne-Sport pouvait donc s’envoler vers une qualification méritée pour les play-offs (Anthony Favre a d’ailleurs déjà la barbe en mode play-off) donnant accès à l’Europa League.

Le derby dimanche

Avec trois unités ajoutées au coefficient suisse, le LS a déjà apporté deux fois plus de points à notre pays qu’YB et Sion réunis la saison dernière ! Et jusqu’à nouvel avis, lorsqu’il s’agit d’accorder des places supplémentaires en Champions League ou en Europa League, l’UEFA ne se préoccupe pas de savoir si les points ont été marqués contre Randers ou Barcelone. D’ailleurs, comme nous le répètent sans cesse nos amis de la TSR, il n’y a plus de petites équipes : on rappellera la mésaventure d’une équipe située juste de l’autre côté de la frontière qui se voyait déjà en Ligue des Champions après un tirage «facile» contre Sturm Graz et qui s’était lamentablement vautrée. Dès lors, quoiqu’il advienne lors de ce tour de play-off, le Lausanne-Sport a d’ores et déjà réussi sa saison européenne et a fait honneur au football suisse. Ce qui viendra ensuite ne sera que du bonus.

En attendant, il y a un championnat dans lequel le LS a également une belle carte à jouer. Cela tombe bien, dimanche il y a un certain derby vaudois contre Yverdon, avec en jeu la suprématie cantonale qui échappe au club de la capitale depuis sa rétrogradation sur le tapis vert en 2002. Ce LS 2010-2011 semble mûr pour mettre un terme à l’usurpation et reprendre sa place naturelle au sommet de la hiérarchie vaudoise. La Bundesliga et le foot régional n’ont pas encore repris, il n’y a pas de Giron ce week-end et la bise ne devrait pas souffler sur les Plaines-du-Loup, il n’y a donc aucune excuse valable pour bouder la Pontaise dimanche, on compte sur ta présence. Ce nouveau Lausanne-Sport le mérite bien.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Randers FC 1-1 (0-0)

Stade Olympique, 8’150 spectateurs.
Arbitre : M. Black, assisté de MM. Eakin et McDowell.
Buts : 49e Movsisyan (0-1), 68e Tosi (1-1).
Lausanne : Favre ; Katz, Buntschu, Meoli, Sonnerat ; Steuble, Celestini, Marazzi, Avanzini (92e Carrupt) ; Silvio (82e Stadelmann), Roux (57e Tosi).
Randers : Ousted ; Pedersen, Egholm (82e Ahmed), Fenger, Jensen ; Berg, Sane (75e Olsen), Lorentzen, Cramer (63e Fischer) ; Movsisyan, Beckmann.
Cartons jaunes : 45e Sonnerat, 51e Roux, 75e Katz, 95e Beckmann, 95e Tosi.
Cartons rouges : 80e Katz (2e avertissement), 95e Fischer (faute grossière).

A propos Marco Reymond 470 Articles
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33 Commentaires

  1. Tcheu le Celestini il assure! Belle perf’ du LS!

    Par contre la speakrine danoise, je me demande à quoi elle ressemblait…

    Et c’était quoi cette baston de la fin de match? Ca n’a servi à rien…

    Vive le LS et prochain tour ils éliminent la Juve!

  2. je n’ose imaginer la gueule de bois dont certains souffrent ce matin. félicitations au ls et pourvu que la saison se poursuive de manière aussi enthousiasmante.

  3. J’aimerais bien qu’on renomme les plaines du loup, les plaines de loulou s’il vous plaît!
    C’est un message adressé aux autorités de la ville présente avec des jumelles dans le stade hier soir pour traquer le loup, ils m’ont eu mais en demandant poliment ils m’ont donné l’asile.
    Merci M. Vuilleumier!

  4. Bravo les gars.
    Ca fait plaisir.

    Je me réjouis de voir le LS jouer dans le superbe stade de la Maladière. Faut oublier la Praille, c’est trop grand, plein de genevois et en plus il faut des plombes pour parcourir les 60 bornes en voitures (travaux, bouchons, etc.) et en trains (panne, etc.) qui séparent Loz de GVA.

    Alors que le trajet Loz – Neuch est bien plus bucolique.

  5. Superbe LS, un coeur gros comme ça !!!

    Je fais partie des événementiels qui sont retournés à la Pontaise hier soir. Et je reviendrai !

    Maintenant, j’espère qu’on chopera un club « abordable » histoire de se qualifier pour la phase de poule… je sais, je rêve un peu.

  6. Ce sera l’un des six clubs suivants:
    Manchester City
    Fenerbahçe
    Villareal
    Lokomotiv Moscou
    Odense
    Dinamo Zagreb

  7. Sinon message pour Marco, je pense qu’au niveau de la qualité des questions tu n’as plus rien à prouver, tu es mûr pour la TSR. Adieu le journaliste libre et indépendant aux questions dérangeantes et bienvenue au journaliste formaté de la TSR.
    Adieu Marco!

  8. Julien, est-ce que tu sais comment (et pourquoi) les différents groupes ont été formés ? En voyant le nom des équipes j’ai l’impression qui a des groupes plus relevés que d’autres.. typiquement le groupe 4 (pauvre GC..) et le groupe 2..

    Le pourquoi je suppose que c’est pour éviter les rencontres entre même pays..

  9. Superbe Mouken!!! Heureusement qu’y a pas de giron, car je crois que tu n’aurais jamais trouvé la Pontaise le w-e dernier. T’es une star!!

    Vivement un dép en Allemagne avec toi.

    Sinon ben bravo LS!

  10. @Nicolas
    Aucune idée, le règlement dit juste « En vue des tirages au sort de la phase de qualification et des matches de barrage, l’Administration de l’UEFA a la possibilité de former des groupes, conformément aux principes fixés par la Commission des compétitions
    interclubs. »
    ça doit être assez arbitraire.
    @Jo:
    20% de chances pour un Dortmund – GC

  11. @Mouken

    Arrête, j’arrive pas manger tellement j’attends ce tirage! Mais on sera pas à la même place pour un Dortmund-GC. 😉

    Donc on remet de toute façon ça pour un autre. 😉

  12. @ Nicolas, tu as raison,
    2 équipes d’une même association ne peuvent pas se rencontrer, vu sur le site de l’UEFA: « Ces 74 équipes au total sont divisées en huit groupes pour le tirage au sort : six groupes de dix équipes et deux groupes de huit, comprenant chacun un nombre identique de clubs têtes de série et non têtes de série. Ce statut dépend du coefficient UEFA établi au début de la saison. Deux clubs d’une même association ne peuvent pas tomber dans le même groupe. »

  13. si ça veut dire que j’avais raison 🙂

    Il y a les têtes de séries et les autres, au lieu de faire un tirage au sort intégral et donc risquer d’avoir un match PSG – Lille par exemple ils répartissent les équipes pour s’éviter ça. mais il y a pas beaucoup de détails sur comment ces groupes sont formés (sur le coefficient ? tirage au sort ? )

    sinon steaua pour gc.. ça me semble jouable..

  14. Les rédacteurs feront-ils le déplacement dans la « chaude » (qui l’eut-cru) Russie? Je me réjouis de lire la chronique d’après-match en tout cas!

  15. Lokomotiv sera non seulement très peu abordable, le championnat russe navigue une bonne ligue en-dessus du suisse, mais en plus pas très populaire.

    Dommage au niveau attractivité, c’est le plus mauvais tirage avec Odense, qui, lui, aurait eu l’avantage d’être plus abordable sportivement.

    Sinon, bravo au LS pour cette leçon de foot et cet état d’esprit irréprochable. Parce qu’au-delà du résultat, il y a la manière qui était bien présente. C’est là-dessus que le LS doit se construire pour rejoindre l’élite du foot suisse.

  16. Bravo Lausanne, il fallait les avoir bien accrochées pour passer l’épaule hier soir.
    Excellent compte-rendu d’une excellente soirée donc. Et rappeler les prouesses des frontaliers contre Sturm Graz ne gâche rien au papier, bien au contraire.

  17. « qui s’était lamentablement vautrée » contre Sturm Graz: je trouve que 2-1 en Autriche et 2-2 aux Charmilles, ce n’est pas se « vautrer lamentablement », mais bon…

    Et pour jouer une phase préliminaire de la Ligue des Champions encore faut-il gagner le championnat suisse… ABE

  18. surtout que YB dispute « une phase préliminaire de ligue des champions » sans avoir été champions. toc!

    Et oui, c’était « se vautrer lamentablement » que de s’incliner contre Sturm Graz à cette époque.

  19. Depuis l’étranger ça a du bon de lire les résumés des matches du LS! J’aimerais tant être à Lausanne pour LausanneSport-Yverdon. Me souviens d’un même derby vaudois – mais en LNA – dans les années 90, mois de novembre, 0-0, 1’100 (mille cent, pas onze mille) spectateurs… Mon rêve: LS et Napoli dans le même groupe d’Europa League!

  20. C’est vrai que nous autres, étrangers genevois nous nous étions fait éliminer par Graz, adversaire à notre portée.
    Mais pour pouvoir jouer ces matchs, on avait surtout du gagner un match 5 à 2, un soir de juin à la Pontaise.
    Vous vous souvenez? Votre anus s’en est -il remis depuis?

  21. Aux genevois, oui on s’en rappelle très bien d’ailleurs le match n’aurai jamais dû avoir lieu tellement le terrain était détrempé, la balle ne rebondissait même pas…

    sinon pour être complet, la défaite contre Sturm Graz avait été suivie d’une autre défaite en UEFA contre la redoutable équipe du Aris Thessaloniki au premier tour

  22. Ha bon! Si le LS a perdu le titre en 99 à domicile, c’est à cause de la pluie! Ok, Ok…On me l’avait pas encore faite celle-la!
    Vivement le derby à la Praille le mois prochain. Pourvu qu’il ne pleuve pas, qu’il n’y ai pas trop de vent, qu’il ne fasse pas trop froid ou chaud! Histoire que le LS puisse jouer en pleine possession de ses moyens, sinon il faudra annuler le match!

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